SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 7 CHAPITRE 7 Le savoir acquis par
Prahlada dans le sein de sa mère.
svarnam yatha gravasu hema-karah
ksetresu yogais tad-abhijna apnuyat ksetresu dehesu tathatma-yogair adhyatma-vid brahma-gatim labheta
Voici un excellent exemple concernant la connaissance spirituelle. Les esprits bornés et impurs -y compris les prétendus jnanis, philosophes et hommes de science- ne peuvent percevoir l'existence de l'âme dans le corps, car la connaissance spirituelle leur fait défaut. Les Vedas prescrivent: tad vijnanartham sa gurum evabhigacchet -pour comprendre le savoir spirituel, il faut s'adresser à un maître spirituel authentique. A moins d'avoir étudié la géologie, on ne peut déceler l'or dans la pierre; de même, à moins d'avoir été formé par un maître spirituel, on ne peut établir une distinction entre l'esprit et la matière. Ce verset dit: yogais tad-abhijnah. Cela signifie que l'être qui s'est relié au savoir spirituel peut comprendre qu'il existe une âme spirituelle dans le corps. En revanche, celui qui a une conception animale de l'existence et qui ne possède aucune culture spirituelle ne peut comprendre cette vérité. Un minéralogiste ou un géologue averti sait où trouver l'or; il peut ainsi investir son argent pour creuser à l'endroit voulu et détacher l'or de son enveloppe de minerai au moyen de divers procédés chimiques. De même, un spiritualiste avisé sait comment déceler l'âme dans la matière. Celui qui n'a pas reçu une formation appropriée ne saurait distinguer l'or de la pierre, et les êtres pécheurs et ignorants qui n'ont pas appris d'un maître spirituel compétent ce qu'est l'âme et ce qu'est la matière ne peuvent comprendre l'existence de l'âme dans le corps. Pour comprendre une telle science, il faut être rompu aux pratiques de l'astanga-yoga ou, en fin de compte, au bhakti-yoga. La Bhagavad-gita (18.55), explique d'ailleurs: bhaktya mam abhijanati -à moins d'emprunter la voie du bhakti-yoga, nul ne peut percevoir l'existence de l'âme dans le corps. C'est pourquoi la Bhagavad-gita (2.13) débute son enseignement par le verset suivant:
astau prakrtayah proktas
traya eva hi tad-gunah vikarah sodasacaryaih puman ekah samanvayat
Comme l'explique le verset précédent: ksetresu dehesu tathatma-yogair adhyatma-vid brahma-gatim labheta -"L'être spirituellement avancé peut comprendre comment la particule spirituelle existe à l'intérieur du corps, si bien qu'en cultivant le savoir spirituel, il peut atteindre la perfection dans la vie spirituelle." L'homme intelligent qui connaît l'art de déceler l'âme dans le corps doit comprendre ce que sont les huit énergies externes énumérées dans la Bhagavad-gita (7.4):
bhumir apo nalo vayuh
"Terre, eau, feu, air, éther, mental, intelligence et faux ego; ces huit éléments, distincts de Moi-même, constituent Mon énergie inférieure." La terre (bhumi) inclut tout ce que perçoivent les sens -la forme (rupa), la saveur (rasa), l'odeur (gandha), le son (sabda) et les caractères tactiles (sparsa). Dans la terre se retrouvent le parfum des roses, le goût d'un fruit sucré et tout ce que nous pouvons désirer. Selon le Srimad-Bhagavatam (1.10.4): sarva-kama-dugha mahi -la terre (mahi) contient tout ce dont nous avons besoin. Les objets des sens sont donc tous présents dans la terre (bhumi). Les éléments matériels grossiers et subtils (le mental, l'intelligence et le faux ego, ou ahankara) constituent l'ensemble de l'énergie matérielle.kham mano buddhir eva ca ahankara itiyam me bhinna prakrtir astadha Dans l'énergie matérielle globale se trouvent les trois gunas, ou modes d'influence de la nature matérielle. Ces attributs -le sattva-guna, le rajo-guna et le tamo-guna- n'appartiennent pas à l'âme, mais à l'énergie matérielle. C'est à cause de l'interaction de ces trois gunas que les cinq organes de perception, les cinq organes d'action et leur maître, le mental, sont manifestés. Puis, toujours selon ces gunas, l'être vivant obtient la possibilité d'accomplir différentes sortes de karma, avec différents types de connaissance et différentes façons de penser, de ressentir et de vouloir. C'est ainsi que le corps, cette machine, se met en mouvement. Tout ceci a été justement analysé dans le cadre du sankhya-yoga par les grands acaryas, et plus particulièrement par le Seigneur Suprême, Krsna, apparu en tant que Devahuti-putra Kapila. Voilà ce qu'indique ici le mot acaryaih. Il est vain de suivre quiconque n'est pas un acarya authentique. Acaryavan puruso veda: nous pouvons pleinement comprendre la vérité si nous trouvons refuge auprès d'un acarya compétent. L'être vivant possède une individualité propre, mais son corps est une combinaison de nombreux éléments matériels. Ceci est prouvé par le fait que dès que l'âme quitte cet ensemble d'éléments matériels, le corps devient un simple amas de matière inerte. La matière est qualitativement une, et l'âme spirituelle est qualitativement Une avec le Suprême. Le Suprême est Un, et l'âme individuelle est une, mais celle-ci est considérée comme régnant sur une combinaison d'énergie matérielle formant une unité individuelle, tandis que le Seigneur Suprême règne sur l'énergie matérielle globale. L'être vivant est maître de son propre corps; et selon ses actes il s'expose à diverses joies et peines. Cependant, bien que l'Etre Suprême, le Paramatma, soit également un, Il est présent en tant que personne individuelle à l'intérieur de chaque corps. L'énergie matérielle se divise en fait en vingt-quatre éléments. L'âme individuelle -le propriétaire du corps individuel- est en quelque sorte un vingt-cinquième élément, au-delà duquel, dominant tout le reste, Se trouve Sri Visnu, présent en tant que Paramatma, le vingt-sixième élément. Quand on a connaissance de l'ensemble de ces vingt-six éléments, on devient adhyatma-vit, expert à comprendre la distinction entre la matière et l'esprit. Comme l'enseigne la Bhagavad-gita (13.3): ksetra-ksetrajnayor jnanam -la connaissance du ksetra (la constitution du corps) et de l'âme individuelle comme de l'Ame Suprême constitue le véritable savoir, ou jnana. A moins de finalement comprendre que le Seigneur Suprême est éternellement relié à l'âme individuelle, notre savoir demeure imparfait. La Bhagavad-gita (7.19) le confirme ainsi:
dehas tu sarva-sanghato
jagat tasthur iti dvidha atraiva mrgyah puruso neti netity atat tyajan
Un verset précédent disait: svarnam yatha gravasu hema-karah, ksetresu yogais tad-abhijna apnuyat. Un expert dans l'étude du sol sait trouver l'emplacement d'un filon d'or et le mettre à jour. Il peut ensuite analyser la pierre et tester l'or avec de l'acide nitrique. Dans le même ordre d'idée, nous devons analyser l'ensemble du corps pour y trouver l'âme spirituelle. En étudiant notre propre corps, nous devons nous demander si notre tête est notre âme, si nos doigts ou notre main sont notre âme, et ainsi de suite. De cette façon, nous devons graduellement rejeter tous les éléments matériels et toutes les combinaisons d'éléments matériels dans le corps. Alors, si nous sommes experts et si nous suivons l'acarya, nous pourrons comprendre que nous sommes l'âme spirituelle vivant dans le corps. Le plus grand des acaryas, Krsna, commence ces enseignements dans la Bhagavad-gita (2.13) en disant:
dehino smin yatha dehe
"A l'instant de la mort, l'âme revêt un nouveau corps, aussi naturellement qu'elle est passée, dans le précédent, de l'enfance à la jeunesse, puis à la vieillesse. Ce changement ne trouble pas qui a conscience de sa nature spirituelle." L'âme spirituelle possède le corps et se trouve à l'intérieur de ce dernier. Voilà la juste analyse de la situation. L'âme ne se mêle jamais aux éléments du corps. Bien que l'âme soit présente à l'intérieur du corps, elle en est toujours distincte et reste constamment pure. Nous devons analyser et comprendre notre être. C'est ce qu'on appelle la réaisation du soi. La méthode du neti neti consiste à rejeter ce qui est matériel par analyse. En procédant de façon experte à une telle analyse, on peut découvrir où se trouve l'âme. Cependant, celui qui n'est pas expert ne peut distinguer l'or de la terre, ni l'âme du corps.
kaumaram yauvanam jara tatha dehantara-praptir dhiras tatra na muhyati
anvaya-vyatirekena
vivekenosatatmana svarga-sthana-samamnayair vimrsadbhir asatvaraih
Une personne sobre peut s'observer elle-même et distinguer l'âme du corps grâce à une étude analytique. Par exemple, lorsqu'on considère son corps -sa tête, ses mains, et ainsi de suite-, on peut certainement saisir la différence qui existe entre l'âme spirituelle et le corps. Personne ne dit: "Moi, la tête." Tout le monde dit: "Ma tête." Il existe donc deux entités distinctes: la tête et "moi". Ces deux entités ne sont pas identiques, bien qu'elles semblent former un tout unique. Certains pourraient objecter: "Lorsque nous analysons le corps, nous pouvons voir la tête, les mains, les jambes, le ventre, le sang, les os, l'urine, les excréments, et ainsi de suite; mais où se trouve l'âme?" Toutefois, l'homme sensé a recours au précepte védique suivant: yato va imani bhutani jayante. yena jatani jivanti. yat prayanty abhisamvisanti. tad vijijnasasva. tad brahmeti. (Taitt.,3.1.1) Il peut ainsi comprendre que la tête, les mains, les jambes, et en fait le corps entier, se sont développés grâce à la présence de l'âme. Si l'âme se trouve à l'interieur du corps, la tête, les mains et les jambes grandiront; sinon, le corps ne se développera pas. Un enfant mort ne grandit pas, car l'âme n'est plus présente. Si, malgré une étude minutieuse du corps, nous ne pouvons pas découvrir 1'existence de l'âme, c'est à cause de notre ignorance. Comment un homme fruste, grossier, pleinement accaparé par des activités d'ordre matériel, pourra-t-il comprendre ce qui touche à l'âme, cette infime parcelle d'énergie spirituelle de la taille du dix-millième de la pointe d'un cheveu? Un tel individu croit stupidement que le corps matériel s'est développé à partir d'une combinaison d'éléments chimiques, et ce, bien qu'il ne puisse découvrir ces éléments. Les Vedas nous informent cependant que les combinaisons chimiques ne constituent pas la force vitale; celle-ci repose sur l'atma et sur le Paramatma, et c'est grâce à la présence de cette force vitale que le corps grandit. Le fruit d'un arbre se forme et subit six transformations à cause de la présence de l'arbre. S'il n'y avait pas d'arbre, il ne serait pas question pour le fruit de croître et de parvenir à maturité. Donc, par-delà 1'existence du corps se trouvent le Paramatma et l'atma, à l'intérieur du corps. C'est là le premier jalon de la connaissance spirituelle exposée dans la Bhagavad-gita (2.13): dehino smin yatha dehe. Le corps existe à cause de la présence du Seigneur Suprême et du jiva, qui fait partie intégrante du Seigneur. Plus loin dans la Bhagavad-gita (9.4), le Seigneur en personne explique également:
maya tatam idam sarvam
"Cet univers chimique est tout entier pénétré par Moi, sous Ma forme non manifestée. Tous les êtres sont en Moi, mais Je ne suis pas en eux." L'Ame Suprême Se trouve partout présente. Les Vedas enseignent: sarvam khalv idam brahma -tout est Brahman, ou manifestation des energies du Brahman. Sutre mani-gana iva: tout repose sur le Seigneur, comme des perles sur un fil. Ce fil, c'est le Brahman originel. Il est la cause suprême, le Seigneur Souverain sur qui tout repose (mattah parataram nanyat). Il faut donc étudier l'atma et le Paramatma, l'âme individuelle et l'Ame Suprême, sur lesquelles repose la manifestation cosmique matérielle tout entière. Voilà ce qu'explique le verset yato va imani bhutani jayante. yena jatani jivanti.
jagad avyakta-murtina mat-sthani sarva-bhutani na caham tesv avasthitah
buddher jagaranam svapnah
susuptir iti vrttayah ta yenaivanubhuyante so dhyaksah purusah parah
Sans intelligence, personne ne peut comprendre les activités directes des sens, pas plus que l'état de rêve ou la cessation de toutes activités grossières et subtiles. Le maître et témoin de tout est Dieu, la Personne Souveraine, l'Ame Suprême, sous la direction de qui l'âme individuelle peut comprendre qu'elle est éveillée, endormie ou absorbée en une méditation profonde. Krsna déclare dans la Bhagavad-gita (15.15): sarvasya caham hrdi sannivisto mattah smrtir jnanam apohanam ca -"Je Me tiens dans le coeur de chacun; de Moi viennent le souvenir, le savoir et l'oubli." Les êtres vivants sont entièrement absorbés dans ces trois états -veille, rêve et sommeil profond- par l'intermédiaire de leur intelligence. Celle-ci leur est donnée par le Seigneur Souverain, qui Se tient au côté de l'âme individuelle à la façon d'un ami. Srila Madhvacarya fait observer que l'être vivant est parfois qualifié de sattva-buddhi lorsque son intelligence agit directement en vue de percevoir joies et peines par-delà les actions. Il existe un état de rêve où l'intelligence nous vient de Dieu, la Personne Suprême (mattah smrtir jnanam apohanam ca). Le Seigneur Souverain, l'Ame Suprême, est le maître absolu, et sous Sa direction les êtres agissent en tant que maîtres subordonnés. Il faut utiliser son intelligence pour comprendre Dieu, la Personne Suprême.
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