SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 7
CHAPITRE 12

Pour une société parfaite:
quatre divisions spirituelles.

VERSET 11

etat sarvam grhasthasya
samamnatam yater api
guru-vrttir vikalpena
grhasthasyartu-gaminah

TRADUCTION

Tous les principes régulateurs s'adressent de la même manière au chef de famille et au sannyasi, l'homme qui a adopté l'ordre du renoncement. Le maître spirituel accorde toutefois la permission au grhastha d'avoir des rapports sexuels au cours de la période favorable à la procréation.

TENEUR ET PORTEE

On croit parfois à tort que le grhastha, le chef de famille, a le droit d'avoir des rapports sexuels à n'importe quel moment. C'est là une conception erronée de la vie du grhastha. Dans la vie spirituelle, que l'on soit grhastha, vanaprastha, sannyasi ou brahmacari, on demeure subordonné aux instructions du maître spirituel. Pour les brahmacaris et les sannyasis, il y a des restrictions très sévères en ce qui concerne la vie sexuelle. Et il en est de même pour les grhasthas; ceux-ci ne peuvent avoir de rapports sexuels qu'en se soumettant aux instructions du guru. C'est pourquoi il est mentionné ici qu'il faut observer les instructions du maître spirituel (guru-vrttir vikalpena). Lorsque son maître spirituel le lui ordonne, le grhastha peut avoir des rapports sexuels. La Bhagavad-gita (7.11) confirme ce point: dharmaviruddho bhutesu kamo smi -la vie sexuelle conforme aux règles prescrites constitue un principe religieux. Le grhastha a la permission d'avoir des rapports sexuels au cours de la période favorable à la procréation et conformément à l'ordre de son maître spirituel. Si ce dernier ordonne au grhastha d'avoir des rapports sexuels à un moment donné, alors le grhastha peut s'exécuter; autrement, si le maître spirituel s'y oppose, il doit s'en abstenir. Avant d'observer la cérémonie du garbhadhana-samskara, le grhastha doit obtenir la permission de son maître spirituel. Il pourra alors s'unir à sa femme pour avoir un enfant, sinon il s'en abstiendra. Les brahmanas restent généralement brahmacaris toute leur vie, et bien que certains deviennent grhasthas et ont des rapports sexuels, ils ne le font que sous l'entière dépendance de leur maître spirituel. Les ksatriyas ont le droit d'épouser plus d'une femme, mais cela aussi doit être approuvé par le maître spirituel. Ce n'est pas parce que l'on est un grhastha que l'on peut se marier autant de fois qu'on le désire et avoir des rapports sexuels au gré de sa fantaisie. Il ne s'agit pas là de vie spirituel. Dans la vie spirituelle, toute l'existence doit être guidée par le guru. Seul celui qui mène sa vie spirituelle sous la direction du guru peut obtenir la grâce de Krsna (yasya prasadad bhagavat-prasadah). Si quelqu'un désire progresser dans la vie spirituelle mais agit de façon capricieuse, sans suivre les ordres de son maître spirituel, il n'a aucun refuge (yasyaprasadan na gatih kuto pi). En conséquence, à moins d'en recevoir l'ordre du maître spirituel, même un grhastha ne doit pas avoir de rapports sexuels.

VERSET 12

anjanabhyanjanonmarda-
stry-avalekhamisam madhu
srag-gandha-lepalankarams
tyajeyur ye brhad-vratah

TRADUCTION

Les brahmacaris et les grhasthas ayant fait voeu de continence selon les termes que nous avons énoncés ne doivent pas se livrer aux activités suivantes: s'appliquer du fard ou de la poudre sur les yeux, se masser la tête avec de l'huile, se masser le corps avec les mains, regarder une femme ou peindre son portrait, manger de la viande, boire du vin, se parer de guirlandes de fleurs, s'enduire le corps de parfum ou se couvrir de parures. Ils doivent renoncer à toutes ces activités.

VERSET 13-14

usitvaivam guru-kule
dvijo dhityavabudhya ca
trayim sangopanisadam
yavad-artham yatha-balam

dattva varam anujnato
guroh kamam yadisvarah
grham vanam va praviset
pravrajet tatra va vaset

TRADUCTION

En accord avec les règles et principes qui ont été énoncés, ceux qui sont deux fois nés [brahmanas, ksatriyas ou vaisyas] doivent demeurer au guru-kula sous la tutelle de leur maître spirituel. Là, ils doivent étudier et apprendre tous les Textes védiques, y compris leurs suppléments et les Upanisads, selon leurs aptitudes personnelles. Dans la mesure du possible, le disciple ou l'élève doit remercier son maître spirituel en lui donnant ce qu'il demande en guise de rémunération; puis, sur l'ordre du guru, il doit partir et entrer dans un autre asrama, soit le grhastha-asrama, le vanaprastha-asrama ou le sannyasa-asrama, selon ses aspirations.

TENEUR ET PORTEE

Il est certain que l'étude et la compréhension des Vedas requièrent une intelligence particulière, mais les membres des trois groupes supérieurs de la société -c'est-à-dire les brahmanas, les ksatriyas et les vaisyas- doivent étudier les Ecritures védiques suivant leur capacité de compréhension. Autrement dit, l'étude des Textes védiques est obligatoire pour tout le monde, sauf pour les sudras et les antyajas. Les Vedas contiennent le savoir qui peut nous mener à comprendre la Vérité Absolue -le Brahman, le Paramatma ou Bhagavan. Le guru-kula, ou l'établissement d'éducation et de formation spirituelle, doit être utilisé seulement pour comprendre le savoir védique. A l'heure actuelle, il existe de nombreuses institutions destinées à l'apprentissage technique, mais toute cette connaissance n'a rien à voir avec la compréhension de la Vérité Absolue. C'est pourquoi la technologie est destinée aux sudras, et les Vedas aux dvijas. D'où les mots de notre verset: dvijo dhityavabudhya ca trayim sangopanisadam. De nos jours, en cet âge de Kali, presque tous les hommes sont des sudras, et on ne trouve pas de dvijas. C'est dire que la condition de la société s'est grandement détériorée.

Un autre point à noter dans ce verset est qu'en quittant le brahmacarya-asrama, on peut choisir le sannyasa-asrama, le vanaprastha-asrama ou le grhastha-asrama. Le brahmacari n'est pas obligé de devenir un grhastha. Etant donné que le but ultime consiste à saisir la Vérité Absolue, il n'est pas nécessaire de passer par tous les asramas. Aussi, quelqu'un peut directement passer du brahmacarya-asrama au sannyasa-asrama. Srila Bhaktisiddhanta Sarasvati Thakura, par exemple, choisit de passer directement du brahmacarya-asrama au sannyasa-asrama. En d'autres termes, Sa Divine Grâce Bhaktisiddhanta Sarasvati Thakura n'a pas jugé nécessaire d'adopter le grhastha-asrama ou le vanaprastha-asrama.

VERSET 15

agnau gurav atmani ca
sarva-bhutesv adhoksajam
bhutaih sva-dhamabhih pasyed
apravistam pravistavat

TRADUCTION

On doit prendre conscience que Dieu, la Personne Suprême, Sri Visnu, est tout à la fois présent et non présent dans le feu, dans le maître spirituel, en soi-même et à l'intérieur de chaque être vivant, et ce, quelles que soient les conditions ou les circonstances. Aussi bien extérieurement qu'intérieurement, Il est le maître absolu de tout.

TENEUR ET PORTEE

La perception de l'omniprésence du Seigneur Souverain correspond à la perception parfaite de la Vérité Absolue à laquelle l'étude des Ecritures védiques permet d'accéder. Ainsi que l'enseigne la Brahma-samhita (5.35): andantara-stha-paramanu-cayantara-stham -le Seigneur Se trouve à l'intérieur de l'univers, dans le coeur de chaque être vivant, et même au sein de l'atome. Nous devons bien comprendre que partout où Dieu Se trouve, c'est avec tout ce qui est relié à Sa Personne -Son Nom, Sa Forme, Ses comgnons et Ses serviteurs. L'être vivant fait partie intégrante de Dieu, l'Etre Suprême; dès lors, si le Seigneur est présent au coeur de l'atome, c'est que l'être vivant s'y trouve également. Il faut accepter la nature inconcevable de Dieu, la Personne Suprême, car d'un point de vue matériel nul ne peut comprendre comment le Seigneur peut être partout présent, alors qu'Il réside en permanence dans Son propre royaume, Goloka Vrndavana. Cette réalisation est accessible à celui qui observe rigoureusement les principes régulateurs propres à son asrama (brahmacarya, grhastha, vanaprastha et sannyasa). Madhvacarya précise à cet égard:

apravistah sarva-gatah
pravistas tv anurupavan
evam dvi-rupo bhagavan
harir eko janardanah

Dieu n'est pas partout présent sous Sa Forme originelle (apravistah), mais Il l'est sous Son aspect impersonnel (pravistah). C'est ainsi qu'Il est partout présent tout en n'étant pas présent partout. Sri Krsna explique également ce point particulier dans la Bhagavad-gita (9.4):

maya tatam idam sarvam
jagad avyakta-murtina
mat-sthani sarva-bhutani
na caham tesv avasthitah

"Cet univers est tout entier pénétré de Moi, sous Ma forme non manifestée. Tous les êtres sont en Moi, mais Je ne suis pas en eux." Le Seigneur peut ainsi sembler en contradiction avec Lui-même, d'où la présence de la diversité dans l'unité (ekatvam bahutvam).


Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare
Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare