SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 8 CHAPITRE 5 Les devas invoquent
la protection du Seigneur.
sri-brahmovaca
avikriyam satyam anantam adyam guha-sayam niskalam apratarkyam mano-grayanam vacasaniruktam namamahe deva-varam varenyam
O Seigneur Suprême, ô Vérité suprême, immuable et illimitée. Tu es l'origine de toutes choses. Omniprésent, Tu demeures dans le coeur de chacun ainsi que dans l'atome. En Toi, rien de matériel; pour tout dire, Tu es inconcevable. Le mental ne peut Te saisir par le raisonnement et les mots ne peuvent Te décrire. Maître suprême de tous les êtres, Tu es l'objet d'adoration de chacun. Nous T'offrons notre hommage respectueux.
Dieu, la Personne Suprême, ne fait pas partie de la création matérielle. Tout ce qui est matériel doit passer d'une forme à une autre —par exemple, un bloc de terre devient une poterie, et celle-ci retournera un jour à la terre. Toutes nos créations sont temporaires, impermanentes. Dieu, cependant, demeure éternellement, et les êtres vivants, qui font partie de Lui, sont eux aussi éternels (mamaivamso jiva-loke jiva-bhutah sanatanah). Le Seigneur est sanatana, éternel, et les êtres vivants individuels le sont aussi. La différence réside dans le fait que Krsna, ou Dieu, est l'éternel suprême, alors que les âmes individuelles représentent d'infimes fragments éternels. Comme le dit la Bhagavad-gita (13.3): ksetrajnam capi mam viddhi sarva-ksetresu bharata. Bien que le Seigneur soit un être vivant au même titre que les âmes individuelles, Il Se distingue de ces dernières en ce qu'Il est vibhu, ou omniprésent, et ananta, ou illimité. Le Seigneur est la cause de tout. Il existe un nombre infini d'êtres vivants, mais le Seigneur, Lui, est unique. Personne ne Le surpasse ni ne L'égale. Et de ce fait, Il représente l'objet suprême d'adoration, comme on peut le comprendre des mantras védiques (na tat-samas cabhyadhikas ca drsyate). Le Seigneur est suprême parce que nul ne peut Le connaître par la spéculation intellectuelle ou par des jongleries de mots. Il peut Se déplacer plus rapidement que la pensée. Dans les sruti-mantras de l'Isopanisad, il est dit:
Puisque Dieu Se tient dans le coeur de chacun et qu'il n'en va pas de même pour l'être individuel, celui-ci ne doit jamais être assimilé au Seigneur Suprême. Dans la Bhagavad-gita (15.15), le Seigneur dit: sarvasya caham hrdi sannivistah —"Je Me tiens dans le coeur de chacun." Cela ne signifie pas, cependant, que tous les êtres soient sur un pied d'égalité avec le Seigneur. Il est dit aussi dans les sruti-mantras: hrdi hy ayam atma pratisthitah. Et au début du Srimad-Bhagavatam, on trouve: satyam param dhimahi. Les mantras védiques déclarent en outre: satyam jnanam anantam et niskalam niskriyam santam niravadyam. Dieu est suprême. Bien que ce ne soit pas Lui qui agisse, Il demeure pourtant à l'origine de tout acte. Le Seigneur précise dans la Bhagavad-gita (9.4, 10):
Tous les mantras védiques, ou sruti-mantras, sont inclus dans ce verset de Brahma, car Brahma et ses disciples —la Brahma-sampradaya— réalisent Dieu, la Personne Suprême, par le système de la parampara. Nous devons acquérir la juste compréhension grâce aux enseignements de nos prédécesseurs. Il y a douze mahajanas, ou autorités, dont Brahma.
vipascitam prana-mano-dhiyatmanam
arthendriyabhasam anidram avranam chayatapau yatra na grdhra-paksau tam aksaram kham tri-yugam vrajamahe
Au début du Srimad-Bhagavatam, Dieu, la Personne Suprême, est défini ainsi: janmady asya yato nvayad itaratas carthesv abhijnah. Le Seigneur est à l'origine de toutes émanations, et Il connaît tout, directement et indirectement, des activités au sein de Sa création. Il est donc qualifié ici de vipascitam, ou "Celui qui possède toute connaissance, Celui qui sait tout". En tant que l'Ame Suprême, Il connaît tout ce qui concerne les êtres vivants et leurs sens. Le mot anidram, signifiant "toujours éveillé et libre de l'ignorance", est très important dans ce verset. La Bhagavad-gita (15.15) déclare à ce propos: mattah smrtir jnanam apohanam ca —c'est le Seigneur qui donne à chacun l'intelligence et qui provoque l'oubli. Il dirige ainsi des millions et des millions d'êtres vivants. Il n'a donc pas le temps de dormir, et n'ignore jamais nos activités. Il est le témoin de chaque chose; Il voit ce que nous faisons à chaque instant. Le Seigneur ne revêt pas un corps, fruit du karma. Nos corps représentent le résultat de nos actes passés (karmana daiva-netrena), mais Dieu, la Personne Suprême, ne possède pas de corps matériel, et ainsi Il n'est pas sujet à l'avidya, à l'ignorance. Il ne dort pas, mais demeure toujours éveillé et vigilant. Le Seigneur Suprême est défini comme tri-yuga, car bien qu'Il soit apparu sous différents traits dans le satya-yuga, le treta-yuga et le dvapara-yuga, quand Il vint dans le kali-yuga, Il ne Se présenta jamais comme Dieu, la Personne Suprême.
ajasya cakram tv ajayeryamanam
manomayam pancadasaram asu tri-nabhi vidyuc-calam asta-nemi yad-aksam ahus tam rtam prapadye
Le cycle des morts et des renaissances répétées est ici décrit de façon figurée. La Bhagavad-gita (7.5) déclare à ce sujet:
ya eka-varnam tamasah param tad
alokam avyaktam ananta-param asam cakaropasuparnam enam upasate yoga-rathena dhirah
Sattvam visuddham vasudeva-sabditam. Dans ce monde matériel prédominent les trois modes d'influence de la nature —vertu, passion et ignorance. Parmi ceux-ci, la vertu correspond au niveau de la connaissance; la passion, elle, engendre un mélange de connaissance et d'ignorance, alors que l'ignorance représente les ténèbres. En conséquence, Dieu, la Personne Suprême, demeure au-delà de l'obscurité et de la passion. Il Se trouve au niveau dit vasudeva, où la vertu, la connaissance, n'est pas troublée par la passion et l'ignorance. Et c'est à ce niveau-là que Vasudeva ou Krsna, peut faire Son apparition. Ainsi Krsna apparaît-Il sur cette planète en tant que fils de Vasudeva. Du fait que le Seigneur Se situe au-delà des trois modes d'influence de la nature matérielle, ceux qui restent sous leur domination ne peuvent Le voir. Il faut donc devenir dhira, c'est-à-dire ne plus être affecté par les trois gunas. Celui qui est libre de l'agitation causée par ces trois gunas peut pratiquer le yoga. Le yoga est donc défini de cette façon: yoga indriya-samyamah. Comme cela a été expliqué précédemment, nous sommes troublés par les sens ou indriyas. En outre, nous sommes affectés par les trois modes d'influence de la nature matérielle, auxquels l'énergie externe nous soumet. Dans la vie conditionnée, l'être vivant tourne tumultueusement dans le tourbillon des morts et des renaissances, mais quand il atteint le niveau transcendantal du visuddha-sattva, la pure vertu, il peut voir Dieu, la Personne Suprême, sur le dos de Garuda. Brahma offre donc son hommage respectueux au Seigneur Suprême.
na yasya kascatititarti mayam
yaya jano muhyati veda nartham tam nirjitatmatma-gunam paresam namama bhutesu samam carantam
La puissance de Dieu, la Personne Suprême, Visnu, gouverne assurément tous les êtres vivants, à tel point que ceux-ci ont oublié le but de la vie. Na te viduh svartha-gatim hi visnum: les âmes conditionnées ont oublié que le but de la vie est de retourner à Dieu, en leur demeure originelle. L'énergie externe de Dieu, la Personne Suprême, leur fait miroiter la possibilité d'être heureux dans ce monde matériel, mais ceci relève de maya; en d'autres termes, il s'agit d'un rêve qui ne peut jamais se réaliser. Ainsi chaque être est-il illusionné par l'énergie externe du Seigneur Suprême. Cette énergie d'illusion est sans aucun doute très puissante, mais elle demeure totalement sous la domination de la Personne transcendantale définie dans ce verset comme paresam, le Seigneur transcendantal. Le Seigneur ne fait pas partie de la création matérielle; Il la transcende. De ce fait, non seulement Il dirige les âmes conditionnées par l'entremise de Son énergie externe, mais Il gouverne aussi l'énergie externe elle-même. La Bhagavad-gita dit clairement que la puissante énergie matérielle dirige chaque être et qu'il est très difficile de se soustraire à son emprise. Cette énergie appartient à Dieu, et agit sous Sa direction. Cependant, les êtres vivants qu'elle assujettit à son emprise oublient Dieu, la Personne Suprême.
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