SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 4
CHAPITRE 11

Svayambhuva Manu
apaise Dhruva Maharaja.

VERSET 31

samyaccha rosam bhadram te
pratipam sreyasam param
srutena bhuyasa rajann
agadena yathamayam

TRADUCTION

Mon cher roi, pèse soigneusement mes paroles; elles agiront comme un remède à l'égard d'une maladie. Maîtrise ta colère, car elle est l'ennemi principal de ceux qui s'engagent dans la voie de la réalisation spirituelle. Je te donne toutes mes bénédictions et souhaite que tu suives mes instructions.

TENEUR ET PORTEE

Dhruva Maharaja était une âme libérée et, en fait, il ne ressentait de colère à l'égard de personne. Cependant, en tant que roi, il était de son devoir de se montrer momentanément courroucé afin de faire respecter la loi et de maintenir l'ordre dans son royaume. L'un des Yaksas avait tué son frère, Uttama, pourtant sans reproche, et Dhruva Maharaja, puisqu.il était roi, avait maintenant pour devoir de faire périr le coupable (oeil pour oeil, dent pour dent). Lorsque vint l'affrontement, Dhruva Maharaja combattit avec fougue et infligea une punition sévère aux Yaksas. Mais la colère est telle que, si on la nourrit, elle s'accroît à l'infini. Aussi, afin d'éviter que la colère royale de Dhruva Maharaja n'excède les limites, Manu eut la bienveillance de refréner l'ardeur de son petit-fils. Ce dernier, comprenant les desseins de son grand-père, cessa le combat sur-le-champ. Dans ce verset, les mots srutena bhuyasa, signifiant "en écoutant constamment", ont une très grande importance. En effet, en écoutant de façon assidue ce qui touche au service de dévotion, on peut venir à bout des impulsions de la colère, laquelle est nuisible à l'accomplissement du service de dévotion. Srila Pariksit Maharaja spécifia que le fait d'écouter constamment le récit des Divertissements du Seigneur constitue la panacée aux maladies liées à l'existence matérielle. En conséquence, chacun se doit d'écouter constamment les récits ayant trait à Dieu, la Personne Suprême, ce qui donne de toujours demeurer équilibré et permet ainsi de progresser sans entrave sur la voie de la spiritualité.

La colère que Dhruva Maharaja manifesta à l'encontre des mécréants était tout à fait appropriée. Pour appuyer cette affirmation, racontons une anecdote: un jour, un serpent devint bhakta sous la direction de Narada, qui lui demanda de ne plus mordre qui que ce soit. Mordre les êtres vivants et leur injecter ainsi leur poison mortel est dans la nature des serpents, mais en tant que dévot du Seigneur, il lui fut interdit d'agir ainsi. Malheureusement, les gens profitèrent du comportement non-violent de cet animal et plus particulièrement les enfants, qui se mirent à lui jeter des pierres. Mais lui ne broncha pas, ainsi que son maître spirituel le lui avait demandé. Quelque temps plus tard, il vint à rencontrer Narada et lui confia ses malheurs: "J'ai bien renoncé à cette mauvaise habitude de mordre des êtres innocents, mais maintenant ils me jettent des pierres"; ce à quoi Narada Muni répondit: "Ne mords pas, mais n'oublie pas de dilater ton cou comme si tu t'apprêtais à mordre, et ils s'enfuiront tous." De même, un dévot du Seigneur est toujours non violent car il possède toutes les qualités. Cependant, lorsqu'en ce monde, un bhakta est menacé par autrui, il ne doit pas oublier de se mettre en colère, du moins sur le moment, afin de se débarrasser des mécréants.

VERSET 32

yenopasrstat purusal
loka udvijate bhrsam
na budhas tad-vasam gacched
icchann abhayam atmanah

TRADUCTION

Quiconque désire être libéré de ce monde matériel ne doit pas tomber sous l'emprise de la colère, car celui qui en est la proie devient pour tous une source de frayeur.

TENEUR ET PORTEE

Un bhakta ou un être saint se doit de ne pas engendrer la terreur chez autrui, et nul ne doit non plus être pour lui une source de crainte. Celui qui ne témoigne aucune hostilité envers son prochain n'aura, lui-même, aucun ennemi. Pourtant, l'exemple de Jésus-Christ, qui eut néanmoins des ennemis et qui fut même crucifié par eux, nous montre qu'il se trouve toujours des êtres démoniaques pour critiquer même des êtres saints. Jamais, toutefois, ces derniers ne se mettront en colère, même s'ils sont très sérieusement provogués.

VERSET 33

helanam girisa-bhratur
dhanadasya tvaya krtam
yaj jaghnivan punya-janan
bhratr-ghnan ity amarsitah

TRADUCTION

Mon cher Dhruva, estimant que les Yaksas avaient tué ton frère, tu en as toi-même fait périr un grand nombre. Toutefois, en agissant ainsi, tu as contrarié le frère de Siva, Kuvera, qui veille sur le trésor des devas. Rends-toi compte qu'en te conduisant de la sorte, tu as gravement manqué de respect à Kuvera et à Siva.

TENEUR ET PORTEE

Manu fit ressortir que Dhruva Maharaja s'était rendu coupable d'une offense envers Siva et son frère, Kuvera, puisque les Yaksas appartenaient à la famille de ce dernier. Les Yaksas n'étaient certes pas des êtres ordinaires, et c'est pourquoi ce verset les décrit comme punya-janan, des hommes pieux. Quoi qu'il en soit, Kuvera était maintenant contrarié et Dhruva Maharaja se devait de l'apaiser comme cela lui avait été conseillé.

VERSET 34

tam prasadaya vatsasu
sannatya prasrayoktibhih
na yavan mahatam tejah
kulam no bhibhavisyati

TRADUCTION

Aussi, mon fils, tu devrais sur-le-champ apaiser Kuvera par de douces paroles empreintes de respect, afin d'éviter que son courroux ne retombe sur notre famille.

TENEUR ET PORTEE

Dans nos rapports quotidiens, nous devons entretenir des relations amicales avec tous les êtres en général, et à plus forte raison, avec des devas aussi prestigieux que Kuvera. Notre conduite doit être telle que nul ne soit porté à se mettre en colère et ne cause par là de préjudice à des individus, à des familles ou à la société.

VERSET 35

evam svayambhuvah pautram
anusasya manur dhruvam
tenabhivanditah sakam
rsibhih sva-puram yayau

TRADUCTION

Après avoir été instruit de la sorte par Svayambhuva Manu, Dhruva Maharaja, son petit-fils, lui offrit son hommage avec beaucoup de respect. Puis Manu et les grands sages partirent vers leur demeure respective.

Ainsi s'achèvent les enseignements de Bhaktivedanta sur le onzième chapitre du quatrième Chant du Srimad-Bhagavatam, intitulé "Svayambhuva Manu apaise Dhruva Maharaja".


Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare
Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare