SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 8
CHAPITRE 11

Le roi Indra
anéantit les asuras.

VERSET 6

so ham durmayinas te dya
vajrena sata-parvana
siro harisye mandatman
ghatasva jnatibhih saha

TRADUCTION

Aujourd'hui, à l'aide de ma foudre aux centaines d'arêtes tranchantes, c'est moi, avec toute ma puissance, qui vais séparer ta tête du reste de ton corps. Bien que tu puisses produire toutes sortes de prodiges en recourant à la magie, tu possèdes bien peu de connaissance. Maintenant, essaie de rester en vie sur ce champ de bataille avec tes parents et amis.

VERSET 7

sri-balir uvaca
sangrame vartamananam
kala-codita-karmanam
kirtir jayo jayo mrtyuh
sarvesam syur anukramat

TRADUCTION

Bali Maharaja répondit en ces termes:
Tous ceux qui se trouvent sur ce champ de bataille dépendent assurément du temps éternel, et, selon les activités qui leur sont prescrites, ils sont destinés à bénéficier de la gloire et de la victoire, à subir la défaite et la mort, les unes après les autres.

TENEUR ET PORTEE

Si l'on est victorieux sur le champ de bataille, on devient célèbre; et si l'on n'est pas victorieux mais vaincu, on peut mourir. Les deux, victoire et défaite, sont possibles, que ce soit sur un champ de bataille de cet ordre ou encore sur celui où se déroule la lutte pour l'existence. Tout arrive selon les lois de la nature (prakrteh kriyamanani gunaih karmani sarvasah). Puisque tous les êtres vivants, sans exception, sont soumis aux modes d'influence de la nature matérielle, que l'on soit victorieux ou vaincu, nul n'est indépendant; tous demeurent sous le contrôle de la nature matérielle. Bali Maharaja était donc très sensé. Il savait que le combat était arrangé par le temps éternel et que, sous l'emprise du temps, on doit accepter les résultats de ses propres activités. De ce fait, bien qu'Indra menaçât Bali Maharaja de le tuer de sa foudre, celui-ci n'eut pas du tout peur. Voilà l'état d'esprit d'un ksatriya: yuddhe capy apalayanam. (B.g.,18.43) Un ksatriya doit être tolérant en toutes circonstances, et surtout sur le champ de bataille. Ainsi Bali Maharaja affirma-t-il qu'il n'avait pas du tout peur de la mort, bien qu'il fût menacé par un aussi grand personnage que le roi des cieux.

VERSET 8

tad idam kala-rasanam
jagat pasyanti surayah
na hrsyanti na socanti
tatra yuyam apanditah

TRADUCTION

Observant les mouvements du temps, ceux qui ont vraiment conscience de la vérité ne se réjouissent ni ne se lamentent quelles que soient les circonstances. En conséquence, puisque tu exultes dans ta victoire, tu ne devrais pas être considéré comme quelqu'un de très savant.

TENEUR ET PORTEE

Bali Maharaja savait qu'Indra, le roi des cieux, était extrêmement puissant, certainement beaucoup plus que lui-même. Néanmoins, il provoqua Indra en disant que celui-ci n'avait rien d'un sage érudit. Dans la Bhagavad-gita (2.11), Krsna réprimande Arjuna en disant:

asocyan anvasocas tvam
prajna-vadams ca bhasase
gatasun agatasums ca
nanusocanti panditah

"Bien que tu tiennes de savants discours, tu t'affliges sans raison. Ni les vivants ni les morts, le sage ne les pleure." Ainsi, de même que Krsna défia en quelque sorte Arjuna en lui disant qu'il n'était pas un pandita, un sage, Bali Maharaja provoqua aussi le roi Indra et ses compagnons. Dans l'univers matériel, tout se produit sous l'influence du temps. En conséquence, pour un sage qui voit comment se produisent les événements de la vie, il n'est pas question d'être désolé ou heureux à cause des vagues de la nature matérielle. Après tout, puisque nous sommes emportés par ces vagues, pourquoi être joyeux ou triste? Celui auquel les lois de la nature sont très familières n'est jamais joyeux ou triste à cause des événements dus à la nature. Dans la Bhagavad-gita (2.14), Krsna nous conseille d'être tolérant: tams titiksasva bharata. Suivant ce conseil de Krsna, on ne doit être ni déprimé ni malheureux du fait des changements transitoires. C'est là le symptôme d'un bhakta. Un dévot du Seigneur s'acquitte de son devoir dans la conscience de Krsna et n'est jamais malheureux lors de circonstances adverses. Il est fermement persuadé qu'en de telles circonstances Krsna protège Son dévot. De ce fait, un bhakta ne dévie jamais de son devoir prescrit dans le service de dévotion. Les sentiments matériels de joie et de tristesse existent même chez les devas, qui sont des êtres très évolués vivants dans les systèmes planétaires supérieurs. En conséquence, celui qui n'est pas dérangé par les circonstances dites favorables ou défavorables de l'univers matériel doit être considéré comme étant brahma-bhuta, c'est-à-dire "réalisé". Comme le dit la Bhagavad-gita (18.54): brahma-bhutah prasannatma na socati na kanksati —"Celui qui atteint le niveau spirituel réalise du même coup le Brahman Suprême et y trouve une joie infinie." Si une personne n'est pas affectée par les circonstances matérielles, on doit comprendre qu'elle se trouve sur un plan transcendantal, bien au-dessus des réactions des trois modes d'influence de la nature matérielle.

VERSET 9

na vayam manyamananam
atmanam tatra sadhanam
giro vah sadhu-socyanam
grhnimo marma-tadanah

TRADUCTION

Vous les devas, vous pensez être vous-mêmes la cause de votre renommée et de votre victoire. Du fait de votre ignorance, les personnes saintes se sentent désolées pour vous. C'est pourquoi, bien que vos paroles affligent le coeur, nous ne sommes pas disposés à les accepter.

VERSET 10

sri-suka uvaca
ity aksipya vibhum viro
naracair vira-mardanah
akarna-purnairahanad
aksepair aha tam punah

TRADUCTION

Sukadeva Gosvami dit:
Après avoir ainsi admonesté Indra par de dures paroles, Bali Maharaja, qui pouvait triompher de n'importe quel autre héros, ramena à son oreille les flèches connues sous le nom de naracas, et les décocha sur le roi des cieux. Ensuite, il lui adressa encore de sévères reproches.


Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare
Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare