SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 8
CHAPITRE 22

Bali Maharaja abandonne
sa vie au Seigneur Suprême.

VERSET 16

sri-prahrada uvaca
tvayaiva dattam padam aindram urjitam
hrtam tad evadya tathaiva sobhanam
manye mahan asya krto hy anugraho
vibhramsito yac chriya atma-mohanat

TRADUCTION

Prahlada Maharaja dit:
Mon Seigneur, c'est Ta Grâce qui avait donné à Bali la position prestigieuse de roi des cieux, et c'est Toi aujourd'hui qui la lui as enlevée. Je pense que Tes Actes ont été d'une beauté égale dans les deux circonstances. Comme sa position élevée de roi des planètes édéniques le mettait dans les ténèbres de l'ignorance, Tu lui as fait une faveur empreinte de miséricorde en lui enlevant toute son opulence.

TENEUR ET PORTEE

Comme le dit le Srimad-Bhagavatam (10.88.8): yasyaham anugrhnami harisye tad-dhanam sanaih. C'est de par la miséricorde du Seigneur que l'on obtient tous les atouts matériels, mais si, du fait de tels avantages, on se gonfle d'orgueil et on oublie le chemin de la réalisation de soi, le Seigneur les enlève assurément. Il répand Sa miséricorde sur Son dévot en l'aidant à réaliser sa position originelle et véritable. Le Seigneur est toujours prêt à aider le bhakta à cet égard. Mais les avantages matériels sont parfois dangereux car ils détournent l'attention et font naître un orgueil mal placé en donnant l'impression erronée que l'on est le propriétaire et le maître de toutes choses. Pour protéger le bhakta d'une telle erreur, le Seigneur, lui montrant une miséricorde spéciale, lui enlève parfois ses biens matériels. Yasyaham anugrhnami harisye tad-dhanam sanaih.

VERSET 17

yaya hi vidvan api muhyate yatas
tat ko vicaste gatim atmano yatha
tasmai namas te jagad-isvaraya vai
narayanayakhila-loka-saksine

TRADUCTION

La prospérité matérielle trouble tellement qu'elle peut même faire oublier à un homme érudit et maître de lui le but de sa quête spirituelle. Mais Dieu, la Personne Suprême, Narayana, le Seigneur de l'univers, peut voir toutes choses selon Son désir. Je Lui offre donc mon hommage respectueux.

TENEUR ET PORTEE

Les mots ko vicaste gatim atmano yatha indiquent que l'homme rendu prétentieux par la possession de richesses matérielles néglige assurément le but de la réalisation spirituelle. C'est bien ce qui se passe dans le monde moderne. A cause d'une prétendue amélioration scientifique dans le domaine des facilités matérielles, les gens ont renoncé entièrement au chemin de la réalisation spirituelle. Personne pour ainsi dire ne s'intéresse à Dieu, à sa relation avec Lui ou à la manière dont il faut agir. Les hommes modernes ont complètement oublié ces questions car ils courent comme des fous après les biens matériels. Si cette sorte de civilisation continue, le temps viendra bientôt où Dieu, la Personne Suprême, enlèvera toutes les facilités matérielles. Alors les gens reviendront à la raison.

VERSET 18

sri-suka uvaca
tasyanusrnvato rajan
prahradasya krtanjaleh
hiranyagarbho bhagavan
uvaca madhusudanam

TRADUCTION

Sukadeva Gosvami poursuivit:
O roi Pariksit, Brahma s'adressa alors à Dieu, la Personne Suprême, tandis que Prahlada Maharaja, qui se tenait tout près, écoutait les mains jointes.

VERSET 19

baddham viksya patim sadhvi
tat-patni bhaya-vihvala
pranjalih pranatopendram
babhase van-mukhi nrpa

TRADUCTION

Cependant, la chaste épouse de Bali Maharaja, effrayée et peinée de voir son mari arrêté, offrit aussitôt son hommage à Sri Vamanadeva [Upendra]. Elle joignit ses mains et prononça les paroles suivantes:

TENEUR ET PORTEE

Bien que Brahma fût en train de parler, il dut s'interrompre un monment car l'épouse de Bali Maharaja, Vindhyavali, très troublée et effrayée, voulait dire quelque chose.

VERSET 20

sri-vindhyavalir uvaca
kridartham atmana idam tri-jagat krtam te
svamyam tu tatra kudhiyo para isa kuryuh
kartuh prabhos tava kim asyata avahanti
tyakta-hriyas tvad-avaropita-kartr-vadah

TRADUCTION

Srimati Vindhyavali dit:
O Seigneur, Tu as créé l'univers entier pour y prendre plaisir à Tes Divertissements, mais des insensés dénués d'intelligence en ont revendiqué la propriété pour en jouir matériellement. Ce sont assurément des agnostiques sans vergogne. Se prétendant les propriétaires, ils pensent pouvoir faire la charité et satisfaire leurs sens. Dans ces conditions, que peuvent-ils T'offrir, à Toi, le créateur indépendant, le soutien et le destructeur de cet univers?

TENEUR ET PORTEE

L'épouse de Bali Maharaja, très intelligente, approuva l'arrestation de son mari et l'accusa de ne posséder aucune intelligence car il avait déclaré sienne la propriété du Seigneur. Une telle revendication est signe d'une existence démoniaque. Les devas, sorte de fonctionnaires nommés par le Seigneur pour l'administration de l'univers, bien qu'attachés au plaisir matériel, ne se prétendent jamais les propriétaires, car ils savent que le véritable propriétaire de toutes choses est Dieu, la Personne Suprême; tel est leur mérite. Les asuras, cependant, au lieu de reconnaître que l'univers appartient exclusivement au Seigneur Suprême, en réclament la propriété selon des frontières établies par le nationalisme: "Ceci m'appartient, cela t'appartient", disent-ils. "Je donne cette part en charité et garde celle-ci pour mon plaisir." Ce sont là des conceptions démoniaques, décrites dans la Bhagavad-gita (16.13): idam adya maya labdham imam prapsye manoratham —"Jusqu'à présent j'ai acquis beaucoup d'argent et de terres. Maintenant je dois accroître mes possessions. Ainsi, je serai le plus grand, le plus riche de tous. Qui peut rivaliser avec moi?" Voilà comment pensent les êtres démoniaques.

L'épouse de Bali Maharaja accusa ce dernier en disant que, bien que le Seigneur Suprême l'ait arrêté, lui montrant par là une miséricorde extraordinaire, et bien qu'il eût offert son corps au Seigneur pour qu'Il y fasse Son troisième pas, il demeurait dans les ténèbres de l'ignorance. En fait, son corps ne lui appartenait pas, mais il ne pouvait le comprendre à cause de sa mentalité démoniaque, entretenue de longue date. Telle était sa pensée: puisque son nom avait été sali à cause de son incapacité à remplir sa promesse, et comme son corps lui appartenait, il le donnerait pour s'affranchir du déshonneur. En réalité, le corps n'appartient qu'à Dieu, la Personne Suprême; c'est Lui qui nous l'a attribué. La Bhagavad-gita (18.61) déclare à ce sujet:

isvarah sarva-bhutanam
hrd-dese rjuna tisthati
bhramayan sarva-bhutani
yantrarudhani mayaya

Le Seigneur réside au fond du coeur de tous les êtres et, selon les désirs matériels de chacun, Il leur attribue différents types de machines —les corps— par l'intermédiaire de l'énergie matérielle. Le corps n'appartient pas à l'être vivant, mais à Dieu, la Personne Suprême. Dans ces conditions, comment Bali Maharaja pouvait-il déclarer que son corps lui appartenait?

Vindhyavali, en épouse intelligente, implora la miséricorde du Seigneur afin que son mari soit libéré. Bali Maharaja, en ce qui le concerne, n'était rien d'autre qu'un asura sans vergogne, décrit précisément par les mots tyakta-hriyas tvad-avaropita-kartr-vadah —c'était un insensé réclamant comme sienne la propriété du Seigneur. Dans l'âge actuel, le kali-yuga, le nombre de ces hommes dénués de honte, agnostiques, ne croyant pas en l'existence de Dieu, s'est accru. De prétendus savants, philosophes et politiciens, essayant de défier l'autorité du Seigneur, font des projets et des plans visant à détruire le monde. Ils ne peuvent rien accomplir de bon pour l'humanité, et à cause du kali-yuga ils ont malheureusement mal administré les affaires du monde, qui se trouve ainsi plongé dans le chaos. Le Mouvement pour la Conscience de Krsna est donc vraiment nécessaire pour le bien des masses innocentes, égarées par la propagande de ces asuras. Si l'état actuel des choses se perpétue, la population va sûrement souffrir de plus en plus sous l'emprise de ces agnostiques démoniaques.


Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare
Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare