SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 4 CHAPITRE 11 Svayambhuva Manu
apaise Dhruva Maharaja.
evam pravartate sargah
sthitih samyama eva ca guna-vyatikarad rajan mayaya paramatmanah
O cher roi, la création, le maintien et l'annihilation ne résultent que de l'énergie matérielle illusoire du Seigneur Suprême et de l'interaction des trois gunas.
La création se produit tout d'abord avec l'apparition des ingrédients formant les cing éléments de la nature matérielle. Puis le maintien est assuré par l'interaction des trois gunas. Lorsqu'un enfant est mis au monde, les parents se chargent aussitôt de lui. Cette tendance à veiller aux besoins de sa progéniture existe non seulement chez l'homme, mais également chez l'animal. Même les tigres prennent soin de leurs petits, bien que leur tendance naturelle soit de dévorer d'autres animaux. La création, le maintien et l'annihilation se produisent inévitablement sous l'effet de l'interaction des gunas. Toutefois, il convient également de se rappeler que tout se déroule sous la direction de Dieu, la Personne Suprême. Tel est le processus régissant toute chose. La création est due à l'action dû rajo-guna (la passion); le maintien résulte de l'action du sattva-guna (la vertu); quant à l'annihilation, elle est engendrée par le tamo-guna (l'ignorance). Nous pouvons d'ailleurs noter que les êtres établis dans la vertu vivent plus longtemps que ceux qui se trouvent sous l'influence du tamo-guna ou du rajo-guna. En d'autres termes, celui qui accède à la vertu obtient de vivre dans un système planétaire supérieur, où il jouit d'une très grande longévité. Urdhvam gacchanti sattva-stah: les grands rsis, les sages et les sannyasis qui s'établissent dans le sattva-guna, la vertu matérielle, atteignent ainsi un système planétaire supérieur. Quant à ceux qui transcendent même les gunas et s'établissent dans la pure vertu, ils obtiennent de vivre éternellement dans le monde spirituel.
nimitta-matram tatrasin
nirgunah purusarsabhah vyaktavyaktam idam visvam yatra bhramati lohavat
Ce verset explique comment l'énergie externe de Dieu, la Personne Suprême, agit en ce monde matériel. C'est par l'énergie du Seigneur que toute chose se produit. Le philosophe athée, qui refuse de voir en Dieu la cause originelle de la création, pense que le monde matériel est animé par l'interaction des différents éléments matériels. Pour donner un exemple simple, lorsqu'on mélange de la soude avec un acide, il se produit une interaction d'éléments, qui engendre une effervescence. Toutefois, ce phénomène chimique ne saurait produire la vie. Il existe huit millions quatre cent mille (8 400 000) espèces de vie différentes, ayant toutes des désirs et des activités différentes; le fonctionnement de l'énergie matérielle ne saurait donc être expliqué en se fondant simplement sur une réaction chimique. Nous pouvons citer à cet égard l'analogie très appropriée du potier et de son tour. C'est grâce à la rotation de ce dernier que peuvent être façonnées plusieurs sortes de poteries. Il existe ainsi de nombreuses causes à la production des poteries, mais le potier demeure la cause originelle, puisque c'est lui qui transmet son énergie au tour; c'est lui qui engendre et dirige cette force. Or, le même principe se retrouve dans la Bhagavad-gita: Krsna, Dieu, la Personne Suprême, Se trouve à l'origine de toutes les causes et effets d'ordre matériel. Le Seigneur enseigne que tout repose sur Son énergie, mais que Lui-même n'est pas en tout. Pour reprendre l'exemple précédent, la pièce de poterie est créée par un certain enchaînement de causes et d'effets matériels, mais le potier, lui, n'est pas présent dans son oeuvre. Dans le même ordre d'idée, la création matérielle est mise en branle par le Seigneur, mais Lui-même demeure au-delà. Comme l'enseignent les Vedas, Il Se contente de porter Son regard sur elle, et la matière s'anime aussitôt. La Bhagavad-gita enseigne également que le Seigneur féconde l'énergie matérielle avec des âmes distinctes, ou jivas, à la suite de quoi sont aussitôt manifestées les diverses formes et activités. Ce sont les différents désirs et activités relevant du karma qui expliquent l'apparition des diverses sortes de corps répartis en différentes espèces. Du fait que la théorie de Darwin ne reconnaît pas la nature spirituelle de l'être vivant, son explication de l'évolution demeure incomplète. Divers phénomènes se produisent en cet univers de par un enchaînement de causes et d'effets liés aux trois gunas, mais le créateur originel, la cause, reste Dieu, la Personne Suprême, que ce verset désigne par les mots nimitta-matram, ou "cause lointaine et primordiale". A l'aide de Son énergie, le Seigneur Se contente d'imprimer au tour son mouvement. Les philosophes mayavadis prétendent que le Brahman Suprême Se serait transformé en de nombreuses formes variées, mais la réalité est tout autre. En effet, le Brahman Suprême transcende à jamais l'enchaînement des causes et effets des gunas matériels, bien qu'Il soit Lui-même la Cause de toutes les causes. Aussi Brahma dit-il dans la Brahma-samhita (V.1):
sa khalv idam bhagavan kala-saktya
guna-pravahena vibhakta-viryah karoty akartaiva nihanty ahanta cesta vibhumnah khalu durvibhavya
Le mot durvibhavya signifie "inconcevable pour notre intelligence réduite", et vibhakta-viryah se traduit par "divisé en puissances variées". Ces mots nous donnent la juste explication de la manifestation des énergies créatrices dans le monde matériel. L'exemple qui va suivre peut nous aider à mieux comprendre la miséricorde de Dieu: le gouvernement est toujours censé faire preuve de miséricorde; néanmoins, parfois, pour faire respecter la loi et maintenir l'ordre public, il demande aux forces de police d'intervenir, administrant ainsi un châtiment aux citoyens rebelles. Dans le même ordre d'idée, Dieu, la Personne Suprême, est toujours plein de miséricorde et de qualités spirituelles; toutefois, certaines âmes distinctes ont oublié la relation qui les unit à Krsna, et tentent de régner en maîtres sur la nature matérielle. Ceci a pour effet de les impliquer dans le jeu des diverses interactions matérielles. Il est cependant inexact de dire que Dieu est Celui qui agit, du fait que l'énergie procède de Lui. Dans le verset précédent, les mots nimitta-matram indiquent que le Seigneur Suprême est totalement indépendant des causes et effets de ce monde matériel. Pour expliquer comment toute chose est accomplie, notre verset utilise le mot "inconcevable". En effet, il n'est pas dans le pouvoir de notre intelligence limitée de comprendre cela, et à moins de reconnaître que le Seigneur possède une puissance et une énergie inconcevables, nul ne peut faire de progrès dans cette compréhension. Les forces agissantes sont assurément mises en oeuvre par Dieu, la Personne Suprême, mais Lui demeure toujours au-delà de ce jeu d'actions et de réactions. Ce sont les diverses variétés d'énergies engendrées par l'interaction des influences matérielles qui produisent les différentes espèces, ainsi que les joies et les peines qui leur échoient. Le Visnu Purana explique merveilleusement comment agit le Seigneur, par l'exemple suivant: le feu est situé en un endroit donné, mais la chaleur et la lumière qu'il produit agissent de bien des manières. On peut également donner l'exemple d'une centrale électrique sise en un lieu précis, mais qui, par l'intermédiaire de son énergie, fait fonctionner de nombreux types de machines. L'énergie n'est jamais identique à sa source, mais cette dernière, étant le facteur primordial, est à la fois différente et non différente de l'énergie qu'elle produit. C'est pourquoi la philosophie de Sri Caitanya, dite acintya-bhedabheda-tattva, donne une parfaite compréhension des choses. Dans ce monde matériel, le Seigneur Se manifeste en tant que trois avataras —Brahma, Visnu et Siva— afin de régner sur les trois gunas. Il crée par le biais de Brahma et maintient la création en tant que Visnu; enfin, la destruction s'opère par l'intermédiaire de Siva. Toutefois, la source originelle de Brahma, de Visnu et de Siva —Garbhodakasayi Visnu— demeure toujours distincte de cet enchaînement de causes et d'effets propre à la nature matérielle.
so nanto nta-karah kalo
nadir adi-krd avyayah janam janena janayan marayan mrtyunantakam
Ce verset permet une étude approfondie de l'autorité suprême et du pouvoir inconcevable de Dieu. Bien que le Seigneur, demeurant infini en toute circonstance, ne connaisse ni création ni fin, Il apparaît néanmoins comme la mort (sous la forme du temps); Krsna dit Lui-même dans la Bhagavad-gita: "Je suis la mort, qui enlève tout à la fin de la vie." Le temps éternel n'a pas davantage de commencement, mais il est le créateur de tous les êtres de ce monde. On donne à ce propos l'exemple de la pierre philosophale, qui peut produire de nombreux joyaux et pierres précieuses sans pour autant perdre de son pouvoir. De la même façon, le cycle de la création, du maintien et de la destruction se produit maintes et maintes fois, mais le créateur originel, le Seigneur Suprême, demeure "intact" et toujours aussi puissant. La création secondaire est l'oeuvre de Brahma, mais Brahma lui-même est créé par Dieu. Quant à Siva, s'il détruit la création entière, il est finalement anéanti, lui aussi, par Visnu. Et Visnu, Lui, demeure à jamais. Les hymnes védiques enseignent qu'au commencement il n'y a que Visnu, et que Lui seul demeure à la fin. Pour mieux comprendre la puissance inconcevable du Seigneur Suprême, nous pouvons citer ici des exemples tirés de l'histoire des guerres du monde moderne: Hitler et, avant lui, Napoléon Ier, furent créés par Dieu, la Personne Suprême, et tous deux firent périr à la guerre un grand nombre d'hommes. Mais finalement, Napoléon Ier et Hitler trouvèrent, eux aussi, la mort. Aujourd'hui encore, les gens éprouvent un grand intérêt à rédiger et à lire des ouvrages se rapportant à Hitler et à Napoléon Ier, et à la façon dont ils firent périr tant d'hommes au cours des guerres. Chaque année sont ainsi publiés de nombreux livres racontant comment Hitler extermina des milliers de juifs dans les camps de concentration. Pourtant, nul ne s'intéresse à Celui qui créa et fit périr cet homme ayant lui-même tué tant d'êtres humains. Les dévots du Seigneur se soucient bien peu d'étudier l'histoire de ce monde en perpétuel changement. Ils n'ont d'intérêt que pour Celui qui est la cause originelle de toute création, maintien et anéantissement. Tel est le but du Mouvement pour la Conscience de Krsna.
na vai sva-pakso sya vipaksa eva va
parasya mrtyor visatah samam prajah tam dhavamanam anudhavanty anisa yatha rajamsy anilam bhuta-sanghah
Bien que Dieu, la Personne Suême, soit la Cause originelle de toutes les causes, Il n'est pas responsable des souffrances ou du bonheur matériels de qui que ce soit. Il ne saurait y avoir une telle partialité de la part du Seigneur Suprême. Les êtres de faible intelligence accusent le Seigneur d'être partial, ce qui explique, disent-ils, que certains jouissent de l'existence en ce monde, alors que d'autres y trouvent la souffrance. Or, ce verset fait clairement ressortir que le Seigneur ne fait preuve, à cet égard, d'aucune partialité. Toutefois, à aucun moment les êtres distincts ne sont indépendants; dès qu'ils se déclarent indépendants du maître suprême, ils sont aussitôt placés en ce monde matériel afin de pouvoir librement tenter leur chance, autant que cela se peut. Le monde matériel est donc créé pour ces êtres fourvoyés qui décident de leur propre karma, ou actes intéressés, et tirent parti de l'élément temps; ainsi fabriquent-ils leur propre destin, bon ou mauvais. Tous les êtres sont créés, tous sont maintenus en vie pendant un certain temps, et tous doivent finalement mourir. Pour ce qui est de ces trois aspects de la vie, le Seigneur Se montre égal envers tous; c'est en fonction de son propre karma que l'être doit souffrir ou jouir de l'existence matérielle. Les diverses positions, plus ou moins élevées, attribuées aux êtres en ce monde, leurs joies et leurs peines, sont dues à leur propre karma. Le mot exact utilisé à cet égard est anisah, qui signifie "dépendant de leur propre karma". Pour illustrer cette vérité, on donne l'exemple du gouvernement qui offre à tous les citoyens l'occasion de jouer un rôle dans la vie du pays, mais laisse à chacun le choix de se créer une situation qui l'oblige à vivre dans une conscience particulière. Ce verset donne l'exemple des grains de poussière qui sont brassés dans l'air sous l'effet du vent; peu à peu surviennent des éclairs, suivis par des averses, et c'est ainsi que la saison des pluies fait apparaître dans la forêt toutes les variétés de plantes. Dieu est plein de bienveillance —Il donne à tous une chance égale—, mais chacun, par l'effet de son propre karma, doit connaître en ce monde matériel une vie de souffrance ou de plaisir.
Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare |