SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 4
CHAPITRE 12

Dhruva Maharaja retourne
au monde spirituel.

VERSET 31

tada dundubhayo nedur
mrdanga-panavadayah
gandharva-mukhyah prajaguh
petuh kusuma-vrstayah

TRADUCTION

Tambours et timbales résonnèrent alors dans le ciel, tandis que les principaux Gandharvas entonnaient des chants d'allégresse, et que d'autres devas faisaient pleuvoir des fleurs sur Dhruva Maharaja.

VERSET 32

sa ca svarlokam aroksyan
sunitim jananim dhruvah
anvasmarad agam hitva
dinam yasye tri-vistapam

TRADUCTION

Comme il était sur le point de partir, Dhruva Maharaja se souvint de sa pauvre mère, Suniti, et il eut alors cette pensée: "Comment puis-je me rendre seul sur cette planète Vaikuntha en laissant derrière moi ma pauvre mère?"

TENEUR ET PORTEE

Dhruva Maharaja éprouvait un sentiment d'obligation à l'égard de sa mère, Suniti. C'est elle, en effet, qui lui avait indiqué la voie qui lui permettait maintenant d'être emmené sur la planète Vaikuntha par les serviteurs personnels de Sri Visnu. Il se souvint d'elle à ce moment-là, et voulut l'emmener avec lui. A vrai dire, Suniti, la mère de Dhruva Maharaja, était son patha-pradarsaka-guru, mot signifiant "le guru, ou maître spirituel, qui montre la voie"; ce guru reçoit parfois le nom de siksa-guru. Bien que Narada Muni fût son diksa-guru (maître spirituel initiateur), Suniti, sa mère, était la première à lui avoir donné des instructions sur la façon d'obtenir la faveur de Dieu, la Personne Suprême. Il incombe au siksa-guru ou au diksa-guru d'instruire convenablement le disciple, et c'est ensuite à ce dernier de mettre à exécution le processus indiqué. Selon les injonctions des sastras, il n'existe pas de différence entre le siksa-guru et le diksa-guru et, en général, le siksa-guru d'un disciple devient plus tard son diksa-guru. Toutefois, Suniti, du fait qu'elle était une femme —en l'occurrence sa mère— ne pouvait devenir le diksa-guru de Dhruva Maharaja. Pourtant, il n'en était pas moins obligé envers elle. Il ne fut pas question d'emmener Narada Muni à Vaikunthaloka; c'est plutôt pour sa mère que Dhruva Maharaja eut une pensée.

Quel que soit le plan que Dieu, la Personne Suprême, conçoive, il fructifie immédiatement. De même, un bhakta qui dépend entièrement du Seigneur peut également, par la grâce de Celui-ci, voir ses désirs exaucés. Le Seigneur exauce Lui-même Ses désirs, tandis qu'un bhakta voit les siens comblés du fait qu'il se place sous la dépendance de Dieu, la Personne Suprême. C'est pourquoi, dès que Dhruva Maharaja eut pensé à sa pauvre mère, les serviteurs personnels de Visnu lui donnèrent l'assurance que Suniti se trouvait dans un autre vaisseau spatial, lui aussi en route pour Vaikunthaloka. Dhruva Maharaja avait pensé qu'il n'était pas très indiqué de partir seul pour Vaikunthaloka, et de laisser derrière lui sa mère; en effet, les gens ne manqueraient pas de le critiquer pour ne pas avoir emmené Suniti avec lui sur Vaikuntha, elle qui avait tant fait pour lui. Mais il considéra également qu'il n'était pas lui-même l'Etre Suprême et que ses désirs ne pourraient être exaucés que si Krsna y consentait. Krsna sut aussitôt ce qu'il avait dans l'esprit et donna l'assurance à Dhruva que sa mère prenait le même chemin que lui. Cet incident nous démontre qu'un pur bhakta comme Dhruva Maharaja peut voir tous ses désirs exaucés. Par la grâce du Seigneur, il devient exactement comme Celui-ci: dès qu'il pense à quoi que ce soit, son désir est satisfait sur-le-champ.

VERSET 33

iti vyavasitam tasya
vyavasaya surottamau
darsayam asatur devim
puro yanena gacchatim

TRADUCTION

Les glorieux envoyés de Vaikunthaloka, Nanda et Sunanda, pouvaient deviner les pensées de Dhruva Maharaja, et ils lui montrèrent alors un autre aéronef qui emmenait sa mère, Suniti.

TENEUR ET PORTEE

Cet incident démontre que le siksa-guru ou le diksa-guru dont le disciple, à l'exemple de Dhruva Maharaja fait preuve d'un grand zèle dans la pratique du service de dévotion, peut être emmené par son disciple, bien qu'il ne soit pas lui-même aussi avancé. Ainsi, bien que Suniti eût servi de précepteur à Dhruva Maharaja, elle n'avait pu se rendre dans la forêt ni pratiquer l'ascèse et l'austérité comme Dhruva Maharaja, car elle n'était qu'une femme. Néanmoins, ce dernier put emmener sa mère avec lui. De même, Prahlada Maharaja délivra son père athée, Hiranyakasipu. Ceci nous montre que si un disciple ou un descendant se révèle être un très puissant dévot du Seigneur, il peut emmener avec lui, à Vaikunthaloka, son père, sa mère, son siksa ou son diksa-guru. Srila Bhaktisiddhanta Sarasvati Thakura disait à ce propos: "Si je pouvais faire en sorte qu'une seule âme retourne à Dieu, en sa demeure originelle, j'estimerais que ma mission, qui est de répandre la conscience de Krsna, a été couronnée de succès." Le Mouvement pour la Conscience de Krsna se répand aujourd'hui de par le monde, et il m'arrive parfois de penser que malgré toutes mes insuffisances, si l'un de mes disciples devient aussi puissant que Dhruva Maharaja, il pourra alors m'emmener avec lui à Vaikunthaloka.

VERSET 34

tatra tatra prasamsadbhih
pathi vaimanikaih suraih
avakiryamano dadrse
kusumaih kramaso grahan

TRADUCTION

Alors que Dhruva Maharaja se déplaçait dans l'espace, il vit les unes après les autres toutes les planètes du système solaire, et aperçut en chemin tous les devas qui, de leurs aéronefs, lançaient sur lui des pluies de fleurs.

TENEUR ET PORTEE

Les Vedas disent que la connaissance de Dieu, la Personne Suprême, donne au bhakta la connaissance de toute chose —yasmin vijnate sarvam evam vijnatam bhavati. De même, en se rendant sur la planète du Seigneur, on peut connaître tous les autres systèmes planétaires qui se trouvent sur la voie menant à Vaikuntha. Il convient de se rappeler que le corps de Dhruva Maharaja était différent du nôtre. Lorsqu'il monta à bord de la nacelle volante de Vaikuntha, son corps prit une teinte dorée purement spirituelle. Nul ne peut s'élever au-delà des planètes supérieures dans un corps matériel; en revanche, celui qui reçoit un corps spirituel peut atteindre non seulement le système planétaire supérieur de ce monde matériel, mais également les mondes situés au-delà, connus sous le nom de Vaikunthaloka. On sait à ce propos que Narada Muni voyage à travers tous les univers, matériel et spirituel.

Il convient aussi de noter que lorsque Suniti prit le chemin de Vaikunthaloka, son corps se spiritualisa également. Ainsi, à l'exemple de Sri Suniti, chaque mère doit éduquer son enfant à devenir un bhakta comme Dhruva Maharaja. Suniti enseigna à son fils, alors même qu'il n'avait que cinq ans, qu'il ne devait pas être attaché aux choses de ce monde et qu'il lui fallait gagner la forêt pour y chercher le Seigneur Suprême. Elle ne désira jamais voir son fils demeurer confortablement à la maison sans même chercher à obtenir la faveur de Dieu, la Personne Suprême, en menant une vie d'ascèse. A l'exemple de Suniti, chaque mère se doit de prendre ainsi soin de son fils et de l'éduquer dès l'âge de cinq ans dans le brahmacarya ainsi que dans la pratique du tapasya, en vue de sa réalisation spirituelle. Grâce à cette éducation, si le fils devient, comme Dhruva, un fervent dévot du Seigneur, non seulement il retournera certainement auprès de Dieu, en sa demeure originelle, mais sa mère également retournera avec son fils dans le monde spirituel, même si elle n'est pas en mesure de se livrer à des pratiques austères dans le cadre du service de dévotion.

VERSET 35

tri-lokim deva-yanena
so tivrajya munin api
parastad yad dhruva-gatir
visnoh padam athabhyagat

TRADUCTION

Ce fut ainsi que Dhruva Maharaja dépassa les sept systèmes planétaires des grands sages connus sous le nom de saptarsi. Et c'est au-delà de ces mondes qu'il obtint de vivre à jamais dans la transcendance, sur la planète où demeure Sri Visnu Lui-même.

TENEUR ET PORTEE

L'aéronef était dirigé par les deux principaux compagnons de Sri Visnu, nommés Sunanda et Nanda. Seuls de tels astronautes spirituels sont en mesure de piloter leur véhicule au-delà des sept planètes et d'atteindre le royaume de la félicité et de la vie éternelle. La Bhagavad-gita confirme (paras tasmat tu bhavo nyah) qu'au-delà de ce système planétaire commence le monde spirituel, avec ses planètes appelées Visnulokas ou Vaikunthalokas, où tout est éternel et plein de félicité. Ce n'est que dans ce royaume spirituel que l'on peut faire l'expérience de cette existence éternelle, toute de connaissance et de félicité. En dessous de Vaikunthaloka se trouve l'univers matériel, où Brahma et ceux qui vivent avec lui sur Brahmaloka jouissent de l'existence jusqu'aux temps de l'anéantissement de cet univers; toutefois, ils ne peuvent y demeurer indéfiniment, ce que confirme la Bhagavad-gita (abrahma-bhuvanal lokah). Atteindrait-on la planète la plus élevée de cet univers, on ne peut pour autant parvenir à la vie éternelle. Ce n'est qu'en atteignant Vaikunthaloka que l'on peut connaître une existence éternelle toute de félicité.


Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare
Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare