SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 8 CHAPITRE 20 Bali Maharaja cède
l'univers à Sri Vamanadeva.
sri-suka uvaca
balir evam grha-patih kulacaryena bhasitah tusnim bhutva ksanam rajann uvacavahito gurum
O roi Pariksit, ainsi conseillé par Sukracarya, son maître spirituel, le prêtre de famille, Bali Maharaja resta silencieux quelque temps; puis, après avoir bien réfléchi, il lui répondit.
Srila Visvanatha Cakravarti Thakura remarque que Bali Maharaja resta silencieux lors de cette situation critique. Comment pouvait-il désobéir à l'instruction de son maître spirituel, Sukracarya? Il va du devoir d'une personnalité sobre comme Bali Maharaja de se conformer immédiatement aux ordres de son maître spirituel, comme le sien le lui avait conseillé. Mais Bali Maharaja estima aussi que Sukracarya ne pouvait plus être accepté comme maître spirituel, car il avait failli à son devoir. Selon les sastras, le devoir du guru consiste à ramener ses disciples auprès de Dieu, en leur demeure originelle. S'il n'en est pas capable et empêche au contraire le disciple de retourner à Dieu, il ne doit pas être un guru. Gurur na sa syat (S.B.,5.5.18). Celui qui n'est pas capable d'aider son disciple à avancer dans la conscience de Krsna ne doit pas devenir un guru. Le but de la vie est de devenir un dévot du Seigneur, Sri Krsna, de façon à se libérer de l'esclavage de l'existence matérielle (tyaktva deham punar janma naiti mam eti so rjuna). Le maître spirituel aide son disciple à atteindre ce niveau en développant sa conscience de Krsna. Sukracarya avait recommandé à Bali Maharaja de nier sa promesse à Vamanadeva. Vu les circonstances, le roi pensa donc qu'il ne commettrait pas de faute en désobéissant à son maître spirituel. Il réfléchit à la situation: devait-il refuser d'accepter le conseil de son maître spirituel, ou indépendamment tout faire pour satisfaire Dieu, la Personne Suprême? Il délibéra un certain temps: tusnim burtva ksanam rajann uvacavahito gurum. Après avoir réfléchi, il décida qu'il fallait satisfaire Sri Visnu en toutes circonstances, même au risque d'aller à l'encontre du conseil de son guru.
Celui qui est censé être un guru mais qui va à l'encontre des principes de la visnu-bhakti, ne peut être accepté comme maître spirituel. Si quelqu'un a, par erreur, pris un tel guru, il devrait le rejeter.
sri-balir uvaca
satyam bhagavata proktam dharmo yam grhamedhinam artham kamam yaso vrttim yo na badheta karhicit
Comme tu l'as déjà mentionné, le principe de religion qui ne cause pas de préjudice à la prospérité, à la satisfaction des sens, à la renommée et aux moyens d'existence représente le véritable devoir du chef de famille. Je pense aussi que ce principe religieux est correct.
La réponse grave de Bali Maharaja à son maître spirituel est riche de sens. Sukracarya insistait sur le fait que les moyens de subsistance d'une personne, sa renommée matérielle, la satisfaction de ses sens et sa prospérité doivent être préservés. Veiller à cela représente le premier devoir du chef de famille, surtout pour celui qui s'intéresse à la vie matérielle. Si un principe religieux n'affecte pas la condition matérielle de l'individu, alors il peut être accepté. A notre époque, dans l'âge de Kali, cette idée est très largement adoptée. Personne n'est disposé à suivre un principe religieux qui entrave sa prospérité matérielle. Sukracarya, étant un homme de ce monde, ne connaissait pas les principes d'un dévot du Seigneur. Un bhakta est déterminé à servir le Seigneur à Son entière satisfaction. Tout ce qui peut entraver une telle détermination doit sans hésitation être rejeté. Voilà en quoi consiste le principe de la bhakti. Anukulyasya sankalpah pratikulyasya varjanam (C.c., Madhya 22.100). Pour accomplir le service de dévotion, il faut accepter seulement ce qui est favorable et rejeter ce qui ne l'est pas. Bali Maharaja avait l'occasion de pouvoir remettre tout ce qu'il possédait aux pieds pareils-au-lotus de Vamanadeva, mais Sukracarya lui présentait un argument matériel comme un obstacle sur cette voie du service de dévotion. Vu les circonstances, Bali Maharaja décida que de tels empêchements devaient sans aucun doute être évités. En d'autres termes, il décida immédiatement de rejeter le conseil de Sukracarya et de continuer à agir selon son devoir. Il remit donc toutes ses possessions à Sri Vamanadeva.
sa caham vitta-lobhena
pratyacakse katham dvijam pratisrutya dadamiti prahradih kitavo yatha
Bali Maharaja avait déjà été béni par son grand-père, Prahlada Maharaja. De ce fait, bien que né dans une famille d'asuras, c'était un pur dévot du Seigneur. Il existe deux sortes de bhaktas très avancés, appelés sadhana-siddha et krpa-siddha. Le sadhana-siddha est celui qui est devenu un bhakta en observant assidûment les principes régulateurs mentionnés dans les sastras, en suivant les ordres et les directives du maître spirituel. Si l'on accomplit assidûment un tel service de dévotion, on atteindra sûrement un jour la perfection. Cependant, il existe d'autres bhaktas qui peuvent ne pas s'être pliés à toutes les règles du service de dévotion, mais qui, par la miséricorde spéciale du guru et de Krsna —le maître spirituel et Dieu, la Personne Suprême—, ont immédiatement atteint la perfection du pur service de dévotion. Citons, à titre d'exemple, les yajna-patnis, Maharaja Bali et Sukadeva Gosvami. Les yajna-patnis étaient les femmes de brahmanas ordinaires qui se vouaient à des activités intéressées. Bien que ces brahmanas fussent très érudits et avancés dans la connaissance védique, ils ne purent obtenir la miséricorde de Krsna-Balarama, alors que leurs femmes atteignirent la perfection complète dans le service de dévotion, en dépit du fait qu'elles n'étaient que des femmes. De même, Vairocani, ou Bali Maharaja, reçut la miséricorde de Prahlada Maharaja, ce qui lui valut d'obtenir la grâce de Sri Visnu, lequel fit Son apparition sous les traits d'un brahmacari mendiant. Bali Maharaja devint ainsi un krpa-siddha grâce à la miséricorde spéciale de son guru et de Krsna. Caitanya Mahaprabhu confirme cela: guru-krsna-prasade paya bhakti-lata-bija (C.c., Madhya 19.151). Bali Maharaja, par la miséricorde de Prahlada Maharaja, reçut la graine du service de dévotion, et quand celle-ci eut mûri, il goûta le fruit ultime de ce service, l'amour de Dieu (prema pum-artho mahan), dès l'instant où apparut Sri Vamanadeva. Il entretenait assidûment sa dévotion pour le Seigneur, et parce qu'il s'était purifié, le Seigneur apparut devant lui. Grâce à son pur amour pour le Seigneur, il décida alors immédiatement: "Je vais donner à ce petit nain brahmana tout ce qu'Il me demandera." Voilà un signe d'amour. On considère donc Bali Maharaja comme l'un de ceux qui atteignirent la plus haute perfection du service de dévotion grâce à une miséricorde spéciale.
na hy asatyat paro dharma
iti hovaca bhur iyam sarvam sodhum alam manye rte lika-param naram
Sur la surface de la Terre, il existe beaucoup de grandes montagnes et d'océans qui sont très lourds, et notre mère la Terre n'a aucune difficulté à les porter. Pourtant, elle se sent très accablée quand elle porte ne serait-ce qu'un seul menteur. Dans le kali-yuga, le mensonge est une affaire commune: mayaiva vyavaharike (S.B.,12.2.3). Même dans les rapports les plus courants, les gens sont habitués à dire toutes sortes de mensonges. Personne n'échappe aux conséquences expiatoires du mensonge. Vu les circonstances, on peut facilement imaginer le fardeau qui doit accabler la Terre, et en fait l'univers entier.
naham bibhemi nirayan
nadhanyad asukharnavat na sthana-cyavanan mrtyor yatha vipra-pralambhanat
Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare |