SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 7 CHAPITRE 2 Hiranyakasipu,
roi des asuras.
sapatnair ghatitah ksudrair
bhrata me dayitah suhrt parsni-grahena harina samenapy upadhavanaih
La Bhagavad-gita (9.29) affirme: samo ham sarva-bhutesu -le Seigneur est égal envers tous les êtres. Or, comme devas et asuras comptent parmi les êtres créés, comment est-il possible que le Seigneur Se montre favorable aux uns et défavorables aux autres? Cela n'est pas possible: le Seigneur ne saurait être partial. Néanmoins, parce que les devas, ou les bhaktas, observent toujours rigoureusement les ordres du Seigneur Suprême, leur sincérité leur permet de vaincre les asuras; ceux-ci savent bien que le Seigneur Suprême est Visnu mais ils refusent de suivre Ses instructions. Parce qu'ils gardent constamment présent en leur esprit le souvenir de Dieu, la Personne Souveraine, Visnu, les asuras obtiennent généralement la sayujya-mukti après leur mort. L'asura Hiranyakasipu accuse ici le Seigneur de S'être montré partial du fait que les devas Lui vouaient un culte, mais en vérité le Seigneur n'est nullement partial, pas plus que le gouvernement d'un Etat. Le gouvernement ne fait preuve de partialité envers aucun citoyen, mais il reste que les citoyens respectueux de la loi reçoivent de l'Etat de nombreux avantages leur permettant de vivre en paix et de servir leurs intérêts véritables.
tasya tyakta-svabhavasya
ghrner maya-vanaukasah bhajantam bhajamanasya balasyevasthiratmanah
mac-chula-bhinna-grivasya
Ce verset fait très clairement ressortir le travers de la mentalité démoniaque. Hiranyakasipu pensait que Visnu pouvait, Lui aussi, devenir partial, comme un enfant à l'esprit versatile ou changeant. Il croyait que le Seigneur pouvait changer d'avis à tout moment et considérait que Ses Paroles et Ses Actes étaient semblables à ceux d'un enfant. En fait, parce que les asuras sont des êtres ordinaires, leur esprit change, et comme ils sont conditionnés par la matière, ils croient qu'il en est de même pour Dieu. C'est pourquoi le Seigneur déclare dans la Bhagavad-gita (9.11): avajananti mam mudha manusim tanum asritam -"Les sots Me dénigrent lorsque sous la forme humaine Je descends en ce monde." Les asuras pensent toujours que Visnu peut être tué. Aussi, parce qu'ils méditent sur la Forme de Visnu en cherchant le moyen de Le tuer, ils ont au moins l'occasion de penser à Lui d'une façon défavorable. Bien qu'ils ne soient pas des bhaktas, leur méditation sur le Seigneur produit ses fruits, si bien qu'ils obtiennent généralement la sayujya-mukti. Du fait que les asuras considèrent le Seigneur Suprême comme un être ordinaire, ils croient pouvoir tuer Visnu au même titre qu'une personne ordinaire. Ce verset nous révèle en outre que les asuras apprécient beaucoup le goût du sang; de fait, ce sont tous des mangeurs de viande et des suceurs de sang. Hiranyakasipu accusa le Seigneur Suprême d'avoir un esprit changeant comme celui d'un jeune enfant que l'on peut inciter à faire n'importe quoi en lui offrant des gâteaux ou des laddus. Cependant, cette assertion définit indirectement la véritable position de Dieu, la Personne Souveraine, qui affirme dans la Bhagavad-gita (9.26):
patram puspam phalam toyam yo me bhaktya prayacchati tad aham bhakty-upahrtam asnami prayatatmanah "Si l'on M'offre, avec amour et dévotion, une feuille, une fleur, un fruit ou de l'eau, J'accepterai cette offrande." Le Seigneur accepte les offrandes de Ses dévots en raison de l'amour transcendantal qu'ils Lui portent. Parce qu'ils aiment le Seigneur Suprême, ils ne mangent rien qui ne Lui ait d'abord été offert. Le Seigneur n'a que faire d'une petite feuille ou d'une fleur; Il a suffisamment à manger. En fait, c'est Lui qui nourrit tous les êtres. Néanmoins, parce qu'il est très miséricordieux et très favorable à Ses dévots (bhakta-vatsala), Il ne manque pas de manger tout ce que ceux-ci Lui offrent avec amour et dévotion. On ne doit pas considérer cette disposition comme enfantine. La plus grande qualité du Seigneur, c'est d'être bhakta-vatsala, c'est-à-dire extrêmement satisfait de Ses dévots. Quant au mot maya, lorsqu'il a trait aux rapports existant entre le Seigneur Souverain et les bhaktas, il signifie "affection". Les Actes du Seigneur visant à favoriser Ses dévots ne sont en rien des imperfections, mais plutôt une marque de Son affection naturelle. En ce qui concerne le rudhira, ou le sang de Visnu, puisqu'il n'y a aucune possibilité de séparer la tête du Seigneur du reste de Son Corps, il n'est pas question de sang. Mais la guirlande qui pare le Corps de Visnu est aussi rouge que le sang. Lorsnue les asuras obtiennent sayujya-mukti et laissent derrière eux tous leurs péchés, ils sont bénis par la guirlande de Visnu, qui est aussi rouge que le sang. En effet, après avoir obtenu la sayujya-mukti, les asuras se voient parfois élevés à Vaikuntha, où ils reçoivent en récompense le prasada du Seigneur sous la forme de Sa guirlande.
tasmin kute hite naste
krtta-mule vanas-patau vitapa iva susyanti visnu-prana divaukasah
Voici expliquée la différence entre les devas et les asuras. Les devas suivent toujours les instructions de Dieu, la Personne Suprême, tandis que les asuras ne pensent qu'à L'importuner ou à Le tuer. Néanmoins, il arrive à ces derniers d'apprécier grandement la façon dont les devas dépendent entièrement de la miséricorde du Seigneur. Il s'agit ici d'une glorification indirecte des devas par les asuras.
tavad yata bhuvam yuyam
brahma-ksatra-samedhitam sudayadhvam tapo-yajna- svadhyaya-vrata-daninah
Le principal objectif d'Hiranyakasipu était de jeter le trouble parmi les devas. Il envisagea d'abord de tuer Visnu, ce qui aurait pour effet immédiat d'affaiblir les devas, puis de les faire mourir. Un autre de ses plans était de tourmenter les habitants de la Terre, dont la paix et la prospérité, comme d'ailleurs celles de toutes les autres planètes, étaient maintenues grâce aux brahmanas et aux ksatriyas. Krsna enseigne dans la Bhagavad-gita (4.13): catur-varnyam maya srstam guna-karma-vibhagasah. -"J'ai créé les quatre divisions de la société en fonction des trois gunas et des devoirs qu'ils imposent à l'homme." Sur toutes les planètes se trouvent différentes catégories d'êtres vivants, mais songeant plus particulièrement à la Terre, qui est habitée par les êtres humains, le Seigneur recommande que la société soit divisée en quatre varnas -brahmanas, ksatriyas, vaisyas et sudras. On sait qu'avant l'avènement de Krsna sur terre, cette planète était dirigée par les brahmanas et les ksatriyas. Le devoir des brahmanas consiste à cultiver la sérénité (samah), la maîtrise de soi (damah), la tolérance (titiksa), la véracité (satyam), la propreté et la pureté (saucam) ainsi que la simplicité (arjavam), puis à conseiller les rois ksatriyas sur la manière de gouverner le pays ou la planète. Suivant les instructions des brahmanas, les kyatriyas doivent, pour leur part, inciter le peuple à la pratique de l'austérité, à l'accomplissement de sacrifices, à l'étude des Vedas et à l'observance des règles et des principes védiques. Ils doivent en outre faire en sorte que des dons charitables soient distribués aux brahmanas, aux sannyasis et aux temples. Telle est l'organisation divine qui caractérise la culture brahmanique. Les hommes offrent volontiers des yajnas, car s'ils n'accomplissent pas de sacrifices, il n'y a pas suffisamment de pluies (yajnad-bhavati parjanyah), ce qui a pour effet de nuire aux activités agricoles (parjanyad anna-sambhavah). En introduisant la culture brahmanique, un gouvernement ksatriya doit donc inciter le peuple à accomplir des yajnas, à étudier les Vedas et à faire des dons charitables. Ainsi les gens recevront-ils sans mal tous les biens nécessaires à leur subsistance, et la société ne connaîtra aucun trouble. Krsna explique à ce propos dans la Bhagavad-gita (3.12):
istan bhogan hi vo deva dasyante yajna-bhavitah tair dattan apradayaibhyo yo bhunkte stena eva sah "Satisfaits par les yajnas [sacrifices], les devas ne manquent pas de pourvoir à tous les besoins de l'homme. Mais qui jouit de leurs dons sans rien leur offrir en retour, est certes un voleur." Les devas sont des agents autorisés du Seigneur Suprême, Visnu; ils pourvoient en Son Nom aux divers besoins des êtres. C'est pourquoi il faut les satisfaire en accomplissant les yajnas appropriés. Les Vedas prescrivent différentes sortes de yajnas pour différents devas, mais tous sont en fin de compte offerts à Dieu, la Personne Souveraine. Les sacrifices offerts aux devas sont donc recommandés à ceux qui ne parviennent pas à concevoir la Personnalité de Dieu. A cet égard, les Vedas préconisent différentes sortes de yajnas selon les tempéraments. Le culte des différents devas s'accomplit également selon les diverses tendances des êtres. A titre d'exemple, les mangeurs de viande se voient recommander de vénérer la déesse Kali, l'horrible personnification de la nature matérielle, en lui offrant des sacrifices d'animaux. Mais à ceux que régit la vertu, on recommande plutôt l'adoration transcendantale de Visnu. En fin de compte, tous les yajnas servent à une élévation progressive de l'homme vers le niveau transcendantal. Pour l'homme ordinaire, au moins cinq yajnas, regroupés sous le nom de panca-mahayajna, sont nécessaires. Toutefois, il faut savoir que tous les besoins vitaux de l'humanité sont assurés par les agents du Seigneur, les devas. Aucun être humain ne peut rien fabriquer par lui-même. Prenons par exemple tous les aliments du genre humain. Cette nourriture se compose de céréales, de fruits, de légumes, de lait et de sucre, pour ceux qui sont régis par la vertu; et il faut ajouter, pour les non-végétariens, les viandes et divers autres aliments. Or, personne ne peut fabriquer un seul de ces aliments. Personne non plus ne peut fabriquer la chaleur, la lumière, l'eau ou l'air, également nécessaires à la vie. Sans le Seigneur Suprême, il n'y aurait pas de lumière solaire ou lunaire, de pluie ou de vent en quantité suffisante pour permettre aux hommes de vivre. Il est évident que nos vies dépendent des dons du Seigneur. Nos industries même requièrent tant de matières premières essentielles -des métaux, du soufre, du mercure, du manganèse, etc.- qui nous sont toutes fournies par les agents du Seigneur. Or, ces biens sont mis à notre disposition afin que nous les utilisions convenablement. Ils doivent nous servir à nous garder sains de corps et d'esprit en vue de la réalisation spirituelle; et celle-ci conduit au but ultime de l'existence, à savoir la cessation de ce combat matériel pour l'existence. Or, ce but est atteint en accomplissant des yajnas. Si nous oublions le but de la vie humaine et n'utilisons les dons des agents du Seigneur que pour satisfaire nos sens et nous enliser de plus en plus dans l'existence matérielle, ce qui est contraire au dessein de la création, nous nous rendons assurément coupables de vol et devrons pour cela être punis selon les lois de la nature matérielle. Une société de voleurs ne peut jamais connaître le bonheur, car ses membres ne poursuivent aucun but dans la vie. Les matérialistes grossiers, tous des voleurs, n'ont pas de but ultime dans la vie; ils n'agissent qu'en vue de satisfaire leurs sens et ne savent pas non plus comment accomplir des yajnas. Pourtant, Sri Caitanya a inauguré la pratique du yajnas le plus facile à accomplir, le sankirtana-yajna, que peut adopter quiconque accepte les principes de la Conscience de Krsna. Hiranakasipu voulait donc tuer les habitants de la Terre de manière à arrêter les offrandes de yajnas, afin que les devas, tourmentés, périssent automatiquement lorsque Visnu, le yajnesvara, serait tué. Tels étaient les plans démoniaques d'Hiranakasipu, un expert en la matière.
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