SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 4 CHAPITRE 12 Dhruva Maharaja retourne
au monde spirituel.
anasthitam te pitrbhir
anyair apy anga karhicit atistha jagatam vandyam tad visnoh paramam padam
Lorsque Dhruva Maharaja était parti pour se livrer à des pratiques austères, il était fermement résolu à atteindre une position que ses ancêtres n'auraient jamais pu concevoir, même en rêve. Pourtant, son père était Uttanapada, son grand-père, Manu, et son arrière-grand-père, Brahma lui-même. Dhruva désirait donc un royaume qui surpasserait même celui que Brahma avait obtenu et il demanda à Narada Muni de lui donner le moyen de parvenir à ses fins. Aussi les serviteurs personnels de Sri Visnu lui firent-ils remarquer que ni ses ancêtres, ni personne d'autre avant lui, n'avaient pu accéder à Visnuloka, cette planète où demeure Sri Visnu Lui-même. Ceci s'explique par le fait que les êtres de ce monde matériel sont tous des karmis, des jnanis, ou des yogis, et qu'il ne s'y trouve guère de purs dévots du Seigneur. La planète spirituelle dénommée Visnuloka est spécialement destinée aux bhaktas; les karmis, les jnanis et les yogis n'y ont pas accès. C'est à peine si les grands rsis ou les glorieux devas peuvent se rendre à Brahmaloka; en outre, la Bhagavad-gita affirme que Brahmaloka n'est pas un lieu de résidence permanent. En effet, la vie de Brahma s'étend sur une période si longue qu'il est difficile d'estimer ne serait-ce que la durée d'un de ses jours, mais Brahma doit pourtant mourir lui aussi, de même que tous ceux qui vivent sur sa planète. La Bhagavad-gita (VIII.16) dit clairement, abrahma-bhuvanal lokah punar avartino rjuna: à l'exception de ceux qui atteignent Visnuloka, tous les êtres doivent se soumettre aux quatre principes de base de l'existence matérielle —la naissance, la maladie, la vieillesse et la mort. Le Seigneur affirme Lui-même, yad gatva na nivartante tad dhama paramam mama: "Pour qui atteint cette planète, Ma demeure suprême, il n'est point de retour en ce monde."(1) Dhruva Maharaja fut ainsi informé: "Nous allons t'accompagner jusqu'à cette planète d'où nul ne revient jamais en ce monde matériel." Les hommes de science matérialistes cherchent à atteindre la Lune et d'autres planètes, mais il ne leur vient pas à l'idée de se rendre sur la planète la plus haute, Brahmaloka, car la chose dépasse leur imagination. Si l'on se place d'un point de vue matériel, il faudrait voyager pendant quarante mille années à la vitesse de la lumière pour atteindre la plus haute planète de l'univers. Nulle technologie ne peut nous permettre d'accomplir un tel voyage. Au contraire, le bhakti-yoga —la voie empruntée par Maharaja Dhruva— permet non seulement de se rendre sur d'autres planètes de l'univers, mais également d'atteindre des planètes qui se situent au-delà de celui-ci et qui sont dénommées Visnulokas. Nous avons d'ailleurs expliqué ceci dans notre opuscule intitulé "Antimatière et éternité" (Easy Journey to Other Planets). (1) B.g., XV.6
etad vimana-pravaram
uttamasloka-maulina upasthapitam ayusmann adhirodhum tvam arhasi
D'après les calculs astronomiques, en plus de l'étoile Polaire, il existe une autre planète dénommée Sisumara; là demeure Sri Visnu, qui veille au maintien de cet univers matériel. Comme le montreront les slokas suivants, seuls les vaisnavas peuvent avoir accès à Sisumara (ou Dhruvaloka). Les serviteurs personnels de Sri Visnu vinrent chercher Dhruva Maharaja, puis ils l'informèrent que Sri Visnu avait tout spécialement envoyé cet aéronef merveilleux à son intention. Les avions de Vaikuntha ne se déplacent pas par des moyens mévcaniques. Il existe trois processus pour se déplacer dans l'espace. L'un d'entre eux, connu par les savants modernes, a pour nom ka-pota-vayu, ka signifiant "espace" et pota, "vaisseau". Le second processus est également appelé kapota-vayu, kapota signifiant ici "pigeon". On peut en effet se servir de pigeons dressés pour voyager dans l'espace. Le troisième processus, appelé akasa-patana, est très subtil, mais toujours matériel. Il s'agit d'un aéronef qui peut se déplacer à la vitesse du mental et, comme celui-ci, nous emmener où bon nous semble sans aucun moyen mécanique. Toutefois, les aéronefs de Vaikuntha se déplacent grâce à un processus totalement spirituel, bien supérieur à celui de l'akasa-patana. Les aéronefs envoyés par Sri Visnu pour emmener Dhruva Maharaja à Sisumara étaient purement spirituels. Toutefois, les savants matérialistes ne sont pas en mesure de voir des véhicules de cette nature, ni même de concevoir la manière dont ils se déplacent dans l'espace; bien que la Bhagavad-gita fasse mention du monde spirituel (paras tasmat tu bhavo nyah), ils n'ont aucune information à ce sujet.
maitreya uvaca
nisamya vaikuntha-niyojya-mukhyayor madhu-cyutam vacam urukrama-priyah krtabhisekah krta-nitya-mangalo munin pranamyasisam abhyavadayat
Maharaja Dhruva était très cher à Dieu, la Personne Suprême. Lorsqu'il entendit les douces paroles des deux principaux compagnons du Seigneur à Vaikuntha, il prit sur-le-champ son bain sacré, se para de vêtements et d'ornements appropriés, et accomplit ses devoirs spirituels quotidiens. Ensuite, il offrit son hommage respectueux aux grands sages qui se trouvaient là et accepta leurs bénédictions.
Il importe ici de noter combien Dhruva Maharaja se montrait consciencieux dans sa pratique du service de dévotion, et ce, même à l'instant de quitter le monde matériel. De fait, il était toujours vigilant dans l'accomplissements de ses devoirs dévotionnels. Ainsi, chaque dévot doit prendre une douche le matin de bonne heure et marquer son corps de tilaka. Dans le kali-yuga, il n'est guère possible de se procurer des bijoux en or ou en pierres précieuses, mais les signes de bon augure que représentent les douze marques de tilaka dessinées sur le corps suffisent, à eux seuls, à le purifier. Dhruva Maharaja, qui vivait alors à Badarikasrama, où se trouvaient également d'autres sages, ne s'enorgueillit pas du fait que l'aéronef envoyé par Sri Visnu lui fut destiné; en humble vaisnava, il accepta les bénédictions de tous les sages avant de rejoindre à bord de l'aéronef les deux principaux serviteurs du Seigneur à Vaikunthaloka.
parityabhyarcya dhisnyagryam
parsadav abhivandya ca iyesa tad adhisthatum bibhrad rupam hiranmayam
Dans le royaume de l'absolu, les aéronefs, les compagnons de Sri Visnu et Sri Visnu Lui-même sont tous purement spirituels. Il ne s'y trouve aucune souillure matérielle, et tout y est qualitativement de même nature. Par suite, Sri Visnu étant digne d'adoration, il en est de même de Ses serviteurs, de Ses possessions, de Son aéronef, et de Sa demeure, car tout ce qui a rapport avec Visnu a même valeur que Lui. Dhruva Maharaja, qui était un pur vaisnava, en avait parfaitement conscience; aussi offrit-il son hommage aux serviteurs du Seigneur ainsi qu'à l'aéronef avant de monter à son bord. Simultanément, son corps se spiritualisa et devint étincelant comme de l'or en fusion. C'est ainsi qu'il devint de même essence que tout ce qui compose Visnuloka. Les philosophes mayavadis ne peuvent se représenter comment cette unité peut se manifester même dans la variété. Pour eux, l'unité signifie précisément l'absence de variété, et c'est pourquoi ils sont devenus impersonnalistes. Sisumara, Visnuloka et Dhruvaloka n'ont rien à voir avec ce monde matériel, et il en est de même d'un temple de Visnu situé en ce monde. Il importe de bien avoir conscience que, dès l'instant où nous nous trouvons dans un temple, nous n'évoluons plus dans le monde matériel. Sri Visnu, Son trône, la pièce où Il demeure et tout ce qui fait partie du temple, sont de nature spirituelle et absolue. Les trois influences matérielles, sattva-guna, rajo-guna, et tamo-guna, ne peuvent pénétrer dans un temple. C'est la raison pour laquelle il est dit que de vivre dans la forêt relève de la vertu, de vivre dans les villes correspond à la passion, et de vivre dans les bars, les abattoirs ou les lieux de prostitution s'identifie à l'ignorance. Cependant, habiter dans un temple revient à vivre à Vaikunthaloka. Tout, dans un temple, est aussi digne d'adoration que Sri Visnu Lui-même, ou Krsna.
tadottanapadah putro
dadarsantakam agatam mrtyor murdhni padam dattva arurohadbhutam grham
C'est une grosse erreur que de considérer d'un même oeil la disparition d'un dévot du Seigneur et celle d'un abhakta. Lorsqu'il monta à bord de l'aéronef spirituel, Dhruva Maharaja aperçut soudainement la mort en personne devant lui, mais n'en fut pas effrayé pour autant. Au lieu d'être troublé par la mort, Dhruva Maharaja profita de sa présence pour lui mettre les pieds sur la tête. Les hommes qui ont peu de connaissance ne voient pas de différence entre la mort d'un bhakta et celle d'un abhakta. On peut ici donner l'exemple du chaton et de la souris, que le chat attrape l'un comme l'autre, entre ses dents. Apparemment, il semble que le chaton et la souris soient dans la même situation, mais en fait il n'en est rien. Lorsque le chat attrape ainsi une souris, pour elle cela signifie la mort; mais lorsqu'il prend le chaton entre ses dents, celui-ci s'en trouve très heureux. Lorsque Dhruva Maharaja monta à bord de la nacelle volante, il profita de l'arrivée de la mort personnifiée qui venait lui offrir son humble hommage; mettant ses pieds sur la tête de la mort, il prit place dans l'extraordinaire aéronef, lequel est décrit comme étant aussi vaste qu'une maison (grham). Les Ecrits bhagavata contiennent de nombreuses descriptions similaires. Il est dit, par exemple, que pour parcourir l'univers entier avec Devahuti, son épouse, Kardama Muni créa un aéronef aussi grand qu'une ville, avec des maisons, des lacs et des jardins. Assurément, les savants d'aujourd'hui ont, eux aussi, inventé de gros avions, mais les passagers y sont serrés les uns contre les autres, et doivent subir toutes sortes de désagréments au cours du voyage. Les hommes de science matérialistes n'approchent même pas la perfection lorsqu'il s'agit pour eux de fabriquer un avion matériel. Pour rivaliser avec l'appareil conçu par Kardama ou avec celui qui fut envoyé de Visnuloka, ils devraient fabriquer un vaisseau spatial aussi grand et agréable qu'une ville avec ses lacs, ses jardins et ses parcs. Cet appareil devrait être capable de se déplacer à travers l'univers, de s'immobiliser dans l'espace et de se rendre sur toutes les autres planètes. Un appareil de ce genre leur éviterait la création de différents postes de ravitaillement disséminés dans l'espace, car il aurait des réserves de carburant illimitées, ou mieux encore, volerait sans carburant, comme l'aéronef de Visnuloka.
Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare |