Treizième.

La prakri, le purusa et la concience.




VERSET 26

anye tv evam ajanantah
srutvanyebhya upasate
te ’pi catitaranty eva
mrityum shruti-parayanah

TRADUCTION

Puis on rencontre ceux qui, bien que peu versés dans le savoir spirituel, s'engagent dans l'adoration du Seigneur Suprême parce qu'ils ont entendu parler de Lui. Prêtant volontiers l'oreille aux dires d'autorités, eux aussi triomphent du cycle des morts et des renaissances.

TENEUR ET PORTEE

Ce verset est particulièrement applicable à nos sociétés modernes, où l'éducation spirituelle est pratiquement nulle. On trouve aujourd'hui nombre d'athées, d'agnostiques et de "penseurs", mais personne qui ait de véritable connaissance philosophique. Cependant, l'homme du commun, s'il possède quelque vertu, a la possibilité de réaliser des progrès spirituels, simplement en prêtant attention à un enseignement venu de sources autorisées, et surtout, selon Sri Caitanya Mahaprabhu, aux vibrations spirituelles du maha-mantra:

hare krsna hare krsna krsna krsna hare hare
hare rama hare rama rama rama hare hare
Il est donc fort important d'écouter, et c'est pourquoi l'avatara Caitanya, le Seigneur venu enseigner la conscience de Krsna au monde moderne, insista tant sur ce fait. C'est pourquoi également il est dit que tous les hommes doivent rechercher l'occasion d'écouter les paroles d'âmes réalisées, de façon à devenir graduellement capables de comprendre toutes choses. Alors, ils commenceront sans nul doute à adorer le Seigneur Suprême. Sri Caitanya enseignait que dans notre âge, il n'est pas nécessaire de bouleverser sa position familiale et sociale, mais bien d'abandonner toute tentative pour comprendre la Vérité Absolue par raisonnement spéculatif, et d'apprendre à se faire le serviteur de ceux qui ont la connaissance du Seigneur Suprême. Car, si on a la fortune de prendre refuge auprès d'un pur bhakta, d'écouter de ses lèvres ce qui a trait à la réalisation spirituelle et de marcher sur ses traces, on sera soi-même graduellement élevé au rang de pur bhakta. Ce verset, tout particulièrement, recommande "la méthode auditive" pour ce qui est d'atteindre la perfection spirituelle, et cela est fort approprié. Même si l'homme du commun n'a pas les mêmes facultés que les "philosophes" ou "érudits", le fait d'écouter avec foi les paroles d'une personne faisant autorité en matière spirituelle l'aidera à dépasser l'existence conditionnée, à retourner auprès de Dieu, en sa demeure originelle.

VERSET 27

yavat sanjayate kincit
sattvam sthavara-jangamam
kshetra-kshetrajna-samyogat
tad viddhi bharatarsabha

TRADUCTION

Sache, ô meilleur des Bharatas, que tout ce qui est, mobile et immobile, ne procède que de l'union du champ d'action avec le connaissant du champ.

TENEUR ET PORTEE

Ce verset explique à la fois ce qu'il en est de la nature matérielle et de l'être distinct, lesquels existaient tous deux avant la création de l'univers matériel. Toute chose créée n'est qu'un produit du contact de l'être distinct avec la matière. Certaines des créatures sont privées de mouvement, comme les arbres, les collines et les montagnes, d'autres se meuvent; mais toutes ne sont que diverses combinaisons de la nature inférieure avec la nature supérieure. Sans la présence de la nature supérieure, de l'être distinct, rien ne saurait pousser, grandir, évoluer. Ainsi, la matière est éternellement reliée à la nature supérieure, et c'est le Seigneur Suprême qui effectue cette combinaison; Il est donc maître des deux natures, inférieure et supérieure. Il crée la nature matérielle et y introduit la nature supérieure; ainsi existent toutes les manifestations et tous les mouvements de l'univers matériel.

VERSET 28

samam sarveshu bhutesu
tisthantam paramesvaram
vinasyatsv avinasyantam
yah pasyati sa pasyati

TRADUCTION

Celui qui voit que l'Ame Suprême, dans tous les corps, accompagne l'âme distincte, et comprend que jamais ni l'Une ni l'autre ne périssent, celui-là en vérité voit.

TENEUR ET PORTEE

Quiconque peut voir ces trois facteurs: le corps, le possesseur du corps, ou l'âme distincte, et le compagnon de l'âme distincte, tous réunis en un tout harmonieux, vit vraiment dans la connaissance. Ceux, par contre, qui n'ont nul contact avec ce compagnon de l'âme errent dans l'ignorance; ils ne voient que le corps et croient que tout périt avec lui. Mais il en va tout autrement: après la destruction du corps, l'âme et l'Ame Suprême continuent toutes deux d'exister, voyageant éternellement, ensemble, d'une forme à une autre, en des corps parfois mobiles, parfois immobiles.

Le mot paramesvara est traduit par certains comme désignant l'âme distincte, car l'âme est le maître du corps, et transmigre dans un autre lorsqu'il est détruit. Pour d'autres, il désigne l'Ame Suprême. Mais dans un cas comme dans l'autre, l'âme distincte et l'Ame Suprême sont toutes deux éternelles. Elles ne sont jamais détruites. Celui qui voit ainsi voit les choses telles qu'elles sont.

VERSET 29

samam pasyan hi sarvatra
samavasthitam ishvaram
na hinasty atmanatmanam
tato yati param gatim

TRADUCTION

Qui en chaque être voit l'Ame Suprême, partout la même, ne laisse pas son mental l'entraîner à la dégradation. Ainsi parvient-il au but suprême et absolu.

TENEUR ET PORTEE

L'être distinct peut, en reconnaissant que son existence matérielle n'est que souffrance, atteindre à son existence spirituelle. S'il comprend que l'Etre Suprême est partout présent, sous la forme du Paramatma, ou, en d'autres mots, s'il voit la présence de Dieu, la Personne Suprême, en tout ce qui vit, il ne se dégradera pas, et progressera donc graduellement vers le monde spirituel. Les activités du mental gravitent généralement autour du moi, mais si on les oriente vers l'Ame Suprême, on verra se développer sa conscience spirituelle.

VERSET 30

prakrityaiva ca karmani
kriyamanani sarvasah
yah pasyati tathatmanam
akartaram sa pasyati

TRADUCTION

Celui qui peut voir que c'est le corps, né de la nature matérielle, que accomplit toute action, que jamais l'âme, intérieure, n'agit, celui-là en vérité voit.

TENEUR ET PORTEE

Le corps est formé par la nature matérielle, sous la direction de l'Ame Suprême, et aucune activité n'appartient à l'être lui-même. Quoiqu'il fasse, ou soit censé faire, pour son bonheur ou son malheur, l'être y est contraint par sa constitution corporelle; et le vrai moi demeure extérieur à toutes ces activités physiques. Le corps est obtenu en fonction des désirs passés de l'être, pour les satisfaire. Et l'être agira selon le corps qu'il revêt. Pour ainsi dire, le corps est une machine, dessinée par le Seigneur Suprême pour satisfaire les désirs de l'être conditionné, désirs qui sont à la source même des difficultés qu'il rencontre, dans le plaisir comme dans la souffrance.

Cette vision spirituelle de l'être permet, lorsqu'on la développe, de se détacher des activités du corps, et celui qui la possède voit les choses dans leur juste relief.


Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare
Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare