SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 7
CHAPITRE 5

Prahlada Maharaja,
le saint fils d'Hiranyakasipu.

VERSET 1

sri-narada uvaca
paurohityaya bhagavan
vrtah kavyah kilasuraih
sandamarkau sutau tasya
daitya-raja-grhantike

TRADUCTION

Le grand saint Narada Muni dit:
Les asuras, sous la conduite d'Hiranyakasipu, engagèrent Sukracarya comme officiant pour les sacrifices. Les deux fils de Sukracarya, Sanda et Amarka, vivaient donc près du palais d'Hiranyakasipu.

TENEUR ET PORTEE

L'histoire de Prahlada débute ainsi. Sukracarya était devenu l'officiant des cérémonies rituelles organisées par les athées, et plus particulièrement par Hiranyakasipu, si bien que ses deux fils, Sanda et Amarka, vivaient à proximité de la résidence d'Hiranyakasipu. Sukracarya n'aurait pas dû devenir le prêtre d'Hiranyakasipu, car ce dernier ainsi que ses acolytes étaient tous des athées. Un brahmana doit remplir les fonctions de prêtre auprès d'une personne intéressée par le développement de la spiritualité. Cependant, le nom même de Sukracarya indique une personne qui cherche à obtenir des avantages pour ses fils et ses descendants, quelle que soit la provenance de l'argent. Un vrai brahmana, pour sa part, n'accepterait jamais de se mettre au service d'un athée en tant qu'officiant pour les cérémonies rituelles.

VERSET 2

tau rajna prapitam balam
prahladam naya-kovidam
pathayam asatuh pathyan
anyams casura-balakan

TRADUCTION

Prahlada Maharaja était déjà instruit dans les principes d'une vie de dévotion, mais lorsque son père l'envoya se faire éduquer chez ces deux fils de Sukracarya, ceux-ci l'acceptèrent dans leur classe avec les autres fils des asuras.

VERSET 3

yat tatra guruna proktam
susruve nupapatha ca
na sadhu manasa mene
sva-parasad-grahasrayam

TRADUCTION

C'est ainsi que Prahlada écouta et récita les enseignements de ses maîtres en matière de politique et d'économie. Toutefois, comprenant que la politique amène à considérer un homme comme un ami et un autre comme un ennemi, il n'appréciait guère cet enseignement.

TENEUR ET PORTEE

La politique sous-entend que l'on considère certains hommes comme des amis et d'autres comme des ennemis. En politique, tout repose sur cette conception, et le monde entier y est asservi, surtout à l'heure actuelle. C'est ainsi qu'on parle de nations et de groupements amis et ennemis, alors que, selon la Bhagavad-gita, l'érudit n'établit aucune distinction entre amis et ennemis. Les bhaktas, en particulier, ne créent pas de pareilles divisions. Le bhakta considère chaque être vivant comme une partie intégrante de Krsna (mamaivamso jiva-bhutah). C'est pourquoi il traite amis et ennemis de la même manière, c'est-à-dire en s'efforçant d'instruire les uns comme les autres dans la conscience de Krsna. Bien entendu, les athées ne suivent pas les instructions des purs bhaktas et considèrent plutôt le dévot du Seigneur comme leur ennemi. Cependant, ce n'est jamais le bhakta qui crée une situation favorisant l'amitié ou l'inimitié. Bien que Prahlada Maharaja fût obligé d'entendre les instructions de Sanda et d'Amarka, il n'appréciait pas cette philosophie qui fait une distinction entre amis et ennemis et qui est à la base de la politique. Ce genre de philosophie ne l'intéressait pas.

VERSET 4

ekadasura-rat putram
ankam aropya pandava
papraccha kathyatam vatsa
manyate sadhu yad bhavan

TRADUCTION

Un jour, ô roi Yudhisthira, le roi des asuras, Hiranyakasipu, prit son fils Prahlada sur ses genoux et lui demanda très affectueusement: "Mon cher fils, veuille me dire ce que tu estimes être le meilleur de tous les sujets que tes précepteurs t'ont fait étudier."

TENEUR ET PORTEE

Hiranyakasipu ne posa pas à son fils une question trop difficile; il voulait plutôt lui donner l'occasion de parler simplement de la matière qu'il jugeait la meilleure. Bien entendu, Prahlada Maharaja, qui était un bhakta accompli, savait tout et trouvait donc à même de révéler ce qu'il y a de mieux dans la vie. Les Vedas, enseignent: yasmin vijnate sarvam evam vijnatam bhavati -celui qui connaît Dieu en vérité peut parfaitement comprendre n'importe quel sujet. Il nous arrive parfois d'avoir à affronter de grands hommes de science et d'éminents philosophes, mais, par la grâce de Krsna, nous sortons victorieux de ces débats. Il est pour ainsi dire impossible, pour un homme ordinaire, de s'opposer à des savants ou à des philosophes en matière de pure connaissance, mais un bhakta peut se le permettre, car, par la grâce de Krsna, il connaît ce qu'il y a de mieux en toute chose. Comme l'explique la Bhagavad-gita (10.11):

tesam evanukampartham
aham ajnana-jam tamah
nasayamy atma-bhava-stho
jnana-dipena bhasvata

Krsna qui Se trouve au plus profond du coeur de chaque être en tant que l'Ame Suprême, dissipe toute ignorance du coeur de Son dévot. Par une faveur spéciale, Il éclaire le bhakta dans tous les domaines de la connaissance en brandissant devant lui le flambeau lumineux du savoir. Ainsi Prahlada Maharaja connaissait l'aspect le plus important du savoir, et lorsque son père le questionna à ce sujet, Prahlada le lui révéla. Du fait du niveau élevé de sa conscience de Krsna, Prahlada Maharaja était à même de résoudre les problèmes les plus ardus. Il répondit donc à son père comme suit.

VERSET 5

sri-prahlada uvaca
tat sadhu manye sura-varya dehinam
sada samudvigna-dhiyam asad-grahat
hitvatma-patam grham andha-kupam
vanam gato yad dharim asrayeta

TRADUCTION

Prahlada Maharaja répondit:
O toi le meilleur des asuras, souverain des démons, selon ce que mon maître spirituel m'a appris, une personne qui revêt un corps éphémère et qui s'implique dans une vie de famille tout aussi transitoire, ne peut qu'être tourmentée par l'anxiété, car elle est tombée dans un puits perdu où l'on ne trouve pas la moindre goutte d'eau, mais seulement de la souffrance. Il faut abandonner cette condition pour se rendre dans la forêt (vana) -plus précisément à Vrndavana, où seule prévaut la conscience de Krsna. Et là, il faut chercher refuge auprès de Dieu, la Personne Suprême.

TENEUR ET PORTEE

Hiranyakasipu croyait que Prahlada, du fait qu'il n'était qu'un petit garçon sans expérience, donnerait à sa question une réponse plaisante mais dénuée de tout sens pratique. Toutefois, étant un bhakta fort avancé, Prahlada Maharaja avait acquis toutes les qualités en matière d'éducation.

yasyasti bhaktir bhagavaty akincana
sarvair gunais tatra samasate surah
harav abhaktasya kuto mahad-guna
manorathenasati dhavato bahih

"Tous les devas avec leurs éminentes vertus se manifestent chez la personne qui nourrit une foi et une dévotion pures et sans mélange à l'égard de Dieu, la Personne Suprême, Vasudeva. Au contraire, l'être dénué de dévotion ne possède aucune qualité car son mental l'entraîne dans la vie matérielle, qui représente l'aspect externe du Seigneur." (S.B.,5.18.12) Ceux qui se disent philosophes et savants érudits alors qu'ils évoluent simplement sur le plan mental, ne peuvent pas vraiment distinguer le sat, l'éternel, de l'asat, l'éphémère. Les Vedas enjoignent: asato ma jyotir gama -tout le monde devrait renoncer à l'éphémère pour s'élever au niveau de l'existence éternelle. L'âme est éternelle, et toutes les questions qui la concernent représentent le vrai savoir. Il est écrit aussi: apasyatam atma-tattvam grhesu grha-medhinam -ceux qui demeurent attachés à la conception corporelle de l'existence et à la vie de grhastha, à la vie de famille, aveuglés par les plaisirs des sens, ne peuvent avoir la vision de ce qui est bien pour l'âme éternelle. Prahlada Maharaja le confirme en disant que si quelqu'un désire réussir dans la vie, il doit sans tarder apprendre de source autorisée où se trouve son intérêt véritable et comment il doit modeler sa vie en fonction de la conscience spirituelle. Il faut bien comprendre que l'on est une partie intégrante de Krsna et, dès lors, se réfugier tout entier à Ses pieds pareils-au-lotus afin d'être certain de parvenir à la réussite spirituelle. Dans l'univers matériel, tous vivent selon une conception corporelle de l'existence, luttant âprement, vie après vie, pour leur subsistance. En vue de mettre fin à cette condition matérielle, caractérisée par la répétition de la naissance et de la mort, Prahlada Maharaja recommande de se rendre dans la forêt (vana).

Au sein de l'institution du varnasrama, on devient d'abord un brahmacari, puis un grhastha, ensuite un vanaprastha, et enfin un sannyasi. Partir pour la forêt revient à accepter l'existence d'un vanaprastha, qui se situe entre la vie de grhastha et le sannyasa. Le Visnu Purana (3.8.9) confirme ceci: varnasramacaravata purusena parah puman visnur aradhyate -en acceptant l'institution des varnas et des asramas, on peut très facilement s'élever au niveau de l'adoration de Visnu, le Seigneur Suprême.

Autrement, si quelqu'un s'entête à avoir une conception corporelle de l'existence, il doit croupir dans cet univers matériel et sa vie ne peut être qu'un échec. La société doit être divisée en brahmanas, ksatriyas, vaisyas et sudras, et, en vue du progrès spirituel, il faut progressivement s'élever du niveau de brahmacari à celui de grhastha, puis de vanaprastha et enfin de sannyasi. Prahlada Maharaja recommanda à son père d'adopter le vanaprastha, parce qu'en tant que grhastha il devenait de plus en plus démoniaque du fait de son attachement au corps. Il lui dit qu'il ferait mieux d'adopter le vanaprastha plutôt que de s'enfoncer de plus en plus profondément dans le puits perdu de la vie de grhastha (grham andha-kupam). Dans notre Mouvement pour la Conscience de Krsna, nous invitons de même toutes les personnes d'un certain âge à se rendre à Vrndavana pour y vivre de façon retirée et y développer leur conscience spirituelle, la conscience de Krsna.


Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare
Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare