SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 4 CHAPITRE 11 Svayambhuva Manu
apaise Dhruva Maharaja.
tan hanyamanan abhiviksya guhyakan
anagasas citra-rathena bhurisah auttanapadim krpaya pitamaho manur jagadopagatah saharsibhih
Dhruva Maharaja avait attaqué Alakapuri, la ville des Yaksas, pour la seule raison que l'un d'entre eux avait tué son frère, Uttama. Somme toute, parmi tous les habitants de la ville, un seul était coupable; mais, lorsque son frère fut tué par les Yaksas, Dhruva Maharaja prit naturellement une très grave résolution. La guerre fut déclarée, et maintenant le combat faisait rage. Pareilles circonstances se produisent parfois de nos jours également —il arrive qu'un pays entier se fasse attaquer pour une faute commise par un seul homme. Toutefois, ce genre d'attaque en masse ne reçoit pas l'approbation de Manu, le père et législateur de l'espèce humaine. Voilà pourquoi il désirait empêcher son petit-fils, Dhruva, de continuer à exterminer les Yaksas qui n'étaient pas coupables.
manur uvaca
alam vatsatirosena tamo-dvarena papmana yena punya-janan etan avadhis tvam anagasah
Ar t'en prie, mon cher fils, arrête. Il n'est pas bon de se laisser emporter sans raison par la colère —cette voie conduit à une existence infernale. Tu outrepasses tes droits en tuant des Yaksas qui, à vrai dire, ne sont pas fautifs.
Le mot atirosena, mentionné dans ce verset, signifie "avec une colère injustifiée". Lorsque Svayambhuva Manu vit que Dhruva Maharaja, son petit-fils, dépassait les limites d'une colère justifiée, il intervint aussitôt pour éviter qu'il ne commette d'autres actes pécheurs. Ceci nous permet de comprendre que ce n'est pas le fait de tuer qui est mauvais en soi, mais celui de faire périr un innocent ou d'avoir inutilement recours à la violence. Des actes de cette nature pavent la voie de l'enfer. Etant donné que Dhruva Maharaja était un grand dévot du Seigneur, il lui fut épargné de commettre un acte aussi répréhensible. Un ksatriya n'a le droit de tuer un individu que lorsqu'il s'agit de faire respecter la loi et de préserver l'ordre public; il ne lui est pas permis de tuer ou de commettre des actes de violence sans raison valable. La violence est sans aucun doute un sentier menant à une existence infernale, mais elle s'avère également nécessaire pour faire respecter la loi et maintenir l'ordre public. Nous voyons ici que Manu empêcha Dhruva Maharaja d'exterminer complètement les Yaksas, en faisant valoir qu'il ne devait châtier que le seul coupable du meurtre d'Uttama, son frère; il n'était pas normal que tous les citoyens Yaksas aient à payer pour ce crime. Nous voyons pourtant aujourd'hui, au cours des conflits armés, que des attaques sont menées contre des citoyens innocents. Selon la loi de Manu, cette façon de faire la guerre est des plus coupables. De plus, les nations civilisées d'aujourd'hui entretiennent sans raison de nombreux abattoirs où l'on extermine des bêtes innocentes. On peut donc comprendre que le massacre des civils en temps de guerre correspond aux conséquences de leurs propres actes pécheurs. Telle est la loi de la nature.
nasmat-kulocitam tata
karmaitat sad-vigarhitam vadho yad upadevanam arabdhas te krtainasam
nanv ekasyaparadhena
prasangad bahavo hatah bhratur vadhabhitaptena tvayanga bhratr-vatsala
nayam margo hi sadhunam
hrsikesanuvartinam yad atmanam parag grhya pasuvad bhuta-vaisasam
L'expession sadhunam hrsikesanuvartinam est lourde de sens. Le mot sadhu signifie "un être saint". Mais qu'entend-on par là? L'être saint est celui qui s'emploie à servir le Seigneur Suprême, Hrsikesa. Le Narara-pancaratra enseigne, hrsikena hrsikesa-sevanam bhaktir ucyate: la bhakti, ou le service de dévotion, est la voie qui consiste à utiliser ses sens pour offrir à Dieu un Service qui Lui est agréable. Aussi, pourquoi celui qui oeuvre déjà au service du Seigneur chercherait-il à satisfaire ses propres sens? Manu explique ici à Dhruva Maharaja qu'en tant que pur dévot du Seigneur, il ne devrait pas agir comme les animaux, selon une conception de l'existence fondée sur le corps. Les animaux considèrent le corps d'un autre animal comme une nourriture appropriée, et c'est ainsi qu'une espèce s'en prend à une autre. Mais un être humain, surtout lorsqu'il s'agit d'un dévot du Seigneur, ne saurait agir de la sorte. Un sadhu, une personne sainte, n'est pas censé faire périr un animal sans raison.
Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare |