SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 7 CHAPITRE 2 Hiranyakasipu,
roi des asuras.
evam kulingam vilapantam arat
priya-viyogaturam asru-kantham sa eva tam sakunikah sarena vivyadha kala-prahito vilinah
evam yuyam apasyantya
atmapayam abuddhayah nainam prapsyatha socantyah patim varsa-satair api
Yamaraja demanda un jour à Maharaja Yudhistira: "Quelle est la chose la plus prodigieuse en ce monde?" Et Maharaja Yudhistira répondit:
sri-hiranyakasipur uvaca
bala evam pravadati sarve vismita-cetasah jnatayo menire sarvam anityam ayathotthitam
Tandis que Yamaraja, sous l'aspect d'un jeune garçon, instruisait ainsi tous les proches entourant la dépouille de Suyajna, ceux-ci furent frappés d'étonnement par ses propos philosophiques. Ils pouvaient maintenant comprendre que toute chose matérielle est temporaire, et ne peut exister indéfiniment.
La Bhagavad-gita (2.18) confirme ceci: antavanta ime deha nityasyoktah saririnah -le corps est périssable, mais l'âme vivant dans le corps est impérissable. Par suite, il est du devoir de ceux qui, au sein de la société, possèdent un haut niveau de connaissance d'étudier la nature de l'âme impérissable, et de ne pas perdre un temps précieux simplement à entretenir le corps, sans tenir compte de la responsabilité réelle qui s'attache à la vie humaine. Chaque être humain doit essayer de comprendre comment l'âme spirituelle peut être heureuse et où il peut trouver une vie éternelle, toute de connaissance et de félicité. L'être humain se doit d'approfondir ces questions; il ne devrait pas s'absorber dans le soin du corps éphémère, inéluctablement destiné à être remplacé. Nul ne sait s'il recevra à nouveau un corps humain; il n'y a aucune garantie, car selon ses actes passés, l'être conditionné peut recevoir n'importe quel corps, depuis celui d'un deva jusqu'à celui d'un chien. Srila Madhvacarya fait remarquer à ce propos:
asvatantraiva prakrtih
yama etad upakhyaya
tatraivantaradhiyata jnatayo hi suyajnasya cakrur yat samparayikam
atah socata ma yuyam
param catmanam eva va ka atma kah paro vatra sviyah parakya eva va sva-parabhinivesena vinajnanena dehinam
Dans cet univers matériel, l'instinct de conservation constitue la première loi de la nature. Suivant cette conception, on devrait se préoccuper de sa sauvegarde personnelle, pour ensuite se tourner vers la société, l'amitié et l'amour, la communauté, la nation, et ainsi de suite, lesquels puisent tous leur origine dans une conception matérielle de l'existence et dans un manque de connaissance de l'âme spirituelle. C'est ce qu'on appelle l'ajnana. Tant que l'humanité demeurera dans les ténèbres et l'ignorance, les hommes continueront à élaborer de vastes projets fondés sur la conception corporelle de la vie. C'est ce qu'explique Prahlada Maharaja par le mot bharam. Sous l'emprise du matérialisme, la civilisation moderne construit de grandes routes, d'immenses habitations et de gigantesques usines; telle est la conception moderne d'une civilisation avancée. L'homme ignore cependant qu'il peut lui-même être chassé à tout moment de la scène et contraint de revêtir des corps n'ayant que faire de tous ces gratte-ciel, palais, routes et automobiles. C'est pourquoi lorsque Arjuna fit preuve d'un attachement corporel pour ses proches, Krsna le réprimanda aussitôt en lui disant: kutas tva kasmalam idam visame samupasthitam anarya-justam- ''Ta conception corporelle de l'existence est digne des anaryas, des êtres qui ne sont guère avancés dans la connaissance.'' La civilisation arya est une civilisation qui a atteint un niveau élevé dans le savoir spirituel. Il ne suffit pas de se déclarer arya pour le devenir. Demeurer dans les plus profondes ténèbres par rapport au savoir spirituel tout en prétendant être un arya, seul un anarya peut avoir cette attitude. A ce propos, Srila Madhavacarya cite le passage suivant du Brahma-vaivarta Purana:
ka atma kah para iti dehady-apeksaya
Il en ressort qu'aussi longtemps que nous avons une forme humaine, notre devoir consiste à comprendre la nature de l'âme à l'intérieur du corps. Le corps n'est pas l'être en soi; nous sommes différents du corps, de telle sorte qu'il n'est pas question d'amis, d'ennemis ou de responsabilités en fonction de la conception corporelle de la vie. Nous ne devons pas trop nous soucier du passage de notre corps de l'enfance à l'adolescence, de l'adolescence à l'âge mûr, puis à la destruction apparente. Nous devons plutôt nous soucier très sérieusement de l'âme qui habite le corps et de la manière dont celle-ci peut être arrachée à l'emprise de la matière. L'être vivant dans le corps n'est jamais anéanti; il faut donc avoir l'assurance que même si l'on a beaucoup d'amis ou d'ennemis, on ne peut être aidé par les uns ni souffrir à cause des autres. Il convient de savoir que l'on est une âme spirituelle (aham brahmasmi) et que l'âme, dans sa nature profonde, n'est pas affectée par les transformations du corps. En toutes circonstances, chacun de nous doit, en tant qu'âme spirituelle, agir en dévot de Visnu, sans se soucier des relations fondées sur le corps, qu'elles soient amicales ou hostiles. Sachons donc que nous ne serons jamais tués, pas plus que ceux que nous considérons comme nos ennemis à cause d'une conception corporelle de la vie.
na hi dehadir atma syan na ca satrur udiritah ato daihika-vrddau va ksaye va kim prayojanam
yas tu deha-gato jivah
dehadi-vyatiriktau tu
sri-narada uvaca
iti daitya-pater vakyam ditir akarnya sasnusa putra-sokam ksanat tyaktva tattve cittam adharayat
Diti, la mère d'Hiranyakasipu et d'Hiranyaksa, écouta les propos qu'Hiranyakasipu lui adressait ainsi qu'à sa belle-fille, Rusabhanu, la femme d'Hiranyaksa. Elle oublia alors la douleur que lui avait infligée la mort de son fils et consacra ses pensées afin de comprendre la vraie philosophie de la vie.
Lorsqu'un proche parent meurt, on devient naturellement très intéressé par la philosophie; mais une fois les funérailles terminées, on retrouve son intérêt pour le matérialisme. Même les Daityas, qui sont des matérialistes, s'intéressent parfois à la philosophie lorsqu'un des leurs trouve la mort. Le terme scientifique qui désigne cette attitude des matérialistes est smasana-vairagya, ou ''détachement de cimetière, ou de lieux de crémation.'' La Bhagavad-gita explique que quatre catégories d'hommes acquièrent une certaine compréhension de la vie spirituelle et de Dieu: les malheureux (arta), les curieux (jijnasu), ceux qui ont en vue quelques gain matériel (artharthi) et enfin ceux qui poursuivent la connaissance (jnanis). On s'intéresse surtout à Dieu lorsqu'on est accablé par des conditions matérielles défavorables. C'est d'ailleurs pourquoi Kuntidevi déclara dans ses prières à Krsna qu'elle préférait la détresse aux sentiments de bonheur. Dans cet univers matériel, celui qui est heureux oublie Krsna, ou Dieu, mais il arrive qu'un être vraiment vertueux se rappelle Krsna dans le malheur. La reine Kuntidevi préférait donc le malheur au bonheur, en ce qu'il offre une occasion de se rappeler Krsna. Lorsque Krsna quitta Kuntidevi pour retourner dans Sa propre province, la reine déclara à regret qu'elle s'accommodait mieux du malheur, car alors Krsna manifestait toujours sa présence, tandis que maintenant que les Pandavas avaient retrouvé leur royaume, Il S'en allait au loin. Ainsi pour un bhakta, le malheur est une occasion de constamment se rappeler Dieu, la Personne Souveraine. Ainsi s'achèvent les enseignements de Bhaktivedanta sur le deuxième chapitre du septième Chant du Srimad-Bhagavatam, intitulé: ''Hiranyakasipu, roi des asuras.''
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