SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 7 CHAPITRE 7 Le savoir acquis par
Prahlada dans le sein de sa mère.
ebhis tri-varnaih paryastair
buddhi-bhedaih kriyodbhavaih svarupam atmano budhyed gandhair vayum ivanvayat
Comme nous venons de le voir, notre existence se déroule selon trois états dits de veille, de rêve ou de sommeil profond. Dans chacun de ces trois états, nous avons différentes expériences; ainsi, l'âme est le témoin de ces trois états. En réalité, les activités du corps ne sont pas celles de l'âme; l'âme est différente du corps. De même que les parfums sont distincts de la substance matérielle qui les véhicule, l'âme reste détachée des activités matérielles. Cette analyse ne peut être prise en compte que par une personne qui s'est tout entière réfugiée aux pieds pareils-au-lotus du Seigneur Suprême. C'est 1à ce que confirme le précepte védique: yasmin vijnate sarvam evam vijnatam bhavati. Si quelqu'un comprend qui est Dieu, la Personne Suprême, il peut automatiquement comprendre n'importe quelle autre chose. C'est parce qu'ils ne cherchent pas refuge aux pieds pareils-au-lotus du Seigneur que même de grands érudits, hommes de science, philosophes et religieux sont toujours sujets à la confusion. Le Srimad-Bhagavatam (10.2.32) le confirme en ces termes:
La Bhagavad-gita (3.42) enseigne:
indriyani parany ahur
Par-delà les sens se trouve le mental, au-dessus du mental l'intelligence, et plus haut encore l'âme. En dernière analyse, lorsque l'intelligence s'éclaircit par la pratique du service de dévotion, on s'établit dans le buddhi-yoga. Un autre passage de la Bhagavad-gita reprend cette idée: dadami buddhi-yogam tam yena mam upayanti te. Lorsque nous progressons dans le service de dévotion et que notre intelligence devient claire, nous pouvons utiliser celle-ci pour retourner à Dieu, en notre demeure originelle.
indriyebhyah param manah manasas tu para buddhir yo buddheh paratas tu sah
etad dvaro hi samsaro
guna-karma-nibandhanah ajnana-mulo partho pi pumsah svapna ivarpyate
La condition indésirable que représente une vie éphémère relève de l'ignorance. Il est très facile de comprendre que le corps matériel est temporaire car il est créé à un moment précis et son existence prend également fin à une date déterminée, après avoir été marquée par les six mutations que sont la naissance, la croissance, la stabilité, la transformation, le vieillissement et la mort. Cette condition où se trouve plongée l'âme éternelle est due à son ignorance, et bien qu'elle soit temporaire, elle n'en est pas moins indésirable. C'est du fait de l'ignorance qu'on doit revêtir, l'un après l'autre, divers corps éphémères. Cependant, l'âme spirituelle n'a aucun besoin de revêtir ces corps temporaires. Elle n'y est contrainte que par suite de son ignorance, ou de son oubli de Krsna. C'est pourquoi, lorsqu'on obtient une forme humaine où l'intelligence est développée, on doit modifier sa conscience en cherchant à connaître Krsna; on peut alors être libéré. Le Seigneur le confirme dans la Bhagavad-gita (4.9):
janma karma ca me divyam
"Celui, ô Arjuna, qui connaît l'absolu de Mon Avènement et de Mes Actes n'aura plus à renaître dans cet univers matériel; en quittant son corps, il entrera dans Mon royaume éternel." A moins de connaître Krsna et de devenir conscient de Krsna, nous devons rester prisonniers de la matière. Pour mettre fin à cette existence conditionnée, nous devons nous abandonner à Dieu, la Personne Suprême. En vérité, c'est ce que nous demande le Seigneur Suprême. Sarva-dharman parityajya mam ekam saranam vraja.evam yo vetti tattvatah tyaktva deham punar janma naiti mam eti so rjuna Maharaja Rsabhadeva recommande à ce propos: na sadhu manye yata atmano yam asann api klesada asa dehah. Il faut être suffisamment intelligent pour comprendre que, même si le corps est temporaire et destiné à périr sous peu, tant que nous vivons à l'intérieur de ce dernier, il nous faut connaître les souffrances de l'existence matérielle. Par suite, si, grâce à des fréquentations heureuses, grâce aux instructions d'un maître spirituel authentique, nous adoptons la conscience de Krsna, notre conditionnement au sein de l'existence matérielle prend fin et notre conscience originelle, appelée conscience de Krsna, est ravivée. Une fois conscients de Krsna, nous pouvons