SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 4 CHAPITRE 9 Le retour de
Dhruva Maharaja.
payah-phena-nibhah sayya
danta rukma-paricchadah asanani maharhani yatra raukma upaskarah
yatra sphatika-kudyesu
maha-marakatesu ca mani-pradipa abhanti lalana-ratna-samyutah
La description du palais du roi Uttanapada nous ramène à des centaines de milliers d'années en arrière, longtemps avant que le Srimad-Bhagavatam n'ait été compilé. Puisque Maharaja Dhruva régna, comme on le sait, pendant trente-six mille (36 000) ans, cela indique qu'il vécut au cours du satya-yuga, alors que les hommes vivaient jusqu'à cent mille années. Les Ecritures védiques mentionnent en effet la durée de la vie propre à chacun des quatre yugas: 100 000 ans dans le satya-yuga, 10 000 ans dans le treta-yuga, 1 000 ans dans le dvapara-yuga, et 100 ans tout au plus dans le kali-yuga. Ainsi la venue d'un nouveau yuga s'accompagne-t-elle d'une diminution de la longévité de 90% par rapport au précédent yuga —soit de 100 000 ans à 10 000, de 10 000 à 1 000, et de 1 000 à 100 ans. Il est dit que Dhruva Maharaja était l'arrière-petit-fils de Brahma, ce qui indique qu'il vécut dans le satya-yuga du début de la création. La Bhagavad-gita enseigne qu'une seule journée de Brahma compte de nombreux satya-yugas, et selon l'estimation védique, nous nous trouvons présentement dans le vingt-huitième âge, ou kalpa. On peut donc en conclure que Dhruva Maharaja vécut il y a plusieurs millions d'années. Toutefois, la description du palais du père de Dhruva est si magnifique que nous ne saurions accepter la théorie selon laquelle il n'y aurait pas eu de civilisation avancée avant la nôtre, même si l'on remonte quarante ou cinquante milliers d'années en arrière. Très récemment encore, au cours de la période mongole, il existait des murs semblables à ceux du palais de Maharaja Uttanapada. En effet, tous ceux qui ont visité le Fort Rouge à Delhi ont pu remarquer que ses murs étaient en marbre et qu'ils étaient autrefois ornés de joyaux. C'est au cours du protectorat britannique que tous ces bijoux furent enlevés pour être expédiés au British Museum. L'opulence matérielle se concevait jadis principalement en fonction des ressources naturelles comme les pierres précieuses, le marbre, la soie, l'ivoire, l'or et l'argent. L'accroissement des richesses ne s'estimait pas alors au nombre de grosses voitures. De fait, le progrès de la civilisation ne dépend pas des entreprises industrielles, mais des richesses naturelles et des aliments sains, toutes choses qui nous sont accordées par Dieu, la Personne Suprême, afin que nous puissions avoir du temps libre pour nous consacrer à la réalisation spirituelle, et faire ainsi bon usage de la forme humaine. On peut également noter ici qu'Uttanapada, le père de Dhruva Maharaja, allait bientôt renoncer à ses palais pour aller dans la forêt se consacrer à la réalisation spirituelle. Les descriptions que nous offre le Srimad-Bhagavatam permettent donc de faire une étude comparative très approfondie de la civilisation moderne et de celle qui prévalait au cours des autres âges, comme le satya-yuga, le treta-yuga et le dvapara-yuga.
udyanani ca ramyani
vicitrair amara-drumaih kujad-vihanga-mithunair gayan-matta-madhuvrataih
Dans ce verset, le mot amara-drumaih, signifiant "avec des arbres rapportés des planètes édéniques", revêt un intérêt particulier. Les planètes édéniques sont dites Amaraloka, car la mort n'y survient que très tardivement; en effet, les êtres peuvent y vivre pendant dix mille ans selon le calcul des devas, un jour y étant égal à six de nos mois. Mais après avoir passé des mois, des années, voire des milliers de leurs années, sur ces planètes édéniques, les devas, ayant épuisé les fruits de leurs actes pieux, doivent retomber sur la Terre; il s'agit là d'assertions tirées des Ecritures védiques. Si les hommes y vivent pendant dix mille années, il en est de même des arbres. En effet, puisqu'on trouve sur notre planète de nombreux arbres pouvant vivre dix mille ans, ceux qui poussent sur les planètes édéniques doivent assurément avoir une existence de plusieurs dizaines de milliers d'années; et, comme cela se pratique encore aujourd'hui, certains arbres précieux sont parfois transplantés d'un endroit à un autre. On peut lire dans un autre passage que, lorsque Sri Krsna visita les planètes édéniques avec Satyabhama, Son épouse, Il y prit un parijata pour l'amener sur la Terre, ce qui provoqua une lutte entre Krsna et les devas. Finalement, ce parijata fut planté dans le palais que Sri Krsna avait réservé à Sa reine Satyabhama. Sur les planètes édéniques, les fruits et les fleurs sont infiniment plus savoureux et plus agréables, et il semble bien que de nombreuses variétés de ces arbres embellissaient le palais de Maharaja Uttanapada.
vapyo vaidurya-sopanah
padmotpala-kumud-vatih hamsa-karandava-kulair justas cakrahva-sarasaih
Comme nous le révèlent ces descriptions, non seulement le palais était entouré de murs d'enceinte et de jardins où croissaient de nombreuses variétés d'arbres, mais on y trouvait également des petits lacs artificiels dont les eaux s'ornaient de lys et de lotus multicolores et auxquels on accédait par des escaliers faits de pierres précieuses, telles que des émeraudes. Les pavillons de jardin disposés dans des sites enchanteurs attiraient de nombreux oiseaux magnifiques, tels que des cygnes, des karandavas, des cakravakas et des grues. Généralement, ces oiseaux ne vivent pas dans les endroits pollués où se plaisent les corbeaux. Ainsi l'atmosphère de la ville était vivifiante et enchanteresse, comme on peut l'imaginer d'après la description qui en est faite.
uttanapado rajarsih
prabhavam tanayasya tam srutva drstvadbhutatamam prapede vismayam param
Alors que Dhruva Maharaja se livrait à ses pratiques austères dans la forêt, son père, Uttanapada, fut informé de ses stupéfiantes activités. En effet, Dhruva Maharaja était fils de roi et seulement âgé de cinq ans, mais il avait néanmoins pris le chemin de la forêt afin d'y mener une vie de grande ascèse consacrée au service de dévotion. Aussi ses actes revêtaient-ils un caractère merveilleux et, lorsqu'il revint chez lui, ses qualités spirituelles lui valurent tout naturellement une grande popularité parmi les citoyens, car il avait accompli nombre d'actes exceptionnels par la grâce du Seigneur. Nul ne connaît plus de satisfaction qu'un père dont l'enfant est reconnu pour ses hauts faits. Maharaja Uttanapada n'était pas un roi quelconque; c'était un rajarsi, c'est-à-dire un saint roi. Autrefois, en effet, un seul souverain régnait saintement sur la Terre. Les rois étaient éduqués dans les principes de sainteté, de telle sorte qu'ils ne cherchaient que l'intérêt des citoyens. Ces rois saints recevaient donc une formation appropriée et, comme le mentionne également la Bhagavad-gita, c'est au vertueux souverain du Soleil que fut révélée la science de Dieu, ou la voie du bhakti-yoga, telle que la présente la Bhagavad-gita. Elle se perpétua ensuite par l'intermédiaire des rois ksatriyas issus des dynasties du Soleil et de la Lune. Si le chef d'Etat est un être empreint de sainteté, les citoyens vont naturellement acquérir des qualités similaires, et ils peuvent ainsi vivre très heureux puisque leurs aspirations et leurs besoins, tant spirituels que physiques, sont alors comblés.
viksyodha-vayasam tam ca
prakrtinam ca sammatam anurakta-prajam raja dhruvam cakre bhuvah patim
Alors que les gouvernements monarchiques d'autrefois passent à tort pour autocratiques, ce verset nous révèle que non seulement le roi Uttanapada était un rajarsi, mais également qu'il ne plaça son fils bien-aimé, Dhruva, sur le trône de l'empire du monde qu'après avoir consulté ses dignitaires et ses ministres, pris en considération l'opinion des citoyens et examiné lui-même les qualités de Dhruva. Ce fut alors seulement que le roi lui confia son trône afin qu'il prenne soin des intérêts du monde. Lorsqu'à la tête du gouvernement de la Terre se trouve un roi vaisnava comme Dhruva Maharaja, le monde entier connaît un bonheur que l'on ne saurait imaginer ni décrire. Et même de nos jours, si les hommes devenaient tous conscients de Krsna, la démocratie actuelle ressemblerait en tous points au royaume édénique. En effet, si tous les hommes devenaient ainsi conscients de Krsna, ils voteraient pour des êtres de la valeur de Dhruva Maharaja, et si un tel vaisnava occupait le poste de chef d'Etat, tous les problèmes liés à un gouvernement satanique seraient résolus du même coup! La jeune génération d'aujourd'hui se montre pleine d'enthousiasme dans ses tentatives en vue de renverser le gouvernement dans différentes parties du monde. Toutefois, à moins que les hommes ne soient conscients de Krsna comme le fut Dhruva Maharaja, il ne saurait y avoir de changement appréciable à cet égard; en effet, les individus qui aspirent à atteindre une position politique par tous les moyens ne peuvent penser au bonheur des hommes. Ils ne se soucient que de conserver une position qui leur assure prestige et profits, de telle sorte qu'ils n'ont guère le temps de songer au bonheur des citoyens.
atmanam ca pravayasam
akalayya visampatih vanam viraktah pratisthad vimrsann atmano gatim
Ce verset révèle ce qui caractérise un rajarsi. Le roi Uttanapada vivait dans une grande opulence et régnait sur le monde entier, ce qui, à coup sûr, représentait de très grands attachements. Les politiciens modernes qui, pour peu de temps, obtiennent un certain pouvoir politique, ne sont pas du calibre d'un grand roi tel que Maharaja Uttanapada, mais ils se montrent si attachés à leur position que jamais ils ne l'abandonnent —à moins d'être chassés par l'implacable mort ou assassinés par un parti politique adverse. En Inde, par exemple, nous savons par expérience que les politiciens ne quittent leur poste que s'ils viennent à mourir. Autrefois, il n'en était pas ainsi, comme le démontre à l'évidence la façon d'agir du roi Uttanapada. Dès que ce dernier eut installé son digne fils, Dhruva Maharaja, sur le trône impérial, il quitta son foyer et le palais; il existe ainsi des centaines et des milliers d'exemples de rois qui renoncèrent à leur trône lorsqu'ils eurent atteint un certain âge, et qui gagnèrent la forêt pour y mener une vie d'ascèse. A vrai dire, la pratique de l'austérité occupe une place de première importance dans la vie d'un homme. Alors que Maharaja Dhruva s'était livré à des pratiques austères dans sa prime enfante, son père, Maharaja Uttanapada, prit lui aussi le chemin de la forêt, mais après avoir atteint un âge avancé. De nos jours, toutefois, il n'est pas possible de quitter son foyer pour se livrer à des austérités dans la forêt. Néaanmoins, si les hommes de tout âge cherchaient un refuge dans le Mouvement pour la Conscience de Krsna et se livraient à de simples austérités telles que le renoncement à la vie sexuelle illicite, à tout excitant et substance toxique, au jeu et à la spéculation, et à la consommation de chair animale, tout en chantant régulièrement le mantra Hare Krsna (seize chapelets par jour), ils obtiendraient alors sans difficulté, par cette voie simple et pratique, d'être délivrés de ce monde matériel. Ainsi s'achèvent les enseignements de Bhaktivedanta sur le neuvième chapitre du quatrième Chant du Srimad-Bhagavatam, intitulé: "Le retour de Dhruva Maharaja".
Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare |