SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 7 CHAPITRE 13 Le comportement
d'un être parfait.
tatrapi dam-patinam ca
sukhayanyapanuttaye karmani kurvatam drstva nivrtto smi viparyayam
Comme l'a expliqué Prahlada Maharaja: yan maithunadi-grhamedhi-sukham hi tuccham. L'homme et la femme recherchent tous deux les plaisirs de la chair, et lorsqu'ils s'unissent par le rite sacré du mariage, ils sont heureux pendant un certain temps; mais, tôt ou tard, la dissension finit par se manifester, et c'est pourquoi l'on voit tant de cas de séparation et de divorce. Bien que tout homme et toute femme désirent vivement jouir de l'existence par l'intermédiaire de l'union sexuelle, le résultat final est la désunion et l'affliction. Le mariage permet à l'homme et à la femme d'avoir des rapports sexuels limités, ce que recommande d'ailleurs le Seigneur Souverain en personne dans la Bhagavad-gita: dharmaviruddho bhutesu kamo smi -la vie sexuelle non contraire aux principes de la religion n'est autre que Krsna. Chaque être vivant conditionné est toujours désireux de jouir des plaisirs de la chair car l'existence matérielle consiste essentiellement à manger, à dormir, à avoir des rapports sexuels et à réagir aux sentiments de peur. Chez les animaux, ces quatre activités ne peuvent être soumises à des règles, mais en ce qui concerne les êtres humains, même s'ils doivent, eux aussi, pouvoir manger, dormir, jouir des plaisirs de la chair et se protéger contre la peur, le dessein de Dieu est que ces activités-là soient réglementées. Pour ce qui est de la nourriture, les Vedas recommandent de consommer des aliments offerts à Krsna (yajna-sista), ou prasada. Yajna-sistasinah santo mucyante sarva-kilbisaih: "Les dévots du Seigneur sont affranchis de toute faute, car ils mangent des aliments offerts en sacrifice." (B.g.,3.13) Dans l'existence matérielle, on se rend coupable de fautes, particulièrement en matière d'alimentation, et par suite de ces fautes les lois de la nature nous condamnent à revêtir un autre corps, qu'elles nous imposent en tant que châtiment. La vie sexuelle et l'alimentation sont essentielles; aussi sont-elles mises à la disposition de l'homme suivant certaines restrictions védiques, de telle sorte que tout en mangeant, en dormant, en jouissant des plaisirs de la chair et en se défendant selon les principes védiques, il s'élève graduellement jusqu'à échapper au châtiment qu'est l'existence matérielle. Les prescriptions védiques concernant le mariage représentent donc une concession faite aux êtres humains, dans l'idée de permettre à l'homme et à la femme de s'unir par les liens sacrés du mariage pour s'aider réciproquement à progresser dans la vie spirituelle. Malheureusement, et tout spécialement à l'époque où nous vivons, hommes et femmes s'unissent pour jouir sans restrictions des plaisirs de la chair. Victimes de l'illusion, ils doivent renaître dans des corps d'animaux pour assouvir leurs penchants animaux. C'est pourquoi les Vedas nous préviennent en ces termes: nayam deho deha-bhajam nrloke kastan kaman arhate vidbhujam ye -il ne faut pas jouir des plaisirs sexuels comme le font les porcs, ni manger n'importe quoi, jusqu'à des excréments. L'être humain est destiné à se nourrir de prasada, de nourriture offerte à la murti, et à jouir des plaisirs sexuels suivant les prescriptions védiques. Il doit se consacrer à des activités relevant de la conscience de Krsna, se prémunir contre les conditions redoutables de l'existence matérielle, et ne dormir que pour reposer le corps du dur labeur qu'il a fourni. Le sage brahmana déclara qu'il avait renoncé à toute activité à but matériel, vue que les auteurs d'actes intéressés font mauvais usage de toute chose.
sukham asyatmano rupam
sarvehoparatis tanuh manah-samsparsajan drstva bhogan svapsyami samvisan
Ce verset explique la différence qui sépare la philosophie des mayadavis de celle des vaisnavas. Les mayavadis ainsi que les vaisnavas savent qu'il n'y a pas de bonheur dans les activités d'ordre matériel. C'est pourquoi les philosophes mayavadis, adoptant l'aphorisme brahma satyam jagan mithya, cherchent à se retirer de toute activité matérielle, illusoire. Ils veulent mettre un terme à toute forme d'activités pour se fondre dans le Brahman Suprême. Néanmoins, selon la philosophie vaisnava, si l'on se contente de cesser toute activité matérielle, on ne peut demeurer inactif très longtemps, si bien que tout le monde devrait adopter la voie des activités spirituelles, qui permet de résoudre le problème de la souffrance dans cet univers matériel. Il est donc écrit malgré tous les efforts des philosophes mayavadis pour rester à l'écart des activités matérielles et se fondre dans le Brahman, et bien qu'ils puissent effectivement y parvenir du fait de l'absence d'activités ils retombent au niveau de l'action matérielle (aruhya krcchrena param padam tatah patanty adhah). C'est ainsi que celui qui a soi-disant renoncé, incapable qu'il est de rester en méditation sur le Brahman, retourne aux activités matérielles en ouvrant des hôpitaux, des écoles, etc. Par suite, le simple fait de comprendre par la connaissance que les activités matérielles ne peuvent procurer le bonheur et que l'on devrait en conséquence cesser de se livrer à de telles activités, ne suffit pas en soi. Il faut mettre un terme à toute activité à but matériel et opter pour des activités spirituelles. C'est alors qu'on trouvera la solution du problème. Les activités spirituelles sont celles que l'on accomplit suivant les instructions de Krsna (anukulyena krsnanusilanam). Si nous faisons tout ce que Krsna dit, nos activités ne sont pas matérielles. A titre d'exemple, lorsque Arjuna combattit sur l'ordre de Krsna, ses activités ne furent pas d'ordre matériel. Combattre en vue de la satisfaction des sens est une activité matérialiste, mais combattre sur l'ordre de Krsna est spirituel. L'action spirituelle peut nous permettre de retourner à Dieu, en notre demeure originelle, pour y jouir d'une existence de félicité éternelle. Ici-bas, dans le monde matériel, tout n'est que création du mental, et jamais nous ne connaîtrons par là le véritable bonheur. La solution pratique consiste donc à mettre un terme à toute activité d'ordre matériel et à se tourner vers l'action spirituelle, Yajnarthat karmano nyatra loko yam karma-bandhanah. Si l'on agit dans le dessein de satisfaire le Seigneur Suprême -Yajna, ou Visnu-, on vit à l'état libéré, alors que si l'on omet d'agir ainsi, on demeure enchaîné à l'existence matérielle.
ity etad atmanah svartham
santam vismrtya vai puman vicitram asati dvaite ghoram apnoti samsrtim
Tous les êtres s'efforcent d'être heureux, car, ainsi que l'expliquait le verset précédent: sukham asyatmano rupam sarvehoparatis tanuh -dans sa condition spirituelle d'origine, l'être vivant est heureux par nature. Il n'est pas question de souffrances pour l'être spirituel. Tout comme Krsna qui est toujours heureux, les êtres vivants, qui font partie intégrante de Sa Personne, sont également heureux par nature; toutefois, du fait qu'ils sont mis dans cet univers matériel et qu'ils oublient la relation éternelle qui les unit à Krsna, ils oublient également leur véritable nature. Etant donné que chacun de nous fait partie de Krsna, nous avons tout naturellement des rapports très affectueux avec Lui; néanmoins, comme nous avons oublié notre identité réelle et considérons le corps comme notre être propre, nous devons endurer toutes les peines que sous-entendent la naissance, la maladie, la vieillesse et la mort. Et nous continuons à avoir cette conception erronée de l'existence matérielle jusqu'à ce que nous en arrivions à comprendre la relation qui nous unit à Krsna. Comme l'explique le verset suivant, le bonheur recherché par l'âme conditionnée n'est assurément qu'une illusion.
jalam tad-udbhavais channam
hitvajno jala-kamyaya mrgatrsnam upadhavet tathanyatrartha-drk svatah
Voici un exemple approprié montrant comment, par manque de connaissance, l'être conditionné se met en quête du bonheur à l'extérieur de lui-même. Lorsqu'on comprend son identité véritable en tant qu'être spirituel, on peut prendre conscience de l'être spirituel suprême, Krsna, et du bonheur véritable que l'on connaît dans notre relation avec Lui. Il est très intéressant de noter comment ce verset souligne le fait que le corps se développe à partir de l'âme spirituelle. Les hommes de science modernes à l'esprit matérialiste croient que la vie procède de la matière, mais en réalité c'est la matière qui procède de la vie. Ici, la vie, ou l'âme spirituelle, est comparée à de l'eau laquelle permet à certains assemblages de matière de naître sous forme d'herbe. Celui à qui la connaissance scientifique de l'âme spirituelle fait défaut ne regarde pas à l'intérieur du corps pour trouver son bonheur dans l'âme; au lieu de cela, il cherche son bonheur à l'extérieur, à la façon du cerf qui ignore la présence d'un puits dissimulé par de l'herbe et qui s'en va chercher de l'eau dans le désert. Le Mouvement pour la Conscience de Krsna s'efforce de dissiper l'ignorance des êtres humains fourvoyés qui cherchent à s'abreuver loin de la source de vie. Raso vai sah. Raso ham apsu kaunteya. Le goût de l'eau, c'est Krsna; pour étancher notre soif de bonheur, nous devons donc retrouver le goût de l'eau qu'est la compagnie de Krsna. Voilà ce que prescrivent les Vedas.
dehadibhir daiva-tantrair
atmanah sukham ihatah duhkhatyayam canisasya kriya moghah krtah krtah
Le matérialiste, qui ignore complètement comment les lois de la nature matérielle agissent sur lui à la suite de ses actes intéressés, se propose de jouir du bien-être corporel au cours de sa vie humaine grâce à la prospérité, en se vouant à des actes pieux favorisant l'élévation au système planétaire supérieu, et de mille autres façons encore; mais en réalité, il devient la victime des suite de ses propres actes. Dieu, la Personne Souveraine, Se trouve présent dans le coeur de chaque être vivant en tant que l'Ame Suprême. Il enseigne d'ailleurs Lui-même dans la Bhagavad-gita (15.15):
Dès que l'être vivant devient victime des désirs matériels qui le poussent à dominer la nature, il tombe sous l'emprise de celle-ci, qui est dirigée par l'Ame Suprême. Il en résulte qu'il échafaude sans fin des plans qui s'écroulent les uns après les autres; toutefois, dans sa bêtise, il ne voit pas la cause de ses échecs répétés. Cette cause, la Bhagavad-gita la définit clairement: comme il ne s'abandonne pas au Seigneur Suprême, il doit agir sous la domination de la nature matérielle et de ses lois rigoureuses (daivi hy esa gunamayi mama maya duratyaya). Le seul moyen d'échapper à ce piège consiste à s'abandonner à Dieu. Ayant accédé à la forme humaine, l'être vivant doit accepter l'instruction suivante de la Personne Suprême, Krsna: sarva-dharman parityajya mam ekam saranam vraja -"Ne cherche pas à trouver le bonheur et à chasser le malheur; jamais tu n'y parviendras. Abandonne-toi simplement à Moi." Malheureusement, l'être vivant n'accepte pas les instructions du Seigneur telles qu'on les trouve clairement énoncées dans la Bhagavad-gita, si bien qu'il devient à jamais le prisonnier des lois de la nature matérielle. Yajnarthat karmano nyatra loko yam karma-bandhanah: si l'on n'agit pas pour la satisfaction de Krsna -également connu sous le nom de Visnu, ou Yajna-, on ne peut que s'empêtrer dans les suites de ses actes intéressés; celles-ci sont qualifiées de pécheresses (papa) ou de vertueuses (punya). Les actes vertueux peuvent nous élever jusqu'au système planétaire supérieur, et les actes impies nous ravaler aux espèces inférieures, où l'on est puni par les lois de la nature. Pour les espèces inférieures, il existe un processus évolutif, et lorsque le châtiment ou l'emprisonnement d'un être au sein des espèces inférieures arrive à son terme, une forme humaine lui est à nouveau offerte, en même temps que la possibilité de décider de son plein gré pour quelle voie il va opter. S'il rate cette nouvelle occasion, il est alors réinséré dans le cycle de la naissance et de la mort, tantôt s'abaissant tantôt s'élevant, tournant sur la roue de l'existence matérielle (samsara-cakra). De même qu'un élément d'une roue est entraîné tantôt vers le haut tantôt vers le bas, les lois rigoureuses de la nature matérielle rendent l'être vivant en ce monde tantôt heureux et tantôt malheureux. Le verset qui va suivre nous explique comment il souffre, prisonnier du cycle des joies et des peines.
Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare |