SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 3 CHAPITRE 16 Jaya et Vijaya, les deux
gardiens de Vaikuntha, maudits par les sages.
brahmovaca
iti tad grnatam tesam muninam yoga-dharminam pratinandya jagadedam vikuntha-nilayo vibhuh
Après avoir complimenté les sages pour leurs agréables paroles, le Seigneur Souverain, dont la demeure se trouve dans le monde spirituel [le royaume de Dieu], prit la parole.
sri-bhagavan uvaca
etau tau parsadau mahyam jayo vijaya eva ca kadarthi-krtya mam yad vo bahv akratam atikramam
Parce qu'ils n'ont pas tenu compte de Ma Personne, Mes deux serviteurs, Jaya et Vijaya, ont commis une grave offense à votre égard.
Il est très grave de commettre une offense aux pieds d'un dévot du Seigneur. Même parvenu à Vaikuntha, un être a toujours la possibilité de commettre des offenses, mais avec la différence que, sur les planètes Vaikunthas, même s'il lui arrive de commettre une offense, il bénéficie de la protection du Seigneur. Voilà un trait caractéristique des rapports unissant le Seigneur et Ses serviteurs, illustré par cet incident concernant Jaya et Vijaya. Il faut en outre retenir ici le mot atikramam qui indique qu'en offensant un bhakta, on manque d'égard au Seigneur Lui-même. Par erreur, les portiers avaient empêché les sages d'entrer à Vaikunthaloka, mais parce qu'ils étaient absorbés dans le service absolu de Dieu, les grands dévots du Seigneur ne s'attendaient pas à ce qu'ils soient anéantis. La présence du Seigneur sur les lieux remplissait de joie le coeur de Ses dévots. Le Seigneur comprit que le problème était dû au fait que les sages n'avaient pu contempler Ses pieds pareils-au-lotus; aussi voulut-Il les combler en Se rendant personnellement là où ils se trouvaient. Telle est Sa miséricorde que même si quelque obstacle se dresse devant Son dévot, Il fait Lui-même en sorte que celui-ci ne soit pas privé de la vision de Ses pieds pareils-au-lotus. Un épisode de la vie d'Haridasa Thakura illustre bien cette vérité. Lorsque Sri Caitanya Mahaprabhu résidait à Jagannatha Puri, Haridasa Thakura, qui était de naissance musulmane, y vivait également. Dans les temples hindous, et particulièrement à cette époque, nul ne pouvait entrer s'il n'était lui-même hindou. Or, bien qu'Haridasa Thakura fût le plus fidèle de tous les hindous de par son comportement, il se considérait musulman et ne cherchait pas à entrer dans le temple. Sri Caitanya appréciait son humilité, et puisque Son dévot ne venait pas au temple, Il avait pris l'habitude, Lui qui n'était en rien diffèrent de Jagannatha, de lui rendre visite chaque jour et de s'asseoir auprès de lui. Or, voici que dans le Srimad-Bhagavatam nous voyons le Seigneur adopter la même attitude: on voulait empêcher Ses dévots de contempler Ses pieds pareils-au-lotus, et Lui-même entreprit de venir à eux, sur ces mêmes pieds pareils-au-lotus qui faisaient l'objet de leurs aspirations. Le fait qu'Il était accompagné de la déesse de la fortune est également révélateur. En effet, aucun être ordinaire ne peut voir la déesse de la fortune, mais dans Son infinie bonté le Seigneur apparut avec elle à Ses côtés pour le plaisir de Ses dévots, qui pourtant n'aspiraient pas à un tel honneur.
yas tv etayor dhrto dando
bhavadbhir mam anuvrataih sa evanumato smabhir munayo deva-helanat
tad vah prasadayamy adya
brahma daivam param hi me tad dhity atma-krtam manye yat sva-pumbhir asat-krtah
Le Seigneur Se montre toujours favorable aux brahmanas et aux vaches, d'où les mots: go-brahmana-hitaya ca. Sri Krsna, ou Sri Visnu, le Seigneur Suprême, est également la divinité à qui les brahmanas vouent leur adoration. Les Ecritures védiques, et plus particulièrement les rg-mantras du Rg-veda, enseignent que les véritables brahmanas servent constamment les pieds pareils-au-lotus de Visnu: om tad visoh paramam padam sada pasyanti surayah. Les brahmanas qualifiés n'adorent que Dieu, la Personne Suprême, dans Sa Forme de Visnu, c'est-à-dire en tant que Krsna, Rama et toutes les émanations de Visnu. Un soi-disant brahmana né d'une famille de brahmana ne peut être reconnu comme tel s'il agit contre les vaisnavas, car brahmana et vaisnava sont des termes synonymes. Ainsi, celui qui devient un dévot du Seigneur est par le fait même un brahmana. Le critère fondamental est le suivant: brahma janatiti brahmanah -on nomme brahmana celui qui connaît le Brahman, et vaisnava celui qui connaît la Personne Suprême. Or, la réalisation du Brahman représente le début de la réalisation de la Personne Suprême. Par conséquent, celui qui connaît la Personne Souveraine, connaît par là même l'aspect impersonnel de l'Absolu, soit le Brahman. Bref, quiconque devient un vaisnava est déjà un brahmana. Il faut par ailleurs noter que la glorification du brahmana, telle que dépeinte par le Seigneur Lui-même dans ce chapitre, s'adresse au dévot brahmana ou au vaisnava. Il ne faudrait jamais penser que ces louanges s'adressent aux brahmanas issus d'une famille de brahmanas, mais dénués de toute qualité brahmanique.
yan-namani ca grhnati
loko bhrtye krtagasi so sadhu-vadas tat-kirtim hanti tvacam ivamayah
Ceci veut dire qu'un vaisnava doit être parfaitement qualifié. Ainsi que l'enseigne le Srimad-Bhagavatam, quiconque devient un vaisnava acquiert toutes les qualités des devas. A ce propos, le Caitanya-caritamrta fait mention de vingt-six qualités, et un bhakta doit toujours s'assurer que ces qualités vaisnavas se développent en lui au fur et à mesure de son progrès dans la Conscience de Krsna. Le bhakta doit être au-dessus de tout reproche, car la moindre offence dont il se rend coupable est telle une blessure infligée au Seigneur Suprême. Il est de son devoir de toujours rester attentif dans ses rapports avec autrui, et particulièrement avec d'autres dévots du Seigneur.
Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare |