SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 7 CHAPITRE 6 Prahlada instruit
ses camarades de classe démoniaques.
vidvan apittham danujah kutumbam
pusnan sva-lokaya na kalpate vai yah sviya-parakya-vibhinna-bhavas tamah prapadyeta yatha vimudhah
Dans la société humaine, on s'efforce d'éduquer les gens, mais chez les animaux, il n'existe aucune institution à cette fin car, les animaux ne peuvent être éduqués. C'est pourquoi les animaux et les hommes privés d'intelligence sont dits vimudhas, ou ignorants, illusionnés, par contraste avec les êtres instruits, qualifiés de vidvan. Le véritable vidvan est celui qui s'efforce de comprendre sa propre position dans cet univers matériel. A titre d'exemple, lorsque Sanatana Gosvami s'abandonna aux pieds pareils-au-lotus de Sri Caitanya Mahaprabhu, sa première question fut 'ke ami', 'kene amaya jare tapa-traya'; autrement dit, il désirait connaître sa nature originelle et éternelle, ainsi que la raison d'être des trois sortes de souffrance inhérentes à l'existence matérielle. Tel est le véritable processus de l'éducation. Si quelqu'un ne se demande pas "Qui suis-je? Quel est le but de mon existence?", mais adopte au contraire les même habitudes animales que les chats et les chiens, à quoi lui sert son éducation? Pour reprendre l'image du verset précédent, l'être vivant s'enchaîne par ses actes intéressés, de la même façon que le ver à soie s'emprisonne dans le cocon qu'il a lui-même tissé. Les gens dépourvus de bon sens sont généralement asservis par leurs actes intéressés (karma) à cause de leur intense désir de jouir de cet univers matériel. Séduits comme ils le sont par les plaisirs matériels, ils se trouvent impliqués dans la vie sociale, communautaire et nationale, et gaspillent ainsi leur temps sans avoir profité de la forme humaine qu'ils ont obtenue. Tout particulièrement dans l'âge où nous vivons, le kali-yuga, les dirigeants importants, les politiciens, les philosophes et les hommes de science se livrent tous à des actes insensés, en pensant: "Ceci est à moi, et cela est à vous." Les savants inventent des armes nucléaires et collaborent avec les grands dirigeants pour protéger les intérêts de leur propre nation ou de la société dans laquelle ils vivent. Cependant, notre verset déclare clairement qu'en dépit de toutes leurs prétendues connaissances, ils possèdent en fait la même mentalité que les chats et les chiens. Ces animaux, comme les autres, ignorent leur véritable intérêt dans la vie, et s'enlisent de plus en plus profondément dans l'ignorance; de même, les hommes qui se disent instruits mais qui ignorent leur intérêt véritable ou le but réel de l'existence, ne font que s'enliser toujours davantage dans le matérialisme. C'est pourquoi Prahlada Maharaja recommande à tous de se conformer aux principes du varnasrama-dharma, et tout spécialement de renoncer à la vie de famille le moment venu pour adopter l'ordre du renoncement, cultiver le savoir spirituel et par là atteindre la libération. C'est ce qu'expliquent en détail les versets qui suivent.
yato na kascit kva ca kutracid va
dinah svam atmanam alam samarthah vimocitum kama-drsam vihara- krida-mrgo yan-nigado visargah
tato vidurat parihrtya daitya
Prahlada Maharaja a déjà démontré le point de vue philosophique selon lequel il faut sortir du piège profond de la vie de famille et aller vivre dans la forêt pour y chercher refuge aux pieds pareils-au-lotus de Dieu, la Personne Suprême (hitvatma-patam grham andha-kupam vanam gato yad dharim asrayeta). Or, dans ce verset, il insiste également sur ce point. Au cours de l'histoire de l'humanité, personne, à aucun moment ni en aucun lieu, n'a obtenu la libération en nourrisant une affection et un attachement excessifs pour sa famille. Cet attachement prévaut même chez ceux qui sont apparemment très instruits. Même une fois devenus vieux ou invalides, ils ne parviennent pas à trancher les liens familiaux, car ils sont attachés au plaisir des sens. Comme nous l'avons déjà expliqué à plusieurs reprises: yan maithunadi-grhamedhi-sukham hi tuccham -ceux qu'on désigne communément sous le nom de chefs de famille sont simplement attirés par les plaisirs de la chair. Ils s'emprisonnent ainsi dans la vie de famille, et veulent ensuite que leurs enfants fassent de même. Devenant de véritables jouets entre les mains des femmes, ils glissent vers les plus sombres régions de l'existence matérielle. Adanta gobhir visatam tamisram punah punas carvita-carvananam. Parce qu'ils sont incapables de maîtriser leurs sens, toute leur vie se passe en quelque sorte à mâcher le déjà mâché, ce qui les entraîne vers les plus ténébreuses régions de ce monde. Il faut rejeter la compagnie de ces asuras pour rechercher celle des bhaktas. C'est ainsi qu'on pourra s'affranchir de l'enchaînement à la matière.
na hy acyutam prinayato
bahv-ayaso suratmajah atmatvat sarva-bhutanam siddhatvad iha sarvatah
On pourrait demander: "Il est certain que l'on s'attache beaucoup à la vie de famille, mais si l'on rejette celle-ci pour s'attacher au service du Seigneur, on devra faire autant d'efforts et rencontrer les mêmes difficultés. Quel avantage y a-t-il donc à prendre la peine de servir le Seigneur?" Ce n'est pas là une objection valable... Le Seigneur affirme dans la Bhagavad-gita (14.4):
Notre devoir est de raviver notre relation avec Narayana. Le moindre effort dans ce sens se traduira par une réussite, tandis qu'on ne parviendra jamais à satisfaire notre prétendue famille, société ou nation, même si on devait pour cela sacrifier sa vie. Le simple effort consistant à pratiquer le service de dévotion, en écoutant et en chantant les Saints Noms du Seigneur (sravanam kirtanam visnoh), peut nous permettre de réussir à satisfaire Dieu, la Personne Suprême. C'est pourquoi Sri Caitanya Mahaprabhu a répandu Ses bénédictions en déclarant: param vijayate sri-krsna-sankirtanam -"Gloire au sankirtana de Sri Krsna!" Si l'on veut pleinement tirer parti de sa forme humaine, on doit adopter le chant des Saints Noms du Seigneur.
Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare |