SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 8 CHAPITRE 20 Bali Maharaja cède
l'univers à Sri Vamanadeva.
yad yad dhasyati loke smin
samparetam dhanadikam tasya tyage nimittam kim vipras tusyen na tena cet
Le mot vipra signifie "brahmana" et en même temps "confidentiel". Bali Maharaja avait décidé confidentiellement de donner l'aumône à Vamanadeva sans discuter, mais puisqu'une telle décision allait blesser le coeur des asuras et de son maître spirituel, Sukracarya, il parla d'une manière équivoque. En tant que pur dévot, il avait déjà décidé de donner toute la Terre à Sri Visnu.
sreyah kurvanti bhutanam
sadhavo dustyajasubhih dadhyan-sibi-prabhrtayah ko vikalpo dharadisu
Bali Maharaja était prêt à tout donner à Sri Visnu, et Sukracarya, prêtre professionnel, devait attendre dans l'anxiété, en se demandant si l'histoire avait déjà connu l'exemple d'une personne qui aurait ainsi tout donné en charité. Bali Maharaja, cependant, cita les exemples concrets de Maharaja Sibi et de Maharaja Dadhici, qui abandonnèrent leurs vies pour le bien du commun des hommes. Chacun est assurément attaché à toutes sortes de choses matérielles, surtout à la terre, mais terres et autres possessions sont enlevées de force au moment de la mort, comme le mentionne la Bhagavad-gita (mrtyuh sarva-haras caham). Le Seigneur apparut personnellement à Bali Maharaja pour lui enlever tout ce qu'il avait, et le roi eut ainsi le bonheur de pouvoir Le voir face à face. Les abhaktas, cependant, ne peuvent pas voir ainsi le Seigneur; pour eux, Dieu apparaît comme la mort, et Il leur arrache de force toutes leurs possessions. Puisqu'il en est ainsi, pourquoi ne pas nous dessaisir de nos possessions et les remettre à Sri Visnu pour Sa satisfaction? Sri Canakya Pandita dit à cet égard: san-nimitte varam tyago vinase niyate sati (Canakya-sloka, 36). Puisque notre argent et nos biens ne durent pas mais nous seront enlevés d'une façon ou d'une autre, tant que nous en sommes les propriétaires il est préférable de les utiliser à faire la charité à une noble cause. Bali Maharaja brava donc l'ordre de son prétendu maître spirituel.
yair iyam bubhuje brahman
daityendrair anivartibhih tesam kalo grasil lokan na yaso dhigatam bhuvi
A cet égard, Canakya Pandita (Canakya-sloka, 34) dit aussi: ayusah ksana eko pi na labhya svarna-kotibhih. La durée d'une vie est extrêmement brève, mais si, dans ce court laps de temps, l'homme peut faire quelque chose qui accroît sa renommée, celle-ci pourra continuer d'exister pour des millions d'années. Bali Maharaja décida donc de ne pas suivre l'instruction de son maître spirituel, aux termes de laquelle il devait renier la promesse faite à Vamanadeva; au contraire, il décida de tenir parole en donnant la Terre et d'être ainsi célébré à jamais comme l'un des douze mahajanas (balir vaiyasakir vayam).
sulabha yudhi viprarse
hy anivrttas tanu-tyajah na tatha tirtha ayate sraddhaya ye dhana-tyajah
De nombreux ksatriyas ont laissé leur vie sur le champ de bataille pour leur patrie, mais il est difficile de trouver quelqu'un qui a donné toutes ses possessions et ses richesses en charité à une personne digne de ce don. Comme le mentionne la Bhagavad-gita (17.20):
manasvinah karunikasya sobhanam
yad arthi-kamopanayena durgatih kutah punar brahma-vidam bhavadrsam tato vator asya dadami vanchitam
Personne ne glorifiera celui qui vit dans la misère pour avoir perdu de l'argent dans les affaires, au jeu, pour la prostitution ou l'intoxication; en revanche, celui qui se trouve dans la misère parce qu'il a tout donné en charité sera révéré de tous dans le monde entier. D'autre part, si une personne bienveillante et miséricordieuse manifeste de la fierté à devenir pauvre en donnant en charité tous ses biens pour une bonne cause, sa pauvreté est alors appréciée comme un signe de bon augure indiquant une grande personnalité. Bali Maharaja décida que même s'il devait devenir très pauvre en donnant tout à Vamanadeva, il choisirait quand même d'agir ainsi.
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