SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 8
CHAPITRE 20

Bali Maharaja cède
l'univers à Sri Vamanadeva.

VERSET 11

yajanti yajnam kratubhir yam adrta
bhavanta amnaya-vidhana-kovidah
sa eva visnur varado stu va paro
dasyamy amusmai ksitim ipsitam mune

TRADUCTION

O grand sage, d'illustres personnes saintes comme toi-même, parfaitement conscientes des principes védiques concernant l'accomplissement de cérémonies rituelles et de yajnas, adorent Sri Visnu en toutes circonstances. Par suite, que Sri Visnu Lui-même soit venu ici pour m'accorder toutes bénédictions ou pour me punir comme un ennemi, je dois me plier à Ses ordres et Lui donner sans hésitation la portion de terre qu'Il m'a demandée.

TENEUR ET PORTEE

Siva déclare:

aradhananam sarvesam
visnor aradhanam param
tasmat parataram devi
tadiyanam samarcanam
(Padma Purana)

Bien que les Vedas comportent des recommandations liées au culte de nombreux devas, Sri Visnu est la Personne Suprême et L'adorer représente le but ultime de la vie. Les principes védiques de l'institution du varnasrama sont destinés à organiser la société de façon à préparer chacun à adorer Sri Visnu.

varnasramacaravata
purusena parah puman
visnur aradhyate pantha
nanyat tat-tosa-karanam

"On adore Dieu, la Personne Suprême, Sri Visnu, en s'acquittant correctement des devoirs prescrits dans le cadre des varnas et des asramas. Il n'y a pas d'autre façon de satisfaire le Seigneur." (V.P.,3.8.9) Il faut en venir à adorer Sri Visnu, et c'est à cette fin que le système du varnasrama divise la société en brahmanas, ksatriyas, vaisyas, sudras, brahmacaris, grhasthas, vanaprasthas et sannyasis. Bali Maharaja, qui avait été parfaitement éduqué dans le service de dévotion par son grand-père, Prahlada Maharaja, savait ce qu'il devait faire. Jamais il ne serait fourvoyé par qui que ce soit, même par celui qui se trouvait être son prétendu maître spirituel. Voilà le signe d'un abandon total. Bhaktivinoda Thakura dit dans l'un de ses chants:

marabi rakhabi--yo iccha tohara
nitya-dasa-prati tuya adhikara

Celui qui s'abandonne à Sri Visnu doit être disposé à suivre Ses ordres en toutes circonstances, qu'Il protège ou qu'Il donne la mort. Sri Visnu doit être adoré en toutes circonstances.

VERSET 12

yadyapy asav adharmena
mam badhniyad anagasam
tathapy enam na himsisye
bhitam brahma-tanum ripum

TRADUCTION

Bien qu'Il soit Krsna Lui-même, par peur Il S'est fait passer pour un brahmana pour venir mendier quelque aumône auprès de moi. En conséquence, du fait qu'Il est apparu sous les traits d'un brahmana, même s'Il m'arrête d'une manière contraire aux principes de la religion ou même s'Il me tue, je ne prendrai aucune mesure de représailles, bien qu'Il soit mon ennemi.

TENEUR ET PORTEE

Si Sri Visnu dans Son apparence normale était venu trouver Bali Maharaja pour lui demander quelque chose, celui-ci n'aurait certainement pas refusé Sa requête. Mais afin de Se divertir un peu en compagnie de Son dévot, le Seigneur Se déguisa en brahmana-brahmacari et vint ainsi lui mendier trois pas de terre.

VERSET 13

esa va uttamasloko
na jihasati yad yasah
hatva mainam hared yuddhe
sayita nihato maya

TRADUCTION

Si ce brahmana est vraiment Sri Visnu, Celui que l'on adore par des hymnes védiques, Il ne renoncera jamais à Sa réputation universelle; soit Il restera, gisant au sol, tué par moi, soit Il me tuera au combat.

TENEUR ET PORTEE

Les dires de Bali Maharaja, selon lesquels Visnu serait tué par lui, ne revêtent pas en fait une signification directe, car Visnu ne peut être tué par personne. Il peut tuer tout le monde, mais Lui, personne ne peut Le tuer. Aussi, la véritable signification du mot "gisant" est que Sri Visnu viendrait habiter le coeur de Bali Maharaja. Sri Visnu est vaincu par Son bhakta du fait de son service de dévotion; sinon, nul ne peut vaincre le Seigneur.

VERSET 14

sri-suka uvaca
evam asraddhitam sisyam
anadesakaram guruh
sasapa daiva-prahitah
satya-sandham manasvinam

TRADUCTION

Sri Sukadeva Gosvami poursuivit:
Alors, le maître spirituel, Sukracarya, inspiré par le Seigneur Suprême, maudit son prestigieux disciple Bali Maharaja, qui était si magnanime et si fixé dans la véracité qu'au lieu de respecter les instructions de son maître spirituel, il voulait désobéir à son ordre.

TENEUR ET PORTEE

La différence entre le comportement de Bali Maharaja et celui de Sukracarya venait du fait que Bali Maharaja avait déjà développé en lui de l'amour pour Dieu, au contraire de son maître spirituel, qui était surtout un prêtre voué à des rituels routiniers. Ainsi Sukracarya n'était-il jamais inspiré par le Seigneur à développer son service de dévotion. Comme le Seigneur l'explique Lui-même dans la Bhagavad-gita (10.10):

tesam satata-yuktanam
bhajatam priti-purvakam
dadami buddhi-yogam tam
yena mam upayanti te

"A ceux qui toujours Me servent et M'adorent avec amour et dévotion, Je donne l'intelligence grâce à laquelle ils pourront venir à Moi."

Les bhaktas qui s'absorbent vraiment avec foi et amour dans le service de dévotion sont inspirés par Dieu, la Personne Suprême. Les vaisnavas ne sont jamais concernés par les smarta-brahmanas ritualistes. Srila Sanatana Gosvami a donc compilé le Hari-bhakti-vilasa afin de guider les vaisnavas, qui ne suivent jamais le smarta-viddhi. Bien que le Seigneur Suprême réside dans le coeur de chacun, à moins d'être un vaisnava, d'être absorbé dans le service de dévotion, on ne recevra pas de conseil substantiel, fiable permettant de retourner auprès de Dieu, dans le monde spirituel. De telles instructions sont réservées aux bhaktas. Dans ce verset, les mots daiva-prahitah, "étant inspiré par le Seigneur Suprême", revêtent donc une importance particulière. Sukracarya aurait dû encourager Bali Maharaja à tout donner à Sri Visnu, ce qui aurait été un signe d'amour pour le Seigneur Suprême. Mais il ne le fit pas. Au contraire, il voulut punir son disciple dévoué en le maudissant.

VERSET 15

drdham pandita-many ajnah
stabdho sy asmad-upeksaya
mac-chasanatigo yas tvam
acirad bhrasyase sriyah

TRADUCTION

Bien que sans connaissance, tu es devenu une personne soi-disant savante, et ainsi tu oses être assez effronté pour désobéir à mon ordre. A cause de ta désobéissance, tu seras bientôt privé de toutes tes richesses.

TENEUR ET PORTEE

Srila Visvanatha Cakravarti Thakura dit que Bali Maharaja n'était pas un pandita-mani, ou quelqu'un qui se considère à tort comme savant; au contraire, c'était un pandita-manya-jnah, quelqu'un de si érudit que toutes les autres personnes savantes le vénèrent. Et comme il était si savant, il pouvait désobéir à l'ordre de son prétendu maître spirituel. Il n'avait peur d'aucune condition matérielle. Tous ceux sur qui veille Sri Visnu n'ont pas à se soucier de qui que ce soit. Il était donc impossible que Bali Maharaja soit jamais privé de toute sa prospérité. On ne peut comparer les richesses offertes par Dieu, la Personne Suprême, aux richesses obtenues par le karma-kanda. En d'autres termes, si un dévot du Seigneur vient à bénéficier de grands avantages, il faut y voir un cadeau de Dieu, la Personne Suprême. Une telle richesse ne sera jamais perdue tandis que celle qu'on obtient par des actes intéressés peut l'être à tout moment.


Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare
Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare