WILLIAM JAMES
(1842-1910)
HAYAGRIVA: Dans son livre le plus célèbre, Les Variétés de l'expérience religieuse, James écrit : « Si nous devions limiter notre vision à la religion, il nous faudrait la définir comme un art extérieur, l'art de se gagner la faveur de Dieu... La relation va directement de cœur à cœur, d'âme à âme, entre l'homme et son Créateur. »
SRILA PRABHUPADA: Il existe différentes variétés d'êtres vivants partout, des eaux jusqu'aux systèmes planétaires supérieurs. En fait, le Padma Purâna nous informe qu'il existe 8 400 000 espèces : plantes, lierres, arbres, insectes, animaux aquatiques, oiseaux, etc. Dieu Se soucie de tous ces êtres, car ils font tous partie intégrante de Lui. En un mot, Dieu est le Père et soutien de toutes les entités vivantes. Il possède deux énergies qui Lui sont subordonnées : les énergies matérielle et spirituelle. Dans l'Univers matériel, la Nature est la Mère et Dieu est le Père, et les différents êtres vivants sont tous des fils entretenus par le Père Suprême. Tel est le fondement de la fraternité universelle. La Bhagavad-Gîtâ (14:4) confirme que la Nature matérielle est la mère et Krishna le père qui donne la semence. En comprenant ces relations, nous obtiendrons paix et savoir supérieur.
HAYAGRIVA: Concernant la fondation des religions, James écrit : « Les fondateurs de chaque Église doivent à l'origine leur pouvoir à leur communion personnelle directe avec le Divin. Il en fut ainsi non seulement des fondateurs surhumains – le Christ, Bouddha, Mahomet –, mais aussi de tous les créateurs de sectes chrétiennes; la religion personnelle doit sembler primordiale, même aux yeux de ceux qui continuent à l'estimer incomplète. »
SRILA PRABHUPADA: Oui, le Père Suprême est une personne. Nous n'avons jamais connu de père qui ne fut pas une personne. De même que dans l'Univers matériel, tous les pères sont des personnes, le Père ultime est également une personne. La conception personnelle de Dieu se retrouve dans toutes les religions : chrétienne, musulmane et védique. La religion védique enseigne : om tad vishnoh paramam padam – ceux qui sont évolués sur le plan spirituel savent que Vishnou est le Père Suprême. Vishnou et Krishna sont une seule et même personne. La réalisation impersonnelle s'avère aussi imparfaite qu'incomplète, alors que Bhagavân – le Dieu personnel – représente l'ultime réalisation. Notre premier souci consiste à connaître Dieu et la relation qui nous unit à Lui. Nous pouvons ensuite agir en conséquence afin de parfaire notre vie. Tels sont les modes de la réalisation de Dieu.
HAYAGRIVA: James considère la religion comme l'origine de la philosophie. Il écrit : « Puisque la relation [de l'homme avec Dieu] peut être morale, physique ou rituelle, il est évident que de la religion dans le sens où nous l'acceptons, théologies, philosophies et organisations ecclésiastiques peuvent naître secondairement. »
SRILA PRABHUPADA: Par philosophie, on entend faire progresser le savoir, qu'on parfait lorsqu'on commence à comprendre Dieu. Par sottise, on tourne parfois en ridicule l'existence de Dieu. Tantôt, on en concocte quelque notion imaginaire, tantôt, on en construit quelque concept impersonnel ou panthéiste. La philosophie est la quête de Dieu, Lui dont notre imperfection nous inspire différentes opinions ou conceptions. Dieu est une personne. Lorsque nous Le connaîtrons et Lui parlerons, quand nous Le verrons, ressentirons Sa présence et jouerons avec Lui, nous aurons atteint le plus haut degré de réalisation de Dieu. Nous réaliserons alors que Dieu est grand et nous infimes et toujours subordonnés. La religion consiste à suivre les directives de Dieu. Plus nous réaliserons cette vérité, plus notre religion sera parfaite.
SYAMASUNDAR: James note l'existence de deux tempéraments philosophiques fondamentaux : la sensibilité – que personnifient le rationaliste, l'idéaliste, l'optimiste, le croyant et le dogmatique – et l'inflexibilité qu’incarnent l’empiriste, le matérialiste, le pessimiste, l'athée, le fataliste et le sceptique.
SRILA PRABHUPADA: Cela dépend de notre éducation. Dans un cas comme dans l'autre, nous avançons que l'âme est toute de bonté à l'origine. La sensibilité et l'inflexibilité se développent ultérieurement. Elles ne représentent pas la norme. Lorsqu'on accède au plan de l'âme, tout n'est que bonté. La Bhagavad-Gîtâ nous fait comprendre que tous les êtres font partie intégrante de Dieu, l'Infiniment Bon. Arjouna qualifie Krishna de param brahma param dhâma pavitram (Gîtâ 10:12). Le mot pavitra signifie « pur ». Faisant partie de Dieu, nous sommes également purs. Les impuretés s'acquièrent de par la souillure de l'Univers matériel. Qu'on soit sensible ou inflexible, c'est la marque de notre impureté acquise en ce monde de matière. Nous n'attribuons pas plus de mérite à l'un qu'à l'autre. L'homme qui souffre d'un mal de tête pense qu'il vaut mieux souffrir d'indigestion, et vice versa. Parce que les trois gunas - sattva, rajas et tamas - influent sur l'âme, elle souffre. Elle doit être soulagée de toute souffrance.
D'un point de vue matériel, on peut être un brahmane souillé par le sattva-gouna ou un shoudra souillé par le tamo-gouna ou le rajo-gouna. Mais d'un point de vue spirituel, tous deux sont contaminés par la Nature matérielle. D'où leur souffrance. La Bhagavad-Gîtâ explique que le brahmane pense : « Je suis si pur et instruit. Je suis si ceci, je suis si cela. » C'est ce qu'on appelle la souillure du sattva-gouna. Il ne pense pas faire partie intégrante de Krishna. Tant que ces influences matérielles nous touchent, nous sommes tous logés à la même enseigne.
SYAMASUNDAR: James se qualifie d'empiriste radical. Il ne voit pas l'Univers comme un heureux assortiment de relations, car l’expérience directe nous apprend que les faits sont aussi disparates que discontinus dans leur agencement. Ainsi pour lui, l’Univers est un ensemble de faits qui ne forment pas un tout parfait.
SRILA PRABHUPADA: Parce qu’il voit l’Univers avec des yeux imparfaits, il lui semble également imparfait. En réalité, tout est complet. Selon le premier verset de l’Ishopanishad :
om pûrnam adah pûrnam idam
pûrnât pûrnam udacyate
pûrnasya pûrnam âdâya
pûrnam evâvasisyate
« Dieu, la Personne Suprême, est parfait et complet, et Sa perfection étant totale, tout ce qui émane de Lui, comme le monde phénoménal, constitue également une totalité complète en elle-même. Tout ce qui provient du Tout est un tout en soi, et parce que Dieu est le Tout complet, Il demeure entier, bien que d’innombrables unités, complètes elles aussi, émanent de Lui. » Dieu étant parfait, tout ce qu’Il crée l’est également. James pense que c’est imparfait parce qu’il ne peut le voir à travers les yeux de Dieu.
SYAMASUNDAR: Pour James, l’ultime unification de l’Univers n’est jamais pleinement réalisée. Il écrit : « L’Univers se développe continuellement d’un point de vue quantitatif grâce aux nouvelles expériences qui viennent se greffer sur la masse plus ancienne. Mais celles-ci aident souvent la masse à prendre une forme plus consolidée. »
SRILA PRABHUPADA: Ce concept procède d’un savoir déficient. L’Univers est complet, mais l’homme seul ne l’est point. Ayant été créé par un Être parfait, l’Univers est également parfait. Ce n’est pas que l’Univers évolue. Il est parfait depuis sa création même. Notre savoir imparfait nous fait croire qu’il évolue.
SYAMASUNDAR: Est-ce parce que mes observations de l’Univers évoluent vers l’unité ?
SRILA PRABHUPADA: Oui.
SYAMASUNDAR: Voici le critère de vérité de James : ce que je perçois est vérité. La vérité est ce qu’on expérimente.
SRILA PRABHUPADA: Mais vos perceptions peuvent s’avérer fausses puisque vous êtes imparfait : vous pouvez penser que ce qui est imparfait est parfait ou vice versa. Les shâstras enseignent qu’étant sous le joug de la Passion, les humains aiment travailler dur, croyant que c’est là le bonheur. Dans un même temps, ces textes signalent que les chiens et les porcs s’éreintent également afin de jouir de leurs sens. Les animaux travaillent eux aussi pour quelque rémunération, nourriture ou jouissance. C’est ce qu’on appelle mâyâ, l’illusion.
SYAMASUNDAR: James estime que la vérité est plus que des idées en harmonie avec la réalité. Elle revêt aussi une importance pratique. Ce qui s’avère pratique est vérité.
SRILA PRABHUPADA: Oui, la vérité doit être de nature pratique. Les versets composés par Prabodhânanda Sarasvatî nous font comprendre que quiconque reçoit le moindre regard miséricordieux du Seigneur Chaitanya considère Brahman et la libération comme l’enfer. Kaivalyam narakâyate. Une telle personne considère aussi les planètes célestes comme une pure fantasmagorie et les yoga-siddhis comme insignifiants. Le matérialiste souffre dans cette condition matérielle, mais le dévot est toujours satisfait. Tous sont en proie à l’angoisse, mais le dévot trouve tout plaisant. Tout cela est possible grâce au moindre regard miséricordieux de Chaitanya Mahâprabhou. Voilà une expérience pratique. Tout cela s’opère dès que nous devenons conscient de Krishna.
SYAMASUNDAR: Pour James, la vérité est synonyme d’expérience.
SRILA PRABHUPADA: C’est ce que nous proposons également. Bhaktih paresânubhavo viraktir anyatra caisa (S.B. 11.2.42) Qui a évolué dans la bhakti se désintéresse des plaisirs matériels. À moins d’en venir à détester le matériel, il est entendu que nous ne progressons pas sur le plan spirituel. Lorsqu’on mange, on ressent de la satisfaction et notre corps acquiert des forces. De même, lorsqu’on progresse dans la conscience de Krishna, on se sent solide d’un point de vue spirituel et on perd tout attrait pour la jouissance matérielle.
SYAMASUNDAR: James estime que des vérités peuvent être créées ou développées de la même façon que la santé ou la richesse.
SRILA PRABHUPADA: La santé peut être créée, mais non la vérité. Ce n’est pas que la vérité se développe; au contraire, c’est vous qui progressez graduellement vers la vérité. Ce n’est pas que le soleil se développe; mais au fur et à mesure que les nuages se dissipent, votre aptitude à voir le soleil se développe. Le soleil est immuable dans sa position.
SYAMASUNDAR: Pour James, la vérité est un système de vérification. C’est-à-dire les idées s’avèrent vraies ou le deviennent lorsque nous les appliquons.
SRILA PRABHUPADA: Non. La vérité vous est révélée au fil de votre progrès. Dans la Bhagavad-Gîtâ (4:11), Krishna dit qu’Il Se révèle en proportion de notre abandon à Lui.
SYAMASUNDAR: Mais si une idée fonctionne et qu’on l’applique à des faits concrets de notre vécu, nous pouvons l’accepter comme idée vraie. Au fil de notre vécu, notre vie progresse. Si une idée fonctionne pour moi, elle devient vérité à mes yeux.
SRILA PRABHUPADA: Oui, tel est notre procédé. Au début, c’est grâce à la foi que nous adhérons au Mouvement pour la Conscience de Krishna, car nous n’avons alors aucune expérience pratique dans ce domaine. Notant que les personnes conscientes de Krishna ont un visage radieux, notre intérêt peut s’accroître. Ainsi sommes-nous d’abord poussés par une certaine foi, un certain intérêt qui s’accroît au contact des dévots.
SYAMASUNDAR: Notre vécu démontre donc que les idées sont vraies.
SRILA PRABHUPADA: Oui, sinon comment de jeunes Américains et Européens pourraient-ils se satisfaire de si peu de possessions matérielles? Ils réalisent de façon pratique qu’une vie de simplicité est préférable à un mode de vie artificiel.
SYAMASUNDAR: Mais ce qui s’avère pratique pour l’un peut ne pas l’être pour l’autre. Quel est le critère ?
SRILA PRABHUPADA: Il existe des vérités relatives et la Vérité Absolue. Certains s’intéressent aux premières, d’autres à la seconde. Nous pouvons recourir à des expédients pour atteindre un objectif; l’objectif ultime, toutefois, consiste à satisfaire Krishna et à cette fin, nous pouvons recourir à des moyens aussi temporaires que relatifs.
SYAMASUNDAR: Selon James, celui qui croit a une meilleure chance de découvrir la vérité qu’une personne qui doute.
SRILA PRABHUPADA: C’est vrai.
ajñas câsraddhadhânas ca
samsayâtmâ vinasyati
nâyam loko ’sti na paro
na sukham samsayâtmanah
« Mais les ignorants et les incroyants, qui doutent des Écritures révélées, n’atteignent pas la conscience de Dieu. Celui qui doute ne peut connaître le bonheur ni dans ce monde, ni dans le prochain. » (Gîtâ 4:40) Ceux qui doutent sont finis. James croit-il ou doute-t-il ?
SYAMASUNDAR: Il croit puisqu’il est un protestant de Nouvelle-Angleterre. Il dit que l’incrédule risque de perdre toute chance de découvrir la vérité.
SRILA PRABHUPADA: En effet. Ce qui signifie que nous acceptons que Dieu est vérité et qu’Il existe. James croit que nous avons une meilleure chance de découvrir la vérité en croyant en Dieu, et Dieu est vérité : Dieu existe donc. En croyant pouvoir vous réchauffer en vous approchant du feu, vous affirmez l’existence du feu. Sans feu, comment serait-il question de chaleur ? Le fait de croire constitue ainsi en soi la preuve.
SYAMASUNDAR: Selon James, le mental doit survivre au corps, puisqu’il ne dépend pas de ce dernier pour exister.
SRILA PRABHUPADA: C’est un fait. Quand le corps est fini, le corps subtil formé du mental, de l’ego et de l’intellect demeure. Ceux-ci nous guident vers un nouveau corps physique. On les compare à l’arôme qui émane d’une rose. On peut voir la rose, mais non l’arôme. Pourtant, l’air l’emporte ici et là. Dans un même ordre d’idées, lorsque l’âme quitte le corps physique, elle est emportée par le mental, l’ego et l’intelligence. Selon notre désir, le corps subtil entrera dans un nouveau corps physique.
SYAMASUNDAR: Si le mental et l’intellect ne sont pas matériels, ne meurent-ils pas ?
SRILA PRABHUPADA: Mourir signifie disparaître. Le mental disparaît lorsqu’on accède à la libération.
SYAMASUNDAR: De sorte que le mental me suit au fil de toutes mes renaissances ?
SRILA PRABHUPADA: Oui, tant que tu n’auras pas atteint la libération.
SYAMASUNDAR: Est-ce qu’il s’agit toujours du même mental ?
SRILA PRABHUPADA: Oui, mais le corps – qui est aussi matériel que grossier – change. Le corps subtil – mental, ego et intelligence – nous accompagne jusqu’à la libération.
HAYAGRIVA: Concernant les religions non dévotionnelles, James émet l’opinion suivante quant au bouddhisme et à l’impersonnalisme : « Il existe des systèmes de pensée qualifiés de religieux, mais qui n’endossent pas l’existence d’un Dieu. Citons à titre d’exemple le bouddhisme. Communément, Bouddha tient lieu de Dieu bien sûr; mais à proprement parler, le bouddhisme est une voie athée. »
SRILA PRABHUPADA: Oui, comme le confirme d’ailleurs le Srimad-Bhâgavatam. Bouddha est apparu à une époque où les gens étaient athées et habitués à tuer plusieurs animaux lors d’offrandes sacrificielles. Chagriné de voir de pauvres animaux ainsi mis à mort en vain, Bouddha prêcha la non-violence, sa religion. Comme il s’adressait à des athées qu’il désirait soumettre à son influence, Bouddha abonda dans leur sens et déclara : « Dieu n’existe pas en effet, mais écoutez-moi. » Il s’agit là en quelque sorte de mystification transcendantale. Au début, il nie l’existence de Dieu, mais il est lui-même Dieu. C’est ainsi que les gens ont accepté ses paroles et ses enseignements. Ceux qui tuent des animaux ne peuvent comprendre ni Dieu ni la religion, quoiqu’ils peuvent en avoir quelque vague notion. Désirant mettre fin à leurs actes coupables et rétablir un système religeux axé sur la non-violence, Bouddha rejeta les Védas, qui permettent de façon restreinte les sacrifices d’animaux.
HAYAGRIVA: Pour James, la religion est synonyme d’abandon et d’engagement total. Il écrit : « Dans la vie religieuse… l’abandon et le sacrifice sont positivement épousés : même les renoncements inutiles sont ajoutés afin d’accroître le bonheur. La religion rend ainsi facile et joyeux ce qui de toute façon s’avère nécessaire… Elle devient une partie essentielle de notre vie, remplissant une fonction qu’aucune autre partie de notre vie ne peut accomplir avec autant de succès. »
SRILA PRABHUPADA: Oui, la société sans religion est une société animale. Nous avons déjà défini la religion : comprendre Dieu, L’aimer et Lui obéir. Ces principes sont personnellement enseignés par le Seigneur Lui-même dans la Bhagavad-Gîtâ (18:65) :
man-manâ bhava mad-bhakto
mad-yajî mâm namaskuru
mâm evaisyasi satyam te
pratijâne priyo ’si me
« Pense toujours à Moi, deviens Mon dévot, offre-Moi ton hommage et voue-Moi ton adoration, et tu viendras à Moi assurément. Je te le promets, car tu es Mon ami très cher. » Nous pouvons penser au Seigneur soit en tant que Dieu personnel soit comme un Dieu localisé ou omniprésent, mais quoi qu’il en soit, Dieu possède une forme. Il est plus facile de méditer sur la forme du Seigneur. Chercher à méditer sur l’aspect impersonnel s’avère très difficile (Gîtâ 12:5). Quoique Krishna assume différentes formes et incarnations, Il est le Suprême; voilà pourquoi nous méditons sur Lui. Dans notre Mouvement pour la Conscience de Krishna, nous pouvons facilement penser à Krishna, car Sa forme se trouve dans le temple.
Nous possédons également l’enseignement parfait de la Bhagavad-Gîtâ. L’enseignement du Seigneur est parfait dans tous les domaines : religion, politique, sociologie, philosophie, science, physique et histoire. Les âmes fortunées verront la forme véritable du Seigneur selon Son enseignement et couronneront leur vie de perfection. Voilà ce que nous souhaitons.
HAYAGRIVA: James voit le bonheur comme faisant partie intégrante de la religion.
SRILA PRABHUPADA: Quand on connaît Dieu et qu’on Lui obéit, on connaît le bonheur.
brahma-bhûtah prasannâtmâ
na socati na kânksati
samah sarvesu bhûtesu
mad-bhaktim labhate parâm
« Celui qui atteint le niveau transcendantal réalise aussitôt le Brahman Suprême et ressent une joie très profonde. Il se montre égal envers tous les êtres et jamais ne s’afflige, ni n’aspire à quoi que ce soit. Il obtient dès lors de Me servir avec une dévotion pure. » (Gîtâ 18:54) Dès que nous réalisons Dieu, nous transcendons la dualité et toute détresse, devenant aussitôt heureux. Désirs ardents et affliction disparaissent. Nous ne faisons plus de distinctions entre les hommes ou les nations. Nous voyons tous ceux qui peuplent l’Univers matériel – humains, animaux ou arbres – comme des entités vivantes, parties intégrantes de Dieu. C’est ainsi qu’on acquiert une compréhension lucide et qu’on parfait sa vie.
HAYAGRIVA: Dans Les Variétés de l'expérience religieuse, James écrit encore : « Si une croyance rend l’homme heureux, il l’adoptera inévitablement. Une telle croyance devrait être vraie; aussi l’est-elle. À tort ou à raison, telle est l’une des conséquences immédiates de la logique religieuse à laquelle a recours l’homme moyen. »
SRILA PRABHUPADA: En effet, si ayant une conception claire de Dieu, vous choississez de L’aimer et de Lui obéir, vous serez heureux. Tel est le procédé adopté par le Mouvement pour la Conscience de Krishna. Nous n’avons d’autre souci que d’obéir aux directives du Seigneur. Dieu nous demande d’enseigner partout la philosophie de la Bhagavad-Gîtâ. Cherchant à aimer et à obéir au Seigneur, nous sommes désireux de répandre le Mouvement pour la Conscience de Krishna. Sinon, cette tâche revient à Krishna. Pourquoi se soucie-t-on de Lui? Nous cherchons à répandre ce mouvement parce que nous aimons Krishna, et que Celui-ci est heureux de voir Son message diffusé à travers le monde. Comme nous servons Dieu sans le moindre doute, nous sommes également heureux. Ainsi le veut la réciprocité avec Dieu. Voilà ce qu’on entend par religion. La religion n’est pas synonyme de sentimentalité, mais de réalisation concrète de Dieu, d’exécution tangible de Ses directives. Notre progrès est assuré si nous sommes heureux quand Dieu l’est.
HAYAGRIVA: James voit ceux qui aiment Dieu comme étant moralement libres. Il écrit : « La maxime de saint Augustin – Si vous aimez Dieu, vous pouvez suivre votre inclination – est une des observations les plus profondes d’un point de vue moral. Pourtant, elle s’avère riche en sauf-conduits pour que ces personnes puissent dépasser les limites de la moralité conventionnelle. »
SRILA PRABHUPADA: Voilà qui est bien dit. Si Dieu est satisfait de nos actions, c’est qu’elles sont morales. La moralité conventionnelle selon laquelle « ceci est bien, cela est mal », n’est que pure spéculation. Le terme moralité désigne les actions qui plaisent à Dieu. Toute action qui déplaît au Seigneur est immorale. Aussi chantons-nous chaque jour : yasya prasâdâd bhagavat-prasâdo (Sri Gurv-astaka 8) Les directives de Dieu sont exécutées par Son représentant, le maître spirituel. En l’absence d’un lien direct avec Dieu, le maître spirituel sert d’intermédiaire « transparent » entre Dieu et nous. Lorsqu’on atteint la perfection, bien sûr, on peut directement parler au Seigneur; au début, toutefois, le néophyte doit recevoir les instructions du maître spirituel qui est en relation directe avec Dieu. Lorsque le maître spirituel est satisfait de nous, Dieu l’est également. Tel est le secret du bonheur.
HAYAGRIVA: James écrit sur le thème du mal : « Le mal est une maladie, et de s’en ronger les sangs représente en soi une forme de mal additionnelle, qui ne fait qu’ajouter à la maladie originelle… Le meilleur repentir consiste à faire le bien et à oublier tout rapport qu’on a eu avec le péché. »
SRILA PRABHUPADA: Quand on est malade, notre souffrance s’accroît. Lorsque personne ne cherche à éteindre un incendie, celui-ci flambe davantage. Les dettes non liquidées occasionneront des intérêts. La maladie, le feu et les dettes ne doivent donc pas êtres négligés, mais doivent être complètement éradiqués. Sachons que notre souffrance est le fruit de notre désobéissance aux directives de Dieu, de notre irréligion. Une relation nous unit à Dieu, mais recouverts par la souillure de la matière, nous l’ignorons. Nous nous croyons indépendants : telle est notre sottise. Les athées et les démoniaques se pensent à tort non soumis aux directives divines. Aussi se voient-ils contraints d’accepter ce qu’ils ne désirent pas : les affres de la naissance, de la maladie, de la vieillesse et de la mort. Malgré ce châtiment, l’athée continue de nier l’existence de Dieu. Mais Dieu existe bel et bien, et de même Ses directives. Acceptons donc les instructions du maître spirituel authentique, qui représente le Seigneur, et exécutons-les. Nous connaîtrons alors le bonheur et surmonterons les conséquences du mal.
SYAMASUNDAR: Comme Mill entre autres, James estime que du fait que le mal existe dans l’Univers, Dieu n’est pas infini.
SRILA PRABHUPADA: Il ignore que le mal n’a pas d’existence sans Dieu. Selon les shâstras, le mal représente le dos de Dieu. Mais devant ou arrière, Dieu est Dieu de par Sa nature absolue. Ce n’est pas que je peux négliger mon dos. Je ne saurais dire: « Frappez-moi dans le dos. » Le dos est aussi important que le devant. Les pécheurs ne peuvent affronter la face du Seigneur. D’où ces paroles de Krishna :
yesâm tv anta-gatam pâpam
janânam punya-karmanâm
te dvandva-moha-nirmuktâ
bhajante mâm drdha-vratâh
« Ceux qui ont agi avec piété dans leurs vies passées comme dans la présente et ont banni le péché sont délivrés des dualités illusoires. Ils Me servent avec détermination. » (Gîtâ 7:28) À moins d’être entièrement purs, on ne peut venir à la conscience de Krishna. Dès qu’on s’abandonne à Krishna et qu’on accepte Ses directives, Il nous soulage de toutes les suites de nos fautes.
SYAMASUNDAR: James définit le monde comme « la substance de la pure expérience », ajoutant que l’expérience se manifeste tantôt comme le mental, tantôt comme la matière.
SRILA PRABHUPADA: Mais de l’expérience de qui s’agit-il? Ce n’est pas dû à votre expérience que ces fleurs existent. Vous ne les avez pas créées. Il parle de pure expérience, mais il ignore qu’il s’agit ici de l’expérience de Krishna.
na tasya kâryam karanam ca vidyate
na tat-samas câbhyadhikas ca drsyate
parâsya saktir vividhaiva srûyate
svâ-bhâvikî jñâna-bala-kriyâ ca
« Il ne possède pas de corps matériel comme un être ordinaire. Il n’existe aucune différence entre Son Corps et Son Âme. Il est absolu. Tous Ses Sens sont parfaitement spirituels, et chacun peut remplir les fonctions de n’importe quel autre. Personne ne Lui est donc égal ou supérieur. Ses puissances sont multiples et variées, et Ses hauts faits s’accomplissent automatiquement en une succession naturelle. » (Svetâsvatar Upanishad 6:7-8) Selon les Védas, l’Être Suprême possède différentes variétés d’énergies dont on peut faire l’expérience. L’Univers et tout ce qu’il contient fut conçu par le Suprême. Tout procède de Ses multiples énergies. Afin de peindre une fleur, l’artiste doit être très expérimenté. Or, nous voyons que les multiples puissances de Krishna opèrent si merveilleusement que des fleurs apparaissent automatiquement.
HAYAGRIVA: James reconnaît deux variétés fondamentales de religion. Il qualifie la première d’« évangile optimiste » et la seconde de « pessimiste » en ce que cette dernière reconnaît la futilité et les souffrances de l’existence matérialiste. Il estime que les religions les plus complètes voient l’existence matérielle d’un œil pessimiste et offrent la libération.
SRILA PRABHUPADA: Seul l’animal n’a pas une vue pessimiste de la vie en l’Univers matériel, car l’homme, lui, est conscient des trois formes de souffrance qui lui sont inhérentes. Je parle ici des souffrances causées par le corps et le mental, celles causées par les autres êtres vivants et celles que nous imposent les catastrophes naturelles et les lois de la Nature. Le monde est saturé de souffrance, mais envoûtés par mâyâ, l’illusion, nous croyons progresser. En dernière analyse, toutefois, quoi que nous fassions, la mort viendra en anéantir les fruits. Par conséquent, le bonheur ne saurait exister en ce monde. Nous aurons beau tout essayer pour être heureux, la mort peut à tout instant s’emparer de nous. Quel bonheur pourrait-on trouver ici-bas ? Les humains dotés d’intelligence ont donc toujours une vue pessimiste de l’existence matérielle, sachant qu’il ne leur sera guère permis d’être heureux en ce monde.
Quand nous aurons réalisé quelque progrès spirituel, nous comprendrons la directive suivante de Krishna : sarva-dharmân parityajya mâm ekam saranam vraja – « Laisse là toutes formes de pratique religieuse et abandonne-toi simplement à Moi. » (Gîtâ 18:66) Il faut s’en remettre à Dieu, la Personne Suprême; puis, lorsqu’on L’aura entièrement compris, on pourra atteindre le monde où règnent savoir, éternité et félicité. À moins d’avoir une vue pessimiste de l’Univers matériel, nous y demeurerons attaché et s’ensuivront morts et renaissances répétées. Chacun cherche à vivre en permanence ici-bas, mais la Nature ne le permet pas. Travaillant dur, les gens obtiennent des résultats tantôt bons tantôt mauvais, ou ne récoltent que frustration. Où trouver le bonheur? Dans la compréhension de Dieu, l’action conforme à Ses recommandations et le retour en notre demeure originelle, auprès du Seigneur.
HAYAGRIVA: James croit qu’il existe une certaine vision composite de la sainteté universelle, qui serait la même dans toutes les religions, et dont les caractéristiques peuvent être facilement établies. Il note à titre d’exemple que toute personne sainte possède : « Primo, le sentiment de participer à une existence moins étriquée que la vie égoïste de ce monde, et la conviction… de l’existence d’une Puissance Idéale. »
SRILA PRABHUPADA: Ce sentiment existe à cause de l’expérience de la grandeur de Dieu, lequel possède six perfections : beauté, richesse, renommée, puissance, sagesse et renoncement.
HAYAGRIVA: Secundo, les saints possèdent « le sentiment de continuité amicale de la Puissance Idéale à notre propre existence, dans un abandon volontaire à son contrôle ».
SRILA PRABHUPADA: Il existe en effet une continuité amicale. On compte cinq relations fondamentales : la relation entre maître et serviteur, entre amis, entre fils et père, entre père et fils, et entre amoureux. Toutes ces relations sont de nature amicale, et chaque être est naturellement porté vers l’une d’elles. Ainsi peut-on choisir le lien d’amitié qui nous unira à Dieu en devenant Son serviteur, Son ami, Son père, Son fils ou Son amoureuse. Quand on sera lavé de toute souillure matérielle, notre relation spécifique sera ravivée. Nous comprendrons alors que nous faisons éternellement partie intégrante de Dieu.
HAYAGRIVA: Tertio, l’âme sainte expérimente « une liberté et une exultation immenses, alors que l’individualité contraignante commence à fondre. »
SRILA PRABHUPADA: En effet. L’égoïsme matériel est mâyâ. Ceux qui sont envoûtés par mâyâ ignorent que leur véritable intérêt consiste à connaître la relation les unissant à Dieu. Notre premier devoir est d’avoir une connaissance parfaite de Dieu et du lien qui nous unit à Lui. Selon la tradition védique, qu’on adopte le hatha-yoga, le jñâna-yoga ou le bhakti-yoga, le but demeure la réalisation spirituelle. L’être humain accompli sait que Dieu pourvoit à tous ses besoins et qu’il n’a pas à s’efforcer d’améliorer sa situation financière. Le saint homme, ou sâdhou, se soucie davantage d’améliorer sa situation spirituelle.
HAYAGRIVA: Enfin, James parle du saint homme qui vit « un déplacement du centre émotionnel vers des affections harmonieuses, vers le ‘‘oui’’ et loin du ‘‘non’’ en ce qui concerne les revendications du non-ego ».
SRILA PRABHUPADA: Oui. Dieu nous demande toujours de Lui obéir, et dès que nous acceptons, dès que nous sommes d’accord, nous sommes libérés. Le Srimad-Bhâgavatam (6.17.28) décrit la libération comme l’abandon de tout ce qui n’est pas la dévotion.
nârâyana-parâh sarve na kutascana bibhyati
svargâpavarga-narakesv api tulyârtha-darsinah
« Les dévots absorbés corps et âme dans le service de dévotion offert à Dieu, la Personne Suprême – Nârâyan – ne redoutent jamais aucune condition d’existence. Pour eux, les planètes édéniques, la libération et les planètes infernales ont toutes même valeur, car ces bhaktas ne s’intéressent qu’au service du Seigneur. » La vie a été conçue pour le service de dévotion offert au Seigneur. Dès que nous comprenons cette vérité et que nous nous engageons dans ce service, nous atteignons la libération, ou moukti.
HAYAGRIVA: James croit que l’existence de nombreuses religions dans le monde n’est pas regrettable, car différents types d’humains requièrent différents types de religion. « Certains s’en trouveront vraiment mieux avec une religion de consolation et de réconfort, tandis que d’autres préféreront une religion de terreur et de reproches… », écrit-il.
SRILA PRABHUPADA: J’ai déjà dit que la religion consiste à voir Dieu comme le Père Suprême, la Nature matérielle comme la mère, et tous les êtres vivants comme des fils de Dieu. Le père est le soutien de tous ses fils, qui ont le droit de s’en remettre à lui pour tous leurs besoins. Tous devraient être satisfaits de leur condition, attribuée par Dieu. Personne ne doit empiéter sur le droit des autres – y compris les animaux – de vivre paisiblement. Selon Bhaktivinoda Thâkour, une vie de bonheur est celle qu’on vit au sein de la famille de Krishna, sans en violer les règles et principes. Dans une famille, les enfants peuvent vivre très heureux en obéissant au père. Il peut donc exister différents types de religion, mais il s’agit d’être conscient de cette relation fondamentale qui unit le Seigneur à Sa Création.
HAYAGRIVA: Comme James ne connaît de l’hindouisme que l’école Védânta impersonnaliste, il parle de samâdhi dans ses écrits au lieu du service de dévotion. « Quand un homme sort du samâdhi, il demeure éclairé, un sage, un saint, un prophète, son caractère et sa vie étant transformés, illuminés. »
SRILA PRABHUPADA: Samâdhi est synonyme d’extase, état de la personne qui s’absorbe dans la conscience de Dieu. Dans la Bhagavad-Gîta (6:47), Krishna décrit le yogi qu’absorbe le samâdhi :
yoginâm api sarvesâm mad-gatenântarâtmanâ
sraddhâvân bhajate yo mâm sa me yuktatamo matah
« Et de tous les yogis, celui qui, avec une foi totale, demeure toujours en Moi et médite sur Moi en Me servant avec amour, celui-là est le plus grand et M’est le plus intimement lié. » Dans l’état de samâdhi, le mental s’absorbe toujours en Dieu. Persévérer dans la conscience de Krishna, c’est être en samâdhi.
HAYAGRIVA: James décrit le samâdhi comme l’union où l’individu perd conctact avec le monde extérieur.
SRILA PRABHUPADA: En effet.
HAYAGRIVA: Il en conclut donc : « De tels états mystiques ne peuvent être maintenus longtemps. Sauf en de rares occasions, une demi-heure – ou une heure ou deux tout au plus – semble être la limite au-delà de laquelle ils se fondent dans la lumière du jour. Souvent alors, le souvenir de leur qualité ne peut qu’être imparfaitement reproduit. Mais on la reconnaît lorsqu’ils surviennent à nouveau; et d’une récurrence à l’autre, elle s’avère susceptible de développement continu dans ce qu’on ressent comme une richesse et une importance intérieures. »
SRILA PRABHUPADA: Oui, cette richesse devient parfaite lorsqu’on pense constamment à Krishna. Ce que recommande le sixième chapitre de la Bhagavad-Gîta cité plus haut. Par conséquent, dans notre Mouvement pour la Conscience de Krishna, nous nous absorbons dans la pensée de Krishna vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Lorsqu’on ne dévie pas du principe du yoga, on expérimente le samâdhi.
HAYAGRIVA: James dit avoir lui-même vécu momentanément un tel état sous l’influence de l’éther. Aujourd’hui, certains prétendent provoquer des états mystiques en ayant recours aux hallucinogènes.
SRILA PRABHUPADA: Il s’agit là de moyens artificiels qui ne peuvent maintenir de tels états. Mieux vaut s’engager dans le procédé authentique de la dévotion – sravanam kîrtanam visnoh smaranam pâda-sevanam (S.B. 7.5.23) : toujours écouter les gloires de Krishna, parler de Lui, se souvenir de Lui, Le servir dans le temple, distribuer les livres qui Le glorifient, etc. Il existe plusieurs variétés de service permettant de nous absorber pleinement dans la conscience de Krishna.
HAYAGRIVA: Après avoir analysé différentes expériences religieuses, James aboutit à cinq conclusions fondamentales. Primo : « Le monde visible fait partie d’un Univers plus spirituel dont il tire son importance essentielle. »
SRILA PRABHUPADA: L’Univers matériel flotte effectivement dans la radiance spirituelle du Seigneur, de la même façon que toutes les planètes flottent sur les rayons du Soleil. Tout repose sur la radiance du Seigneur. Mais lorsqu’on oublie Dieu, on emploie alors l’expression « Univers matériel ». En réalité, celui-ci fait partie du monde spirituel; mais l’oubli de Dieu est matériel. Quand nous ravivons notre conscience latente de Dieu, l’Univers matériel cesse d’exister. Car pour l’âme vraiment évoluée dans la conscience divine, rien n’est plus matériel : tout est spirituel.
HAYAGRIVA: Vous anticipez sur la seconde conclusion de James : « L’union harmonieuse avec cet Univers supérieur –tel est notre véritable but. »
SRILA PRABHUPADA: C’est vrai. Rien n’est matériel quand on n’oublie plus la relation éternelle qui nous unit à Dieu.
HAYAGRIVA: Tertio, la prière ou communion avec Dieu est « un procédé où un travail s’accomplit vraiment et l’énergie spirituelle entre à flots et produit ses effets, matériels ou psychologiques, en ce monde phénoménal. » Quarto, la religion produit « un nouvel appétit de vivre qui vient s’ajouter tel un don. »
SRILA PRABHUPADA: Oui, la réalisation empreinte de respect et de vénération de la Création caractérise la relation dite shânta-rasa. De là, nous pouvons progresser vers le dâsya-rasa – qui revient à servir Dieu – et enfin jusqu’au mâdhourya-rasa, où l’on voit en Dieu l’ultime objet de notre amour. Le dévot peut choisir la relation qui lui convient; le résultat sera le même. Cependant, grâce à une étude comparée, des sâdhous ont conclu que le mâdhourya-rasa, ou la relation amoureuse avec Dieu, est la plus haute.
HAYAGRIVA: Finalement, la religion produit « une garantie de sécurité et un tempérament paisible, ainsi que relativement à autrui, une prépondérance de relations affectueuses. »
SRILA PRABHUPADA: Voilà qui est très bien dit. Le dévot est toujours serein, confiant que du fait qu’il sert sincèrement Krishna, Celui-ci le sauvera de tout péril. Prahlâd Mahârâj était toujours serein, même si son père diabolique – Hiranyakashipou – cherchait à le tuer de diverses façons. Dieu protège toujours Son dévot; aucune condition matérielle ne saurait donc troubler le pur dévot. Il croit fermement en Dieu : c’est ce qu’on qualifie d’abandon. L’abandon total à Dieu signifie qu’on accepte tout ce qui s’avère favorable à la conscience divine, tout en rejetant tout ce qui lui serait défavorable. Quand nous rejoignons la famille de Dieu, nous sommes pleinement confiants et en sécurité sous la protection divine.
HAYAGRIVA: James conclut que « en nous ouvrant à l’influence de Dieu, notre destin le plus profond s’accomplit. »
SRILA PRABHUPADA: Voilà ce que nous souhaitons. Dieu demande qu’on s’abandonne entièrement à Lui. C’est ainsi qu’on rend sa vie parfaite.