SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 7 CHAPITRE 13 Le comportement
d'un être parfait.
adhyatmikadibhir duhkhair
avimuktasya karhicit martyasya krcchropanatair arthaih kamaih kriyeta kim
Selon la conception matérialiste de l'existence, si après avoir travaillé très durement, un homme pauvre obtient un certain gain matériel à la fin de sa vie, on dit qu'il a réussi, même s'il doit mourir et connaître les souffrances émanant des trois sources -adhyatmika, adhidaivika et adhibautika. Nul ne peut échapper aux trois formes de souffrances de l'existence matérielle, à savoir celles qui proviennent du corps et du mental, puis celles liées aux difficultés auxquelles nous assujettissent la société, la communauté, la nation et les autres êtres vivants en général, et enfin celles qui sont dues aux catastrophes naturelles comme les tremblements de terre, la famine, la sécheresse, les inondations, les épidémies, etc. Si quelqu'un travaille d'arrache-pied, tout en endurant les trois formes de souffrance, et parvient à réaliser quelque gain insignifiant, quelle est pour lui la valeur de ce gain? En outre, même si un karmi réussit à accumuler des richesses matérielles, il ne peut vraiment en jouir puisqu'il doit mourir dans la détresse. J'ai même vu un mourant implorer un médecin de prolonger sa vie de quatre ans afin de lui permettre de mener à bien ses projets matériels. Naturellement, ce médecin n'a pas pu prolonger la vie de l'homme en question, et celui-ci est mort dans la plus profonde affliction. Tout le monde doit mourir de cette manière, et une fois que les lois de la nature matérielle ont pris en considération notre condition mentale au moment de la mort, nous obtenons une autre occasion d'exaucer nos désirs dans un corps différent. Les projets en vue du bonheur matériel n'ont aucune valeur, mais sous le charme de l'énergie d'illusion nous leur prêtons une très grande importance. Combien de politiciens, de réformateurs sociaux et de philosophes ne sont-ils pas morts misérablement, sans tirer le moindre avantage pratique de tous leurs projets matériels? Par suite, un homme sensé et sensible ne désire jamais peiner comme une bête en étant exposé aux trois formes de souffrances, pour en fin de compte mourir profondément désappointé.
pasyami dhaninam klesam
lubdhanam ajitatmanam bhayad alabdha-nidranam sarvato bhivisankinam
Je vois bien que les riches, victimes de leurs sens, se montrent très avides d'accumuler d'autres richesses et souffrent d'insomnies, du fait de mille et une craintes, en dépit de leur opulence.
Les capitalistes cupides accumulent des richesses dans toutes sortes de conditions misérables, et comme ils obtiennent leur argent par des moyens douteux, leur esprit est constamment inquiet. Cela les empêche de dormir pendant la nuit, et ils doivent prendre des tranquilisants afin de pounvoir s'endormir. Il arrive même que les cachets en question se révèlent inefficaces. En conséquence, on peut dire que l'argent qu'ils ont accumulé après tant d'efforts ne leur apporte assurément pas le bonheur, mais seulement l'affliction. A quoi bon accéder à une situation confortable si notre esprit doit être constamment tourmenté? C'est pourquoi Narottama Dasa Thakura chantait:
En ce qui concerne notre Mouvement pour la Conscience de Krsna, nous obtenons tout naturellement de l'argent, par la grâce de Dieu, en vendant nos livres. Nous ne vendons pas ces livres en vue de satisfaire nos sens; nous avons de nombreux besoins en vue de répandre ce mouvement, si bien que Krsna nous fournit l'argent qui nous est nécessaire pour développer cette mission. La mission de Krsna consiste à répandre la conscience de Krsna partout dans le monde, et il va de soi que nous avons besoin d'argent pour cela. Aussi, conformément au conseil de Srila Rupa Gosvami Prabhupada, nous ne devons pas nous détacher de l'argent qui peut nous permettre de répandre le Mouvement pour la Conscience de Krsna. Srila Rupa Gosvami écrit en effet dans son Bhakti-rasamrta-sindhu (1.2.256):
rajatas cauratah satroh
sva-janat pasu-paksitah arthibhyah kalatah svasman nityam pranarthavad bhayam
Le mot svasmat signifie "de son être propre". A cause de l'attachement à l'argent, l'homme le plus riche a même peur de lui-même. Il craint d'avoir mal enfermé son argent ou d'avoir commis quelque erreur. Sans parler du gouvernement et des impôts que celui-ci prélève, ni des voleurs, même les parents d'un homme riche songent constamment aux moyens de profiter de lui et de lui enlever son argent. On désigne parfois ces proches par les mots sva-janaka-dasyu, ce qui signifie "des voleurs déguisés en parents". Il est donc vain d'accumuler des richesses ou de s'efforcer sans raison valable d'acquérir de plus en plus d'argent. Notre véritable souci dans la vie doit être de découvrir qui nous sommes et de comprendre notre véritable identité. Nous devons arriver à comprendre la position de l'être vivant dans l'univers matériel ainsi que la façon dont il peut retourner à Dieu, en sa demeure originelle.
soka-moha-bhaya-krodha
Voici la différence entre la civilisation védique et la civilisation moderne, démoniaque. La civilisation védique se souciait de la réalisation spirituelle; à cette fin, il était alors recommandé de ne garder qu'un faible revenu, juste suffisant pour maintenir ensemble l'âme et le corps. La société était divisée en brahmanas, ksatriyas, vaisyas et sudras, et les gens ne travaillaient que pour subvenir à leurs besoins minimaux. Les brahmanas, tout particulièrement, n'éprouvaient aucun désir matériel. Pour ce qui est des ksatriyas, du fait qu'ils devaient gouverner le peuple, il leur fallait de l'argent et du prestige. Quant aux vaisyas, ils se contentaient des produits de la terre et du lait de la vache, et si, par bonheur, ils disposaient d'excédents, alors il leur était permis de se livrer à des activités commerciales. Les sudras étaient également heureux, car ils obtenaient des représentants des trois groupes supérieurs de la société la nourriture et le gîte. Toutefois, dans la civilisation démoniaque de notre époque, il n'est pas question de brahmanas ou de ksatriyas; il n'y a que de soi-disant ouvriers et une classe de marchands prospères n'ayant aucun but dans la vie. Selon la civilisation védique, la perfection ultime de l'existence consiste à adopter le sannyasa; mais à l'heure actuelle, les gens ne savent pas pourquoi on entre dans cet ordre. Victimes d'une conception erronée, ils croient qu'on opte pour le sannyasa afin d'échapper à ses responsabilités sociales, alors qu'il n'en est rien. En général, l'homme devient sannyasi au quatrième stade de sa vie spirituelle. Il commence tout d'abord par être brahmacari, puis devient grhastha, ensuite vanaprastha et enfin sannyasi, consacrant ainsi pleinement la durée de son existence à la réalisation spirituelle. Le principe du sannyasa n'est pas de mendier de porte en porte afin d'accumuler de l'argent destiné à la satisfaction de ses propres sens. Néanmoins, du fait qu'au cours du kali-yuga les gens sont plus ou moins enclins à satisfaire leurs sens, il n'est pas recommandé d'adopter le sannyasa prématurément. Srila Rupa Gosvami écrit dans son Upadesamrta (2):
madhukara-maha-sarpau
loke smin no guruttamau vairagyam paritosam ca prapta yac-chiksaya vayam
Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare |