Neuvième chapitre.

Le plus secret des savoirs.




VERSET 21

te tam bhuktva svarga-lokam visalam
ksine punye martya-lokam vishanti
evam trayi-dharmam anuprapanna
gatagatam kama-kama labhante

TRADUCTION

Quand ils ont joui de ces plaisirs célestes, quand leurs mérites se sont épuisés, ils reviennent sur cette Terre mortelle. Un bonheur fragile, tel est donc, après avoir suivi les principes des Vedas, le seul fruit qu'ils récoltent.

TENEUR ET PORTEE

Celui qui s'élève aux systèmes planétaires supérieurs obtient une existence plus longue et des facilités plus grandes pour en jouir, mais il ne peut y rester pour toujours. Epuisés les fruits de ses actes vertueux, il est renvoyé sur Terre. L'homme qui n'a pas atteint la perfection du savoir, telle que décrite dans le Vedanta-sutra, ou qui, en d'autres mots, n'est pas parvenu à connaître Krsna, cause de toutes les causes, échoue dans sa tentative d'atteindre le but ultime de l'existence. Il se prend ainsi au piège du perpétuel va-et-vient entre planètes supérieures et planètes moins évoluées, tantôt montant, tantôt redescendant, comme sur une grande roue. Plutôt que de gagner le monde spirituel, d'où il n'y a plus de possibilité de redescendre, il demeure prisonnier du cycle des morts et des renaissances, sur des planètes tantôt supérieures, tantôt inférieures. Aussi vaut-il mieux accéder au monde spirituel, pour y jouir d'une existence éternelle, dans la connaissance et la félicité absolues, sans risque de retour à l'existence matérielle, misérable.

VERSET 22

ananyas cintayanto mam
ye janah paryupasate
tesham nityabhiyuktanam
yoga-ksemam vahamy aham

TRADUCTION

Mais ceux qui M'adorent avec dévotion, méditant sur Ma forme absolue, Je comble leurs manques et préserve ce qu'ils possèdent.

TENEUR ET PORTEE

Celui qui ne peut vivre un instant hors de la conscience de Krsna, sans servir avec dévotion le Seigneur, sans entendre et chanter Ses gloires, se souvenir de Lui, Lui offrir des prières et L'adorer, servir Ses pieds pareils-au-lotus et Lui offrir des services d'autres sortes, se lier d'amitié avec Lui et s'abandonner totalement à Lui, celui-là ne peut que penser au seul Krsna, sans cesse, à chaque instant du jour et de la nuit. De tels actes sont infiniment heureux et chargés de puissance spirituelle, si bien qu'ils mènent infailliblement le bhakta à la perfection de la réalisation spirituelle. A ce point, il n'a plus de désir que pour vivre en la compagnie du Seigneur Suprême. Tel est le yoga. Grâce à la miséricorde du Seigneur, grâce à Sa clémente protection (ksema), le bhakta ne retourne jamais à la vie matérielle. Le Seigneur l'aide à devenir conscient de Lui, conscient de Krsna, par le yoga, puis, quand il est parvenu à la plénitude de cette conscience, le protège en l'empêchant de sombrer à nouveau dans l'existence conditionnée, toute de misère.

VERSET 23

ye ’py anya-devata-bhakta
yajante shraddhayanvitah
te ’pi mam eva kaunteya
yajanty avidhi-purvakam

TRADUCTION

Toute oblation qu'avec foi l'homme sacrifie aux devas est en fait destinée à Moi seul, ô fils de Kunti, mais offerte sans la connaissance.

TENEUR ET PORTEE

Krsna dit que ceux qui rendent un culte aux devas ne sont pas très intelligents, même si, indirectement, c'est Lui que par là ils adorent. En effet, un homme qui arroserait les feuilles et les branches d'un arbre sans en arroser les racines, ou qui nourrirait les membres de son corps au lieu de son estomac, ferait preuve d'un bien médiocre savoir ou d'une grande négligence des lois naturelles les plus élémentaires. Les devas sont, pour ainsi dire, différents fonctionnaires et ministres dans le gouvernement du Seigneur Suprême. Et de même qu'on doit suivre les lois établies par le chef du gouvernement, et non par les fonctionnaires et les ministres, c'est au Seigneur seul qu'il faut vouer son culte; et par là même, les "fonctionnaires" et "ministres" du Seigneur seront immédiatement satisfaits. Les fonctionnaires et ministres sont appointés par le chef du gouvernement pour le représenter, et il est illégal de les soudoyer. Ainsi se traduit l'idée qu'expriment, dans le verset, les mots avidhi-purvakam: Krsna réprouve donc la vaine adoration des devas.

VERSET 24

aham hi sarva-yajnanam
bhokta ca prabhur eva ca
na tu mam abhijananti
tattvenatas cyavanti te

TRADUCTION

Car, Je suis l'unique Bénéficiaire et l'unique Objet du sacrifice. Or, ceux qui ignorent Ma nature véritable, absolue, retombent.

TENEUR ET PORTEE

Ce verset fait directement allusion au fait que les Ecritures védiques recommandent divers types de yajnas (sacrifices), mais que tous ont pour but véritable de satisfaire le Seigneur Suprême. Le second chapitre de la Bhagavad-gita l'affirme: le but de tous nos actes doit être la satisfaction de Yajna, ou Visnu; et c'est l'objectif que vise le varnasrama-dharma, la forme achevée de l'organisation sociale. Krsna, donc, affirme dans notre verset qu'étant le maître suprême, Il est le bénéficiaire légitime de tous les sacrifices. Malgré tout, des gens peu sensés, ignorant ces vérités, rendent un culte aux devas, en vue d'obtenir d'eux quelques bienfaits éphémères; mais cette voie ne les mène pas au but ultime de la vie, et ils ne réussissent, par là, qu'à sombrer dans l'existence matérielle. Même si l'on cherche à combler quelque désir matériel, mieux vaut, à cette fin, prier le Seigneur Suprême, bien qu'il ne s'agisse pas là de pure dévotion, et ainsi atteindre l'objet de nos désirs.

VERSET 25

yanti deva-vrata devan
pitrn yanti pitr-vratah
bhutani yanti bhutejya
yanti mad-yajino ’pi mam

TRADUCTION

Ceux qui vouent leur culte aux devas renaîtront parmi les devas, parmi les spectres et autres esprits ceux qui vivent dans leur culte, parmi les ancêtres les adorateurs des ancêtres; de même, c'est auprès de Moi que vivront Mes dévots.

TENEUR ET PORTEE

Si on désire aller sur la lune, le soleil, ou toute autre planète, on peut le faire en suivant les règles védiques proposées à cette fin. Ces règles, la section des Vedas traitant de l'action intéressée, techniquement connue sous le nom de darsa-paurnamasi, les expose en détail, recommandant pour celui qui convoite de se rendre sur une planète édénique, le culte du deva qui y règne. D'autres types de yajnas permettront d'atteindre les planètes des pitas (ancêtres), ou encore celles des esprits, pour ainsi devenir un yaksa, un raksa ou un pisaca (le culte des pisacas, aujourd'hui pratiqué sous le nom de "magie noire", est complètement matériel, bien que considéré comme spirituel par ses nombreux adeptes). Mais adorer Dieu, la Personne Suprême, et Lui seul, comme le fait le pur bhakta, conduit aux planètes Vaikunthas ou à Krsnaloka, et ce, sans le moindre doute. En effet, comme le montre cet important verset, pourquoi le pur dévot du Seigneur n'atteindrait-il pas la planète de Visnu, ou celle de Krsna, quand l'adorateur des devas, des pitas ou des esprits obtient de gagner leurs planètes respectives? Par malheur, un grand nombre d'hommes ignorent tout des planètes sublimes où vivent Krsna et Visnu, ce qui les contraint à tomber de leur position. Les impersonnalistes eux-mêmes sont forcés, un jour ou l'autre, de choir du brahmajyoti. Pour dépasser cette insuffisance, le Mouvement pour la Conscience de Krsna répand partout dans le monde, à l'humanité tout entière, cet enseignement sublime: que le simple chant, ou la simple récitation du mantra Hare Krsna peut mener l'homme à la perfection en cette vie même, et le reconduire "au foyer", en sa demeure première, dans le royaume de Dieu.


Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare
Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare