SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 7 CHAPITRE 5 Prahlada Maharaja,
le saint fils d'Hiranyakasipu.
na te viduh svartha-gatim hi visnum
durasaya ye bahir-artha-maninah andha yathandhair upaniyamanas te pisa-tantryam uru-damni baddhah
Comme il doit toujours y avoir des divergences d'opinions entre les asuras et les bhaktas, Hiranyakasipu, se voyant critiqué par son fils, n'aurait pas dû être surpris de ce que Prahlada Maharaja n'approuvait pas son mode de vie. Cependant, Hiranyakasipu entra dans une extrême colère et voulut s'en prendre à son fils pour avoir déconsidéré son précepteur, ou maître spirituel, issu d'une famille de brahmanas, celle de l'illustre acarya Sukracarya. Le mot sukra signifie "semence'; et acarya "précepteur", ou guru. Les gurus ou maîtres spirituels par hérédité ont partout existé depuis des temps immémoriaux, mais Prahlada Maharaja se refusait à accepter un guru de ce genre ou à recevoir des instructions de lui. Le véritable guru est srotriya, c'est-à-dire qu'il doit avoir entendu ou reçu le parfait savoir par l'intermédiaire d'une filiation spirituelle (parampara). C'est pourquoi Prahlada Maharaja n'accordait aucune valeur à un maître spirituel héréditaire. Cette sorte de "gurus" n'éprouvent aucun intérêt pour Visnu; au contraire, ils aspirent à la réussite matérielle (bahir-artha-maninah). Le mot bahih signifie "externe", artha "intérêt", et manina "prenant très au sérieux". D'une manière générale, on peut dire que la quasi-totalité des hommes ignore l'existence du monde spirituel. La connaissance des matérialistes est restreinte aux limites des quelque six milliards de kilomètres que mesure le diamètre de ce monde matériel, situé dans la partie obscure de la création; ils ignorent qu'au-delà de cet univers se trouve le monde spirituel. A moins d'être un dévot du Seigneur, personne ne peut comprendre l'existence du monde spirituel. Les gurus, ou précepteurs, uniquement intéressés par l'univers matériel, sont ici qualifiés d'aveugles (andha). Ces aveugles peuvent bien sûr guider d'autres aveugles dépourvus de toute connaissance véritable concernant la nature de l'existence en ce monde, mais ils ne sont pas reconnus par des bhaktas comme Prahlada Maharaja. Ces maîtres aveugles, préoccupés par le monde externe, matériel, restent à jamais prisonniers des puissants liens de la nature matérielle.
naisam matis tavad urukramanghrim
sprsaty anarthapagamo yad-arthah mahiyasam pada-rajo-bhisekam niskincananam na vrnita yavat
Devenir conscient de Krsna entraîne anartha-apagamah -la disparition de tous les anarthas, ces conditions misérables que nous avons inutilement acceptées. Le corps matériel est au fondement même de ces maux qui nous sont imposés. Toute la civilisation védique est destinée à affranchir l'être de ces souffrances superflues, mais les personnes enchaînées par les lois de la nature ne connaissent pas le but de l'existence. Comme le dit le verset précédent: isa-tantryam uru-damni baddhah -elles sont conditionnées par les trois puissants modes d'influence de la nature matérielle. L'éducation qui maintient l'âme conditionnée prisonnière vie après vie est une éducation matérialiste. Srila Bhaktivinoda Thakura a expliqué que cette éducation matérialiste augmente l'influence de maya. Ce genre d'éducation amène l'âme conditionnée à s'attacher de plus en plus à l'existence matérielle et à s'éloigner toujours davantage de la libération, où disparaissent les souffrances indésirables de ce monde. On peut se demander pourquoi les personnes bénéficiant d'une instruction poussée n'adoptent pas la conscience de Krsna. Le présent verset nous en donne la raison: à moins de chercher refuge auprès d'un maître spirituel authentique et pleinement conscient de Krsna, personne n'a la moindre chance de comprendre qui est Krsna. Les éducateurs, les érudits et les grands dirigeants politiques vénérés par des millions de gens ne peuvent saisir le but de l'existence et opter pour la conscience de Krsna, car ils n'ont accepté ni un maître spirituel authentique, ni les Vedas. C'est pourquoi la Mundaka Upanisad (3.2.3) enseigne: nayam atma pravacanena labhyo na medhaya na bahuna srutena -aucun homme ne peut réaliser son identité spirituelle par le simple fait d'avoir une instruction générale, de faire de savantes dissertations (pravacanena labhyah), ou d'être un homme de science intelligent faisant de nombreuses et étonnantes découvertes. Nul ne peut comprendre Krsna s'il ne reçoit pas la grâce du Seigneur Suprême. Seule la personne qui s'est abandonnée à un pur dévot de Krsna et a accepté sur elle-même la poussière de ses pieds pareils-au-lotus peut connaître Krsna tel qu'Il est. On doit d'abord comprendre comment échapper à l'emprise de maya, et le seul moyen pour cela est de devenir conscient de Krsna. Or, pour le devenir très facilement, il faut s'en remettre à une âme réalisée -un mahat, ou mahatma- qui ne s'intéresse qu'à servir le Seigneur Suprême. Comme l'enseigne le Seigneur dans la Bhagavad-gita (9.13):
yasyasti bhaktir bhagavaty akincana
"Chez celui qui, plein de dévotion, possède une foi indéfectible en Krsna se manifestent automatiquement toutes les qualités de Krsna et des devas." (S.B.,5.18.12)sarvair gunais tatra samasate surah
Tels sont les préceptes védiques. On doit chercher refuge auprès d'un maître spirituel réalisé, et non pas d'un simple érudit ou d'un politicien, quel que soit leur niveau d'instruction matérielle. Il faut chercher refuge auprès d'un niskincana, d'un être absorbé dans la pratique du service de dévotion et exempt de toute souillure matérielle. Telle est la voie qui permet de retourner à Dieu, en sa demeure originelle.
ity uktvoparatam putram
hiranyakasipu rusa andhikrtatma svotsangan nirasyata mahi-tale
ahamarsa-rusavistah
kasayi-bhuta-locanah vadhyatam asv ayam vadhyo nihsarayata nairrtah
ayam me bhratr-ha so yam
hitva svan suhrdo dhamah pitrvya-hantuh padau yo visnor dasavad arcati
Hiranyakasipu considérait son fils Prahlada Maharaja comme l'assassin de son frère du fait qu'il servait Visnu avec dévotion. En d'autres termes, Prahlada Maharaja allait être élevé au niveau de la libération dite sarupya, et dans ce sens, il s'apparentait à Visnu. C'est pourquoi Prahlada devait périr des mains d'Hiranyakasipu. Les bhaktas, les vaisnavas, obtiennent les libérations dites sarupya, salokya, sarsti et samipya, tandis que les mayavadis sont censés obtenir la libération connue sous le nom de sayujya. Cependant, cette sayujya-mukti n'est pas très sûre, contrairement à la sarupya-mukti, la salokya-mukti, la sarsti-mukti et la samipya-mukti, qui sont tout à fait certaines et durables. Bien que les serviteurs de Visnu, Narayana, sur les planètes Vaikunthas soient sur le même niveau que le Seigneur, les bhaktas savent très bien que le Seigneur est le maître, tandis qu'eux-mêmes sont Ses serviteurs.
Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare |