SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 7 CHAPITRE 5 Prahlada Maharaja,
le saint fils d'Hiranyakasipu.
aropyankam avaghraya
murdhany asru-kalambubhih asincan vikasad-vaktram idam aha yudhisthira
O roi Yudhisthira, Hiranyakasipu plaça Prahlada Maharaja sur ses genoux et se mit à lui humer la tête. Tandis que des larmes d'affection s'échappaient de ses yeux et humectaient le visage souriant de l'enfant, il s'adressa ainsi à son fils.
Lorsqu'un enfant ou un disciple se jette aux pieds de son père ou de son maître spirituel, son supérieur lui témoigne son affection en lui humant la tête.
hiranyakasipur uvaca
prahradanucyatam tata svadhitam kincid uttamam kalenaitavatayusman yad asiksad guror bhavan
Prahlada mon cher fils, toi qui es destiné à jouir d'une longue vie, depuis longtemps maintenant tu as appris beaucoup de choses de tes précepteurs. Veuille donc me dire ce que tu considères être la meilleure partie de tout ce savoir.
Dans ce verset, Hiranyakasipu demande à son fils ce qu'il a appris de son guru. Or, Prahlada Maharaja avait deux sortes de guru: Sanda et Amarka, fils de Sukracarya et représentants de la tradition familiale, étaient les gurus choisis par son père, mais il avait un autre guru en la noble personne de Narada Muni, qui l'avait instruit alors qu'il se trouvait encore dans le ventre de sa mère. Prahlada Maharaja répondit à la question de son père en lui rapportant les instructions qu'il avait reçues de son maître spirituel, Narada. C'est ainsi que surgit à nouveau un différend entre eux, car Prahlada Maharaja désirait rapporter ce qu'il avait appris de mieux de son maître spirituel, tandis qu'Hiranyakasipu s'attendait à l'entendre parler des enseignements politiques et diplomatiques qu'il avait reçus de Sanda et Amarka. La dissension entre le père et le fils ne fit donc que s'aggraver à mesure que Prahlada Maharaja exposait à son père les enseignements reçus de son guru, Narada Muni.
sri-prahrada uvaca
sravanam kirtanam visnoh smaranam pada-sevanam arcanam vandanam dasyam sakhyam atma-nivedanam
iti pumsarpita visnau
Ecouter et chanter ce qui se rapporte aux Saints Noms, à la Forme, aux Attributs et aux Divertissements transcendantaux de Sri Visnu, se les rappeler, servir les pieds pareils-au-lotus du Seigneur, Lui rendre un culte au moyen de seize accessoires, Lui offrir des prières, devenir Son serviteur, Le considérer comme son meilleur ami, et Lui abandonner tout [en d'autres termes, Le servir en pensées, en paroles et en actes] -ces neuf pratiques relèvent du pur service de dévotion. Celui qui a voué sa vie au service de Krsna par le biais de ces neuf activités doit être considéré comme le plus instruit car il a atteint le savoir complet.
Lorsque son père demanda à Prahlada Maharaja de lui parler un peu des connaissances qu'il avait acquises, celui-ci considéra que ce qu'il avait appris de son maître spirituel était le plus important de tous les enseignements; pour lui, les instructions relatives à la diplomatie qu'il avait reçues de ses précepteurs matériels, Sanda et Amarka, n'avaient aucune valeur. Bhaktih paresanubhavo viraktir anyatra ca (S.B.,11.2.42) Telle est la marque du pur service de dévotion; le pur bhakta ne s'intéresse qu'au service de dévotion, et non pas aux choses matérielles. Celui qui désire pratiquer le service de dévotion doit constamment écouter et chanter les gloires de Krsna, ou Visnu. Le culte offert dans le temple a pour nom arcana, et il sera expliqué dans les pages qui vont suivre. Il faut avoir une foi totale dans les paroles de Krsna, qui déclare être le grand ami et bienfaiteur de tous les êtres (suhrdam sarva-bhutanam). Le bhakta considère Krsna comme son seul ami: c'est ce qu'exprime le mot sakhyam. Pumsarpita visnau: le mot pumsa signifie "par tous les êtres vivants"; il n'existe pas de distinction impliquant que seuls les hommes ou les brahmanas peuvent pratiquer le service de dévotion offert au Seigneur; tout le monde en a le droit. Comme l'explique la Bhagavad-gita (9.32): striyo vaisyas tatha sudras te pi yanti param gatim -bien que les femmes, les vaisyas et les sudras soient considérés comme moins intelligents, ils peuvent également devenir des bhaktas et retourner à Dieu, en leur demeure originelle. Il arrive parfois qu'après avoir accompli des sacrifices, leur auteur en offre les fruits à Visnu, selon la coutume. Toutefois, notre verset dit: bhagavaty addha -il faut directement tout offrir à Visnu. C'est là ce qu'on appelle le sannyasa (pour le distinguer du simple nyasa). Le tridandi-sannyasi porte trois dandas, représentant respectivement le corps, l'esprit et la parole (kaya-mano-vakya). Tous trois doivent être offerts à Visnu, et la personne qui vit ainsi peut commencer à pratiquer le service de dévotion. L'auteur d'actes intéressés se livre tout d'abord à des activités pieuses, pour ensuite en offrir les fruits à Visnu, de façon formelle ou officielle. Le vrai bhakta, toutefois, s'abandonne d'abord à Krsna, Lui offrant son corps, son esprit et ses paroles; après quoi, il utilise son corps, son esprit et ses paroles au service de Krsna, selon les désirs de Krsna. Srila Bhaktisiddhanta Sarasvati Thakura donne, dans son Tathya, l'explication suivante. Le mot sravana se rapporte à l'audition attentive des Saints Noms du Seigneur ainsi qu'à la description de Sa Forme, de Ses Attributs, de Son Entourage et de Ses Divertissements, tels qu'ils sont expliqués dans le Srimad-Bhagavatam, la Bhagavad-gita et d'autres Ecritures authentiques. Après avoir soigneusement écouté ces messages, il faut se les rappeler et les répéter (kirtanam). Smaranam consiste à s'efforcer de comprendre de plus en plus ce qui a trait au Seigneur Suprême, et pada-sevanam signifie servir les pieds pareils-au-lotus du Seigneur selon le temps et les circonstances. Arcanam, c'est l'adoration de Visnu telle qu'on la pratique dans les temples, et vandanam consiste à offrir son hommage respectueux au Seigneur. Manmana bhava mad-bhakto mad-yaji mam namaskuru. Vandanam est synonyme de namaskuru -offrir son hommage respectueux ou adresser des prières. Le fait de se considérer comme un serviteur éternel de Krsna (nitya-krsna-dasa) a pour nom dasyam; quant à sakhyam, cela signifie agir en ami bienveillant de Krsna. Krsna désire voir tous les êtres s'abandonner à Lui, car chacun est, par nature, Son serviteur. Donc, en tant qu'ami sincère de Krsna, nous devons prêcher cette philosophie en demandant à tous de s'abandonner à Krsna. Atma-nivedanam signifie offrir tout à Krsna, y compris le corps, le mental, l'intelligence et tout ce que l'on peut posséder. Un effort sincère dans le cadre de ces neuf pratiques de dévotion porte le nom spécifique de bhakti. Le mot addha signifie "directement". Il ne faut pas faire comme les karmis, qui accomplissent divers actes de vertu pour ensuite en offrir les fruits à Krsna de manière formelle, selon la voie dite du karma-kanda. Il ne s'agit pas d'aspirer à jouir des fruits de ses actes de vertu, mais bien plutôt de se dédier entièrement au Seigneur et ensuite d'agir pieusement. Autrement dit, il nous faut agir pour la satisfaction de Visnu, et non pas pour celle de nos propres sens. Telle est la signification du mot addha, ou "directement".
anyabhilasita-sunyam
"On doit servir d'une manière favorable le Seigneur Suprême, Sri Krsna, avec un amour et une dévotion purement spirituels, en s'abstenant d'y mêler des motifs qui relèvent de l'intérêt personnel ou de la spéculation philosophique, et de rechercher par là quelque récompense matérielle. Voilà ce qu'est la pure bhakti, la dévotion parfaite." Il faut simplement chercher à satisfaire Krsna, sans se laisser influencer par la connaissance ou l'action intéressées.jnana-karmady-anavrtam anukulyena krsnanu- silanam bhaktir uttama La Gopala-tapani Upanisad enseigne que le mot bhakti est utilisé pour désigner la pratique du service de dévotion offert à Dieu, la Personne Suprême, et à nul autre que Lui. Cette Upanisad explique que la bhakti est l'offrande de la dévotion au Seigneur Souverain. Celui qui désire pratiquer le service de dévotion doit s'affranchir de la conception corporelle de l'existence et de toute aspiration au bonheur que procure l'élévation au système planétaire supérieur. En d'autres termes, on appelle bhakti l'action accomplie pour la satisfaction du Seigneur Suprême, sans le moindre désir d'en retirer quelque gain matériel. La bhakti porte également le nom de niskarma -le fait de ne pas être lié aux fruits de l'action intéressée. La bhakti et le niskarma se situent au même niveau, même si le service de dévotion et l'action intéressée peuvent sembler être presque la même chose. Les neuf pratiques énoncées par Prahlada Maharaja, qui les tenait lui-même de Narada Muni, ne sont pas forcément toutes nécessaires à l'accomplissement du service de dévotion. Si un bhakta accomplit ne serait-ce qu'une seule de ces pratiques sans dévier, il peut obtenir la miséricorde de Dieu, la Personne Suprême. On découvre parfois, lorsqu'on se livre à l'une de ces pratiques, que d'autres s'y trouvent mêlées. Et cela n'a rien d'incorrect pour un bhakta. Il lui suffit en effet d'accomplir une seule de ces neuf pratiques (nava-laksana); les huit autres s'y trouvent comprises. Examinons maintenant ces neuf pratiques du service de dévotion: 1) Sravanam. Ecouter les Saints Noms du Seigneur (sravanam) représente le début du service de dévotion. Bien que n'importe laquelle des neuf pratiques énumérées ici soit suffisante en elle-même, dans l'ordre chronologique le fait de prêter une oreille attentive aux Saints Noms du Seigneur marque le début du service de dévotion. En fait, il s'agit là d'une pratique essentielle. Ainsi que l'enseignait Sri Caitanya Mahaprabhu: ceto-darpanam-marjanam -en chantant ou en récitant le Saint Nom du Seigneur, on se purifie de la conception matérielle de la vie, due à l'influence impure des trois gunas. Lorsque le coeur est entièrement débarrassé de cette souillure, on peut alors prendre conscience de la Forme de Dieu, la Personne Suprême (isvarah paramah krsna sac-cid-ananda-vigrahah). Ainsi, en écoutant le Saint Nom du Seigneur, on s'élève au niveau où il est donné de connaître la Forme personnelle de Dieu. Après avoir pris conscience de la Forme du Seigneur, on peut réaliser Ses Attributs spirituels; ensuite, on pourra connaître ceux qui L'entourent. Le bhakta progresse ainsi de plus en plus vers la parfaite connaissance de Dieu, à mesure qu'il prend conscience du Saint Nom, de la Forme et des Attributs purement spirituels du Seigneur, de même que de tout ce qui se rapporte à Lui. Dans l'ordre chronologique, nous avons donc sravanam kirtanam visnoh. Cette chronologie vaut également pour le chant et le souvenir. Lorsqu'on entend un pur bhakta chanter les gloires des Saints Noms, de la Forme, des Attributs et de tout ce qui a trait au Seigneur, cette écoute et ce chant sont fort agréables. Srila Sanatana Gosvami nous enjoint d'ailleurs de ne pas prêter l'oreille au chant ou aux paroles de glorification d'un faux bhakta ou d'un abhakta. Le fait d'écouter le texte du Srimad-Bhagavatam est considéré comme le plus important. Le Srimad-Bhagavatam est empli de glorifications transcendantales des Saints Noms, de telle sorte que l'audition et le chant de ce texte sont source d'émotions spirituelles inépuisables. Le bhakta peut écouter et chanter le Saint Nom pour lequel il éprouve le plus d'attirance. Ainsi, on peut chanter le Nom de Krsna, celui de Rama, ou encore celui de Nrsimhadeva (ramadi-murtisu kala-niyamena tisthan). Le Seigneur possède d'innombrables Formes et d'innombrables Noms, et les bhaktas peuvent méditer sur une Forme particulière et chanter un certain Nom du Seigneur selon leur attirance personnelle. Le mieux sera d'entendre le Saint Nom et la description de la Forme du Seigneur des lèvres d'un pur bhakta ayant le même objet d'adoration. Autrement dit, celui qui se sent attiré vers Krsna devrait chanter Son Nom et prêter l'oreille aux enseignements de purs bhaktas également attachés à Krsna. Le même principe s'applique à ceux qui sont attirés par Sri Rama, Sri Nrsimha, ou toute autre Forme du Seigneur. Comme Krsna est la Forme ultime de Dieu (krsnas tu bhagavan svayam), il est préférable d'entendre parler du Nom, de la Forme et des Divertissements de Krsna par un bhakta accompli qui éprouve une attirance particulière pour la Forme de Krsna. Dans le Srimad-Bhagavatam, de grands bhaktas comme Sukadeva Gosvami ont spécifiquement glorifié le Saint Nom, la Forme et les Attributs de Sri Krsna. A moins d'écouter ce qui a trait aux Saints Noms, à la Forme et aux Attributs du Seigneur, on ne peut acquérir une claire compréhension des autres pratiques du service de dévotion. C'est pourquoi Sri Caitanya Mahaprabhu recommande de chanter ou de réciter le Saint Nom de Krsna (param vijayate sri-krsna-sankirtanam). Celui qui a la chance d'entendre les enseignements de bhaktas accomplis réussit très facilement sur la voie du service de dévotion. Le fait d'écouter ce qui a trait aux Saints Noms, à la Forme et aux Attributs du Seigneur s'avère donc essentiel. Nous trouvons dans le Srimad-Bhagavatam (1.5.11) le verset suivant:
tad-vag-visargo janatagha-viplavo
"Les versets où l'on trouve décrits le Nom, la Forme et les Attributs d'Anantadeva, le Seigneur Suprême et Infini, ont le pouvoir de réduire à néant les suites des fautes de l'univers entier. Par suite, même si la lettre de ces versets comporte des irrégularités, ils sont écoutés, chantés et accueillis par tous les bhaktas comme faisant autorité. A ce propos, Sridhara Svami fait observer que le pur bhakta tire parti de la présence d'un autre pur bhakta en cherchant à entendre de lui ce qui a trait au Saint Nom, à la Forme et aux Attributs du Seigneur. Et lorsqu'une telle occasion ne s'offre pas à lui, il récite et écoute seul le Saint Nom du Seigneur.yasmin prati-slokam abaddhavaty api namany anantasya yaso-nkitani yat srnvanti gayanti grnanti sadhavah 2) Kirtanam. Nous venons d'expliquer ce qu'est l'écoute des Saints Noms. Efforçons-nous maintenant de comprendre ce qu'est le chant ou la glorification de ces Saints Noms, le deuxième élément de notre liste. Il est recommandé de chanter ou de réciter d'une voix forte. Narada Muni explique dans le Srimad-Bhagavatam que c'est sans la moindre réserve qu'il se mit à voyager de par le monde en chantant les Saints Noms du Seigneur. De même, Sri Caitanya Mahaprabhu nous a recommandé (Siks.,3):
trnad api sunicena
"Un bhakta peut chanter les Saints Noms du Seigneur très paisiblement, en faisant preuve d'humilité, se considérant moins qu'un fétu de paille sur la route, en devenant plus tolérant que l'arbre, et en étant toujours prêt à présenter à autrui ses respects sans en attendre aucun pour soi-même. Ce comportement facilite le chant des Saints Noms du Seigneur." N'importe qui peut aisément prendre part à cette louange. Même un homme diminué physiquement, un être de basse naissance ou toute autre personne dépourvue de qualités matérielles et n'ayant à son actif aucun acte de vertu peut tirer parti du chant des Saints Noms. Une naissance noble, une bonne éducation, une belle apparence physique, la richesse de même que tout autre don résultant d'actes de vertu, ne sont pas nécessaires au progrès spirituel, car on peut très facilement s'élever spirituellement simplement en chantant les Saints Noms. Les Textes védiques, qui font autorité en la matière, nous révèlent que tout particulièrement à l'époque où nous vivons, le kali-yuga, les gens vivent généralement peu longtemps, ils ont des habitudes de vie déplorables et ont tendance à accepter des pratiques dévotionnelles qui ne sont pas authentiques. En outre, ils sont toujours opprimés par les conditions matérielles, et infortunés pour la plupart. Etant donné ces circonstances, il est devenu absolument impossible de recourir à d'autres voies comme celles du yajna, du dana, du tapah et du kriya, c'est-à-dire des sacrifices, de la charité, etc. C'est pourquoi il est recommandé:taror api sahisnuna amanina manadena kirtaniyah sada harih
hare krsna hare krsna krsna krsna hare hare
Lorsqu'on chante ou récite le Saint Nom du Seigneur, il faut soigneusement éviter de commettre dix offenses. Sanat-kumara nous enseigne que même si une personne commet maintes offenses graves, elle peut s'affranchir de ses fautes en cherchant refuge dans le Saint Nom du Seigneur. En fait, même si un homme ne se comporte pas mieux qu'un animal à deux jambes, il sera libéré s'il cherche refuge dans le Saint Nom. Il faut donc prendre bien garde de ne pas commettre d'offenses aux pieds pareils-au-lotus des Saints Noms du Seigneur. Ces offenses, les voici: a) blasphémer un bhakta, et plus particulièrement un bhakta qui répand les gloires du Saint Nom; b) considérer le nom de Siva ou de tout autre deva comme aussi puissant que le Saint Nom de Dieu, la Personne Suprême (personne n'est égal ou supérieur à Dieu); c) désobéir aux instructions du maître spirituel; d) blasphémer les Ecritures védiques ou les textes inspirés de ces Ecritures; e) déclarer que les gloires du Saint Nom du Seigneur sont exagérées; f) interpréter le Saint Nom à sa façon; g) accomplir sciemment des actes coupables en comptant sur le chant du Saint Nom pour en annuler les conséquences; h) considérer le chant du Saint Nom comme équivalant à des actes de vertu; i) parler des gloires du Saint Nom à une personne qui ne comprend rien à cette pratique spirituelle; j) ne pas développer d'attachement transcendantal pour le chant des Saints Noms, même après avoir entendu tous les enseignements que donnent les Ecritures.hare rama hare rama rama rama hare hare Il n'existe aucun moyen de se racheter d'aucune de ces offenses. Il est donc recommandé à la personne qui se rend coupable d'une offense aux pieds pareils-au-lotus du Saint Nom de continuer à chanter le Saint Nom vingt-quatre heures par jour. Le chant constant des Saints Noms finit par nous affranchir de toute offense, après quoi nous pouvons peu à peu nous élever au niveau transcendantal où il est possible de glorifier le Saint Nom dans toute sa pureté et de développer de l'amour pour Dieu, la Personne Suprême. Même si quelqu'un commet des offenses, il lui est recommandé de continuer à chanter les Saints Noms. Autrement dit, le chant des Saints Noms nous libère de toute offense. Le livre du Nama-kaumudi explique que si quelqu'un commet une offense aux pieds pareils-au-lotus d'un vaisnava, il doit faire amende honorable auprès de lui afin de recevoir son pardon; de même, si quelqu'un commet une offense en chantant les Saints Noms, il doit s'en remettre au Saint Nom afin d'être ainsi affranchi de sa faute. Citons à ce propos les paroles suivantes de Daksa adressées à Siva: "Ignorant de tes gloires, j'ai commis en public une offense à tes pieds pareils-au-lotus. Cependant, tu es si bon que tu n'as pas tenu compte de mon offense. Au contraire, alors que je sombrais pour t'avoir critiqué, tu m'as sauvé par ton regard miséricordieux. Tu es infiniment grand, Veuille me pardonner et tirer satisfaction de tes propres prestigieuses qualités." Il faut être très humble pour exprimer ses désirs et réciter des prières à la gloire des Saints Noms, telles que: ayi mukta-kulair upasya manam et nivrtta-tansair upagiyamanad. Il faut réciter des prières comme celles-ci afin de s'affranchir des offenses commises aux pieds pareils-au-lotus du Saint Nom. 3) Smaranam. Après avoir régulièrement pratiqué l'écoute et le chant, et lorsque le coeur se trouve profondément purifié, il est recommandé de s'adonner au smaranam, le souvenir du Seigneur. Dans le Srimad-Bhagavatam (2.1.11), Sukadeva Gosvami dit au roi Pariksit:
etan nirvidyamananam
"0 roi, le chant constant des Saints Noms du Seigneur est recommandé à tous -aux grands yogis qui ont complètement renoncé à tout lien avec la matière, aux hommes avides de plaisirs matériels ou encore à ceux qui trouvent en eux-mêmes le bonheur par la force du savoir spirituel." Selon les différentes relations que les êtres ont avec Dieu, la Personne Suprême, il existe différentes variétés de chant des Saints Noms (namanukirtanam), si bien que, toujours selon différents sentiments et relations, il existe cinq façons de se rappeler le Seigneur: a) faire des recherches concernant l'adoration d'une Forme particulière du Seigneur; b) se concentrer sur un objet unique et s'abstenir de toute activité mentale -penser, sentir ou vouloir- concernant quelque autre objet que ce soit; c) se concentrer sur une Forme particulière du Seigneur (c'est là ce que l'on appelle la méditation); d) concentrer son esprit de façon continue sur la Forme du Seigneur (voilà ce que l'on appelle la méditation parfaite, ou dhruvanusmrti); e) développer en soi un attachement pour la concentration sur une Forme particulière du Seigneur (c'est là ce que l'on appelle l'absorption profonde, ou samadhi). La concentration du mental sur des Divertissements particuliers du Seigneur lors de circonstances spéciales relève également du souvenir. Par suite, le samadhi peut également revêtir cinq formes différentes selon la relation qui nous unit au Seigneur. Toutefois, de façon plus spécifique, ce qu'on appelle la concentration mentale correspond à la méditation des bhaktas parvenus au stade de la neutralité.icchatam akuto-bhayam yoginam nrpa nirnitam harer namanukirtanam 4) Pada-sevanam. Selon la force et l'attirance manifestées par chacun, l'écoute, le chant et le souvenir peuvent être suivis par pada-sevanam. On atteint la perfection en matière de souvenir lorsqu'on s'absorbe constamment dans la pensée des pieds pareils-au-lotus du Seigneur. L'attachement intense à la pensée des pieds pareils-au-lotus du Seigneur porte le nom de pada-sevanam. Quand on s'attache plus particulièrement à cette pratique, on peut voir graduellement d'autres activités s'y rattacher, comme contempler et toucher la Forme du Seigneur, effectuer une marche circulaire autour de cette Forme ou autour du temple du Seigneur, visiter les endroits comme Jagannatha Puri, Dvaraka et Mathura pour y voir la Forme du Seigneur, ainsi que se baigner dans le Gange ou la Yamuna. Se baigner dans le Gange et servir un pur vaisnava relève également de ce qu'on appelle tadiya-upasanam, qui est aussi pada-sevanam. Le mot tadiya signifie "en relation avec le Seigneur". Le service des vaisnavas, de tulasi, du Gange et de la Yamuna sont tous inclus dans pada-sevanam; toutes ces activités aident la personne qui s'y livre à réaliser des progrès très rapides dans la vie spirituelle. 5) Arcanam. Après la pratique de pada-sevanam vient le processus d'arcanam, l'adoration de la murti. Si l'on désire se livrer à cette pratique, on doit absolument chercher refuge auprès d'un maître spirituel authentique et apprendre l'arcanam avec lui. Il existe de nombreux ouvrages concernant l'arcana, et plus particulièrement le Narada-pancaratra. A notre époque, il est tout spécialement recommandé de suivre la voie du pancaratra pour pratiquer l'arcana, l'adoration de la murti dans le temple. En fait, l'arcanam se pratique selon deux voies, celle dite bhagavata et celle dénommée pancaratriki. Le Srimad-Bhagavatam ne donne aucune recommandation concernant la voie du pancaratriki, parce qu'au cours du présent kali-yuga il est possible d'atteindre la perfection par l'intermédiaire de l'écoute, du chant, du souvenir et de l'adoration des pieds pareils-au-lotus du Seigneur, sans même se livrer au culte de la murti. Rupa Gosvami déclare:
sri-visnoh sravane pariksid abhavad vaiyasakih kirtane
"Pariksit Maharaja obtint le salut par la seule pratique de l'écoute et Sukadeva Gosvami par celle du chant. Prahlada Maharaja parvint, quant à lui, au même résultat par le souvenir du Seigneur. La déesse de la fortune, Laksmidevi, connut la perfection en adorant les pieds pareils-au-lotus du Seigneur, et Prthu Maharaja fut sauvé en rendant un culte à la murti. Pour Akrura, ce fut en adressant des prières, pour Hanuman en offrant au Seigneur un service personnel, pour Arjuna en se liant d'amitié avec le Seigneur, et pour Bali Maharaja en consacrant tout ce qu'il avait au service du Seigneur." Tous ces illustres bhaktas ont servi le Seigneur selon une méthode particulière, mais chacun d'eux obtint le salut et se montra digne de retourner à Dieu, en sa demeure originelle. Ceci est expliqué dans le Srimad-Bhagavatam.prahladah smarane tad-anghri-bhajane laksmih prthuh pujane akruras tv abhivandane kapi-patir dasye tha sakhye rjunah sarvasvatma-nivedane balir abhut krsnaptir esam param Il est donc recommandé aux bhaktas initiés d'observer les principes du Narada-pancaratra en adorant la murti dans le temple. Cette voie est tout particulièrement conseillée aux bhaktas qui sont chefs de famille et qui ont beaucoup de biens matériels. Un chef de famille riche qui n'utilise pas son argent durement gagné au service du Seigneur est qualifié d'avare. Il ne s'agit pas de payer des brahmanas pour qu'ils rendent un culte à la murti. Celui qui n'adore pas personnellement la murti mais qui paie des serviteurs pour le faire en son nom est considéré comme paresseux; le culte qu'il rend à la murti est artificiel. Un chef de famille vivant dans l'opulence peut rassembler toutes sortes d'objets de culte somptueux pour adorer la murti; aussi le culte de la murti est-il obligatoire pour un bhakta responsable d'une famille. Notre Mouvement pour la Conscience de Krsna compte des brahmacaris, des grhasthas, des vanaprasthas et des sannyasis, mais l'adoration de la murti dans le temple devrait être tout particulièrement accomplie par les chefs de famille. Les brahmacaris peuvent aller prêcher avec les sannyasis, et les vanaprasthas doivent se préparer à adopter à leur tour l'ordre du renoncement, le sannyasa. Les grhasthas, pour leur part, s'adonnent généralement à des activités matérielles, et s'ils ne pratiquent pas l'adoration de la murti, leur chute est inévitable, Le culte de la murti se fait suivant des règles et des principes stricts, qui ont pour effet d'assurer notre constance dans le service de dévotion. Les grhasthas ont généralement des enfants, et leurs épouses doivent alors s'occuper de ceux-ci, de la même façon que les femmes s'occupent des petits dans une école maternelle. Les bhaktas grhasthas doivent adopter la pratique de l'arcana-vidhi, ou culte de la murti, suivant les directives données par le maître spirituel. Quant aux personnes qui seraient incapables de pratiquer l'adoration de la murti dans le temple, elles doivent suivre la recommandation de l'Agni Purana. Tout chef de famille qui, en certaines circonstances, ne peut pratiquer l'adoration de la murti, doit au moins assister à cette adoration, ce qui lui permettra de connaître, lui aussi, la réussite. L'objet premier du culte de la murti est de se maintenir dans un état de propreté et de pureté constantes. Les bhaktas grhasthas devraient être de véritables exemples de propreté. L'adoration de la murti ainsi que l'écoute et le chant doivent se poursuivre en même temps. C'est pourquoi chaque mantra est précédé du mot namah. Tous les mantras possèdent des pouvoirs spécifiques, dont les bhaktas grhasthas doivent tirer parti. Il existe de nombreux mantras précédés du mot namah, mais une personne qui chante ou qui récite le Saint Nom du Seigneur bénéficie des mêmes résultats que si elle avait prononcé le mot namah à de nombreuses reprises. De fait, en chantant le Saint Nom du Seigneur, on peut parvenir au niveau de l'amour pour Dieu. On peut certes demander pourquoi il est alors nécessaire d'être initié; la réponse est que même si le chant des Saints Noms suffit à nous faire progresser dans la vie spirituelle jusqu'à atteindre le niveau de l'amour pour Dieu, nous demeurons néanmoins exposés à la souillure matérielle à cause du corps que nous possédons. En conséquence, un accent tout particulier est mis sur l'arcana-vidhi, et il faut régulièrement tirer parti autant de la méthode dite bhagavata que de celle dénommée pancaratriki. L'adoration de la murti peut être soit pure, soit mêlée d'actes intéressés. Pour celui qui est stable, cette adoration est obligatoire. La célébration de diverses fêtes, comme Sri Janmastami, Rama-navami et Nrsimha-caturdasi, fait également partie du culte rendu à la murti. En d'autres termes, les bhaktas grhasthas doivent obligatoirement célébrer ces fêtes. Considérons maintenant les offenses à éviter lorsqu'on pratique l'adoration de la murti. Elles s'énumèrent comme suit: a) pénétrer dans le temple avec des chaussures ou en étant porté sur un palanquin; b) manquer à la célébration des fêtes prescrites; c) ne pas offrir son hommage en présence de la murti; d) adresser des prières dans un état impur, sans s'être lavé les mains après avoir mangé; e) se prosterner en posant une seule main sur le sol; f) effectuer une marche circulaire directement devant la murti; g) allonger ses jambes devant la murti; h) s'asseoir devant la murti en se tenant les chevilles; i) se coucher par terre devant la murti; j) manger devant la murti; k) mentir devant la murti; l) s'adresser à quelqu'un à haute voix devant la murti; ni) dire des stupidités devant la murti; n) pleurer devant la murti; o) se disputer devant la murti; p) réprimander quelqu'un devant la murti; q) témoigner sa faveur à quelqu'un devant la murti; r) parler durement devant la murti; s) se couvrir d'une couverture en laine devant la murti; t) blasphémer quelqu'un devant la murti; u) vénérer quelqu'un d'autre devant la murti; v) user d'un langage vulgaire devant la murti; w) lâcher des vents devant la murti; x) ne pas adorer la murti avec faste alors qu'on en a les moyens; y) manger de la nourriture non offerte à la murti; z) ne pas présenter des fruits frais de saison à la murti; aa) lui offrir de la nourriture ayant déjà été utilisée ou donnée à quelqu'un d'autre (autrement dit, aucune nourriture ne doit être distribuée à qui que ce soit avant qu'elle ait été offerte à la murti; bb) s'asseoir en tournant le dos à la murti; cc) offrir son hommage à quelqu'un d'autre devant la murti; dd) ne pas réciter les prières qui conviennent en rendant son hommage au maître spirituel; ee) se glorifier devant la murti; ff) blasphémer les devas. Il faut bien prendre garde d'éviter ces trente-deux offenses lorsqu'on pratique l'adoration de la murti. Le Varaha Purana mentionne également les offenses suivantes: a) manger chez un homme riche; b) pénétrer dans la salle des murtis dans l'obscurité; c) rendre un culte à la murti sans observer les principes régulateurs; d) pénétrer dans le temple sans s'annoncer par le moindre bruit; e) utiliser de la nourriture qui a été vue par un chien; f) rompre le silence pendant qu'on adore la murti; g) aller faire ses besoins naturels au moment d'adorer la murti; h) offrir de l'encens sans offrir de fleurs; i) offrir à la murti des fleurs défendues; j) commencer le culte sans s'être lavé les dents; k) rendre un culte après avoir eu des rapports sexuels; l) toucher une lampe, un cadavre, ou une femme au cours de ses menstruations, ou encore porter des vêtements rouges ou bleus, des vêtements n'ayant pas été lavés, appartenant à une autre personne, ou qui soient sales. D'autres offenses consistent à rendre un culte à la murti après avoir vu un mort, à lâcher des vents devant la murti, à se mettre en colère devant la murti et à rendre un culte juste après s'être rendu dans un lieu de crémation. Après avoir mangé, il ne faut pas rendre un culte à la murti avant d'avoir digéré sa nourriture, pas plus qu'il ne faut toucher la murti ou se livrer au moindre culte après avoir consommé de l'huile de carthame ou de l'assa-foetida. On trouve ailleurs la liste des offenses suivantes: a) s'opposer aux injonctions des Ecritures védiques ou manquer de respect au Srimad-Bhagavatam en son for intérieur, tout en prétendant extérieurement en accepter les principes; b) faire connaître des sastras qui diffèrent des Ecritures védiques; c) mâcher du pan ou du bétel devant la murti; d) conserver des fleurs destinées au culte sur une feuille de ricin; e) adorer la murti pendant l'après-midi; f) s'asseoir sur l'autel ou à même le sol pour adorer la murti (sans une natte); g) toucher la murti avec la main gauche en la baignant; h) offrir à la murti une fleur fanée ou ayant déjà été utilisée; i) cracher tandis qu'on rend un culte à la murti; j) se vanter pendant qu'on adore la murti; k) appliquer le tilaka de travers sur son front; l) pénétrer dans le temple sans s'être lavé les pieds; ni) offrir à la murti de la nourriture préparée par une personne non initiée; n) rendre un culte à la murti et lui offrir du bhoga devant une personne non initiée ou un abhakta; o) adorer la murti sans rendre un culte aux divinités de Vaikuntha, comme Ganesa; p) rendre un culte à la murti lorsqu'on transpire; q) refuser des fleurs ayant été offertes à la murti; r) prononcer un voeu ou faire un serment par le Saint Nom du Seigneur. Si quelqu'un commet n'importe laquelle des offenses mentionnées ci-dessus, il doit lire au moins un chapitre de la Bhagavad-gita, ainsi que le confirme l'Avanti-khanda du Skanda Purana. Une autre injonction dit qu'on peut s'affranchir de toute offense en lisant les mille Noms de Visnu. Toujours dans le Skanda Purana, cette fois dans le Reva-khanda, il est dit que celui qui récite des prières à tulasi ou en plante une graine s'affranchit également de toute offense. Pareillement, celui qui adore le salagrama-sila peut se dégager de toute souillure consécutive à ses offenses. Le Brahmanda Purana enseigne pour sa part que la personne qui adore Visnu, dont les quatre mains portent respectivement une conque, un disque, une fleur de lotus et une masse d'armes, peut être affranchie des offenses énumérées ci-dessus. L'Adivaraha Purana explique que toute personne coupable d'offenses peut, pour se racheter, jeûner pendant un jour entier au lieu saint dénommé Saukarava et se baigner ensuite dans le Gange. En ce qui a trait à l'adoration de la murti, il est parfois prescrit de rendre un culte mentalement. L'Uttara-khanda du Padma Purana dit à ce propos: "Chacun peut, d'une manière générale, rendre un culte mentalement." Le Gautamiya Tantra ajoute: "Au sannyasi qui est sans foyer, il est recommandé d'adorer la murti mentalement." Narayana, le Seigneur, explique enfin dans le Narada-pancaratra que l'adoration mentale de la murti est appelée manasa-puja. On peut s'affranchir des quatre maux de l'existence matérielle grâce à cette méthode. Parfois, cette adoration mentale peut être effectuée de façon indépendante. Selon l'enseignement d'Avirhotra Muni, l'un des nava-yogendras -enseignement que nous transmet le Srimad-Bhagavatam-, on peut rendre un culte à la murti en chantant tous les mantras. Les sastras font état de huit sortes de murtis, parmi lesquelles figure celle formée dans l'esprit. Le Brahma-vaivarta Purana nous rapporte à ce propos l'histoire qui suit: -Il y a de cela bien longtemps, dans la cité du nom de Pratisthana-pura, vivait un brahmana très pauvre mais innocent, et satisfait de son état. Un jour, il entendit dans une assemblée de brahmanas un exposé concernant la façon d'adorer la murti dans le temple. Là, il apprit également que la murti peut être adorée en esprit. Par la suite, après s'être baigné dans la rivière Godavari, ce brahmana commença à adorer mentalement la murti. Il nettoyait le temple en esprit et, se servant de son imagination, recueillait de l'eau de toutes les rivières sacrées dans des récipients d'or et d'argent. Il rassemblait toutes sortes d'articles précieux pour le culte et adorait la murti en déployant le plus grand faste, en commençant par la baigner et en finissant par lui offrir l'arati. Il éprouvait ainsi un grand bonheur. Au bout de nombreuses années ainsi passées, il lui arriva un jour de préparer -toujours mentalement- un délicieux riz au lait sucré avec du ghi afin de l'offrir à la murti. Il plaça ce mets dans un récipient d'or et l'offrit à Krsna, mais au dernier moment il eut l'impression que le riz au lait était encore très chaud et le toucha de son doigt pour s'en assurer. Il ressentit alors sur-le-champ une brûlure dont il se plaignit. Tandis que notre brahmana souffrait ainsi, Sri Visnu, à Vaikuntha, esquissa un sourire, et la déesse de la fortune lui demanda pourquoi Il souriait ainsi. Sri Visnu ordonna alors à Ses serviteurs de Lui amener le brahmana, et ce fut ainsi que ce dernier atteignit la libération dite samipya, qui permet de vivre auprès du Seigneur Souverain." 6) Vandanam. Bien que la prière fasse partie du culte rendu à la murti, elle peut être considérée séparément, comme les autres éléments du service de dévotion tels que l'écoute et le chant; c'est pourquoi on en parle ici de façon séparée. Les qualités et les perfections spirituelles du Seigneur sont illimitées, et celui qui se sent influencé par les Attributs du Seigneur au cours de diverses activités Lui adresse alors des prières. C'est ainsi qu'il parfait son existence. Voici à cet égard quelques-unes des offenses à éviter: a) se prosterner en ne posant qu'une seule main sur le sol; b) rendre son hommage alors qu'on a le corps couvert; c) tourner le dos à la murti; d) offrir son hommage du côté gauche de la murti; e) rendre son hommage très près de la murti. 7) Dasyam. La déclaration qui suit concerne le fait d'assister le Seigneur en tant que serviteur. Après des milliers de vies en ce monde, lorsqu'on en vient à comprendre que l'on est un serviteur éternel de Krsna, on peut délivrer de ce monde d'autres personnes. Si quelqu'un continue simplement à penser qu'il est le serviteur éternel de Krsna, même sans pratiquer aucune autre forme de service de dévotion, il peut atteindre la perfection; en effet, par ce simple sentiment, on peut accomplir dans leur ensemble les neuf pratiques dévotionnelles. 8) Sakhyam. En ce qui concerne l'adoration du Seigneur en tant qu'ami, l'Agastya-samhita déclare que le bhakta pratiquant le service de dévotion par l'intermédiaire du sravanam et du kirtanam désire parfois contempler le Seigneur en personne, et choisit pour cette raison de vivre dans le temple. Ailleurs, nous trouvons les propos qui suivent: "O Seigneur, Toi qui es la Personne Suprême et l'ami éternel, bien que Tu sois empli de félicité et de connaissance, Tu T'es fait l'ami des habitants de Vrndavana. O combien ces bhaktas ont de la chance!" Dans cette déclaration, le mot "ami" indique un amour intense. Par suite, le sentiment d'amitié vaut mieux que la simple attitude de service. Passé le stade du dasya-rasa, le bhakta accepte le Seigneur Souverain en tant qu'ami. Cela n'a rien d'étonnant, car lorsque le coeur d'un bhakta se purifie, le faste avec lequel il adore la murti diminue à mesure que se manifeste son amour spontané pour Dieu, la Personne Suprême. A cet égard, Sridhara Svami donne l'exemple de Sridama Vipra, qui se sentait fort obligé et pensait: "Vie après vie, puissé-je être lié à Krsna par ce sentiment d'amitié." 9) Atma-nivedanam. Ce terme, atma-nivedanam, désigne le stade où, n'ayant plus d'autre motif que celui de servir le Seigneur, on Lui abandonne toute chose et on n'agit plus que pour Sa satisfaction. Un tel bhakta devient comme une vache prise en charge par son maître; lorsqu'elle a un maître qui s'occupe d'elle, la vache est à l'abri de tout souci quant à sa subsistance. Elle se montre toujours dévouée envers son maître; elle n'agit jamais de façon indépendante, mais uniquement dans l'intérêt de ce dernier. Ainsi, certains bhaktas estiment que de consacrer leur corps au Seigneur constitue ce qu'on appelle l'atma-nivedanam, alors que, comme l'enseigne le Bhakti-viveka, d'autres considèrent que ce terme s'applique à l'abandon de l'âme au Seigneur. Les meilleurs exemples d'atma-nivedanam sont ceux donnés par Bali Maharaja et Ambarisa Maharaja. Il arrive également qu'on retrouve cette attitude dans le comportement de Rukminidevi à Dvaraka.
nisamyaitat suta-vaco
hiranyakasipus tada guru-putram uvacedam rusa prasphuritadharah
Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare |