SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 4 CHAPITRE 11 Svayambhuva Manu
apaise Dhruva Maharaja.
sarva-bhutatma-bhavena
bhutavasam harim bhavan aradhyapa duraradhyam visnos tat paramam padam
Les corps matériels de tous les êtres vivants ne peuvent exister à moins d'être soutenus par l'âme spirituelle et par l'Ame Suprême. Quant à l'âme spirituelle, elle est sous la dépendance de l'Ame Suprême, laquelle est présente même au sein de l'atome. Ainsi, puisque toute chose, matérielle ou spirituelle, se trouve complètement sous la dépendance du Seigneur Suprême, on Le désigne ici sous le nom de Bhutavasa. Lorsque Manu, son grand-père, lui avait demandé de cesser le combat, Dhruva Maharaja aurait pu lui objecter qu'il était de son devoir de ksatriya de combattre l'ennemi; or, Manu lui précisa qu'il n'était pas permis de tuer sans raison puisque chaque être abrite en lui le Seigneur Suprême et doit donc être considéré comme un temple du Seigneur.
sa tvam harer anudhyatas
tat-pumsam api sammatah katham tv avadyam krtavan anusiksan satam vratam
Dhruva Maharaja était un pur dévot du Seigneur, naturellement porté à tourner vers Lui ses pensées. Réciproquement, le Seigneur pense constamment à ces purs dévots qui méditent sur Lui seul, vingt-quatre heures sur vingt-quatre. De même que le Seigneur est tout ce qui existe pour Ses purs dévots, eux sont tout pour Lui. Voilà ce que Svayambhuva Manu désirait souligner lorsqu'il s'adressa à Dhruva Maharaja: "Non seulement tu es un pur dévot du Seigneur, mais tu jouis en plus de la considération de tous les purs bhaktas. Tu devrais donc toujours agir de façon exemplaire, de telle sorte que les autres puissent apprendre de toi. Il est donc surprenant que tu aies fait périr tant de Yaksas innocents."
titiksaya karunaya
maitrya cakhila-jantusu samatvena ca sarvatma bhagavan samprasidati
Il est du devoir d'un bhakta avancé ayant atteint le second niveau de la perfection en matière de dévotion d'agir conformément aux principes mentionnés dans ce verset. La vie d'un dévot du Seigneur comporte trois phases. Au niveau le plus bas, le bhakta ne se préoccupe que de la murti dans le temple, et il adore le Seigneur avec beaucoup de dévotion en observant les règles prescrites. Parvenu au deuxième niveau, le bhakta a conscience des différentes relations qui l'unissent respectivement au Seigneur, aux autres bhaktas, aux personnes innocentes et aux êtres envieux. Il arrive parfois que ces êtres envieux maltraitent des dévots du Seigneur, mais il est recommandé à ceux qui ont atteint un certain degré d'avancement spirituel de faire preuve de tolérance. Un bhakta prédicateur se doit d'accorder toute sa miséricorde aux personnes ignorantes ou innocentes qui sont susceptibles d'accéder au service de dévotion par son intermédiaire. Chaque être, de par sa position naturelle et originelle, est un serviteur éternel de Dieu; aussi le rôle du bhakta est-il d'éveiller en chaque être sa conscience de Krsna. Voilà comment il fait preuve de miséricorde. Enfin, lorsqu'un vaisnava se trouve en compagnie de bhaktas qui sont du même niveau que lui, il doit entretenir avec eux des relations amicales. D'une façon générale, il doit considérer tous les êtres vivants en tant que parcelles du Seigneur Suprême. Les êtres conditionnés sont tous "vêtus" de corps différents, mais la Bhagavad-gita enseigne que le sage érudit voit tous les êtres d'un oeil égal. Le Seigneur Suprême apprécie hautement que Son dévot se comporte de la sorte. On dit par conséquent qu'un être saint fait toujours preuve de tolérance et de miséricorde, que c'est un ami pour tous, qu'il ne se fait l'ennemi de personne et qu'il est paisible. Telles sont certaines des qualités qui sont le propre d'un dévot du Seigneur.
samprasanne bhagavati
purusah prakrtair gunaih vimukto jiva-nirmukto brahma nirvanam rcchati
Le verset précédent expliquait que l'on doit traiter tous les êtres vivants avec tolérance, miséricorde, amitié et équité. Un tel comportement satisfait grandement le Seigneur Suprême, qui affranchit aussitôt Son dévot de toutes les influences matérielles. Le Seigneur l'affirme également dans la Bhagavad-gita: "Celui qui, avec sérieux et sincérité, se consacre à Mon service, parvient aussitôt au niveau de la transcendance où il peut jouir d'une félicité spirituelle infinie." Tous les êtres en ce monde matériel mènent un dur combat pour trouver le bonheur, mais, dans leur infortune, les gens ignorent comment y parvenir. Les athées, qui ne croient pas en Dieu, ne Lui donnent certainement pas satisfaction. Ce verset enseigne clairement qu'en satisfaisant Dieu, la Personne Suprême, on accède aussitôt au niveau spirituel, où l'on peut jouir d'un bonheur infini. Se libérer de l'existence matérielle revient donc à s'affranchir de l'influence des gunas. Le mot samprasanne, mentionné dans ce verset, signifie "étant satisfait". L'être doit agir de telle sorte que ses actes donnent satisfaction au Seigneur; il ne doit pas chercher son propre plaisir. Bien entendu, lorsque le Seigneur est satisfait, Son dévot l'est aussi tout naturellement. Tel est le secret de la voie du bhakti-yoga. A l'exception de ceux qui adoptent cette voie, tous ne désirent que leur propre contentement; nul ne recherche celui du Seigneur. Les karmis, à un niveau grossier, tout comme les jnanis, mais à un niveau plus subtil, tentent de satisfaire leurs sens. Les karmis recherchent leur propre satisfaction dans le plaisir des sens, et ceux qui ont accédé à la connaissance visent le même objectif par l'intermédiaire d'activités subtiles ou de la spéculation intellectuelle, en se prenant pour Dieu. Enfin, les yogis, eux aussi, agissent dans un but intéressé puisqu'ils espèrent acquérir différentes perfections d'ordre surnaturel. Seuls les bhaktas s'efforcent de plaire à Dieu, la Personne Suprême. La voie de réalisation spirituelle choisie par les dévots du Seigneur n'a rien de commun avec celle qu'adoptent les karmis, les jnanis et les yogis. Tous autant qu'ils sont, ils ne pensent qu'à leur propre satisfaction, alors que les bhaktas ne recherchent que celle du Seigneur. La voie de la dévotion s'avère donc entièrement différente de toutes les autres; en agissant pour le plaisir du Seigneur, en utilisant ses sens dans Son service d'amour, le bhakta parvient sur-le-champ au niveau spirituel et absolu, et jouit alors d'une existence de félicité infinie.
bhutaih pancabhir arabdhair
yosit purusa eva hi tayor vyavayat sambhutir yosit-purusayor iha
Lorsque Svayambhuva Manu vit que Dhruva Maharaja comprenait la philosophie du vaisnavisme, mais qu'il était encore contrarié par la mort de son frère, il lui expliqua comment le corps matériel procède des cinq éléments de la nature matérielle. A ce sujet, la Bhagavad-gita enseigne également, prakrteh kriyamanani: toute chose est créée, maintenue et anéantie par les gunas. Bien entendu, le Seigneur Suprême Se trouve à l'arrière-plan de la manifestation matérielle, ce que confirme la Bhagavad-gita au neuvième chapitre (mayadhyaksena): "La nature matérielle agit sous Ma direction." Svayambhuva Manu voulait faire bien comprendre à Dhruva Maharaja que la mort du corps matériel de son frère n'était pas vraiment la faute des Yaksas; il s'agissait plutôt d'une action de la nature matérielle. En effet, Dieu, la Personne Suprême, possède une immense variété d'énergies, celles-ci agissant par des voies subtiles et grossières. C'est par l'intermédiaire de ces puissantes énergies que l'univers est créé, bien qu'il semble à première vue n'être qu'une combinaison des cinq éléments matériels —la terre, l'eau, le feu, l'air et l'éther. De même, les corps attribués à tous les êtres vivants —qu'il s'agisse des êtres humains, des devas ou des animaux— procèdent également de ces cinq éléments, et par union sexuelle, ils produisent de plus en plus d'êtres vivants. Tel est le principe qui régit la création, le maintien et l'annihilation. En conséquence, dans le cours de ce processus, on ne doit pas être troublé par les vagues de la nature matérielle. Indirectement, il est ici conseillé à Dhruva Maharaja de ne pas être affligé par la mort de son frère, les liens du corps étant purement matériels. Le moi véritable, l'âme spirituelle, n'est jamais anéanti ou tué par qui que ce soit.
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