Ce chapitre explique comment Hiranyakasipu se livra à une forme d'austérité rigoureuse en vue d'en retirer quelque avantage matériel, plongeant ainsi l'univers entier dans une grande détresse. Brahma lui-même, à la tête de notre univers, s'en trouva quelque peu dérangé et rendit personnellement visite à Hiranyakasipu pour découvrir le motif de sa rude ascèse.

Hiranyakasipu désirait devenir immortel. Il ne voulait être vaincu par personne, ni être touché par la vieillesse ou par la maladie, ni être importuné par aucun adversaire. De la sorte, il voulait devenir le souverain absolu de tout l'univers. Animé par ce désir, il se rendit dans la vallée du mont Mandara, où il se livra à une méditation et à une ascèse très rigides. Voyant Hiranyakasipu absorbé par son ascèse, les devas retournèrent chez eux, mais comme l'asura poursuivait ses pratiques, une sorte de feu jaillit de sa tête, pertubant l'univers entier avec tous ses habitants, y compris les oiseaux, les bêtes et les devas. Lorsque les systèmes planétaires supérieur et inférieur devinrent trop chauds pour y vivre, les devas, fort inquiets, quittèrent leurs demeures édéniques pour aller trouver Brahma et le prier de réduire cette chaleur indésirable. Ils l'informèrent de l'ambition d'Hiranyakasipu, qui voulait devenir immortel et triompher de la courte durée de son existence, pour devenir ainsi le maître de tous les systèmes planétaires, y compris Dhruvaloka.

Lorsqu'il apprit la raison de l'austère méditation d'Hiranyakasipu, Brahma décida de rendre visite à l'asura en compagnie de Bhrgu, le grand sage, et d'émminents personnages comme Daksa. Une fois arrivé sur les lieux, puisant un peu d'eau de son kamandalu (sorte de récipient contenant de l'eau), il en aspergea la tête d'Hiranyakasipu.

Hiranyakasipu, le roi des Daityas, se prosterna alors devant Brahma, le créateur de cet univers, et lui offrit à maintes reprises son hommage ainsi que des prières. Lorsque Brahma accepta de lui accorder des bénédictions, l'asura lui demanda de n'être tué par aucun être vivant, en quelque lieu que ce soit, couvert ou non, de ne mourir ni le jour ni la nuit, de ne périr par l'effet d'aucune arme, ni sur terre ni dans l'air, pas plus que par l'intervention d'aucun être humain, d'un animal, d'un deva ou de toute autre créature, vivante ou non. Il demanda ensuite qu'on lui accordât la suprématie sur l'univers entier, et sollicita les huit perfections du yoga, parmi lesquelles l'anima et le laghima.