SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 4 CHAPITRE 11 Svayambhuva Manu
apaise Dhruva Maharaja.
ayuso pacayam jantos
tathaivopacayam vibhuh ubhabhyam rahitah sva-stho duhsthasya vidadhaty asau
Qu'il s'agisse de Brahma ou d'un moustique, tous deux sont des êtres distincts, vivant en ce monde matériel; l'un comme l'autre sont des étincelles minuscules et font partie du Seigneur Suprême. C'est Lui, Dieu, la Personne Suprême, qui accorde au moustique une existence des plus brèves, et à Brahma sa très grande longévité, selon les fruits de leur karma respectif. Pourtant, la Brahma-samhita enseigne, karmani nirdahati: le Seigneur minimise ou anéantit les suites des actes matériels de Ses dévots. Et la Bhagavad-gita l'expligue à son tour, yajnarthat karmano nyatra: l'homme doit se livrer à l'action (karma) à seule fin de plaire au Seigneur Suprême, faute de quoi il se verra lié par ses actes à tout un enchaînement de réactions en vertu du karma. Placé sous le joug des lois du karma, l'être distinct erre en cet univers sous la domination du temps éternel, et se retrouve parfois moustique, parfois Brahma. Tout homme sensé comprendra aisément la vanité d'une pareille existence, et la Bhagavad-gita (IX.25) donne aux êtres distincts l'avertissement suivant, yanti deva-vrata devan: ceux qui rendent un culte aux devas iront sur les planètes des devas, et ceux qui choisissent d'adorer les pitas —les ancêtres—, renaîtront parmi eux. Ainsi les âmes conditionnées attirées par les activités matérielles doivent-elles demeurer en ce monde, alors que les êtres qui se vouent au service de dévotion atteignent la demeure de Dieu, la Personne Suprême, où l'on ne rencontre ni la mort ni la naissance, ni les diverses formes de vie imposées par la loi du karma. En s'engageant dans la voie du service de dévotion, l'être distinct sert au mieux son intérêt et retourne ainsi dans sa demeure originelle, auprès de Dieu. Srila Bhaktivinoda Thakura soulignait cette vérité dans cette exhortation: "O mon ami, te voilà emporté par les vagues du temps de la nature matérielle. Je t'en prie, efforce-toi de comprendre que tu es le serviteur éternel du Seigneur. Alors, tout prendra fin, et tu trouveras le bonheur éternel."
kecit karma vadanty enam
svabhavam apare nrpa eke kalam pare daivam pumsah kamam utapare
Il existe différentes catégories de philosophes —les mimamsakas, les athées, ceux qui fondent leur théorie sur l'astronomie, ceux qui expliquent tout par la sexualité, et nombre d'autres adeptes de la pensée spéculative. Néanmoins, la véritable conclusion est que seuls nos actes nous lient à ce monde matériel et nous imposent d'apparaître au sein de diverses espèces. Les Vedas enseignent que cette variété de formes de vie trouve son origine dans le désir de l'être distinct. Loin d'être inerte et sans vie comme une pierre, l'être vivant est le siège de désirs variés, ou kama. Les Vedas enseignent, kamo karsit: les êtres distincts sont, de par leur nature originelle, des parties intégrantes du Seigneur, comme des étincelles jaillies d'un brasier, mais ils sont tombés dans ce monde matériel, attirés par le désir de dominer la nature. C'est là un fait indéniable: chaque être vivant cherche à régner en maître sur les ressources matérielles au mieux de ses capacités. Ce kama, le désir, ne saurait être anéanti. Certains philosophes disent pourtant que, pour retrouver l'état libéré, il suffit de renoncer à ses désirs. Mais c'est là chose tout à fait impossible, puisque le désir est un symptôme inhérent à l'être vivant: sans désir, l'être distinct serait aussi inerte qu'une pierre. Srila Narottama Dasa Thakura recommande que l'on oriente ses désirs vers le service offert à Dieu, la Personne Suprême. C'est en purifiant ainsi ses désirs qu'on se libère de toute souillure matérielle. Ceci permet de conclure que les théories des différents philosophes cherchant à expliquer la variété des espèces ainsi que les plaisirs et les souffrances qui marquent leur existence, sont toutes imparfaites. En réalité, nous sommes des serviteurs éternels de Dieu, et dès que nous oublions notre position, nous sommes envoyés dans le monde matériel, où nous décidons de nos différentes activités et en subissons les conséquences, bonnes ou mauvaises. Ainsi, le même désir qui nous conduit dans le monde matériel doit être purifié et orienté vers le service de dévotion offert au Seigneur. C'est alors que cessera cette maladie qui nous fait errer à travers l'univers matériel dans diverses formes et conditions d'existence.
avyaktasyaprameyasya
nana-sakty-udayasya ca na vai cikirsitam tata ko vedatha sva-sambhavam
On pourrait se demander: "Puisqu'il existe tant de philosophes ayant chacun leur propre théorie, lequel d'entre eux possède la vérité?" Ceci s'explique par le fait que la Vérité Absolue —la Transcendance— échappe à tout jamais à l'expérience directe ou à la pensée spéculative. De fait, les adeptes de la spéculation intellectuelle ressemblent en tous points au Professeur Grenouille. Ce batracien qui habitait un puits de deux mètres de diamètre voulut calculer les dimensions de l'océan Atlantique en prenant son puits comme mesure de référence; il va sans dire que notre Professeur Grenouille s'attaquait là à une tâche impossible. Dans le même ordre d'idée, nul homme ne peut espérer comprendre la Vérité Absolue au moyen du raisonnement spéculatif, même s'il s'agit d'un grand académicien, érudit ou professeur, car ses sens sont limités. La connaissance de la Vérité Absolue, Cause de toutes les causes, doit être reçue de la Vérité Absolue Elle-même; notre recherche par la voie ascendante ne saurait nous y conduire. Quand le soleil nous est invisible, pendant la nuit ou lorsqu'il est voilé par un nuage au cours de la journée, il n'est alors pas possible de le faire apparaître, même si l'on avait pour cela recours à la force physique ou mentale, ou à des instruments scientifiques; pourtant, le soleil se trouve bel et bien dans le ciel. Nul ne peut prétendre avoir découvert un projecteur ayant une puissance telle qu'en le braquant du toit d'une maison sur les ténèbres de la nuit, on parviendrait alors à voir le soleil. Un tel appareil n'existe pas et ne saurait exister. Dans ce verset, le mot avyakta, ou "non manifesté", indique que la Vérité Absolue ne peut être manifestée grâce à un quelconque "progrès" des connaissances scientifiques, quel que soit l'acharnement qu'on y mette. La Transcendance ne peut être sujette à l'expérience directe. Le même exemple du soleil voilé par un nuage ou par les ténèbres de la nuit peut nous aider à comprendre comment on peut connaître la Vérité Absolue: en effet, lorsque, de lui-même, le soleil se lève au matin, chacun peut alors le contempler, et simultanément se voir et découvrir le paysage environnant. Cette compréhension de la réalisation spirituelle a pour nom atma-tattva et, à moins d'atteindre ce niveau d'entendement, celui de l'atma-tattva, l'être demeure dans les ténèbres qui l'enveloppent depuis sa naissance; or, dans de telles conditions, nul ne peut comprendre le dessein de Dieu, la Personne Suprême. Les Ecritures védiques enseignent que le Seigneur dispose de toute une variété d'énergies, parmi lesquelles celle du temps éternel (parasya saktir vividhaiva sruyate). Ainsi, outre l'énergie matérielle que nous pouvons voir et expérimenter, Il possède de nombreuses énergies de réserve qu'Il peut manifester en temps voulu, lorsqu'Il le juge nécessaire. Les recherches des hommes de science matérialistes ne peuvent porter que sur une compréhension partielle de cette multitude d'énergies; ces savants peuvent tout au plus étudier l'une d'entre elles et s'efforcer de la comprendre en faisant appel à leur savoir limité. Néanmoins, la science matérielle ne permet pas de saisir la Vérité Absolue dans toute sa plénitude. Ainsi, nul homme de science ne peut prédire ce qu'il adviendra dans l'avenir. La voie du bhakti-yoga, toutefois, diffère totalement de la prétendue recherche scientifique. Le dévot du Seigneur s'abandonne entièrement au Suprême, qui Se révèle à lui en vertu de Sa miséricorde immotivée. Le Seigneur dit Lui-même dans la Bhagavad-gita, dadami buddhi-yogam tam: "Je lui donne l'intelligence." Mais de quelle intelligence s'agit-il? Il précise alors, yena mam upayanti te: le Seigneur donne à Son dévot l'intelligence grâce à laquelle il peut franchir l'océan de l'ignorance et retourner à Dieu, en sa demeure originelle. En conclusion, le Brahman Suprême, ou Vérité Absolue, Cause de toutes les causes, ne peut être compris au moyen de la spéculation philosophique; toutefois, le Seigneur Se révèle Lui-même à Son dévot lorsque celui-ci s'abandonne pleinement à Ses pieds pareils-au-lotus. Aussi faut-il voir dans la Bhagavad-gita une Ecriture révélée ayant été énoncée par le Seigneur Lui-même lorsqu'Il descendit sur cette planète, Lui qui est la Vérité Absolue. Tout homme intelligent désirant connaître Dieu devra donc étudier cet ouvrage sacré sous la direction d'un maître spirituel authentique. Il devient alors très facile de connaître Krsna tel qu'Il est.
na caite putraka bhratur
hantaro dhanadanugah visargadanayos tata pumso daivam hi karanam
sa eva visvam srjati
sa evavati hanti ca athapi hy anahankaran najyate guna-karmabhih
Le mot anahankara, dans ce verset, signifie "sans ego". L'être conditionné est recouvert par un faux ego, et il revêt en ce monde matériel différents corps résultant de son karma. Obtenant ainsi tantôt un corps de deva, tantôt un corps de chien, il s'identifie à chaque fois à son nouveau corps, se méprenant par là même sur la nature de son moi véritable. Mais, en ce qui concerne Dieu, la Personne Suprême, il n'existe aucune différence entre Son Corps et Son Ame. Aussi la Bhagavad-gita affirme-t-elle que quuiconque considère Krsna comme un être humain ordinaire est un insensé de premier ordre, ignorant tout de Sa nature spirituelle et absolue. Le Seigneur précise Lui-même, na mam karmani limpanti: Ses Actes ne L'affectent pas, car Il n'est jamais touché par la souillure des gunas. Le fait que nous ayons un corps matériel prouve que nous sommes contaminés par les trois gunas. Or, le Seigneur dit à Arjuna: "Bien que nous ayons tous deux traversé d'innombrables existences, Je Me souviens de toutes, quand toi, tu les as oubliées." Voilà ce qui distingue l'être vivant, ou l'âme conditionnée, de l'Ame Suprême. Le Seigneur, ou l'Ame Suprême, n'a pas de corps matériel; de ce fait, aucun de Ses Actes ne L'affecte. Nombre de philosophes mayavadis estiment que le Corps de Krsna résulte d'une concentration de l'influence matérielle de la vertu, et ils établissent une différence entre l'Ame de Krsna et Son Corps. En réalité, si le corps de l'être conditionné demeure matériel —en dépit de toute la vertu matérielle qu'il peut accumuler—, le Corps de Krsna, lui, n'est jamais matériel; il participe au contraire de la transcendance. Krsna n'a pas de faux ego, ou ego matériel, car Il ne S'identifie pas à un corps illusoire, temporaire. Son Corps est éternel; lorsqu'Il descend en ce monde, c'est dans Sa propre Forme, originelle et spirituelle, définie comme param bhavam dans la Bhagavad-gita. De fait, les mots param bhavam et divyam sont particulièrement importants pour pouvoir comprendre l'aspect personnel de Krsna.
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