SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 3
CHAPITRE 3

Les Divertissements du
Seigneur hors de
Vrndavana.

VERSET 11

sambaram dvividam banam
muram balvalam eva ca
anyams ca dantavakradin
avadhit kams ca ghatayat

TRADUCTION

Le Seigneur tua Lui-même certains rois, comme Sambara, Dvivida, Bana, Mura, Balvala, et nombre d'autres asuras, tel Dantavakra; et par l'intermédiaire de certains proches, comme Sri Baladeva, Il fit périr les autres.

VERSET 12

atha te bhratr-putranam
paksayoh patitan nrpan
cacala bhuh kuruksetram
yesam apatatam balaih

TRADUCTION

Ensuite, ô Vidura, sur le champ de bataille de Kuruksetra, le Seigneur causa la mort de tous les rois, aussi bien des ennemis que de ceux qui combattaient aux côtés de tes neveux. La puissance et la valeur de ces rois étaient telles qu'en parcourant le champ de bataille, ils semblaient faire frémir la Terre.

VERSET 13

sa karna-duhsasana-saubalanam
kumantra-pakena hata-sriyayusam
suyodhanam sanucaram sayanam
bhagnorum urvyam na nananda pasyan

TRADUCTION

Duryodhana perdit sa fortune et vit s'abréger ses jours en suivant les mauvais conseils de Karna, Duhsasana et Saubala. Le Seigneur n'éprouva guère de joie en le voyant, les cuisses rompues, gisant à terre avec ses partisans, lui pourtant si puissant.

TENEUR ET PORTEE

La chute de Duryodhana, le premier parmi les fils de Dhrtarastra, ne fit guère plaisir au Seigneur, bien qu'Il Se trouvât dans le camp d'Arjuna et qu'Il ait Lui-même conseillé à Bhima de briser les cuisses de Duryodhana pendant le combat. Contraint de punir ceux qui agissent mal, le Seigneur n'en éprouve aucune joie, car tous les êtres distincts sont, à l'origine, d'infimes parties de Sa Personne. Il ne S'en montre pas moins comme la foudre avec les pécheurs et plus doux que la rose avec ceux qui Lui sont fidèles. Ceux qui agissent mal, égarés par de mauvaises fréquentations et par des conseils s'opposant à l'ordre établi par le Seigneur, deviennent ainsi passibles de punition. La voie la plus sûre vers le bonheur consiste à vivre selon les principes énoncés par le Seigneur et à ne jamais désobéir à Ses lois, lesquelles sont définies dans les Vedas et les Puranas à l'intention de toutes les âmes oublieuses.

VERSET 14

kiyan bhuvo yam ksapitoru-bharo
yad drona-bhismarjuna-bhima-mulaih
astadasaksauhiniko mad-amsair
aste balam durvisaham yadunam

TRADUCTION

Après, la Bataille de Kuruksetra, le Seigneur dit:
L'immense fardeau de la Terre [dix-huit aksauhinis](1) a maintenant été supprimé avec l'aide de Drona, de Bhisma, d'Arjuna et de Bhima. Mais qu'est-ce à dire? Il existe encore une puissance formidable, celle de la dynastie Yadu, née de Ma propre Personne, et qui risque de devenir un fardeau plus grand encore.

(1) Une aksauhini se compose de 21 870 chars, 21 870 éléphants, 109 350 soldats d'infanterie et 65 610 cavaliers.

TENEUR ET PORTEE

La théorie selon laquelle l'accroissement de la population mondiale pèserait sur la terre et serait à l'origine de guerres et d'autres phénomènes destructeurs est tout à fait fausse. Jamais la terre ne sent le poids d'un tel fardeau. Les très lourdes montagnes et les vastes océans contiennent plus d'êtres vivants qu'il n'y a d'êtres humains à la surface de la terre, et ils ne s'en trouvent nullement accablés. Si on effectuait un recensement complet de tous les êtres vivants sur la terre, on ne manquerait pas de s'apercevoir que le nombre d'humains ne dépasse pas cinq pour cent de l'ensemble des êtres vivants. Et si le taux de natalité augmente chez l'homme, c'est qu'il augmente dans les mêmes proportions chez les autres espèces vivantes. D'ailleurs, ce taux est déjà beaucoup plus élevé chez les espèces animales -les mammifères, les êtres aquatiques, la gent ailée, etc.-que chez l'homme. Mais selon l'ordre établi par le Seigneur Suprême, il existe un arrangement approprié permettant à tous les êtres de la terre de trouver leur nourriture, et Lui-même peut faire en sorte, dans le cas d'une augmentation démesurée du nombre d'êtres à la surface du globe, que chacun y trouve toujours une nourriture suffisante. Il ne sera donc jamais question de surpopulation. La terre s'alourdit seulement par l'effet du dharma-glani, soit le fait de s'écarter de la voie tracée par le Seigneur. Celui-ci apparaît sur terre afin de couper court à l'accroissement du nombre des mécréants, mais non pour réduire l'augmentation de la population générale comme l'estiment bien à tort les économistes à l'esprit matérialiste. De fait, lorsque Sri Krsna vint sur terre, le nombre des mécréants agissant contre la volonté du Seigneur s'était considérablement accru. Or, la création matérielle est précisément destinée à satisfaire le désir divin, et le Seigneur ne désire rien d'autre que de permettre aux âmes conditionnées -et donc inaptes à entrer dans le royaume de Dieu- de se purifier de manière à pouvoir accéder au monde spirituel. L'ensemble du phénomène cosmique n'a qu'une seule raison d'être: donner une chance aux âmes conditionnées d'entrer dans le royaume de Dieu, et à cette fin, la nature du Seigneur pourvoit de façon parfaite aux besoins de tous.

Par suite, même si la terre connaît un accroissement considérable de sa population, il suffit que ses habitants adhèrent consciencieusement à la voie tracée par Dieu -qu'ils n'agissent pas de façon impie-, pour que ce fardeau devienne une source de plaisir pour elle. Car il existe deux sortes de fardeaux: le fardeau de la bête de somme et le fardeau de l'amour. Autant le premier est insupportable, autant le second est source de joie. Sri Visvanatha Cakravarti décrit le fardeau de l'amour avec des exemples très pratiques. Il dit que le fardeau que représente l'homme pour sa jeune épouse, l'enfant pour sa mère ou la richesse pour l'homme d'affaires, leur est en réalité source de plaisir, même si ce fardeau pèse lourdement sur eux; et en l'absence d'un tel poids, ils ne manqueraient pas de ressentir le fardeau de la séparation, lequel s'avère encore plus lourd que le premier. Lorsque Krsna parla du fardeau que représentait la dynastie Yadu, Il ne pensait pas au fardeau de la bête de somme. Le nombre considérable des membres de la famille de Sri Krsna, issus de Sa Personne, s'élevait à plusieurs millions d'individus et entraînait certainement un accroissement considérable de la population de la terre; mais parce que tous procédaient du Seigneur en personne, à travers Ses émanations plénières, ils représentaient une source de plaisir immense pour la planète. Ainsi, lorsque le Seigneur parla d'eux comme d'un fardeau, Il songeait à leur disparition imminente. En effet, tous les membres de Sa famille étaient des incarnations de différents devas, lesquels se devaient tous de quitter la planète en même temps que le Seigneur. Il faut donc comprendre, dans ces paroles de Krsna concernant le poids insupportable que représentait la dynastie Yadu pour la Terre, qu'Il faisait allusion au fardeau de la séparation. Cette conclusion est également partagée par Srila Jiva Gosvami.

VERSET 15

mitho yadaisam bhavita vivado
madhv-amadatamra-vilocananam
naisam vadhopaya iyan ato nyo
mayy udyate ntardadhate svayam sma

TRADUCTION

Ils se querelleront entre eux sous le coup de l'ivresse, les yeux couleur de cuivre pour avoir bu [une boisson appelée madhu]; alors seulement quitteront-ils ce monde; sinon, rien ne saurait provoquer leur perte. Cet incident surviendra après Ma disparition.

TENEUR ET PORTEE

Selon Sa volonté, le Seigneur apparaît et disparaît avec Ses compagnons. Jamais ils ne sont soumis aux lois de la nature matérielle. Nul ne pouvait donc anéantir les membres de la famille de Krsna, non plus qu'ils ne pouvaient mourir de mort naturelle. Par suite, le seul moyen de les faire disparaître consistait à simuler entre eux un combat, comme s'ils se disputaient pour avoir trop bu. Ce combat simulé surviendrait également par la volonté du Seigneur, car aucune cause extérieure n'aurait pu l'entraîner. De même qu'Arjuna avait été plongé dans l'illusion, sous le coup de l'affection familiale, pour que puisse être énoncée la Bhagavad-gita, la dynastie Yadu s'enivrerait et se querellerait par la seule volonté du Seigneur, et pour aucune autre raison. Les dévots et les compagnons du Seigneur Lui sont entièrement soumis; ainsi représentent-ils des instruments sublimes entre Ses mains, qu'Il peut utiliser comme Il l'entend. Les purs bhaktas trouvent d'ailleurs eux-mêmes grand plaisir à ces Divertissements du Seigneur, car tous désirent Le voir heureux. Jamais les bhaktas ne cherchent à affirmer leur individualité dans l'indépendance; au contraire, ils utilisent leur individualité pour satisfaire les désirs du Seigneur, et cette coopération entre les bhaktas et le Seigneur fait la perfection des Divertissements de Krsna.


Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare
Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare