DIX-NEUVIÈME CHAPITRE.
FRANCHIR LES COURANTS
DE L'ILLUSION

srnvanti gâyanti grnanty abhîksnasah
smaranti nandanti tavehitam janâh
ta eva pasyanty acirena tâvakam
bhava-pravâhoparamam padâmbujam

" O Krishna, celui qui sans fin écoute, chante et garde en mémoire Tes Divertissements sublimes, ou qui se réjouit de voir autrui le faire, obtiendra certes, dans un futur proche, de contempler Tes pieds pareils-au-lotus, seul acte par quoi cessera la répétition des morts et des renaissances. " (Srimad-Bhâgavatam 1.8.36)

Nos yeux d'à présent, conditionnés par la matière, ne sauraient nous donner de voir Sri Krishna, le Seigneur Suprême. Pour Le connaître, il nous faut purifier notre vision, en adoptant un mode d'existence qui nous permettra d'éveiller pleinement notre amour spontané pour Lui. Même quand Krishna Se trouvait en personne sur Terre, tous n'étaient pas capables de reconnaître en Lui le Seigneur. Des matérialistes comem Râvana, Hiranyakashipou, Kamsa, Jarâsandha, Sishoupâl et d'autres, tous en possession de grands pouvoirs matériels, demeuraient pourtant incapables d'apprécier la présence du Seigneur. Que cela nous serve à comprendre qu'il est impossible de réellement voir Dieu, fût-Il présent devant nos yeux, sans être doté de la vision adéquate. Or, cette vision, seule la pratique du service de dévotion, à commencer par l'écoute des gloires du Seigneur auprès de sources autorisées, permet de la développer. Cependnat, i larrive parfois que même en adoptant cette pratique, même en étudiant la Bhagavad-Gîtâ, laquelle est universellement entendue, chantée, évoquée…, on ne parvienne pas à voir directement le Seigneur. C'est qu'il faut prendre en considération la qualité de l'écoute (sravana), laquelle représente le premier élément de la pratique dévotionnelle. Si cette écoute se fait auprès d'un maître qualifié, elle portera ses fruits rapidement. Mais hélas,on prête le plus souvent l'oreille aux dires d'orateurs ou d'écrivains inauthentiques qui, fussent-ils très érudits dans l'ordre matériel, n'observent pas les principes du service de dévotion; les écouter représente une pure perte de temps. On voit même de ces faux maîtres interpréter les textes sacrés au goût du jour, à seule fin de servir leurs intérêts propres. Aussi, le premier pas à franchir sur la voie du service de dévotion consiste à trouver un maître compétent, qualifié, pour ensuite prêter l'oreille à ses enseignements. Car, quand l'écoute est parfaite et complète, les autres activités du service de dévotion atteignent naturellement leur perfection propre.

Le Seigneur Se livreà d'innombrables Divertissements sublimes, et le fait d'entendre narrer l'un ou l'autre - quel qu'il soit - suffit à conférer la perfection ultime, à condition, cependant, que l'écoute soit parfaite en tous points. Le Srimad-Bhâgavatam commence par décrire les Activités du Seigneur en rapport avec les Pândavas. Plus tard, de nombreux autres Divertissements seront narrés, en rapport avec d'autres bhaktas, et même des asouras; puis, dans le dixième Chant, nous trouverons la description de Ses liaisons amoureuses, pures et félicieuses, avec les gopîs de Vrindâvan ainsi qu'avec Ses épouses à Dwârakâ. Le Seigneur étant absolu, tous Ses Divertissements participent de la même nature sublime; mais ceux qui empruntent les voies inau thentiques de l'écoute s'intéressent davantage aux Activités du Seigneur en rapport avec avec les gopîs qu'à Ses autres Divertissements. Or, une telle tendance est une indication des désirs concupiscents qui animent ces auditeurs. Un narrateur authentique des Divertissements du Seigneur ne cède jamais aux caprices de ceux qui désirent se prêter à une telle écoute, guidée par la concupiscence. Il faut entendre les Divertissements du Seigneur dans l'ordre où ils sont décrits dans le Srimad-Bhâgavatam ou toute autre Écriture, car c'est ainsi que l'auditeur atteindra, par un cheminement progressif, la perfection. Il ne faut pas voir les Activités du Seigneur en relation avec les Pândavas comme moins importantes que Ses Divertissements avec les gopîs, et ainsi dévoiler son propre penchant pour les plaisirs charnels. Nous devons toujours garder à l'esprit que le Seigneur Se tient au-delà de tout attachement matériel, que jamais Il n'agit au même niveau que les âmes conditionnées. Dans tous Ses Divertissements, Il est le héros, et le fait d'écouter ce qui Lui a trait, comme ce qui touche à Ses dévots ou à ceux qui combattirent à Ses côtés - ou même contre Lui - est favorable à la vie spirituelle. Il est d'ailleurs dit que les Védas, les Pourânas, comme tous les autres Écrits védiques, n'ont été donnés à l'humanité que pour lui offrir l'occasion de raviver sa relation, maintenant oubliée, avec le Seigneur. Écouter le message de ces Écritures représente donc un impératif de premier ordre.

Kunti expliquait, dans les versets précédents, que ceux qui viennent habiter l'Univers matériel peinent comme des ânes et portent un fardeau insupportable. Leurs désirs lascifs ayant créé un travail si pénible qu'il leur cause sans cesse des tourments, Krishna apparaît pour introduire un système qui peut les délivrer de cette vie de souffrance perpétuelle.

Les lois de Dieu forment ce qu'il convient d'appeler la religion. Ceux qui ignorent ce fait croient que la religion est synonyme de foi. Même si vous et moi croyons en quelque chose, et même si je vous crois et vous me croyez ou non, ce n'est pas là la religion. Il existe même une mission soi-disant religieuse qui dit : " Vous pouvez inventer votre propre voie. " Yata mata tata patha : " Ce que vous jugez vrai est vrai. " Voilà leur philosophie. Mais cela n'est guère scientifique. Imaginons un instant que je sois fou. Tout ce que je pense sera-t-il vrai? Comment serait-ce possible? " Deux et deux font quatre " est une assertion scientifique. Si je crois que deux et deux font trois ou cinq, est-ce vrai pour autant? Non. Les lois de Dieu existent et lorsqu'on s'en écarte (dharmasya glânih), on en souffre. De même qu'on souffre en violant les lois de l'État, on est soumis à de nombreuses tribulations dès qu'on enfreint les lois divines.

Maintenant, comment s'affranchir de telles tribulations? Krishna apparaît pour nous en délivrer en nous donannt le bhakti-yoga. Krishna recommande : " Fais ceci ". En acceptant, nous obtiendrons le soulagement convoité. Prahlâd Mahârâj cite les neuf items qui forment le bhakti-yoga :

sravanam kîrtanam visnoh
smaranam pâda-sevanam
arcanam vandanam dâsyam
sakhyam âtma-nivedanam

iti pumsârpitâ visnau
bhaktis cen nava-laksanâ
kriyeta bhagavaty addhâ
tan manye 'dhîtam uttamam

" Écouter et chanter ce qui se rapporte aux Saints Noms, à la Forme, aux Attributs et aux Divertissements transcendantaux de Sri Vishnou, se les rappeler, servir les pieds pareils-au-lotus du Seigneur, Lui rendre un culte, Lui offrir des prières, devenir Son serviteur, Le considérer comme son meilleur ami, et Lui abandonner tout [en d'autres termes, Le servir en pensée, en paroles et en actes] - ces neuf pratiques relèvent du pur service de dévotion. Celui qui a voué sa vie au service de Krishna par le biais de ces neuf activités doit être considéré comme le plus instruit, car il a atteint le parfait savoir. " (Srimad-Bhâgavatam 7.5.23-24)

" Écouter " signifie écouter ce qui a trait aux activités, à la forme, aux qualités, à l'entourage... de quelqu'un. Si je désire écouter ce qui se rapporte à quelqu'un, cette personne doit avoir accompli des activités. Nous écoutons ce qui a trait à l'Histoire, mais qu'est-ce que l'Histoire? C'est le récit des activités de différentes personnes au fil des âges. Dès qu'il est question d'écoute, il importe de se demander ce que l'on doit écouter. Sravanam kîrtanam visnoh : il faut écouter les activités de Vishnou, ou Krishna, et non les nouvelles des journaux. Brahma-jijñâsâ : il faut s'enquérir et écouter les gloires de Brahman, le Suprême. Tel est l'enseignement des Védas. Dans notre Mouvement pour la Conscience de Krishna, nous pratiquons aussi le chant et l'écoute; mais quel en est l'objet? Krishna. Nous n'écoutons pas ce qui a trait au marché et à la valeur de telle ou telle action. Non. Nous écoutons les gloires de Krishna.

Et l'écoute s'accompagne toujours du chant ou de la parole. Nous parlons et chantons donc les gloires de Krishna (sravanam kîrtanam visnoh). D'ailleurs, dès qu'on devient expert dans l'écoute et le chant, la méditation ou la pensée (smaranam) s'ensuivent. Tout ce que nous disons ou écoutons fera plus tard l'objet de notre méditation ou de notre contemplation. Il faut d'abord pratiquer l'écoute, sravanam, sinon, comment peut-il y avoir méditation? Comment peut-il être question de méditation si on en ignore l'objet? Il importe ainsi d'écouter et de chanter les gloires de Vishnou (sravanam kîrtanam visnoh).

La véritable méditation des yogis a pour but la vision de la mûrti - ou forme - à quatre bras de Vishnou, le Seigneur qui réside dans le cœur. Ainsi se définit la vraie méditation. Des vauriens ont inventé d'autres méthodes qu'ils appellent méditation, mais qui n'en sont pas. Les sens sont très agités, entraînant le mental ici et là. Mais grâce à l'astânga-yoga, qui régit nos postures assises, notre respiration, etc., on peut dominer les sens et concentrer le mental sur la forme de Vishnou. On nomme samâdhi cette concentration qui représente le vrai but du yoga. L'astânga-yoga vise donc le souvenir du Seigneur Suprême (smaranam).

Vient ensuite une autre pratique dévotionnelle appelée arcanam, c'est-à-dire l'adoration de la Déité ou forme de Krishna dans le temple.

srî-vigrahârâdhana-nitya-nânâ-
srngara-tan-mandira-mârjanâdau
(Srî-gurv-astaka 3)

Il ne suffit pas ici d'adorer Krishna une fois par semaine ou par mois. Au contraire, il faut L'adorer vingt-quatre heures par jour (nitya). La Déité doit porter chaque jour de nouveaux habits qu'on changera aussi souvent que possible. Voilà ce qu'on appelle srngara. Krishna étant le plus opulent jouissant, on doit Lui offrir ce qui fera Son bonheur. À titre d'exemple, si quelqu'un m'offre de nouveaux habits, je dirai : " Ces nouveaux vêtements sont très beaux ". J'en serai très heureux. Nous devons pareillement chercher à combler chaque jour Krishna à l'aide de costumes somptueux. Tout ce qu'on offre à la Déité - habits, nourriture et Son emplacement dans le temple - doit être de première qualité ou mieux encore. De plus, le temple doit toujors être aussi propre qu'un miroir. Tout le monde remarque que les temples du Mouvement pour la Conscience de Krishna sont très propres, et ils doivent l'être. Plus on nettoie le temple, plus on purifie son cœur. Telle est la voie du service de dévotion. Plus nous habillons Krishna, plus nous sommes satisfaits. Pour l'instant, nous sommes habitués à voir et apprécier nos propres habits, pensant : " Quels habits coûteux je porte. " J'en tire ainsi de la satisfaction. Mais lorsqu'on habille Krishna, on ressent une satisfaction purement spirituelle.

yuktasya bhaktâms ca niyuñjato 'pi
vande guroh srî-caranâravindam
(Srî-gurv-astaka 3)

C'est le devoir du maître spirituel d'engager constamment ses disciples dans cette adoration de la Déité. C'est à un tel guru, ou maître spirituel, que nous offrons notre hommage.

En employant le mot srnvanti, Kuntîdevî indique que notre premier souci doit être d'écouter les gloires de Krishna. Il faut être avide d'écouter. Pourquoi va-t-on au cégep et paie-t-on des frais de scolarité? Pour écouter. En écoutant les paroles d'un professeur érudit, on acquiert la connaissance. Le dévot s'absorbe ainsi toujours dans l'écoute des gloires de Krishna. L'écoute est le premier devoir de quiconque cultive la conscience de Krishna.

Après avoir effectivement écouté ce qui a trait à Krishna, notre occupation suivante dans le cadre du bhakti-yoga sera le chant (gâyanti). Les prédicateurs du Mouvement pour la Conscience de Krishna vont de ville en ville, de village en village. Pourquoi? Dans quel but? Pour prêcher, pour chanter, afin que les gens aient la chance d'écouter cette philosophie et de la prendre au sérieux (grnanti). Le mot abhîksnasah indique que ces activités doivent se poursuivre sans arrêt, vingt-quatre heures par jour. Chaitanya Mahâprabhu recommande par conséquent : kîrtanîyah sadâ harih; il faut pratiquer le chant des Saints Noms vingt-quatre heures par jour. Tel est le devoir des dévots conscients de Krishna.

On peut adopter toutes les activités du service de dévotion, ou même une seule. La simple écoute suffit. Parîksit Mahârâj ne fit que s'asseoir devant Sukadev Goswami, qu'il écouta pendant les sept derniers jours de sa vie. Si on écoute simplement, sans rien faire d'autre, si on s'asseoit dans le temple et qu'on écoute chaque fois qu'on discute de la Bhagavad-Gîtâ, cela suffira. Même si vous ne comprenez pas, écoutez. La vibration, le mantra, vous aideront. La compréhension grammaticale ou érudite n'est guère importante. On peut connaître la grammaire sanskrite, mais la bhakti est apratihatâ, elle ne peut être entravée. Rien ne peut entraver son progrès. Aussi doit-on simplement adopter la pratique de l'écoute, comme l'a recommandé Chaitanya Mahâprabhu.

Après qu'Il eût adopté l'ordre du renoncement, Chaitanya Mahâprabhu fut critiqué par Sârvabhauma Bhattâchârya, un ancien camarade d'études de Nîlâmbara Chakravartî, le beau-père de Jagannâth Misra, le père de Chaitanya. Ce qui élevait Sârvabhauma au même niveau que le grand-père de Chaitanya. Aussi osa-t-il dire au Seigneur : " Tu n'es qu'un jeune homme de vingt-quatre ans, pourtant, Tu as adopté le sannyâsa. Il te sera très difficile d'adhérer au sannyâsa, car le monde est riche en tentations pour un jeune homme.. Il Te faut donc écouter le Védânta-soutra. " Comme Sârvabhauma Bhattâchârya appartenait à l'école Mâyâvâda, ceci indique que l'écoute s'avère importante même pour les Mâyâvâdîs, qui insistent sur l'importance d'écouter le Védânta-soutra. Les Vaisnavas - ou dévots de Krishna - écoutent également le Védânta-soutra, mais pas de la bouche des Mâyâvâdîs, qui lui prêtent une fausse interprétation et gâchent ainsi la pratique de l'écoute. Les Vaisnavas écoutent effectivement le Védânta, car ils ne l'interprètent pas. Lorsque Krishna dit : " Je suis l'Être Suprême ", ils acceptent cette vérité; telle est la façon appropriée d'écouter. Si on interpréte de façon spéculative le Védânta-soutra ou la Bhagavad-Gîtâ, disant : " Le mot krishna signifie ceci et kuruksetra signifie cela ", on ne fait alors que perdre son temps. Il faut écouter cette littérature telle qu'elle est.

Ainsi, bien que Chaitanya Mahâprabhu ait accepté d'écouter le Védânta de la bouche de Sârvabhauma Bhattâchârya, Il Se contenta de le faire pendant plusieurs jours sans poser une seule question. Sârvabhauma Lui dit enfin : " Mon garçon, Tu m'écoutes mais sans formuler la moindre question. Pourquoi? Est-ce parce que Tu n'y comprends rien? Pourquoi garder le silence? " Chaitanya répondit : " Je comprends mais garde le silence parce que tu expliques le Védânta selon les voies de la spéculation. Je n'écoute donc que les soutras du Védânta, sans entendre tes élucubrations. " Ainsi lui disait-Il indirectement : " Tu en expliques le sens de sotte façon. " Il ajouta par la suite :" Les versets du Védânta sont pareils au soleil que tes explications viennent voiler comme le feraient des nuages. "

Nul n'a besoin d'une lampe pour voir le soleil. Il est visible à tous. Mais dès qu'un nuage le couvre, on l'aperçoit difficilement. Dans un même ordre d'idée, le Védânta-soutra brille tel un soleil, mais les Mâyâvâdîs en voilent le vrai sens de leurs interprétations. Ceci parce qu'ils en refusent la signification directe. Même les grands politiciens influencés par la doctrine Mâyâvâda voilent le sens des écrits védiques en spéculant : " Kuruksetra signifie ceci et dharma-ksetra signifie cela. " Notre politique doit donc être d'écouter le texte original tel qu'il est. Alors notre écoute portera des fruits. Sravanam kîrtanam visnoh : il faut écouter ce qui se rapporte à Vishnou tel qu'Il est. Alors pourra-t-on méditer sur Lui et se souvenir de Lui (smaranti). Ainsi devient-on joyeux (nandanti). Le mot nandana signifie " agréable ", et c'est de cette façon qu'on entre en contact avec le réservoir de plaisir.

Ceux qui cultivent la conscience de Krishna doivent donc écouter les gloires de Krishna, parler de Krishna et ne s'occuper que de ce qui est en relation avec Krishna. " Par ce procédé, dit Kuntîdevî au Seigneur, on en viendra un jour à Te voir. " Et quel effet produit cette vision de Dieu, de Krishna? Bhava-pravâhoparamam. Le mot pravâha signifie " courant ". Lorsqu'un animal tombe dans une rivière, il est certes emporté par le courant impétueux. De la même façon, les courants de la Nature matérielle, qui se succèdent commes les vagues imposantes de l'océan Pacifique, nous emportent du fait de l'empire des trois modes d'influence matérielle sur nous (prakrteh kriyamânâni gunaih karmâni sarvasah). Aussi Bhaktivinoda Thâkur dit-il : mâyâra vase yaccha bhese' - " Vous êtes entraînés par les courants de la Nature matérielle. " Ces courants sont ceux de l'illusion, à savoir la faim, la soif, la naissance, la vieillesse et la mort. Nous sommes des âmes qui, plongées dans l'océan matériel, sont entraînées par les courants. Si, toutefois, nous nous engageons vingt-quatre heures par jour dans l'écoute et le chant, et si nous servons sérieusement Krishna, les courants cesseront.

Où cesseront-ils? Kuntîdevî répond : padâmbujam - " aux pieds pareils-au-lotus du Seigneur ". Il faut apprendre à voir les lotus des pieds de Krishna et offrir un peu de pâte de santal et une feuille de tulasî aux pieds du Seigneur. Alors cesseront les courants de l'existence matérielle.

On peut aisément franchir les courants de l'océan à bord d'un bon navire. Comme le mentionne un autre passage du Srimad-Bhâgavatam (10.14.58) : samâsritâ ye pada-pallava-plavam. Un pétale de lotus peut ressembler à une petite embarcation. Aussi ce verset dit-il qu'en prenant refuge des pétales des pieds pareils-au-lotus de Krishna, le vaste océan des morts et des renaissances devient aussi insignifiant que l'eau contenue dans l'empreinte du sabot d'un veau. En Inde, durant la saison des pluies, les routes deviennent couvertes de boue; quand les vaches et les veaux les empruntent, leurs sabots créent des empreintes que l'eau remplit. Il est, bien sûr, facile de sauter par-dessus une douzaine de telles flaques d'eau à la fois. De la même façon, bien que pour d'autres le monde où règnent naissance et mort ressemble à un vaste océan, pour le dévot il prend l'apparence d'une flaque d'eau (bhavâmbudhir vatsa-padam), qu'il peut aisément franchir. Ainsi atteint-il la suprême demeure appelée param padam. Mais qu'en est-il de l'Univers matériel? Padam padam yad vipadâm : ce n'est pas un endroit pour les dévots, mais pour ceux qui souffrent. Aussi Kuntîdevî formule-t-elle la suggestion suivante : " La conscience de Krishna est le remède à votre souffrance. Prenez-la et soyez heureux. "


Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare
Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare