SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 8
CHAPITRE 16

Le voeu du payo-vrata.

VERSET 16

parair vivasita saham
magna vyasana-sagare
aisvaryam srir yasah sthanam
hrtani prabalair mama

TRADUCTION

Les asuras, nos ennemis à la puissance formidable, nous ont ravi nos richesses, notre beauté, notre renommée et même notre résidence. En vérité, nous sommes maintenant exilés, et nous nous noyons dans un océan de malheurs.

VERSET 17

yatha tani punah sadho
prapadyeran mamatmajah
tatha vidhehi kalyanam
dhiya kalyana-krttama

TRADUCTION

O toi le meilleur d'entre les sages, le meilleur de tous ceux qui accordent des bénédictions, nous t'en prions, considère notre situation et répands sur mes fils les bénédictions par lesquelles ils pourront regagner ce qu'ils ont perdu.

VERSET 18

sri-suka uvaca
evam abhyarthito ditya
kas tam aha smayann iva
aho maya-balam visnoh
sneha-baddham idam jagat

TRADUCTION

Sukadeva Gosvami poursuivit:
Ainsi sollicité par Aditi, Kasyapa Muni esquissa un sourire en disant: "Ah! qu'elle est donc puissante l'énergie illusoire de Sri Visnu! Le monde entier se trouve enchaîné par les liens de l'affection pour les enfants!"

TENEUR ET PORTEE

Kasyapa Muni compatissait assurément à l'affliction de sa femme, mais il était surpris néanmoins de voir comment le monde entier est influencé par l'affection.

VERSET 19

kva deho bhautiko natma
kva catma prakrteh parah
kasya ke pati-putradya
moha eva hi karanam

TRADUCTION

[Kasyapa Muni poursuivit:]
Qu'est-ce que le corps matériel, fait de cinq éléments? Il est différent de l'âme. L'âme n'a rien à voir avec les éléments matériels qui composent le corps. Cependant, à cause de l'attachement au corps, l'être vivant est considéré comme un époux ou un fils. Ces liens illusoires proviennent d'une mauvaise compréhension.

TENEUR ET PORTEE

L'âme (atma ou jiva) est assurément différente du corps, qui représente une combinaison de cinq éléments matériels. Ce fait, pourtant simple, ne peut être compris à moins que l'on ne soit éduqué spirituellement. Kasyapa Muni rencontra sa femme, Aditi, sur les planètes édéniques, mais le même malentendu règne de par l'univers entier, y compris sur Terre. Il existe différentes catégories d'êtres vivants, mais tous vivent plus ou moins selon une conception corporelle de l'existence. En d'autres termes, tous les êtres vivants du monde matériel sont plus ou moins dénués d'éducation spirituelle. La civilisation védique, cependant, se fonde sur une éducation spirituelle, et celle-ci est à la base de la Bhagavad-gita, enseignée à Arjuna. Au début de la Bhagavad-gita, Krsna apprend à Arjuna à comprendre que l'âme spirituelle est différente du corps.

dehino smin yatha dehe
kaumaram yauvanam jara
tatha dehantara-praptir
dhiras tatra na muhyati

"A l'instant de la mort, l'âme prend un nouveau corps, aussi naturellement qu'elle est passée, dans le précédent, de l'enfance à la jeunesse, puis à la vieillesse. Ce changement ne trouble pas l'être sobre." (B.g.,2.13) Malheureusement, cette éducation spirituelle se trouve complètement absente de la civilisation moderne. Personne ne comprend son véritable intérêt, qui est celui de l'âme spirituelle et non du corps matériel. Education signifie éducation spirituelle. Travailler intensément sous l'emprise d'une conception corporelle de la vie, sans éducation spirituelle, revient à vivre comme un animal. Nayam deho deha-bhajam nr-loke kastan kaman arhate vid-bhujam ye (S.B.,5.5.1). Les gens dépensent tant d'énergie simplement pour les commodités du corps, sans être instruits quant à l'intérêt de l'âme spirituelle. Ils vivent ainsi dans une civilisation dangereuse, car l'âme spirituelle doit bel et bien transmigrer d'un corps à un autre (tatha dehantara-praptih). Sans éducation spirituelle, les gens sont gardés dans l'ignorance et ne savent pas ce qu'il adviendra d'eux après la mort de leur corps. Ils travaillent aveuglément, et des chefs aveugles les dirigent. Andha yathandhair upaniyamanas te pisa-tantryam uru-damni baddhah (S.B.,7.5.31) L'homme privé de raison ne sait pas qu'il demeure complètement sous l'esclavage de la nature matérielle et que celle-ci lui imposera après la mort un certain type de corps, qu'il devra accepter. Il ne sait pas que bien qu'il puisse être dans ce corps présent quelqu'un de très important, il risque de renaître avec un corps d'animal ou d'arbre pour avoir agi dans l'ignorance sous l'emprise des modes d'influence de la nature matérielle. De ce fait, le Mouvement pour la Conscience de Krsna essaie de donner la véritable lumière de l'existence spirituelle à tous les êtres vivants. Ce Mouvement n'est pas très difficile à comprendre et les gens doivent en tirer parti car il les sauvera des risques qu'ils courent en menant une vie d'irresponsabilité.

VERSET 20

upatisthasva purusam
bhagavantam janardanam
sarva-bhuta-guha-vasam
vasudevam jagad-gurum

TRADUCTION

Ma chère Aditi, consacre-toi au service de dévotion offert à Dieu, la Personne Suprême, qui est le maître souverain, qui peut vaincre tous les ennemis et qui Se tient dans le coeur de chacun. Seule cette Personne Suprême —Krsna, ou Vasudeva— peut accorder toutes les bénédictions aux êtres vivants, car Il est le maître spirituel de l'univers.

TENEUR ET PORTEE

Par ces paroles, Kasyapa Muni essaya d'apaiser sa femme. Aditi avait fait appel à son époux matériel —et bien entendu, cela est louable—, mais en fait ceux auxquels nous sommes liés par des liens matériels ne peuvent rien faire de bien pour nous. Si une bonne chose peut être accomplie, elle l'est par Dieu, la Personne Suprême, Vasudeva. De ce fait, Kasyapa Muni conseilla à sa femme, Aditi, d'adorer Sri Vasudeva, qui demeure dans le coeur de chacun. Il reste l'ami de tous les êtres et Il est connu sous le nom de Janardana parce qu'Il peut tuer tous les ennemis. Il existe trois modes d'influence de la nature matérielle —la vertu, la passion et l'ignorance—, et au-delà, transcendant cette nature matérielle, se trouve une autre existence, appelée suddha-sattva. Dans le monde matériel, l'influence de la vertu est considérée comme la meilleure, mais à cause de la contamination matérielle même la vertu est parfois submergée par la passion et l'ignorance. Cependant, quand un être transcende la compétition existant entre ces influences et s'absorbe dans le service de dévotion, il s'élève au-delà des trois gunas de la nature matérielle. Dans cette position transcendantale, l'être possède une conscience pure. Sattvam visuddham vasudeva-sabditam (S.B.,4.3.23). Au-delà de la nature matérielle se trouve le niveau appelé vasudeva, où l'on est libéré de la contamination matérielle. Ce n'est qu'une fois ce niveau atteint que l'on peut percevoir Dieu, la Personne Suprême, Vasudeva. Ainsi la condition vasudeva comble un besoin spirituel. Vasudevah sarvam iti sa mahatma sudurlabhah. Celui qui réalise Vasudeva, Dieu, la Personne Suprême, devient par là quelqu'un d'exceptionnel.

Paramatma (Vasudeva) Se tient dans le coeur de tous les êtres, comme le confirme la Bhagavad-gita:

tesam satata-yuktanam
bhajatam priti-purvakam
dadami buddhi-yogam tam
yena mam upayanti te

"A ceux qui toujours Me servent et M'adorent avec amour et dévotion, Je donne l'intelligence grâce à laquelle ils pourront venir à Moi." (B.g.,10.10)

isvarah sarva-bhutanam
hrd-dese rjuna tisthati

"Le Seigneur Suprême Se tient dans le coeur de tous les êtres, ô Arjuna." (B.g.,18.61)

bhoktaram yajna-tapasam
sarva-loka-mahesvaram
suhrdam sarva-bhutanam
jnatva mam santim rcchati

"Parce qu'il Me sait le bénéficiaire ultime de tous les sacrifices, de toutes les austérités, le Seigneur Suprême de tous les astres et de tous les devas, l'ami et le bienfaiteur de tous les êtres, l'homme pleinement conscient de Moi trouve la cessation des souffrances matérielles." (B.g.,5.29)

Quiconque se trouve perplexe devrait chercher refuge aux pieds pareils-au-lotus de Vasudeva, Krsna, lequel donnera à Son dévot l'intelligence qui l'aidera à surmonter toutes difficultés et à retourner en sa demeure originelle, auprès de Dieu. Kasyapa Muni conseilla à sa femme de chercher refuge aux pieds pareils-au-lotus de Vasudeva, Krsna, de manière à résoudre facilement tous ses problèmes. Ainsi Kasyapa Muni se révéla être un maître spirituel idéal. Il n'avait pas la sottise de se présenter comme une personnalité élevée, sur le même plan que Dieu. C'était véritablement un guru authentique car il conseilla à sa femme de chercher refuge aux pieds pareils-au-lotus de Vasudeva. Celui qui apprend à son subordonné ou à son disciple l'art d'adorer Vasudeva est véritablement un maître spirituel authentique. Le mot jagad-gurum revêt une grande importance à cet égard. Kasyapa Muni ne se déclara pas faussement jagad-guru bien qu'en réalité il le fut puisqu'il plaidait la cause de Vasudeva. En fait, Vasudeva est jagad-guru, comme on le mentionne clairement ici (vasudevam jagad-gurum). Celui qui enseigne les instructions de Vasudeva, la Bhagavad-gita, a même valeur que vasudevam jagad-gurum. Cependant, si quelqu'un n'enseigne pas cette instruction —telle qu'elle est— et se déclare lui-même jagad-guru, il trompe simplement le public. Krsna est jagad-guru, et celui qui enseigne l'instruction de Krsna telle qu'elle est, en Son nom, peut être accepté comme jagad-guru. On ne peut accepter comme tel quiconque élabore ses propres théories; celui-là devient faussement jagad-guru.


Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare
Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare