SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 8 CHAPITRE 3 Les prières d'abandon
de Gajendra.
sattvena pratilabhyaya
naiskarmyena vipascita namah kaivalya-nathaya nirvana-sukha-samvide
C'est seulement par l'intermédiaire du service de dévotion, comme le déclare la Bhagavad-gita, que l'on peut connaître Dieu, la Personne Suprême. Bhaktya mam abhijanati yavan yas casmi tattvatah. Il est indispensable d'avoir recours au service de dévotion si l'on veut véritablement connaître Dieu. Ces activités sont dites sattvas, ou suddha-sattvas. Dans le monde matériel, on apprécie les activités vertueuses qui caractérisent un brahmana pur. Mais les activités du service de dévotion sont suddha-sattvas; en d'autres termes, elles se situent au niveau transcendantal. Ce n'est que grâce au service de dévotion qu'on peut comprendre le Suprême. Le service de dévotion est qualifié de naiskarmya. Le simple rejet de l'activité matérielle est insuffisant. Naiskarmyam apy acyuta-bhavavarjitam. Ne plus agir de façon matérielle ne nous aidera en rien, à moins d'accomplir des activités s'inscrivant dans le cadre de la conscience de Krsna. De nombreux sannyasis très élevés cessèrent toute activité dans l'espoir d'atteindre le naiskarmya, de se délivrer de l'activité matérielle. Néanmoins, ils échouèrent et durent retourner à un niveau matériel pour agir en matérialistes. Au contraire, une fois que l'on se livre aux activités spirituelles du bhakti-yoga, on ne retombe plus. Le but de notre Mouvement pour la Conscience de Krsna est donc d'amener tout le monde à se livrer constamment à des activités spirituelles, grâce auxquelles on peut transcender l'action matérielle. Les activités spirituelles du bhakti-marga —sravanam kirtanam visnoh smaranam pada-sevanam— nous amènent à comprendre ce qui touche à Dieu, la Personne Suprême. Ainsi, comme l'énonce ce verset: sattvena pratilabhyaya naiskarmyena vipascita —"Les purs bhaktas dont l'existence baigne dans la transcendance grâce au bhakti-yoga peuvent réaliser Dieu, la Personne Suprême." Le Gopala-tapani Upanisad (15) définit le naiskarmya comme suit: bhaktir asya bhajanam tad ihamutropadhi-nairasyenaivamusmin manasah kalpanam eva ca naiskarmyam. Celui qui se consacre pleinement à des activités conscientes de Krsna sans désirs matériels de jouissance —que ce soit ici ou dans les systèmes planétaires supérieurs, dans la vie présente ou dans une vie future (iha-amutra) —agit dans le cadre du naiskarmya. Anyabhilasita-sunyam. Lorsqu'on est délivré de toute souillure et qu'on agit dans le service de dévotion sous la direction d'un maître spirituel, on parvient au niveau du naiskarma. Tel est le service de dévotion transcendantal par l'intermédiaire duquel le Seigneur doit être servi. Je Lui présente mon respectueux hommage.
namah santaya ghoraya
mudhaya guna-dharmine nirvisesaya samyaya namo jnana-ghanaya ca
Comme le verset précédent l'expliquait, Dieu, la Personne Suprême, n'a pas de forme matérielle; malgré cela, Il affecte d'innombrables Formes afin de donner des marques de Sa faveur à Ses bhaktas et d'anéantir les asuras. Le Srimad-Bhagavatam enseigne que les manifestations de Dieu en ce monde sont tellement nombreuses qu'on les compare aux vagues d'une rivière. Ces vagues se succèdent sans fin et il est impossible de les dénombrer. De la même manière, personne ne peut déterminer quand et comment apparaissent les différentes manifestations du Seigneur selon les nécessités du moment, du lieu et des postulants. Le Seigneur apparaît constamment. Krsna dit dans la Bhagavad-gita (4.7):
Même les impersonnalistes, qui mettent l'accent sur la connaissance parfaite caractérisant Dieu, la Personne Suprême, désirent se fondre dans le rayonnement du Seigneur. C'est pourquoi, comme l'indique dans ce verset le mot jnana-ghanaya, ces différents avataras Se manifestent pour les athées qui refusent de croire à la Forme et à l'existence du Seigneur. Vu les nombreuses Formes sous lesquelles Celui-ci vient pour nous enseigner, personne ne peut soutenir qu'Il n'existe pas. Le mot jnana-ghanaya est particulièrement utilisé ici pour désigner ceux dont la connaissance s'est affermie à force de rechercher le Seigneur par l'intermédiaire d'une compréhension philosophique théorique. Un savoir superficiel n'est d'aucune utilité pour comprendre Dieu, la Personne Suprême, mais lorsque la connaissance devient très intense et très profonde, on comprend alors qui est Vasudeva (vasudevah sarvam iti sa mahatma sudurlabhah). C'est après de très nombreuses naissances qu'un jnani atteint ce niveau, d'où le mot jnana-ghanaya dans ce verset. Le mot santaya signifie que Vasudeva Se trouve dans le coeur de chacun, mais n'agit pas de concert avec l'être vivant. Les jnanis impersonnalistes réalisent Vasudeva quand leur savoir atteint sa pleine maturité (vasudevah sarvam iti sa mahatma sudurlabhah).
ksetra-jnaya namas tubhyam
sarvadhyaksaya saksine purusayatma-mulaya mula-prakrtaye namah
Le Seigneur dit dans la Bhagavad-gita (13.3): ksetra-jnam capi mam viddhi sarva-ksetresu bharata —"Comprends, ô descendant de Bharata, que Je suis Celui qui connaît tous les corps." Chacun de nous pense "Je suis ce corps" ou "Ceci est mon corps", mais la vérité est en fait bien différente. Notre corps nous est octroyé par le propriétaire suprême. L'être vivant, qui est aussi ksetra-jna —celui qui connaît le corps— n'en est pas le seul propriétaire. Le véritable propriétaire du corps est Dieu, la Personne Suprême, le ksetra-jna suprême. Lorsque, par exemple, nous louons et occupons une maison, celle-ci appartient en fait au propriétaire. De la même façon, nous pouvons être pourvus d'un certain type de corps pour pouvoir jouir de la vie ici-bas, mais en fait le vrai propriétaire de ce corps est Dieu, la Personne Suprême. On L'appelle sarvadhyaksa car tout en ce monde fonctionne sous Sa direction. Le Seigneur le confirme en disant dans la Bhagavad-gita (9.10): mayadhyaksena prakrtih suyate sacaracaram —"Cette nature matérielle, qui agit sous Ma direction, ô fils de Kunti, engendre tous les êtres mobiles et immobiles." De la nature matérielle, ou prakrti, sont issues de nombreuses variétés d'êtres vivants: les êtres aquatiques, les plantes, les arbres, les insectes, les oiseaux, les animaux terrestres, les êtres humains et les devas. Prakrti représente la mère, et Dieu, la Personne Suprême, est le père (aham bijapradah pita). La prakrti peut bien nous octroyer un corps matériel, mais en tant qu'âmes spirituelles, nous demeurons des parcelles intégrantes de Dieu, la Personne Suprême. La Bhagavad-gita (15.7) le confirme: mamaivamso jivaloke jiva-bhutah sanatanah. L'être vivant, parcelle intégrante de Dieu, ne provient pas du monde matériel. Le Seigneur est donc qualifié d'atma-mula dans ce verset, car Il représente la source originelle de tout ce qui existe. Il est la semence à l'origine de toute existence (bijam mam sarva-bhutanam). Il dit dans la Bhagavad-gita (14.4):
sarvendriya-guna-drastre
sarva-pratyaya-hetave asata cchayayoktaya sad-abhasaya te namah
On peut paraphraser ce verset comme suit: "Tu observes les objectifs des activités des sens. L'être vivant ne peut même pas faire un pas sans que Tu le guides. La Bhagavad-gita (15.15) le confirme: sarvasya caham hrdi sannivisto mattah smrtir jnanam apohanam ca —Tu es présent dans le coeur de chacun, et de Toi seulement viennent le souvenir et l'oubli. Chayeva yasya bhuvanani bibharti durga. Sous l'emprise de maya, l'être vivant veut goûter aux plaisirs de ce monde matériel, mais à moins que Tu ne le diriges et que Tu ne lui donnes le souvenir, il ne fera aucun progrès vers l'objectif qu'il poursuit dans la vie, lequel est comparé à une ombre. L'âme conditionnée se dirige à tort vers un but erroné, vie après vie, et c'est Toi qui lui remets ce but en mémoire. Au cours d'une vie, l'âme conditionnée désire progresser vers un certain objectif, mais elle oublie tout en changeant de corps. Néanmoins, ô Seigneur, parce qu'elle désire jouir de quelque chose en ce monde, Tu le lui rappelles lors de sa vie suivante. Mattah smrtir jnanam apohanam ca. Du fait que l'âme conditionnée désire T'oublier, par Ta grâce Tu lui procures vie après vie les moyens pour ce faire, de façon quasiment perpétuelle. Tu diriges donc éternellement les âmes conditionnées. C'est parce que Tu es la cause originelle de tout que tout semble réel. C'est Toi la réalité ultime, Dieu, la Personne Suprême. Je Te présente mon respectueux hommage." Srila Visvanatha Cakravarti Thakura analyse le mot sarva-pratyaya-hetave. Il explique qu'en observant un résultat, on peut avoir une idée de ce qui l'a causé. A titre d'exemple, étant donné qu'un pot en terre résulte du travail d'un potier, en voyant ce pot, on peut deviner l'existence du potier. De même, cet univers matériel ressemble au monde spirituel, et toute personne intelligente peut deviner comment il fonctionne. Comme la Bhagavad-gita l'explique, mayadhyaksena prakrtih suyate sa-caracaram. Les activités de l'univers matériel donnent à entendre qu'il y a derrière elles la direction et la surveillance du Seigneur.
namo namas te khila-karanaya
niskaranayadbhuta-karanaya sarvagamamnaya-maharnavaya namo pavargaya parayanaya
Ce verset définit Dieu, la Personne Suprême, comme la cause merveilleuse. Dieu est merveilleux dans le sens que bien qu'il puisse exister un nombre illimité d'émanations de Sa Personne (janmady asya yatah), Il demeure toujours complet (purnasya purnam adaya purnam evavasisyate). L'expérience que nous avons de ce monde nous enseigne que si nous avons dix millions de francs sur notre compte en banque et retirons régulièrement de l'argent, à la fin le compte sera vide. Cependant, le Seigneur Suprême demeure toujours Dieu, la Personne Suprême, bien que d'innombrables Personnes Suprêmes émanent de Lui. Purnasya purnam adaya purnam evavasisyate: Il est donc "la cause merveilleuse". Govindam adi-purusam tam aham bhajami.
Tous, nous devons prendre refuge en Krsna. On trouve donc le conseil suivant:
Vedais ca sarvair aham eva vedyah. L'étude des Ecrits védiques doit nous amener à connaître Krsna. Comme le confirme ce verset, Il est l'océan, et tous les flots de la connaissance védique coulent vers Lui (sarvagamamnayamaharnavaya). Les spiritualistes intelligents se réfugient donc en Dieu, la Personne Suprême (sarva-dharman parityajya mam ekamsaranam vraja). Tel est le but ultime.
Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare |