Treizième.
La prakri, le purusa et la concience.
VERSET 16
TRADUCTION La Vérité suprême est au-dedans comme au-dehors, dans le mobile comme dans l'immobile; Elle dépasse le pouvoir de perception et d'entendement lié aux sens matériels. Infiniment lointaine, Elle est aussi très proche. TENEUR ET PORTEE Nous comprenons, à la lumière des Textes védiques, que Narayana, la Personne Suprême, vit en chaque être et aussi hors de chaque être. Il est présent à la fois dans le monde spirituel et dans l'univers matériel. Bien que fort éloigné de nous, Il est également très près de nous. Tels sont les enseignements des Ecritures. Si nous ne pouvons voir, ou comprendre comment, toujours plongé dans la félicité absolue, Il a jouissance de Son infinie splendeur, c'est que nos sens matériels nous en empêchent. Aussi les Ecrits védiques nous disent-ils que nos sens et notre mental matériels sont impuissants à Le comprendre. Celui, par contre, qui, dans la conscience de Krsna, par la pratique du service de dévotion, a purifié son mental et ses sens, celui-là peut constamment Le voir. Ce que confirme la Brahma-samhita, en disant que le bhakta qui a développé son amour pour Dieu, le Seigneur Suprême, peut Le voir sans cesse. Et la Bhagavad-gita, à son tour, en disant que seul le service de dévotion permet de Le connaître et de Le voir.
VERSET 17
TRADUCTION Bien qu'Elle semble divisée, l'Ame Suprême demeure indivisible; Elle est Une. Bien qu'Elle soutienne tous les êtres, comprends que c'est Elle aussi qui les dévore et les fait se développer tous. TENEUR ET PORTEE Que le Seigneur soit présent dans le coeur de chacun en tant que l'Ame Suprême ne signifie pas pour autant qu'Il Se soit divisé. Il demeure toujours Un. En cela, on Le compare au soleil, qui bien que situé en un point précis du méridien, brille toujours au-dessus de toutes les têtes. Nous pouvons aller à des milliers de kilomètres à la ronde et demander "Où est le soleil?": chacun répondra qu'il brille juste au-dessus de lui. Les Textes védiques donnent cet exemple pour montrer que, bien qu'Il Se situe dans le coeur de chaque être, comme s'Il était divisé, le Seigneur demeure toujours Un. Ils expliquent qu'un seul Visnu, par Sa toute-puissance, est partout présent, comme le soleil apparaît simultanément en divers endroits, à divers êtres. Et le Seigneur Suprême, qui soutient tous les êtres, les "dévore" tous également, lorsque vient l'annihilation. Déjà, dans le onzième chapitre, le Seigneur disait qu'Il était venu pour "dévorer" tous les guerriers réunis sur le champ de bataille de Kuruksetra. Il dit encore que, sous la forme du temps, Il "dévore" tout. On le connaît, pour ces raisons, comme le destructeur, l'exterminateur suprême. Au temps de la création, Il fait que tous les êtres se développent, et au temps de l'annihilation, les "dévore" tous. Les hymnes védiques confirment aussi qu'Il est l'origine et le repos de tous les êtres: après la création, tout repose sur Son omnipotence, et après l'annihilation, tout retourne à Lui, pour en Lui reposer à nouveau.
VERSET 18
TRADUCTION De tout ce qui est lumineux, Elle est la Source de lumière. Elle est non manifestée, Elle demeure par-delà les ténèbres de la matière. Elle est le savoir, l'objet du savoir et le but du savoir. Elle habite le coeur de chacun. TENEUR ET PORTEE L'Ame Suprême, ou Dieu, la Personne Suprême, est source de lumière dans tous les objets brillants, tels que le soleil, la lune, les étoiles, etc. Les Ecritures védiques nous apprennent que le monde spirituel, éclairé par la radiance du Seigneur Suprême, n'a nul besoin du soleil ou de la lune. Dans l'univers matériel, cependant, ce brahmajyoti, la lumière spirituelle irradiée du Seigneur, est voilé par le mahat-tattva, ou les éléments matériels; diverses sources lumineuses, telles le soleil, la lune, l'énergie électrique.... y sont donc nécessaires. Les Textes védiques établissent clairement que toutes choses sont éclairées par la brillante radiance du Seigneur. Il est donc aisé d'en conclure qu'Il n'habite pas l'univers matériel. De fait, il vit dans le monde spirituel, dans "l'atmosphère" spirituelle, bien au-delà de l'univers matériel. Ces Textes confirment qu'Il est comparable au soleil, éternellement rayonnant, et aussi qu'Il Se trouve fort au-delà des ténèbres matérielles. Le savoir du Seigneur est purement spirituel. Les Ecrits védiques confirment par ailleurs que le Brahman est pur savoir spirituel, sous forme condensée. Celui qui désire ardemment atteindre le monde spirituel reçoit du Seigneur, présent dans le coeur de chacun, la connaissance nécessaire pour y parvenir. Un mantra védique ajoute que quiconque aspire vraiment à la libération doit s'abandonner à Dieu, la Personne Suprême. Quant à l'objet ultime de la connaissance, on le trouve également établi dans les Ecritures: "Celui qui Te connaît peut seul franchir les frontières de la naissance et de la mort."Le Seigneur est présent en tant que maître suprême dans le coeur de tous les êtres. Il a des jambes et des bras, partout déployés, ce qui ne s'applique évidemment pas à l'âme infinitésimale. Il faut donc reconnaître là l'existence de deux connaissants du champ d'action, distincts l'un de l'autre: l'âme infinitésimale et l'Ame Suprême. L'un n'étend ses bras et ses jambes qu'autour de lui-même, alors que l'Autre, Krsna, les déploie dans toutes les directions, partout. La Svetasvatara Upanisad le confirme: Dieu, la Personne Suprême, est le maître (prabhu) de tous les êtres, donc le centre ultime, autour duquel évoluent tous les êtres. Ainsi, on ne saurait nier que l'âme infinitésimale et l'Ame Suprême sont toujours distinctes l'une de l'Autre.
VERSET 19
TRADUCTION Ainsi, Je t'ai en peu de mots décrit le champ d'action, le savoir et l'objet du savoir. Toute la profondeur de ces choses, à Mes seuls dévots il est donné de la comprendre, et d'atteindre ainsi à Ma nature. TENEUR ET PORTEE Le Seigneur a donné une description sommaire du corps, du savoir et de l'objet du savoir. Le savoir comporte trois facteurs: le connaissant, l'objet de la connaissance et le processus de la connaissance. Et ces trois facteurs réunis constituent ce qu'on appelle la science du savoir, ou vijnana. Les purs dévots du Seigneur peuvent seuls atteindre à la connaissance parfaite, et ce, de façon directe. Nul autre ne le peut. Les monistes prétendent qu'à la fin, ces trois facteurs s'identifient et se confondent, mais les bhaktas rejettent cette thèse. Le savoir et son développement impliquent la compréhension de sa vraie nature, de son moi, dans la conscience de Krsna. Nous sommes maintenant guidés par une conscience matérielle, mais que nous devenions conscients des Activités de Krsna, que nous réalisions Krsna comme tout ce qui est, et nous atteindrons aussitôt au savoir réel. En d'autres termes, le savoir n'est qu'une étape préliminaire à la compréhension parfaite du service de dévotion.
VERSET 20
TRADUCTION La nature matérielle comme les êtres distincts, sache-le, n'ont pas de commencement. Leurs mutations et les trois gunas n'ont d'autre origine que la nature matérielle. TENEUR ET PORTEE Par ce savoir, le corps, ou le champ d'action, et les connaissants du corps, l'âme infinitésimale et l'Ame Suprême, peuvent être connus. Le corps est le champ d'action formé par la nature matérielle. Et c'est l'être distinct qui est incarné dans le corps, qui a jouissance des activités du corps, d'où le qualificatif de purusa qu'on lui attribue. Il constitue l'un des connaissants du corps, l'autre étant l'Ame Suprême. Tous deux, sachons-le, sont des manifestations de Dieu, la Personne Suprême: l'être infinitésimal participe de Ses énergies, et l'Ame Suprême appartient à Ses manifestations personnelles. La nature matérielle et l'être distinct sont tous deux éternels. Ce qui revient à dire qu'ils existaient avant la création. Tous deux participent des énergies du Seigneur: la nature matérielle, de Son énergie inférieure, et l'âme distincte, de Son énergie supérieure. La nature matérielle était contenue en Maha-Visnu, le Seigneur Suprême et quand ce fut nécessaire, elle devint manifestée à travers le mahat-tattva. De même, les êtres sont également en Lui, mais du fait de leur état conditionné, ils se refusent à Le servir, et se voient par là refuser l'accès du monde spirituel. Mais après la résorption de la nature matérielle, ces êtres se voient à nouveau offrir la possibilité d'agir dans les cadres de l'univers matériel, et de se préparer à entrer dans le monde spirituel. Tel est le mystère de la création matérielle. En réalité, l'être distinct est à l'origine spirituel, partie intégrante du Seigneur Suprême, mais à cause de sa tendance rebelle, il devient sujet au conditionnement de la nature matérielle. Comment ces êtres de nature supérieure, parties intégrantes du Seigneur Suprême, sont-ils entrés en contact avec la nature matérielle? Cela, à vrai dire, importe peu; mais Dieu, la Personne Suprême, sait toutefois comment et pourquoi cela s'est produit, et dans les Ecritures, Il précise que ceux qui se laissent fasciner par la nature matérielle mènent un dur combat pour leur subsistance. Mais il nous faut également comprendre avec certitude, à la lumière de ces quelques versets, que toutes les transformations et influences de la nature matérielle à travers les trois gunas, sont des produits de la nature matérielle même. Pour les différentes variétés d'êtres, toutes ces transformations ne relèvent que du corps. Car, au niveau spirituel, tous les êtres participent de la même nature.
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