SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 3
CHAPITRE 3

Les Divertissements du
Seigneur hors de
Vrndavana.

VERSET 16

evam sancintya bhagavan
sva-rajye sthapya dharmajam
nandayam asa suhrdah
sadhunam vartma darsayan

TRADUCTION

Ces pensées à l'esprit, Sri Krsna plaça sur la tête de Maharaja Yudhisthira la couronne du monde, afin de montrer à tous les hommes l'exemple d'un règne parfait, sous le signe de la piété.

VERSET 17

uttarayam dhrtah puror
vamsah sadhv-abhimanyuna
sa vai drauny-astra-samplustah
punar bhagavata dhrtah

TRADUCTION

L'embryon du descendant de Puru, conçu par le valeureux héros Abhimanyu dans le sein d'Uttara, son épouse, fut brûlé par l'arme du fils de Drona, mais il fut ensuite ramené à la vie et protégé par le Seigneur.

TENEUR ET PORTEE

Le corps embryonnaire de Pariksit, en formation dans le sein d'Uttara après son union avec Abhimanyu, le grand héros, avait été brûlé par le brahmastra d'Asvatthama; mais un second corps lui fut donné par le Seigneur dans le ventre de sa mère, et c'est ainsi que le descendant de Puru fut sauvé. Cet incident apporte une preuve directe de la différence qui existe entre le corps et l'étincelle spirituelle qui l'anime, ou l'être à proprement parler. Lorsque l'âme se trouve introduite dans la matrice d'une femme à travers la semence d'un homme, il s'ensuit une réaction entre les sécrétions masculines et féminines; et c'est ainsi que se forme le corps, d'abord de la dimension d'un pois, jusqu'à ce qu'il soit parfaitement développé. Cependant, si au cours de sa croissance l'embryon est détruit d'une manière ou d'une autre, l'âme doit trouver refuge dans un autre corps, ou dans le sein d'une autre femme. Celui qui avait été choisi pour être le descendant de Maharaja Puru, ou des Pandavas, n'était pas un être ordinaire, et par la volonté supérieure du Seigneur il devait succéder à Maharaja Yudhisthira. C'est pourquoi, lorsque Asvatthama détruisit l'embryon de Maharaja Pariksit, le Seigneur, par Sa propre puissance interne, pénétra dans la matrice d'Uttara sous la forme d'une émanation plénière de Sa Personne afin de Se manifester devant celui qui était appelé à devenir Maharaja Pariksit et qui se trouvait alors en grand péril. En apparaissant ainsi dans le sein de sa mère, le Seigneur encouragea l'enfant et, par Sa toute-puissance, lui accorda protection en lui donnant un nouveau corps. En outre, par Son pouvoir d'omniprésence, Il Se trouvait à la fois à l'intérieur et l'extérieur d'Uttara et des autres membres de la famille Pandava.

VERSET 18

ayajayad dharma-sutam
asvamedhais tribhir vibhuh
so pi ksmam anujai raksan
reme krsnam anuvratah

TRADUCTION

Le Seigneur Suprême incita le fils de Dharma à accomplir trois sacrifices-du-cheval. Maharaja Yudhisthira, qui toujours s'en remettait à Krsna, la Personne Souveraine, protégea la Terre et y vécut heureux avec ses frères cadets.

TENEUR ET PORTEE

Maharaja Yudhisthira représentait le parfait modèle du monarque sur terre, car il suivait en tout le Seigneur Suprême, Sri Krsna. Comme l'enseignent les Vedas (l'Isopanisad), le Seigneur est le maître de l'entière création cosmique manifestée, laquelle offre la possibilité aux âmes conditionnées de raviver leur relation éternelle avec Lui pour ensuite retourner dans Son royaume, en leur demeure originelle. L'ensemble de l'univers matériel a été conçu dans cette optique. Quiconque s'écarte de la voie ainsi tracée est puni selon les lois de la nature, lesquelles agissent sous la direction du Seigneur Suprême. Maharaja Yudhisthira fut donc installé sur le trône de la Terre en tant que représentant du Seigneur. D'ailleurs, le roi doit toujours représenter le Seigneur. Pour que la monarchie soit parfaite, elle doit représenter la volonté suprême du Seigneur, et selon ce critère ultime, Maharaja Yudhisthira incarnait le monarque idéal. Ensemble, le roi et ses sujets se trouvaient heureux dans l'accomplissement de leur devoir en ce monde; ainsi, pendant le règne de Maharaja Yudhisthira et de ses dignes descendants, tel Maharaja Pariksit, les citoyens étaient protégés et jouissaient des plaisirs d'une vie naturelle, avec l'entière coopération de la nature matérielle.

VERSET 19

bhagavan api visvatma
loka-veda-pathanugah
kaman siseve dvarvatyam
asaktah sankhyam asthitah

TRADUCTION

Pendant ce temps, le Seigneur Souverain savoura les plaisirs que Lui offrait la ville de Dvaraka, en stricte conformité avec les principes de la tradition védique. Il S'établit dans le savoir et le détachement, comme le préconise la philosophie du sankhya.

TENEUR ET PORTEE

A l'époque où Maharaja Yudhisthira était empereur de la terre, Sri Krsna régnait à Dvaraka, et on Le connaissait alors sous le nom de Dvarakadhisa. Comme tous les autres rois subordonnés à l'empereur, Il gouvernait sous le régime de Maharaja Yudhisthira. Au cours de Son séjour sur terre, bien qu'Il fût l'empereur suprême, le roi de la création tout entière, Sri Krsna n'enfreignit jamais les principes védiques, car ceux-ci doivent régir la vie des hommes. Une vie humaine réglée selon ces principes, lesquels s'appuient sur la philosophie du sankhya, représente la véritable façon de jouir de l'existence. Sans ce savoir, ce détachement et ces usages, la prétendue civilisation humaine devient une société animale où l'on ne cherche qu'à manger, boire, s'amuser et profiter des plaisirs de ce monde. Le Seigneur pouvait agir en toute liberté, selon Son bon vouloir, et pourtant, Il choisit d'enseigner aux hommes, en montrant l'exemple, à ne pas mener une existence qui s'oppose aux principes du savoir et du détachement. C'est en cultivant le savoir et le détachement comme l'explique avec force détails la philosophie du sankhya que l'on parvient à la véritable perfection de l'existence. Le savoir consiste à prendre conscience que la mission de l'homme est de mettre fin aux souffrances de l'existence matérielle, et que malgré la nécessité de subvenir aux besoins du corps d'une manière réglée, il est impératif de se détacher de ces activités animales. Satisfaire uniquement aux besoins du corps est synonyme de vie animale, alors que satisfaire aux exigences de l'âme constitue la vraie mission de l'homme.

VERSET 20

snigdha-smitavalokena
vaca piyusa-kalpaya
caritrenanavadyena
sri-niketena catmana

TRADUCTION

C'est ainsi qu'Il vécut dans Son Corps spirituel et absolu, sanctuaire de la déesse de la fortune, avec Son doux et souriant visage, Ses paroles qui coulaient tel du nectar et Sa personnalité irréprochable.

TENEUR ET PORTEE

Les versets précédents nous montraient Sri Krsna établi dans la connaissance de la philosophie du sankhya et dénué de tout attachement matériel. Et le présent verset Le décrit comme la résidence de la déesse de la fortune. Or, ces deux assertions n'ont rien de contradictoire. Krsna est certes détaché des formes variées de la nature inférieure, mais Il jouit éternellement, et dans la plus grande félicité, de la nature spirituelle, Sa puissance interne. Malheureusement, les hommes qui n'ont qu'un pauvre savoir ne peuvent saisir la distinction qui existe entre les énergies externe et interne. La Bhagavad-gita désigne la puissance interne par les mots para-prakrti, et dans le Visnu Purana, cette même énergie de Visnu est appelée para-sakti. Or, jamais le Seigneur n'est séparé de cette para-sakti. La Brahma-samhita (5.37) la décrit avec toutes ses manifestations comme ananda-cinmaya-rasa-pratibhavitabhih. Le Seigneur connaît et goûte éternellement la saveur de cette félicité spirituelle. Car la négation des aspects variés de l'énergie inférieure n'implique nullement celle de la félicité spirituelle positive du monde spirituel. Par suite, la douceur du Seigneur, Son sourire, Sa personnalité et tout ce qui se rapporte à Lui sont spirituels et absolus. Ces manifestations de la puissance interne forment la réalité; le reflet matériel de cette réalité n'est qu'une représentation éphémère dont chacun doit se détacher, armé du juste savoir.


Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare
Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare