SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 4 CHAPITRE 9 Le retour de
Dhruva Maharaja.
maitreya uvaca
ta evam utsanna-bhaya urukrame krtavanamah prayayus tri-vistapam sahasrasirsapi tato garutmata madhor vanam bhrtya-didrksaya gatah
Lorsque Dieu, la Personne Suprême, eut ainsi rassuré les devas, toutes leurs craintes s'évanouirent et, après avoir offert leur hommage, ils retournèrent sur leurs planètes édéniques respectives. C'est alors que le Seigneur, dans cette manifestation identique à celle de Sahasrasirsa Visnu, monta sur le dos de Garuda, qui L'emmena jusqu'à la forêt de Madhuvana voir Dhruva, Son serviteur.
Le mot sahasrasirsa se rapporte au Seigneur Suprême dans Sa manifestation de Garbhodakasayi Visnu. Bien que le Seigneur apparût en tant que Ksirodakasayi Visnu, ce verset parle de Sahasrasirsa Visnu, car Ils ne sont pas différents l'un de l'autre. Dans son Bhagavatamrta, Srila Sanatana Gosvami précise que cette manifestation de Dieu, dite Sahasrasirsa, n'était autre que l'avatara nommé Prnigarbha. Il créa la planète appelée Dhruvaloka, qui sert de demeure à Dhruva Maharaja.
sa vai dhiya yoga-vipaka-tivraya
hrt-padma-kose sphuritam tadit-prabham tirohitam sahasaivopalaksya bahih-sthitam tad-avastham dadarsa
Devenu un yogi accompli en matière de méditation, Dhruva Maharaja pouvait sans cesse contempler en son coeur la Forme de Dieu, la Personne Suprême; mais, soudainement, le Seigneur disparut de son coeur, et il pensa L'avoir perdu. Troublé, il interrompit sa méditation et, lorsqu'il ouvrit les yeux, il vit devant lui cette même Forme du Seigneur. La Brahma-samhita (5.38) enseigne, premanjana-cchurita-bhakti-vilocanena: un être saint qui a développé en lui de l'amour pour Dieu en Le servant avec dévotion, contemple sans cesse Sa Forme spirituelle de Syamasundara. Cette Forme du Seigneur que le bhakta voit en son coeur n'a rien d'imaginaire. Lorsqu'un bhakta atteint la maturité dans la pratique du service de dévotion, il voit devant lui le même Syamasundara auquel il a pensé durant tout le cours de son évolution sur la voie du service de dévotion. Etant donné que le Seigneur Suprême est absolu, la Forme sous laquelle Il Se révèle dans le coeur de Son dévot, celle que l'on peut voir dans le temple, et Sa Forme originelle de Vaikuntha, à Vrndavana-dhama, sont toutes identiques; il n'existe entre elles aucune différence.
tad-darsanenagata-sadhvasah ksitav
avandatangam vinamayya dandavat drgbhyam prapasyan prapibann ivarbhakas cumbann ivasyena bhujair ivaslisan
Lorsque Dhruva Maharaja vit Dieu en personne devant lui, il fut naturellement saisi d'un grand émoi mêlé de respect, et il parut alors boire de ses yeux le Corps entier du Seigneur. Le bhakta porte un amour tellement intense à Dieu, la Personne Suprême, qu'il désire constamment effleurer le bout de Ses orteils, baiser Ses pieds pareils-au-lotus et les étreindre sans cesse. Cette réaction de Dhruva Maharaja indique que lorsqu'il vit le Seigneur devant lui, les huit formes d'extase spirituelle se manifestèrent en son corps.
sa tam vivaksantam atad-vidam harir
jnatvasya sarvasya ca hrdy avasthitah krtanjalim brahmamayena kambuna pasparsa balam krpaya kapole
Tout bhakta a le désir de chanter les gloires spirituelles et absolues de Dieu, la Personne Suprême. En effet, les dévots du Seigneur manifestent toujours de l'intérêt lorsqu'il s'agit d'écouter les descriptions des Attributs spirituels de Dieu; ils sont toujours animés du désir de glorifier ces qualités, mais ils se sentent parfois embarrassés du fait de leur humilité. La Personne Suprême, Se trouvant dans le coeur de tous, donne tout spécialement à Son dévot l'intelligence qui lui permet de chanter Ses gloires. Comprenons donc que, lorsqu'un bhakta écrit ou parle au sujet de Dieu, ses mots lui sont dictés de l'intérieur par le Seigneur. La Bhagavad-gita le confirme au dixième chapitre: de l'intérieur, le Seigneur indique à ceux qui Le servent constamment avec un amour absolu, ce qu'Il attend d'eux. Comme Dhruva Maharaja se montrait hésitant, ne sachant, à cause de son manque d'expérience, comment glorifier le Seigneur, Celui-ci, dans Sa miséricorde immotivée, lui toucha le front de Sa conque, et Dhruva se sentit alors envahi par une inspiration divine. Cette inspiration a pour nom brahma-maya, car les paroles de celui qui reçoit cette grâce sont en tous points identiques aux vibrations des Vedas, lesquelles n'ont rien de commun avec les sons de ce monde matériel. Ainsi ne doit-on pas considérer comme matérielles ou temporelles les vibrations sonores du mantra Hare Krsna, bien qu'il se présente sous la forme d'un assemblage de lettres ordinaires.
sa vai tadaiva pratipaditam giram
daivim parijnata-paratma-nirnayah tam bhakti-bhavo bhyagrnad asatvaram parisrutoru-sravasam dhruva-ksitih
De nombreux points importants sont à considérer dans ce verset. Il nous montre en premier lieu l'exemple d'un disciple qui, ayant une complète connaissance des Ecritures védiques, comprend la relation existant entre la Vérité Absolue et les énergies relatives, spirituelle et matérielle. Dhruva Maharaja ne fréquenta jamais la moindre école, et aucun précepteur ne lui enseigna la conclusion du savoir védique; néanmoins, en raison du service de dévotion qu'il avait offert au Seigneur, dès que Celui-ci lui eut apparu et touché le front de Sa conque, toute la connaissance védique lui fut aussitôt révélée. Telle est la voie qui permet de comprendre les Ecritures védiques, que nul ne peut saisir par la seule érudition. Les Vedas enseignent que la conclusion védique n'est révélée qu'à celui qui possède une foi indéfectible en Dieu et en son maître spirituel. Considérons l'exemple de Dhruva Maharaja: il adopta la pratique du service de dévotion offert au Seigneur conformément à l'ordre de son maître spirituel, Narada Muni; du fait qu'il suivit cette voie avec une ferme résolution et beaucoup d'austérité, le Seigneur Suprême Se manifesta en personne devant lui. Dhruva, qui n'était qu'un enfant, voulut offrir de belles prières au Seigneur, mais parce qu'il n'avait pas assez de connaissance, il hesita. C'est alors que le Seigneur lui toucha le front de Sa conque, et instantanément, grâce à Sa miséricorde, Dhruva acquit une connaissance complète de la conclusion védique. Ce savoir ultime repose sur la juste compréhension de la différence qui existe entre le jiva et le Paramatma, ou l'âme distincte et l'Ame Suprême. L'être distinct est à jamais le serviteur de l'Ame Suprême, et le lien qui l'unit à Elle, c'est-à-dire le service qu'il Lui offre, a pour nom bhakti-yoga, ou bhakti-bhava. Dhruva Maharaja offrit ses prières au Seigneur, non pas à la façon des philosophes impersonnalistes, mais comme un bhakta, ce que précise clairement ce verset par les mots bhakti-bhava. Les seules prières qui valent d'être offertes sont celles que l'on adresse à Dieu, la Personne Suprême, dont les gloires sont largement répandues de par le monde. Dhruva Maharaja aspirait au royaume de son père, mais ce dernier refusa même de le laisser monter sur ses genoux. Or, pour combler son désir, le Seigneur avait déjà créé une planète, en l'occurrence l'étoile Polaire, ou Dhruvaloka, qui ne serait jamais anéantie, pas même lors de la dissolution de l'univers. Ce n'est pas en agissant hâtivement que Dhruva Maharaja atteignit cette perfection, mais en exécutant patiemment l'ordre de son maître spirituel; et il obtint ainsi un tel succès dans ses efforts qu'il put voir le Seigneur en personne. En outre, il lui fut accordé, par la pure miséricorde du Seigneur, de pouvoir Lui offrir des louanges appropriées. En effet, quiconque désire glorifier le Seigneur ou Lui offrir des prières, a besoin pour cela de Sa miséricorde. Nul ne peut écrire de louanges à la gloire du Seigneur à moins d'être béni par Sa miséricorde immotivée.
Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare |