SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 7 CHAPITRE 15 Instructions destinées
aux êtres humains civilisés.
ahuh sariram ratham indriyani
hayan abhisun mana indriyesam vartmani matra dhisanam ca sutam sattvam brhad bandhuram isa-srstam
Pour un matérialiste dans l'illusion, le corps, le mental et les sens, voués aux plaisirs de ce monde, sont la cause de son asservissement à la répétition de la naissance, de la maladie, de la vieillesse et de la mort. Au contraire, le corps, le mental et les sens de l'être au profond savoir spirituel contribuent à sa libération. La Katha Upanisad (1.3.3-4,9) confirme ceci dans les versets suivants:
indriyani hayan ahur
so dhvanah param apnoti Le corps humain peut donc être utilisé à deux fins -soit pour s'enfoncer dans les régions les plus sombres de l'ignorance, soit pour aller de l'avant et retourner à Dieu, dans le monde spirituel. Pour retourner à Dieu, il faut suivre la voie du mahat-seva, qui consiste à s'abandonner à un maître spirituel réalisé. Mahat-sevam dvaram ahur vimukteh. Pour parvenir à la libération, il faut se laisser guider par des bhaktas authentiques qui peuvent vraiment transmettre la connaissance parfaite. D'un autre côté, il est dit: tamodvaram yositam sangi-sangam -si notre désir est de rejoindre les régions les plus sombres de l'existence matérielle, nous pouvons demeurer dans la compagnie des hommes attachés aux femmes (yositam sangi-sangam). Le mot yosit signifie "femme". Les êtres trop matérialistes sont attachés aux femmes. Atmanam rathinam viddhi sariram ratham eva ca: le corps est donc comparable à un char ou à un véhicule au moyen duquel on peut aller n'importe où. On peut soit bien conduire, soit conduire à sa fantaisie au risque d'avoir un accident et de verser dans un fossé. En d'autres termes, si l'on suit les directives d'un maître spirituel plein d'expérience, on peut regagner sa demeure originelle, auprès de Dieu; sinon, on sera de nouveau entraîné dans le cycle de la naissance et de la mort. Krsna en personne conseille donc (B.g.,9.3):
Les spiritualistes pleins d'expérience conseillent donc de consacrer entièrement son corps à la poursuite du but ultime de la vie (svartha-gatim). L'intérêt véritable ou le vrai but de la vie est de retourner dans sa demeure originelle, auprès de Dieu. Or, un vaste ensemble d'Ecritures védiques, telles que le Vedanta-sutra, les Upanisads, la Bhagavad-gita, le Mahabharata et le Ramayana, sont là pour nous permettre d'y arriver. Il faut tirer des leçons de ces Ecritures védiques et apprendre comment pratiquer le nivrtti-marga: c'est alors que notre vie sera parfaite. Le corps n'a d'importance que tant qu'il est habité par la conscience; autrement il n'est qu'un simple agrégat d'éléments matériels. Pour retourner dans le monde spirituel, il faut donc que notre conscience matérielle se transforme en conscience de Krsna. La conscience d'un être vivant est la cause de son asservissement matériel; cependant, quand elle est purifiée par la pratique du bhakti-yoga, il peut alors comprendre la fausseté de sa désignation (upadhi) en tant qu'Indien, Américain, hindou, musulman, chrétien, et ainsi de suite. Sarvopadhi-vinirmuktam tatparatvena nirmalam. Il faut oublier ces désignations et ne dédier sa conscience qu'au service de Krsna. Ainsi, la vie de celui qui tire parti de ce Mouvement pour la Conscience de Krsna est certainement une réussite.
aksam dasa-pranam adharma-dharmau
cakre bhimanam rathinam ca jivam dhanur hi tasya pranavam pathanti saram tu jivam param eva laksyam
Dix sortes d'airs circulent continuellement à l'intérieur du corps matériel: le prana, l'apana, le samana, le vyana, l'udana, le naga, le kurma, le krkala, le devadatta et le dhananjaya. Ils sont comparés ici aux dix rayons des roues du char. L'air vital constitue l'énergie utilisée dans toutes les activités, tantôt pieuses, tantôt impies, de l'être vivant. La religion et l'irréligion sont donc respectivement considérées comme le haut et le bas des roues du char. Quand l'être vivant décide de regagner sa demeure originelle, auprès de Dieu, sa cible est alors Sri Visnu, Dieu, la Personne Suprême. Dans l'existence conditionnée, on ne comprend pas que le but de la vie est le Seigneur Suprême. Na te viduh svartha-gatim hi visnum durasaya ye bahir-artha-maninah. L'être vivant essaie d'être heureux dans cet univers matériel, sans pour autant comprendre quel est l'objectif de sa vie. Cependant, une fois purifié, il renonce à sa conception corporelle de l'existence et de son identité, selon laquelle il pense appartenir à une certaine communauté, à une nation, à une famille, etc. (sarvopadhi-vinirmuktam tat-paratvena nirmalam). Puis, se saisissant de la flèche de sa vie purifiée, avec l'aide de l'arc -le chant transcendantal du pranava, ou du mantra Hare Krsna-, il se lance vers Dieu, la Personne Suprême. Srila Visvanatha Cakravarti Thakura fait à ce propos le commentaire suivant: à cause de l'usage des termes "arc" et "flèches" dans ce verset, certains pourraient objecter que Dieu et l'être vivant sont devenus des ennemis. Cependant, lorsque le Seigneur Suprême semble devenir l'ennemi de l'être vivant, c'est pour le plaisir de combattre. A titre d'exemple, le Seigneur Se battit avec Bhisma, et quand ce dernier perça le Corps du Seigneur au moyen de ses flèches sur le champ de bataille de Kuruksetra, cela correspondait à l'une des douze sortes de relations ou rasas. Quand l'âme conditionnée tente d'atteindre le Seigneur en Lui envoyant une flèche, Ce dernier y prend plaisir et l'être vivant y gagne de retourner auprès de Lui, dans sa demeure originelle. Un autre exemple se présente à cet égard, celui d'Arjuna, qui obtint la précieuse main de Draupadi pour avoir percé de sa flèche l'adhara-mina, le poisson accroché au milieu du cakra. De même, quiconque perce les pieds pareils-au-lotus de Sri Visnu grâce à la flèche du chant de Ses Saints Noms reçoit la faveur de pouvoir retourner en sa demeure originelle, auprès de Dieu, en récompense de son activité héroïque dans le cadre du service de dévotion.
rago dvesas ca lobhas ca
soka-mohau bhayam madah mano vamano suya ca maya himsa ca matsarah
rajah pramadah ksun-nidra
Le véritable but de la vie est de revenir auprès de Dieu, dans notre demeure originelle; cependant, beaucoup d'obstacles sont occasionnés par les trois modes d'influence de la nature -tantôt par une combinaison du rajo-guna et du tamo-guna (la passion et l'ignorance), tantôt par la vertu. Dans l'univers matériel, même les conceptions de philanthropie, de nationalisme et de bonté, selon l'estimation matérialiste, représentent une entrave à la progression spirituelle. Que dire alors des obstacles que sont l'hostilité, l'avidité, l'illusion, l'affliction et trop d'attachement aux plaisirs matériels! Pour progresser vers l'objectif qu'est Visnu, ce qui est notre véritable intérêt, il faut devenir très puissant dans notre effort pour triompher de ces divers obstacles ou ennemis. Autrement dit, dans cet univers matériel, il ne faut pas s'attacher à être un homme bon ou mauvais. Ici-bas, vertus et défauts reviennent au même, car ils procèdent des trois modes d'influence de la nature matérielle. Il faut transcender cette nature matérielle. Même les cérémonies védiques relèvent des trois gunas. C'est pourquoi Krsna conseille Arjuna:
yavan nr-kaya-ratham atma-vasopakalpam
dhatte garistha-caranarcanaya nisatam jnanasim acyuta-balo dadhad asta-satruh svananda-tusta upasanta idam vijahyat
Le Seigneur dit dans la Bhagavad-gita (4.9):
Le mot acyuta-balah est ici particulièrement important. Le maître spirituel témoigne assurément beaucoup de miséricorde à ses disciples, et, par suite, en lui donnant satisfaction le bhakta reçoit de la force de Dieu, la Personne Suprême. Sri Caitanya Mahaprabhu dit aussi: guru-krsna-prasade paya bhakti-lata-bija -il faut avant tout satisfaire le maître spirituel pour ainsi satisfaire automatiquement Krsna et obtenir de Lui la force nécessaire pour traverser l'océan de l'ignorance. Quiconque désire réellement retourner dans sa demeure originelle, auprès du Seigneur, doit pour cela devenir suffisamment fort en faisant plaisir à son maître spirituel; c'est en effet ainsi qu'il acquerra l'arme avec laquelle il pourra vaincre l'ennemi et qu'il obtiendra en outre la miséricorde de Krsna. Simplement obtenir l'arme du jnana est insuffisant. Il faut aiguiser cette arme en servant le maître spirituel et en obéissant à ses instructions. Le candidat obtient alors la miséricorde de Dieu, la Personne Suprême. Au combat, le guerrier doit s'aider de son char et de ses chevaux pour vaincre ses ennemis, mais après leur défaite, le char et ses accessoires peuvent être abandonnés. De même, tant que nous possédons un corps humain, nous devons en user pleinement afin d'atteindre la perfection suprême de la vie, à savoir rentrer chez nous, auprès de Dieu. La connaissance la plus parfaite consiste certainement à parvenir à un niveau transcendantal (brahma-bhuta). Comme le Seigneur l'affirme dans la Bhagavad-gita (18.54):
Le mot tattvatah, qui signifie "en réalité", est très important. Tato mam tattvato jnatva. A moins de connaître vraiment Krsna grâce à la miséricorde du maître spirituel, nous ne sommes pas libres d'abandonner notre corps matériel. Le Srimad-Bhagavatam dit à ce propos: aruhya krcchrena param padam tatah patanty adho nadrta-yusmad-anghrayah -si l'on néglige de servir les pieds pareils-au-lotus de Krsna, on ne peut se libérer des contraintes matérielles simplement par la connaissance. Même si l'on atteint le niveau du brahma-padam en se fondant dans le Brahman, sans bhakti on reste enclin à tomber. Il faut faire très attention au danger de retomber sous l'emprise de la matière. La seule sécurité consiste à accéder au niveau de la bhakti, d'ou l'on est sûr de ne pas déchoir. On se libère alors des activités inhérentes à l'univers matériel. En résumé, comme le déclare Sri Caitanya Mahaprabhu, il faut entrer en contact avec un maître spirituel authentique appartenant à la parampara de la conscience de Krsna, car sa miséricorde et ses instructions permettent d'obtenir de la force de Krsna. C'est ainsi que l'on s'engage sur la voie du service de dévotion et que l'on arrive au but ultime de la vie, les pieds pareils-au-lotus de Visnu. Les mots jnanasim acyuta-balah de ce verset doivent être approfondis. Jnanasim, le glaive de la connaissance est accordé par Krsna, et Balarama donne de la force à celui qui sert le guru et Krsna afin de bien tenir le glaive des instructions du Seigneur. Balarama est Nityananda. Vrajendra-nandana yei, saci-suta haila sei, balarama ha-ila nitai. Ce bala (Balarama) apparaît avec Sri Caitanya Mahaprabhu, et tous deux sont si miséricordieux qu'eu l'âge de Kali il est facile de trouver refuge à Leurs pieds pareils-au-lotus. Ils viennent spécialement pour délivrer les âmes déchues de cet âge. Papi tapi yata chila, hari-name uddharila. Leur arme est le sankirtana, le hari-nama. Il faut ainsi recevoir de Krsna l'épée de la connaissance, et par la miséricorde de Balarama, la force: c'est pourquoi nous adorons Krsna-Balarama à Vrndavana. La Mundaka Upanisad (3.2.4) déclare:
Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare |