THOMAS HENRY HUXLEY
(1825-1895)
HAYAGRIVA: Huxley estime que la principale différence entre l’homme et les animaux réside en la faculté de parler. Dans son essai Man and the Lower Animals, il écrit : « L’homme seul possède ce don de parole intelligible et rationnelle si merveilleux grâce auquel… il a peu à peu accumulé et structuré une expérience qui sera pratiquement perdue à la mort de chacun ».
SRILA PRABHUPADA: Voilà une autre méprise. Humains ou animaux, tous parlent un langage qui leur est propre.
HAYAGRIVA: Il met l’accent sur les mots « langage intelligible, rationnel ».
SRILA PRABHUPADA: Les animaux possèdent un langage rationnel.
HAYAGRIVA : Ils peuvent communiquer entre eux sur des bases simples, mais ils n’ont ni histoire ni culture. Pas plus qu’ils ne peuvent accumuler et structurer l’expérience de leur espèce.
SRILA PRABHUPADA: D’après la tradition védique, le sanskrit est la mère de toutes les langues. On le parle d’ailleurs sur les systèmes planétaires supérieurs. Mais il serait ridicule de penser que ceux qui ne parlent pas le sanskrit sont des animaux. Chaque être a son propre langage – qu’il soit Anglais, Indien, animal, oiseau, etc. L’éducation est plus importante que le langage. Un être humain doté d’une conscience plus développée, à la différence de l’animal, peut recevoir une éducation spirituelle. Voilà la vraie différence. Elle ne vient pas foncièrement du langage. Le savoir peut être communiqué dans toutes les langues. Nous, par exemple, diffusons la connaissance védique en anglais et dans d’autres langues. Ce n’est pas la langue qui différencie l’homme des espèces inférieures, mais bien la connaissance. Les animaux ne peuvent connaître Dieu, mais les humains le peuvent, si la science de Dieu leur est transmise correctement. Et ce, peu importe la langue employée à cette fin.
HAYAGRIVA : Bien qu’Huxley défende la théorie de l’évolution de Darwin, sa croyance se porte plutôt vers la « sélection par l’éthique ». Dans Evolution and Ethics, il écrit : « Le progrès social serait d’exercer un contrôle sur le processus cosmique à chacune de ses étapes, pour ensuite le remplacer par ce que l’on pourrait appeler le processus éthique, dont l’objectif final ne serait pas la survie du plus fort …mais du plus éthique. »
SRILA PRABHUPADA: Le processus cosmique qui opère sous différents modes d’influence – Vertu, Passion et Ignorance – est irrépressible. Sous l’influence de la Vertu, il y a progrès; toutefois l’individu doit s’élever au-delà de ce mode d’influence pour s’établir au niveau du Bien suprême, de la pure Vertu. Dans l’Univers matériel, quel que soit le procédé adopté pour évoluer, il sera conditionné par la Vertu, la Passion et l’Ignorance car c’est très difficile de le garder pur. L’âme n’aura d’autre choix que de s’établir dans un premier temps au niveau de la Vertu, pour ensuite le transcender et accéder à la pure Vertu qu’on appelle bhakti. Ce n’est qu’à ce niveau qu’elle pourra interagir avec Dieu et survivre. Sinon, personne ne survit et tous devront transmigrer d’un corps à un autre. Tathâ dehântara-prâptir (Gîtâ 2:13). Mais le niveau de la pure Vertu donne de comprendre Dieu et de transcender les morts et renaissances répétées.
janma karma ca me divyam evam yo vetti tattvatah
tyaktvâ deham pounar janma naiti mâm eti so’ rjouna
« Ô Arjuna, celui qui connaît la nature transcendantale de Mon avènement et de Mes actes n’a plus à renaître dans l’Univers matériel; quittant son corps, il atteint Mon royaume éternel. » (Gîtâ 4:9) C’est le seul moyen de survivre. Survivre signifie que l’âme demeure pure dans sa position originelle et ne transmigre donc plus; ce qui n’est possible que dans le monde spirituel, royaume de l’immuable.
SYAMASUNDAR: Huxley pense que notre évolution éthique est entre nos mains.
SRILA PRABHUPADA: Il en est certes ainsi. Après avoir appris que le vol est répréhensible et qu’en s’y adonnant on risque la prison, nous sommes ensuite libres de voler ou non.
SYAMASUNDAR : D’après lui, nous devons remplir certaines conditions pour être éthiques et dignes de survie. Ce n’est plus juste une question du plus apte d’un point de vue physique.
SRILA PRABHUPADA: Personne n’est apte à survivre. Cette idée de survie est irrationnelle. Toutefois, notre conscience et celle de l’humanité peuvent s’élever grâce au procédé de la conscience de Krishna. Tout n’est qu’une question d’éducation. Conscients de Krishna, nous serons dignes de survivre et n’aurons plus à subir la transmigration de l’âme.
SYAMASUNDAR: Huxley soutient que l’être moral par excellence mérite certes de survivre.
SRILA PRABHUPADA: La personne consciente de Krishna est celle qui a le plus de valeurs morales. Elle survivra sans l’ombre d’un doute. Quant à la moralité, quelle est celle d’Huxley ? Nous disons que tuer la vache est immoral alors que d’autres prétendent que manger du bœuf favorise le développement du corps. Quel serait donc le meilleur choix ? De nombreuses questions peuvent ainsi surgir, car l’un dira que ceci est moral quand l’autre affirmera le contraire. Naturellement, les mangeurs de viande revendiqueront que la morale dépend de ce que la majorité souhaite, la majorité non végétarienne bien sûr. De telles personnes s’accorderont pour dire que tuer la vache est tout à fait correct. Mais est-ce vraiment moral pour autant ?
SYAMASUNDAR : Puisque les lois de la Nature sont amorales, l’humanité ne devrait pas les imiter mais les combattre; voilà ce que pense Huxley.
SRILA PRABHUPADA: Pas question de combattre la Nature puisqu’elle ne saurait être conquise. Même si tous sans cesse s’y efforcent, Krishna nous prévient dans la Bhagavad-Gîtâ (7:14) :
daivî hy esâ gounamayî mama mâyâ douratyayâ
mâm eva ye prapadyante mâyâm etâm taranti te
« Il est très difficile de surmonter cette énergie divine que constituent les trois gounas. Mais qui s’abandonne à Moi en triomphe aisément. » Impossible donc de vaincre la Nature matérielle. Vous essayez de vivre, mais elle donne à chacun la mort. Le combat se perpétue, mais la Nature l’emporte toujours. Personne n’a jamais réussi à la battre.
SYAMASUNDAR : Est-il vrai que la Nature est amorale ?
SRILA PRABHUPADA: Elle est plus que morale car soumise à la volonté de Krishna. Comment serait-elle dans l’erreur ? La Brahma-samhitâ (5:44) précise : srsti-sthiti-pralaya-sâdhana-shaktir-ekâ châyeva yasya bhouvanâni vibharti dourgâ – Dourgâ, la Nature matérielle, est si puissante qu’elle crée, maintient et anéantit.
SYAMASUNDAR: Huxley fondait sa moralité sur la compassion, dont la Nature serait privée selon lui.
SRILA PRABHUPADA: La Nature est cent pour cent compatissante puisqu’elle œuvre sous la direction de Krishna. On pourrait la comparer au corps policier. Que quelqu’un brise la loi et la police sera pour lui très antipathique, mais qu’il s’y conforme et les policiers seront ses amis et ses protecteurs. En tout cas, c’est le but visé.
SYAMASUNDAR: On dirait que lorsque la maison d’une personne est détruite par le feu et non celle d’une autre, la compassion n’entre pas en ligne de compte. Tout semble fortuit, arbitraire.
SRILA PRABHUPADA: Ce n’est ni l’un ni l’autre. Il est clairement dit que la Nature matérielle agit selon les directives de Krishna. Dieu n’étant pas immoral, suivre Ses instructions ne l’est pas non plus. L’apparente sanction infligée par la Nature est aussi synonyme de compassion. On aperçoit souvent Mère Dourga, un trident à la main, toujours prête à sévir, mais c’est indirectement moral. Elle sévit afin que les êtres vivants deviennent conscients de Krishna. Elle les place dans toutes sortes de conditions misérables afin de les éveiller à l’existence de Krishna, à cette prise de conscience par laquelle ils pourront comprendre que l’abandon à Krishna les rendra libres. Aucun artifice ne nous permettra de conquérir la Nature, ce qui n’est possible que par le service d’amour rendu à Dieu. Ce désir de vouloir conquérir ou contrôler la Nature témoigne de la maladie de l’homme, qui cherche à imiter Krishna. Pareille imitation n’est jamais synonyme de succès.
SYAMASUNDAR: Néanmoins, Huxley pense que l’homme peut améliorer son environnement, grâce à l’agriculture par exemple.
SRILA PRABHUPADA: Bien sûr, mais même si le gouvernement en promet toujours davantage, les gens sont de plus en plus malheureux. Ils reçoivent de la nourriture, des facilités pour dormir et s’accoupler, sans oublier les promesses de sécurité. Ce ne sont là que les nécessités de base dont même l’animal se satisfait. Mais non l’homme, car sa conscience supérieure l’incite à de plus hautes aspirations. Voilà pourquoi la société humaine se livre à la musique, à l’art, à la philosophie et à la spiritualité. Si l’être humain utilise sa conscience plus développée uniquement pour manger, dormir, se défendre et s’accoupler, il ne sera jamais satisfait. Cette conscience supérieure doit servir au développement de la conscience de Krishna. La lutte matérialiste pour la survie n’est pas naturelle. Lutter est contre nature. Notre condition naturelle réside dans le bonheur.
SYAMASUNDAR : Grâce à son intelligence, l’homme ne pourrait-il pas comprendre le monde et ainsi façonner son propre monde ?
SRILA PRABHUPADA: La Bhagavad-Gîtâ (7:23) dit :
antavat tou phalam tesâm tad bhavaty alpa-medhasâm
devân deva-yajo yânti mad-bhaktâ yânti mâm api
« Les hommes de faible intelligence rendent un culte aux dévas, mais les fruits de leur adoration sont éphémères et limités. Ceux qui vénèrent les dévas atteignent leurs planètes, alors que Mes dévots viennent à Mon royaume suprême. » La balle est dans votre camp : ceux qui veulent rester ici sont libres de le faire. Krishna nous donne l’intelligence et toutes les facilités requises. À nous de choisir : le paradis, l’enfer ou Krishna ?
HAYAGRIVA: Huxley considère que la civilisation cherche en quelque sorte à ordonner [à] la Nature. La civilisation pourrait être définie comme un entendement éthique complexe entre les hommes qui permettrait au plus grand nombre de survivre.
SRILA PRABHUPADA: Il s’avère impossible d’imposer votre volonté à la Nature. Au contraire, c’est elle qui vous imposera la mort. Les lois de la Nature matérielle ne permettent aucune survie. Vous pourriez survivre si vous pouviez lui dicter votre volonté. Or, cela n’est possible qu’à travers la réalisation du Brahman, comme l’explique la Bhagavad-Gîtâ (14:26) :
mâm ca yo’vyabhicârena bhakti-yogena sevate
sa gounân samatîtyaitân brahma-bhouyâya kalpate
« Celui qui tout entier s’absorbe dans le service de dévotion, sans jamais faillir, transcende aussitôt les modes d’influence de la Nature matérielle et atteint le niveau du Brahman. »
HAYAGRIVA : Huxley considère que les philosophes de l’Inde cèdent à la pression d’un puissant cosmos. Il écrit : « Sur les rives du Gange, l’être éthique admet que le cosmos s’avère trop puissant pour lui… »
SRILA PRABHUPADA: En effet.
HAYAGRIVA : « …et détruisant tout lien qui l’y attache par la discipline ascétique, il cherche le salut dans le plus parfait renoncement. »
SRILA PRABHUPADA: C’est très juste.
HAYAGRIVA: Cependant, Huxley voyait cela comme « fuir le champ de bataille ». Il exhorte plutôt les Anglais à la bataille cosmique quand il écrit : « Nous voilà des hommes mûrs et nous devons jouer le rôle d’homme à la volonté ferme de lutter, de chercher, de trouver et de ne jamais céder »
SRILA PRABHUPADA: Pour finalement mourir. Il ne veut pas céder, mais la Nature l’y forcera : « Tu dois mourir ». De toute façon, M. Huxley n’est plus de ce monde. Que l’on soit Anglais, Français, Américain ou quoi que ce soit d’autre, nous succombons aux dictées de la Nature matérielle. Selon la Bhagavad-Gîtâ (3:27) :
prakrteh kriyamânâni gounaih karmâni sarvashah
akankâra-vimûdhâtmâ kartâham iti manyate
« L’âme égarée par le faux ego croit être l’auteur d’actes qui sont en réalité accomplis par les trois modes d’influence de la Nature matérielle. » C’est le faux ego qui pense « je survivrai car je suis Anglais ». Selon les lois de la Nature, la mort est certaine pour tous. Une personne intelligente cherchera d’abord à transcender la mort. La Bhagavad-Gîtâ explique que la compréhension de Krishna garantit la survie.
HAYAGRIVA: Ce n’est pas qu’Huxley croie en une quelconque immortalité matérielle. Dans Evolution and Ethics, il écrit sur la transmigration et le karma : « Tout être doué de sensation récolte ce qu’il a semé si ce n’est en cette vie, alors au cours de l’une ou l’autre de cette série infinie de vies antérieures qui arrivent à terme. » Et encore, au sujet de la philosophie de l’Inde : « Au fondement du cosmos est Brahman et au fondement de l’humain, Âtman; ce dernier n’est séparé du précédent – si j’ose m’exprimer ainsi – que par son enveloppe phénoménale qui lui procure sensations, pensées, désirs, plaisirs et souffrances : bref, tout ce qui forme l’illusoire fantasmagorie de la vie. »
SRILA PRABHUPADA: Brahman et âtmâ ne sont pas séparés, ils coexistent éternellement. Ceci est expliqué au 13ème chapitre de la Bhagavad-Gîtâ , où Krishna traite du corps (kshétra) – lequel est le champ d’action – et de l’âtmâ, l’âme distincte qui est le possesseur du champ d’action agissant à travers lui. Mais il est aussi fait mention d’un autre possesseur :
upadrashtânumantâ ca bhartâ bhoktâ mahesvarah
paramâtmeti câpy ukto dehe’smin pouroushah parah
« Mais il y a dans le corps un autre bénéficiaire, Lequel transcende la matière. Il s’agit du Seigneur, qu’on nomme l’Âme Suprême, l’ultime possesseur, Celui qui tout observe et pour tout donne Sa sanction. » (Gîtâ 13:23) L’âtmâ, ou l’âme distincte, ne connaît que son propre corps alors que l’Âme Suprême connaît tout de la totalité des corps. Je peux ressentir mes joies et mes peines, mais j’ignore celles des autres. L’Âme Suprême, Paramâtmâ, connaît tout ce qui concerne les corps de l’Univers entier. Pas question ici de séparation : Brahman et âtmâ sont coéternels.
HAYAGRIVA : L’entendement de Huxley rejoint celui des défenseurs de la doctrine de Shankara : l’âtmâ est prisonnier du corps; mais qu’il atteigne l’illumination et « le rêve illusoire de l’Âtman s’évanouira, lui permettant ainsi de se fondre dans le Brahman universel. »
SRILA PRABHUPADA: Cela ne signifie pas pour autant que l’âtmâ devient Paramâtmâ. Une goutte d’eau peut se fondre dans la mer mais elle ne devient pas la mer. Cette dernière reste inchangée avec ou sans cette goutte d’eau. Lorsqu’un oiseau vert se pose sur un arbre verdoyant, vous ne pouvez plus le distinguer; mais il serait erroné de penser que l’oiseau ne fait plus qu’un avec l’arbre. Pareillement, l’âtmâ conserve son individualité même si notre vision imparfaite ne le perçoit pas. Les disciples de Shankara croient que l’âme se fond dans le Suprême et qu’ils deviennent Un; or, ils se méprennent car leur individualité demeure en tout temps.
HAYAGRIVA : Huxley écrit : « Aucun pouvoir extérieur n’ordonne l’enchaînement de cause à effet donnant lieu au karma; seule la volonté de l’auteur du karma pourra y mettre fin. »
SRILA PRABHUPADA: Aussi longtemps que l’âme distincte agit sous l’influence des désignations corporelles, elle n’est pas libre. Qu’elle abandonne ces désignations et qu’elle accepte de devenir la servante de Krishna (Krishna-dâsa), et la voilà libérée.
HAYAGRIVA: N’y a-t-il aucune libération indépendamment de Krishna ?
SRILA PRABHUPADA: Non. Comme l’explique la Bhagavad-Gîtâ (3:9), nous devons agir uniquement pour Krishna. Sinon, nous nous enchaînons. Qui dit liberté dit agir pour le Suprême. Ainsi sommes-nous libérés du karma. Lorsqu’un soldat, en suivant des ordres, tue sur le champ de bataille, on le décore. Mais qu’il tue un seul homme pour son propre compte et le voilà un meurtrier passible de pendaison. C’est ce qu’on appelle karma-bandhanah, l’asservissement au karma. L’action peut être identique; mais dans le premier exemple, le soldat agit sous les ordres de l’État et dans le second, pour sa propre satisfaction. De même, lorsque nous agissons pour Krishna, c’est en toute liberté, mais quand nous agissons pour nous-mêmes, le karma nous enchaîne. Tel est l’enseignement principal de la Bhagavad-Gîtâ . Arjuna, à cause de considérations personnelles, pensait quitter le champ de bataille. Dès qu’il comprit que c’était son devoir de se battre pour Krishna, il accepta.
HAYAGRIVA: Dans Evolution and Ethics, Huxley essaie d’établir un rapport entre le karma et l’évolution. « Dans la théorie de l’évolution, la disposition d’un germe à se développer d’une façon spécifique … correspond à son karma… Un perce-neige est un perce-neige et non un chêne, et plus spécifiquement cette variété de perce-neige, car c’est le résultat du karma d’une série sans fin d’existences passées. »
SRILA PRABHUPADA: C’est exact. Ce processus est appelé karma-bandhanah. On passe successivement d’un corps à un autre jusqu’à l’obtention de la forme humaine. Arrivés là, nous pouvons choisir de perpétuer ou de stopper ce cycle de karma-bandhanah en nous abandonnant à Krishna. Sinon, il continuera d’opérer en accord avec les lois de la Nature.
HAYAGRIVA: Dès que Huxley devint darwiniste, il rejeta et la Bible et l’idée d’un Dieu surnaturel en proclamant : « Un coup fatal vient d’être asséné à l’argument en faveur d’un dessein. » À la différence de Spinoza, n’acceptant pas un Dieu panthéiste il croyait plutôt en « un divin gouvernement universel », tout en estimant que le processus cosmique était rationnel et non accidentel. Néanmoins, il rejeta la notion d’un Dieu personnel soucieux de moralité.
SRILA PRABHUPADA: Grave erreur! N’étant que matière inerte, la Nature en soi n’est pas rationnelle. Un morceau de bois n’est pas rationnel, mais le charpentier qui le façonne, lui, l’est. Le processus cosmique ne peut être rationnel que par la présence rationnelle de Dieu, la Personne Suprême, sur qui il repose. La Nature ne pourrait l’être d’elle-même, pas plus qu’un morceau de bois ne deviendrait une table sans l’aide du menuisier.
SYAMASUNDAR: Huxley pense que l’homme ne peut que demeurer agnostique puisqu’il ne peut connaître Dieu, même s’Il existe.
SRILA PRABHUPADA: Pourquoi ne pourrait-il pas Le connaître ?
SYAMASUNDAR : Parce qu’Il n’apparaît pas dans une forme phénoménale.
SRILA PRABHUPADA: Mais s’Il apparaissait? Vous dites qu’on ne peut Le voir dans une forme phénoménale, mais Dieu peut apparaître et vous enseigner. Vous pourriez ainsi Le connaître. Nous n’essayons pas de connaître Dieu par la spéculation ou par la bouche d’insensés, de vauriens ou de philosophes. Cette connaissance nous vient directement de Dieu, qui apparaît pour donner l’enseignement de la Bhagavad-Gîtâ : d’où notre connaissance.
SYAMASUNDAR : De toute façon, Huxley admet que nous ne pourrons jamais réaliser Dieu par la voie empirique.
SRILA PRABHUPADA: Très bien. Nous sommes parfaitement d’accord que Dieu ne peut être appréhendé à l’aide de nos sens actuels. Toutefois, nous n’acceptons pas l’idée que Dieu ne puisse pas être connu du tout. Une fois nos sens purifiés par la conscience de Krishna, nous pourrons Le connaître.
SYAMASUNDAR: Il a également introduit la théorie de l’épiphénoménisme, selon laquelle le mental et la conscience ne seraient que des produits du processus physique.
SRILA PRABHUPADA: Nous acceptons aussi le fait que le mental est de nature physique, et de même la conscience, quoique plus subtile.
SYAMASUNDAR: Pour Huxley, quand le corps meurt, le mental et la conscience meurent avec lui.
SRILA PRABHUPADA: Mais il n’a aucune information sur l’âme. Où que se trouve l’âme, on retrouve naturellement le mental, la conscience et tout le reste. Mental, conscience et intelligence sont tous là. Mais dans notre condition actuelle, ils sont contaminés par la matière. Il s’agit donc de les purifier. Essayer d’annihiler le mental, la conscience et l’intelligence est chose impossible.
SYAMASUNDAR: Mais lorsque le corps meurt, la conscience individuelle meurt-elle également ?
SRILA PRABHUPADA: Non. Comment pourriez-vous mourir ? Votre conscience vous portera simplement vers un autre corps.