réaliser que cette existence matérielle, à l'état de veille ou de rêve, n'est rien d'autre qu'un rêve et n'a aucune valeur. Cette réalisation est possible par la grâce du Seigneur Suprême -grâce qui prend également la forme des enseignements de la Bhagavad-gita. C'est pourquoi la mission de Sri Caitanya Mahaprabhu consiste à faire en sorte que chacun de nous accomplisse des actes bienfaisants destinés à réveiller les êtres insensés, particulièrement dans la société humaine; ils pourront ainsi s'élever au niveau de la conscience de Krsna et gagner d'être libérés de l'existence conditionnée. A cet égard, Srila Madhvacarya cite les versets qui suivent:
duhkha-rupo pi samsaro
On doit réaliser que cette existence matérielle est pleine de souffrance. Cette prise de conscience est possible lorsqu'on possède une intelligence purifiée. Une fois l'intelligence purifiée, on peut en effet comprendre que l'existence matérielle, indésirable et éphémère, ressemble tout à fait à un rêve. Tout comme on éprouve de la souffrance lorsque dans un rêve on croit que notre tête a été coupée, de même sous l'effet de l'ignorance nous souffrons non seulement en rêve, mais également à l'état de veille. Sans la miséricorde de Dieu, la Personne Souveraine, nous continuons de vivre dans l'ignorance, exposés aux souffrances matérielles sous leurs multiples formes.
buddhi-purvam avapyate yatha svapne siras chedam svayam krtvatmano vasah
tato duhkham avapyeta
tasmad bhavadbhih kartavyam
karmanam tri-gunatmanam bija-nirharanam yogah pravahoparamo dhiyah
La Bhagavad-gita (14.26) confirme tout ceci dans ce verset:
tatropaya-sahasranam
ayam bhagavatoditah yad isvare bhagavati yatha yair anjasa ratih
De toutes les pratiques de yoga ou "jonction" qui nous permettent de nous élever au-dessus de l'asservissement à la souillure matérielle, il faut reconnaître celle qui est préconisée par le Seigneur Suprême comme la meilleure. Le Seigneur définit clairement cette méthode dans la Bhagavad-gita (18.66) lorsqu'Il dit: sarva-dharman parityajya mam ekam saranam vraja -"Laisse là toute autre forme de religion et abandonne-toi simplement à Moi. Cette méthode est la meilleure car Dieu Lui-même promet: aham tvam sarva-papebhyo moksayisyami ma sucah -"Je t'affranchirai des suites de toute tes fautes. N'aie nulle crainte." Il n'y a nullement lieu de s'inquiéter puisque le Seigneur en personne affirme qu'Il veillera sur Son dévot et l'affranchira de toutes les conséquences de ses fautes. L'asservissement à la matière résulte des actes coupables. En conséquence, puisque le Seigneur promet de supprimer les suites de nos actes matériels, nous n'avons aucun souci à nous faire. Cette méthode, qui consiste à prendre conscience de notre nature d'âme spirituelle et à pratiquer ensuite le service de dévotion est donc la meilleure. Tout le programme védique repose sur ce principe, et nous pouvons le comprendre en suivant la recommandation des Vedas.
guru-susrusaya bhaktya
sarva-labdharpanena ca sangena sadhu-bhaktanam isvararadhanena ca
sraddhaya tat-kathayam ca
Le verset précédent expliquait déjà que la méthode permettant d'accroître sur-le-champ son amour et son affection pour Dieu, la Personne Suprême, surpasse les milliers d'autres méthodes préconisées pour se dégager des liens de l'existence matérielle. Les Ecritures enseignent également: dharmasya tattvam nihitam guhayam -la vérité concernant les principes de la religion est extrêmement confidentielle. Néanmoins, cette vérité devient facilement compréhensible pour celui qui met vraiment en pratique les principes de la religion. Toujours selon les Ecritures: dharmam tu saksad bhagavat-pranitam -la voie de la religion est définie par le Seigneur Suprême en personne, car Il est l'autorité souveraine. C'est ce qu'indique également le verset précédent par le mot bhagavatoditah. Les prescriptions, ou les directives du Seigneur sont infaillibles, et les bienfaits qui en découlent nous sont pleinement assurés. Selon Ses directives, exposées dans le présent verset, le bhakti-yoga représente la forme parfaite de la religion. Pour pratiquer le bhakti-yoga, il faut tout d'abord accepter un maître spirituel authentique. Srila Rupa Gosvami recommande dans son Bhakti-rasamrta-sindhu (1.2.74-75):
sad-dharma-prccha bhogadi-
Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare |