SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 7 CHAPITRE 9 Prahlada apaise Sri
Nrsimhadeva avec des prières.
maya manah srjati karmamayam baliyah
kalena codita-gunanumatena pumsah chandomayam yad ajayarpita-sodasaram samsara-cakram aja ko titaret tvad-anyah
Si la main de Dieu, la Personne Suprême, s'étend à toutes choses, comment peut-il être question de se libérer du joug matériel pour accéder à la vie spirituelle, toute de félicité? Krsna est effectivement à l'origine de tout ce qui est, ainsi qu'Il nous le laisse entendre dans la Bhagavad-gita (aham sarvasya prabhavah). Toutes les activités du monde spirituel et de l'univers matériel sont sans conteste accomplies selon les ordres du Seigneur Souverain par l'intermédiaire de la nature matérielle ou spirituelle. Ainsi que le confirme la Bhagavad-gita (9.2): mayadhyaksena prakrtih suyate sacaracaram -sans l'intervention du Seigneur Suprême, la nature matérielle ne peut rien faire; elle n'a pas le pouvoir d'agir de façon indépendante. C'est pourquoi, lorsque, au début, l'être vivant désira jouir de l'énergie matérielle, Krsna, le Seigneur Souverain, afin de lui donner toute facilité pour ce faire, créa cet univers matériel et donna aux êtres la possibilité de concevoir différents projets et idées à l'aide de leur mental. Ces facilités offertes par le Seigneur à l'être vivant prennent la forme des seize éléments de soutien dénaturés -à savoir les organes de perception, les organes d'action, le mental et les cinq éléments matériels. La roue des naissances et des morts répétées est créée par Dieu, la Personne Suprême, mais afin de guider les âmes égarées dans leur marche vers la libération, les Vedas contiennent différentes directives (chando-mayam), adaptées au niveau d'évolution de chacune. Si quelqu'un désire, par exemple, s'élever jusqu'aux systèmes planétaires supérieurs, il peut suivre les instructions des Vedas à cette fin. Krsna enseigne à ce propos dans la Bhagavad-gita (9.25):
brahmanda bhramite kona bhagyavan jiva
L'être conditionné et déchu, pris au piège de l'énergie externe, vagabonde dans l'univers matériel; mais s'il a le bonheur de rencontrer un représentant authentique du Seigneur (un guru) et s'il sait tirer parti de cette rencontre, il reçoit de lui la semence du service de dévotion (bhakti-lata-bija). Ensuite, s'il cultive comme il convient la conscience de Krsna, il s'élève peu à peu jusqu'au monde spirituel.guru-krsna-prasade paya bhakti-lata-bija (C.c.,Madhya 19.151) La conclusion finale est que nous devons nous abandonner aux principes du bhakti-yoga, car c'est ainsi que nous accéderons graduellement à la libération. Aucune autre méthode ne peut nous délivrer du combat que nous devons mener en ce monde.
sa tvam hi nitya-vijitatma-gunah sva-dhamna
kalo vasi-krta-visrjya-visarga-saktih cakre visrstam ajayesvara sodasare nispidyamanam upakarsa vibho prapannam
La roue des souffrances matérielles est également une création de Dieu, la Personne Suprême, mais Lui-même n'est pas assujetti à l'énergie matérielle. Disons plutôt qu'Il la domine, tandis que nous, les êtres vivants, nous sommes sous son contrôle. Lorsque nous renonçons à notre condition naturelle (jivera 'svarupa' haya-krsnera 'nitya-dasa'), le Seigneur Souverain crée cette énergie matérielle et son influence sur les âmes conditionnées. C'est donc Lui le Suprême, et Lui seul peut délivrer les âmes conditionnées des assauts de la nature matérielle (mam eva ye prapadyante mayam etam taranti te). Maya, l'énergie externe, impose continuellement aux âmes conditionnées les maux inhérents aux trois sources de souffrance en ce monde. C'est pourquoi Prahlada Maharaja priait le Seigneur en ces termes dans le verset précédent: "Personne ne peut me sauver, si ce n'est Ta Grâce." Prahlada Maharaja a également expliqué que les protecteurs d'un enfant -ses parents- ne peuvent le sauver de la naissance et de la mort, pas plus que le médecin et ses médicaments ne peuvent sauver quelqu'un de la mort, ou qu'un navire ou quelque autre moyen de protection analogue ne peuvent sauver une personne qui se noie, car tout dépend de la volonté de Dieu, la Personne Suprême. L'humanité souffrante doit donc s'abandonner à Krsna, ainsi que Krsna Lui-même, le demande à la fin de la Bhagavad-gita (18.66):
Le mot nispidyamanam, "broyé", mérite qu'on s'y attarde. Chaque être vivant soumis à la condition matérielle est véritablement écrasé de façon répétée, et pour échapper à cette condition, il faut chercher refuge auprès de Dieu la Personne Souveraine. C'est alors seulement que l'on sera heureux. Le mot prapannam est également très significatif, car à moins de s'abandonner pleinement au Seigneur Suprême, nul ne peut échapper à l'écrasement. Le criminel est jeté en prison et puni par le gouvernement, mais ce dernier, s'il le désire, peut aussi le relâcher. De même, nous devons savoir de manière certaine que notre condition matérielle, pleine de souffrances, nous a été destinée par le Seigneur Souverain, et que si nous désirons être affranchis de ces souffrances, il nous faut faire appel à la même personne, c'est-à-dire au maître suprême. De la sorte, nous pourrons échapper à cette condition matérielle.
drsta maya divi vibho khila-dhisnya-panam
ayuh sriyo vibhava icchati yan jano yam ye smat pituh kupita-hasa-vijrmbhita-bhru- visphurjitena lulitah sa tu te nirastah
Dans cet univers matériel, il nous faut comprendre par l'expérience la valeur de la prospérité matérielle, d'une longue vie et de l'influence que nous pouvons exercer sur autrui. Nous savons par expérience que, même sur notre planète, il y a eu de nombreux hommes politiques d'envergure et chefs militaires éminents comme Napoléon, Hitler, Shubhash Chandra Bose et Gandhi, mais dès que leur existence prit fin, leur popularité, leur influence et tous leurs atouts s'évanouirent également. Prahlada Maharaja avait jadis acquis la même expérience en étant témoin des activités d'Hiranyakasipu, son père si célèbre. C'est pourquoi il n'attachait aucune importance à quoi que ce soit en ce monde. Nul ne peut garder son corps ou ses réalisations matérielles pour toujours. Un vaisnava peut comprendre que rien en ce monde matériel -pas même ce qui est puissant, opulent ou influent- ne peut durer. Ces choses-là peuvent disparaître à n'importe quel moment. Et qui peut les anéantir? Dieu, la Personne Suprême. Il faut donc en conclure que personne n'est plus grand que le Suprêmement Grand. Etant donné que le Suprêmement Grand nous demande: sarva-dharman parityajya mam ekam saranam vraja, tout homme intelligent doit accepter cette proposition. Nous devons nous abandonner à Dieu afin d'être délivrés de la roue où se succèdent sans fin naissance, maladie, vieillesse et mort.
tasmad amus tanu-bhrtam aham asiso jna
ayuh sriyam vibhavam aindriyam avirincyat necchami te vilulitan uruvikramena kalatmanopanaya mam nija-bhrtya-parsvam
En étudiant le Srimad-Bhagavatam, tout être humain intelligent peut acquérir une expérience semblable à celle de Prahlada Maharaja, du fait des incidents historiques rapportés dans ce grand ouvrage de connaissance spirituelle. En suivant les traces de Prahlada Maharaja, nous devrions acquérir une expérience approfondie nous permettant de nous rendre compte que toute prospérité matérielle peut disparaître à tout moment. Même le corps, pour lequel nous tentons d'obtenir tant de plaisir, peut périr à n'importe quel moment. L'âme, cependant, est éternelle. Na hanyate hanyamane sarire: elle n'est jamais anéantie, même lorsque le corps est détruit. Un homme intelligent doit donc se soucier du bonheur de l'âme, et non de celui du corps. Même si l'on reçoit un corps destiné à jouir d'une longue existence -comme c'est le cas pour Brahma et les autres grands devas-, il sera également anéanti; aussi, l'homme intelligent doit se préoccuper de son âme impérissable. Pour se sauver, il faut chercher refuge auprès d'un pur bhakta. C'est pourquoi Narottama Dasa Thakura enseigne: chadiya vaisnava-seva nistara payveche keba. Si l'on désire échapper aux sévices de la nature matérielle, que l'on doit subir à cause du corps, il faut devenir conscient de Krsna et s'efforcer de comprendre parfaitement qui est Krsna. Ainsi que l'explique la Bagavad-gita (4.9): janma karma ca me divyam evam yo vetti tattvatah -il faut connaître Krsna tel qu'Il est, ce à quoi on ne peut parvenir qu'en servant un pur bhakta. Prahlada Maharaja prie donc Nrsimhadeva de le mettre en rapport avec un pur bhakta, un pur serviteur de Sa Personne, plutôt que de lui accorder des avantages matériels. Tout homme intelligent en ce monde matériel doit suivre l'exemple de Prahlada Maharaja. Mahajano yena gatah sa panthah. Prahlada Maharaja ne désirait pas jouir des biens laissés par son père; il voulait plutôt devenir le serviteur d'un serviteur du Seigneur. La civilisation illusoire qui s'évertue sans cesse à rechercher le bonheur dans le progrès matériel est condamnée par Prahlada Maharaja et par ceux qui marchent strictement sur ses traces. Il existe différents types de perfection matérielle, connus sous le nom de bhukti, mukti et siddhi. Par bhukti, on entend le fait de jouir d'une excellente position, comme celle des devas sur les systèmes planétaires supérieurs, où l'on trouve les plaisirs les plus grands qui soient. La mukti consiste à se détourner du progrès matériel pour chercher ainsi à se fondre dans l'Absolu. Quant au mot siddhi, il a trait à la pratique d'une forme très astreignante de méditation, comme celle des yogis, en vue d'obtenir huit sortes de pouvoir (anima, laghima, mahima, etc.). Tous ceux qui désirent réaliser quelque progrès matériel par l'intermédiaire de l'une ou l'autre de ces trois voies (bhukti, mukti ou siddhi) seront tôt ou tard châtiés, et ils retourneront à leurs activités matérielles. Prahlada Maharaja les rejeta tous; il désirait simplement devenir un apprenti sous la direction d'un pur bhakta.
kutrasisah sruti-sukha mrgatrsni-rupah
kvedam kalevaram asesa-rujam virohah nirvidyate na tu jano yad apiti vidvan kamanalam madhu-lavaih samayan durapaih
Une chanson du Bengale dit: "J'ai construit une maison pour y être heureux mais par malheur, un incendie s'est déclaré et maintenant il n'en reste plus que des cendres." Voilà qui illustre la nature du bonheur matériel. Chacun le sait, mais on n'en continue pas moins à chercher d'une manière ou d'une autre à entendre et à penser à des choses agréables. Malheureusement, tous nos plans s'effondrent en fin de compte. De nombreux politiciens ont rêvé d'empires, de souveraineté et de domination du monde, mais le moment venu, tous leurs projets, tous leurs empires -et eux-mêmes- furent anéantis. Tout le monde devrait tirer parti des enseignements de Prahlada Maharaja, ceux-ci montrant que nous poursuivons un bonheur éphémère et illusoire en employant notre corps à rechercher diverses formes de jouissances matérielles. Nous échafaudons sans cesse mille projets qui, à tour de rôle, sont tous déjoués; nous devrions donc arrêter de faire de tels plans. De même qu'on ne peut éteindre un brasier en l'arrosant continuellement de ghi, nous ne pouvons trouver la satisfaction en multipliant nos projets en vue des plaisirs des sens. Le brasier, c'est celui de l'existence matérielle -bhava-maha-davagni. Ce feu se déclare de lui-même, sans qu'aucun effort soit fait dans ce sens. Nous désirons trouver le bonheur dans l'univers matériel, mais jamais cela ne sera possible; nous ne parviendrons ainsi qu'à alimenter le brasier de nos désirs. Ceux-ci ne peuvent être satisfaits par des projets ou des pensées illusoires. Nous devons plutôt suivre les instructions de Sri Krsna: sarva-dharman parityajya mam ekam saranam vraja. Nous serons alors heureux. Sinon, sous prétexte de poursuivre le bonheur, nous continuerons à endurer des conditions misérables.
Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare |