SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 7 CHAPITRE 9 Prahlada apaise Sri
Nrsimhadeva avec des prières.
evam sva-karma-patitam bhava-vaitaranyam
anyonya-janma-maranasana-bhita-bhitam pasyan janam sva-para-vigraha-vaira-maitram hanteti paracara piprhi mudham adya
Prahlada Maharaja, en pur vaisnava qu'il est, prie le Seigneur non seulement pour lui-même, mais aussi pour tous les autres êtres vivants qui souffrent. Il existe deux catégories de vaisnavas: les bhajananandis et les gosthy-anandis. Les bhajananandis n'adorent le Seigneur que dans leur intérêt personnel, tandis que les gosthy-anandis cherchent à élever tous les autres êtres jusqu'à la conscience de Krsna de façon qu'ils soient sauvés. Les insensés qui sont incapables de percevoir la répétition de la naissance et de la mort ainsi que les autres souffrances inhérentes à l'existence matérielle ne peuvent avoir la certitude de ce qu'il leur adviendra dans leur prochaine vie. A vrai dire, ces êtres stupides et pécheurs, souillés par la matière, se sont fabriqués de toutes pièces un mode de vie irresponsable qui ne tient aucun compte de la prochaine vie. Ils ne savent pas qu'en fonction de ses propres actes, chacun reçoit un corps choisi parmi les huit millions quatre cent mille (8 400 000) espèces vivantes. Ces scélérats, la Bhagavad-gita les dénomme duskrtino mudhah. Les abhaktas -ceux qui ne sont pas conscients de Krsna- doivent nécessairement commettre des actes répréhensibles, et c'est pourquoi on les traite des mudhas, de gens stupides et fourbes. Dans leur inconscience, ils ne savent pas ce qui va leur arriver lors de leur prochaine vie. Bien qu'ils voient diverses espèces d'êtres vivants mangeant toutes sortes de choses abominables -les porcs mangent des excréments, les crocodiles différentes formes de chair et ainsi de suite-, ils ne se rendent pas compte qu'eux-mêmes, parce qu'ils mangent toutes sortes de nourritures aberrantes au cours de cette vie, devront se nourrir des choses les plus abominables lors de leur vie prochaine. Un vaisnava redoute toujours une telle existence, et pour échapper à ces conditions affreuses, il se consacre au service de dévotion qu'il offre au Seigneur. Celui-ci éprouve de la compassion pour les êtres, et c'est pour leur bien qu'Il descend en ce monde:
ko nv atra te khila-guro bhagavan prayasa
uttarane sya bhava-sambhava-lopa-hetoh mudhesu vai mahad-anugraha arta-bandho kim tena te priya-janan anusevatam nah
Les mots priya-janan anusevatam nah indiquent ici que Dieu, le Seigneur Suprême, Se montre très favorable aux bhaktas qui agissent suivant les enseignements de Ses propres purs dévots. Autrement dit, il faut se faire le serviteur du serviteur d'un serviteur du Seigneur. Il n'est pas aussi profitable de servir directement le Seigneur que de s'employer à servir l'un de Ses serviteurs. C'est là ce que Sri Caitanya Mahaprabhu nous enseigne, Lui qui nous montre la voie pour devenir des gopi-bhartuh pada-kamalayor dasa-dasanudasah. Il ne faut pas s'enorgueillir à l'idée de devenir directement un serviteur du Seigneur Suprême. Il faut plutôt rechercher un pur bhakta, un serviteur du Seigneur, et s'employer à le servir. Plus on se fait le serviteur du serviteur, plus on approche la perfection dans le service de dévotion. C'est également ce que prescrit la Bhagavad-gita (4.2): evam parampara-praptam imam rajarsayo viduh. On ne peut comprendre la science de Dieu que par la voie de la parampara. Srila Narottama Dasa Thakura dit à ce propos: tandera carana sevi bhakta-sane vasa -"Puissé-je servir les pieds pareils-au-lotus des dévots du Seigneur et vivre auprès d'eux." Suivant l'exemple de Narottama Dasa Thakura, nous devrions aspirer à devenir les serviteurs d'un serviteur du Seigneur, et ce, vie après vie (janame janame haya, ei abhilasa). Sri Bhaktivinoda Thakura chante également: tumi ta thakura, tomara kukura, baliya janaha more -"O Seigneur, ô vaisnava, considère-moi comme ton chien." Il faut devenir comme le chien d'un vaisnava, d'un pur bhakta, car celui-ci peut nous donner Krsna sans le moindre mal. Krsna se tomara, krsna dite para. Krsna devient la propriété de Son pur dévot, et si nous trouvons refuge auprès d'un pur bhakta, ce dernier pourra très facilement nous donner Krsna. Prahlada désirait s'employer au service d'un bhakta, et c'est pourquoi il pria Krsna en ces termes: "O Seigneur, veuille m'accorder le refuge de Ton dévot, lui qui T'est si cher, de telle sorte que je puisse le servir et que Tu sois alors satisfait." Le Seigneur dit aussi: mad-bhakta-pujabhyadhika -"Le service offert à Mon dévot a plus de valeur que le service de dévotion qui M'est offert." (S.B.,11.9.21) Il est également important de noter dans ce verset que Prahlada Maharaja ne désire pas être seul à profiter des bienfaits du service de dévotion. Il prie au contraire le Seigneur pour que nous tous, âmes conditionnées en ce monde, puissions, par Sa grâce, servir l'un de Ses serviteurs et ainsi être sauvés. Il n'est pas du tout difficile pour le Seigneur d'accorder Sa grâce, et Prahlada Maharaja désire donc sauver l'univers entier en répandant la conscience de Krsna.
naivodvije para duratyaya-vaitaranyas
tvad-virya-gayana-mahamrta-magna-cittah soce tato vimukha-cetasa indriyartha- maya-sukhaya bharam udvahato vimudhan
Partout dans l'univers, tous les êtres font des plans toujours plus importants pour atténuer les souffrances de la vie en ce monde matériel, et cela vaut autant dans le présent que dans le passé et l'avenir. Néanmoins, bien qu'ils échafaudent des projets d'ordre politique, social et culturel, ce verset les considère tous comme des gens stupides (vimudhas). La Bhagavad-gita qualifie l'univers matériel de temporaire et de misérable (duhkhalayam asasvatam), mais ces insensés s'efforcent de le transformer en un lieu de bonheur (sukhalayam), ignorant que tout se passe selon les lois de la nature matérielle, qui agit à sa propre façon.
prakrteh kriyamanani
"Sous l'influence des trois gunas, l'âme fourvoyée par le faux ego croit être l'auteur de ses actes, qui sont en réalité accomplis par la nature." (B.g.,3.27)gunaih karmani sarvasah ahankara-vimudhatma kartaham iti manyate La nature matérielle, personnellement connue sous le nom de Durga, a pour dessein de punir les asuras. Bien que les asuras -les athées démoniaques- luttent pour vivre en ce monde, ils sont directement attaqués par la déesse Durga, dont les dix mains sont bien équipées de diverses armes destinées à les châtier. Elle est portée par un lion, qui représente la passion et l'ignorance. Chaque être lutte âprement, aux prises avec la passion et l'ignorance, afin de vaincre la nature matérielle; toutefois, en fin de compte, tous sont vaincus par les lois de la nature. Il existe une rivière du nom de Vaitarani, qui sépare l'univers matériel du monde spirituel, et il faut la franchir pour atteindre l'autre côté, le monde spirituel. C'est là une tâche extrêmement difficile. Le Seigneur enseigne en effet dans la Bhagavad-gita (7.14): daivi hy esa gunamayi mama maya duratyaya -"L'énergie que constituent les trois gunas, cette énergie divine qui M'appartient est difficile à surmonter." Le même mot, duratyaya, signifiant "très difficile", est utilisé ici. En conséquence, nul ne peut triompher des lois rigoureuses de la nature matérielle si ce n'est par la miséricorde du Seigneur Suprême. Cependant, bien que les projets de tous les matérialistes. soient déjoués, ceux-ci cherchent sans fin à trouver le bonheur dans l'univers matériel. C'est pourquoi on les qualifie d'insensés de premier ordre (vimudhas). Quant à Prahlada Maharaja, il n'était nullement malheureux, car bien qu'il se trouvât dans l'univers matériel, il était parfaitement conscient de Krsna. Les êtres conscients de Krsna qui s'efforcent de servir le Seigneur ne sont pas malheureux, tandis que ceux qui n'ont pas fait un pas sur la voie de la conscience de Krsna et qui luttent pour l'existence en ce monde, sont non seulement insensés, mais aussi extrêmement malheureux. Prahlada Maharaja était à la fois heureux et malheureux; il éprouvait du bonheur et de la félicité spirituelle du fait de sa conscience de Krsna, mais il se sentait pourtant très malheureux à cause de tous les gens stupides et fourbes qui échafaudent des projets grandioses en vue de trouver le bonheur dans cet univers matériel.
prayena deva munayah sva-vimukti-kama
maunam caranti vijane na parartha-nisthah naitan vihaya krpanan vimumuksa eko nanyam tvad asya saranam bhramato nupasye
Telle est la décision d'un vaisnava, d'un pur dévot du Seigneur. Il n'a, quant à lui, aucun problème, même s'il doit demeurer dans cet univers matériel, car son seul souci consiste à demeurer conscient de Krsna. Or, l'être qui est conscient de Krsna continuera à être heureux, même s'il doit aller en enfer. C'est pourquoi Prahlada Maharaja dit: naivodvije para duratyaya-vaitaranyah -"O Toi le meilleur de tous les grands personnages, je ne redoute nullement l'existence matérielle." Le pur bhakta n'est jamais malheureux, quelles que soient ses conditions de vie. C'est là ce que corrobore le Srimad-Bhagavatam (6.17.28):
narayana-parah sarve
"Les bhaktas, absorbés corps et âme dans le service de dévotion offert à Dieu, la Personne Suprême, Sri Narayana, ne redoutent jamais aucune condition d'existence. Pour eux, les planètes édéniques, la libération et les planètes infernales ont toutes la même valeur, car ces bhaktas ne s'intéressent qu'au service du Seigneur."na kutascana bibhyati svargapavarga-narakesv api tulyartha-darsinah Pour un bhakta, vivre sur les planètes édéniques ou sur les planètes infernales, c'est la même chose, car il ne vit en fait ni au ciel ni en enfer, mais auprès de Krsna dans le monde spirituel. Le secret de la réussite du bhakta demeure un mystère pour les karmis et les jnanis. Les karmis s'efforcent donc de trouver le bonheur en améliorant leur situation matérielle, et les jnanis en se fondant dans l'Absolu. Le bhakta n'éprouve pas ce genre d'intérêt. Il n'est pas intéressé par une prétendue méditation dans l'Himalaya ou dans la forêt. Il s'intéresse au contraire à la partie du monde la plus affairée, ou il peut enseigner aux gens la conscience de Krsna. C'est dans ce dessein que le Mouvement pour la Conscience de Krsna a été fondé. Nous n'enseignons pas de méditer dans un lieu retiré à seule fin de pouvoir montrer que l'on a atteint un haut niveau de spiritualité et qu'on est en droit de s'enorgueillir de sa prétendue méditation transcendantale, alors qu'on se livre à toutes sortes d'activités matérielles insensées. Un vaisnava comme Prahlada Maharaja n'aspire nullement à montrer une telle façade de spiritualité. Il désire plutôt éclairer les hommes dans la conscience de Krsna, car c'est là, pour eux, le seul moyen de devenir heureux. Prahlada Maharaja dit clairement: nanyam tvad asya saranam bhramato nupasye -"Je sais qu'à moins d'être conscient de Krsna et de trouver refuge à Tes pieds pareils-au-lotus, personne ne peut être heureux." L'être vivant ne cesse de parcourir l'univers, vie après vie, mais avec la grâce d'un bhakta, d'un serviteur de Sri Caitanya Mahaprabhu, on peut s'engager sur la voie de la conscience de Krsna et, non seulement devenir heureux en ce monde, mais en plus retourner à Dieu, en sa demeure originelle. Tel est le véritable objectif que nous devons chercher à atteindre en cette vie. Les membres du Mouvement pour la Conscience de Krsna ne s'intéressent nullement à une prétendue méditation dans l'Himalaya ou dans la forêt, où ils feindraient seulement de méditer, pas plus qu'il ne désirent ouvrir de nombreuses écoles de yoga et de méditation dans les villes. Chacun des membres du Mouvement pour la Conscience de Krsna veut plutôt aller de porte en porte pour chercher à convaincre les gens des enseignements de la Bhagavad-gita telle qu'elle est, c'est-à-dire, des enseignements de Sri Caitanya. Tel est le but du Mouvement Hare Krsna. Les membres de ce mouvement doivent être parfaitement convaincus que sans Krsna, personne ne peut être heureux. C'est pourquoi une personne consciente de Krsna évite tous les soi-disant spiritualistes, transcendantalistes, méditants, monistes, philosophes et philanthropes.
yan maithunadi-grhamedhi-sukham hi tuccham
kanduyanena karayor iva duhkha-duhkham trpyanti neha krpana bahu-duhkha-bhajah kandutivan manasijam visaheta dhirah
Les matérialistes croient que l'assouvissement des désirs charnels représente le plus grand bonheur en ce monde, et c'est pourquoi ils font tant de plans en vue de satisfaire leurs sens, et plus particulièrement leurs organes génitaux. C'est généralement le cas partout, et plus particulièrement encore en Occident, où on donne toutes facilités pour assouvir les désirs charnels. Pourtant, tout cela n'a rendu personne heureux. Même les hippies, qui ont renoncé à tout le confort matériel de leurs pères et de leurs grands-pères, ne peuvent se priver des sensations fortes que leur procure la vie sexuelle. Notre verset qualifie d'avares (krpanas) ceux qui pensent ainsi. La vie humain représente un grand atout, car, en cette vie, on peut atteindre le but de l'existence. Malheureusement, par manque d'éducation et de culture, les gens deviennent la proie du bonheur trompeur que procure la vie sexuelle. C'est pourquoi Prahlada Maharaja recommande de ne pas se laisser fourvoyer par cette civilisation de plaisirs matériels, et tout particulièrement par la vie sexuelle. Il faut au contraire se montrer sobre, éviter la jouissance des sens et devenir conscient de Krsna. L'être concupiscent, ici comparé à un avare stupide, n'obtient jamais le bonheur par la satisfaction des sens. L'influence de la nature matérielle est très difficile à surmonter, mais comme l'enseigne Krsna dans la Bhagavad-gita (7.14): mam eva ye prapadyante, mayam etam taranti te -si l'on se soumet volontairement aux pieds pareils-au-lotus de Krsna, on peut très facilement être sauvé. Considérant le bonheur médiocre que procure la vie sexuelle, Yamunacarya dit:
Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare |