LE GOUT SUBLIME

Au-delà du végétarisme.

Pour un végétarisme spirituel

"La meilleure nourriture est celle que l'on offre d'abord à Dieu, au Seigneur Suprême. Celui-ci enseigne dans la Bhagavad-Cita que si on Lui offre avec dévotion des mets préparés à partir de légumes, de farine, de lait, Il les accepte. Bien entendu, l'amour et la dévotion qui accompagnent l'offrande sont, pour le Seigneur, les ingrédients les plus importants."

Sa Divine Grâce A. C. Bhaktivedanta Swami Srila Prabhupada

Une dimension supérieure.

Au-delà des considérations liées à la santé, à la psychologie, à l'économie, à la morale, et au karma, le végétarisme possède une dimension supérieure, spirituelle, qui peut nous aider à développer notre appréciation et notre amour naturel pour Dieu.

Parcourant les allées du supermarché, nous oublions parfois un principe très fondamental: ce n'est pas l'être humain mais bien Dieu qui est à la source de toute cette abondance alimentaire. Celui-ci nous la fait d'ailleurs parvenir d'une façon tout à fait remarquable: par exemple, on place une graine minuscule dans le sol et celle-ci germe et engendre de nouvelles pousses qui produiront à leur tour des centaines de graines. Rien d'aussi efficace et merveilleux n'a encore été inventé par les hommes.

Offrir notre repas à Dieu.

Les adeptes de la plupart des religions prient Dieu de les nourrir ("Donnez-nous aujour'hui notre pain quotidien"). Nous devrions donc être reconnaissant envers le Seigneur Suprême qui nous donne toute cette nourriture. Afin de remercier Dieu de Sa générosité, chaque religion enseigne un procédé d'action de grâces. Or, les Védas nous enjoignent d'offrir notre nourriture au Seigneur, non seulement pour Lui témoigner notre gratitude mais aussi pour Lui montrer notre amour. La voie spirituelle tracée par les Ecritures védiques de l'Inde est unique. Dans la pratique d'une forme très évoluée de yoga, le bhakti-yoga, l'offrande de nourriture au Seigneur est un geste essentiel. Cette pratique spirituelle nous aide à rétablir notre relation d'amour avec Dieu.

A l'origine, chaque âme habitant le monde spirituel est unie à Dieu par une relation directe. le but principal de la vie, indiquent les Védas, consiste à raviver ce lien perdu. Le Srimad-Bhagavatam, un classique sanskrit considéré comme "le fruit mûr de l'arbre du savoir védique", enseigne: "la forme humaine nous accorde l'opportunité de retourner en notre demeure première, auprès de Dieu; pour y parvenir, l'être humain doit se dévouer au service du Seigneur."

La science de la dévotion.

Le service de dévotion, ou bhakti-yoga, est le yoga par excellenoe. Après avoir traité de diverses formes de yoga, Sri Krishna - le Maître de tous les yogas - déclare dans la Bhagavad-Gita (6.47): "De tous les yogis, celui qui m'adore et Me sert avec amour et dévotion m'est le plus intimement lié." Il ajoute aussi: "Seulement à travers le service de dévotion peut-on Me connaître tel que Je suis. Et l'être qui, par une telle dévotion, devient pleinement conscient de Ma Personne, entre alors en Mon royaume Absolu." (B.G.18.55)

Le yoga de l'alimentation.

Résumant la voie du bhakti-yoga, le Seigneur dit: "Quoi que tu fasses, que tu manges, que tu sacrifies et donnes, quelque austérité que tu pratiques, que ce soit pour Me l'offrir." (B.G.9.27) L'offrande de nourriture fait donc partie intégrante du yoga de la dévotion. Le Seigneur décrit aussi les offrandes qu'Il acceptera: "Que l'on m'offre, avec amour et dévotion, une feuille, une fleur, un fruit, de l'eau, et cette offrande, Je l'accepterai." (B.-G. 9.26) Krishna, qui omet spécifiquement la viande, le poisson et les oeufs, se verra offrir les aliments les plus purs et de la plus haute qualité, parmi lesquels on ne saurait certes inclure des cadavres en décomposition ou des oeufs qui sont en réalité de la chair liquide.

Ce n'est pas seulement le repas en lui-même qui est apprécié, mais l'amour et le soin qu'on met à le préparer. Dans la vie de tous les jours, il nous arrive de préparer un repas pour montrer notre affection à un être cher. De la même façon, l'offrande de nourriture à Dieu est destinée à nous aider à intensifier notre amour et notre dévotion pour Lui.

Qui est Dieu?

I1 s'avère évidemment difficile d'aimer et de servir quelqu'un que l'on n'ajamais vu. N'ayant aucune référence scripturaire, ni aucune perception directe de la forme de Dieu, les artistes d'Occident ont généralement dépeint Dieu comme un vieillard barbu et solidement charpenté. Mais une telle image, issue de leur imagination imparfaite, ne peut correspondre à la réalité. Heureusement, les Védas, qui sont les plus vieux textes connus sur cette planète, décrivent dans les moindres détails les traits personnels de Dieu. Ces descriptions ne sont pas inventées par l'auteur. Elles dépeignent le Seigneur tel qu'Il S'est manifesté sur la Terre il y a plus de 5000 ans: Iljouit d'une éternelle jeunesse et d'une beauté captivante; Il a un teint unique, d'un bleu très attrayant et Ses yeux sont pareils à des lotus. Il pare toujours Sa chevelure d'une plume de paon et une guirlande de fleurs orne Sa poitrine. Il est l'Artiste, le Musicien Suprême; quand Il joue de Sa flûte, tous sont remplis d'admiration. Il est d'une admirable éloquence, Il brille d'une intelligence unique, Il possède un génie exceptionnel et Il Se livre à d'incomparables Divertissements spirituels avec Ses compagnons éternels. On ne saurait trouver de fin aux descriptions contenues dans les Védas dépeignant les traits sublimes de la personnalité de Dieu. Aussi l'appelle-t-on Krishna, "l'Infiniment Fascinant". Lorsque l'on comprend l'identité personnelle de Dieu, il devient d'autant plus facile de méditer sur Lui, et de le servir, en commençant par Lui offrir notre nourriture.

Une nourriture spiritualisée.

Puisque Krishna est le but complet et purement spirituel, tout ce qui entre en contact avec Lui devient aussi complètement pur et spirituel. Même dans le champ de la nature physique, certains objets ont le pouvoir de purifier diverses substances. Le soleil, par exemple, peut extraire une eau fraîche et pure d'un lac contaminé. Or, si l'énergie matérielle du soleil peut agir de la sorte, nous pouvons à peine imaginer la puissance purificatrice de l'énergie spirituelle de Dieu, la Personne Suprême, Lui qui crée sans peine des millions de soleils. En agissant à travers Ses immenses puissances transcendantales, Krishna peut effectivement transmuer la matière en esprit. Une barre de fer plongée dans le feu passera rapidement au rouge et revêtira toutes les qualités essentielles du feu. De la même façon, la substance matérielle de la nourriture offerte à Krishna devient complètement spiritualisée. On l'appelle alors prasadam, ce qui en sanskrit signifie "la miséricorde du Seigneur".

Un joyeux procédé.

Le fait de manger du prasadam constitue une pratique fondamentale du bhakti-yoga. Les autres formes de yoga exigent qu'on restreigne les sens; le bhakti-yogi est cependant libre d'employer les siens dans une variété d'activités spirituelles agréables. De telles pratiques purifient graduellement les sens. Ceux-ci ressentent alors l'attrait des plaisirs divins, lesquels surpassent de beaucoup toute sensation matérielle.

La saveur unique du prasadam.

On retrouve dans les Ecritures védiques de nombreuses descriptions du prasadam et de son influence. Sri Chaitanya - incarnation du Seigneur Suprême, apparue en Inde il y a 500 ans - déclare à ce sujet: "Tous ont déjà, goûté ces substances matérielles. Mais ces ingrédients possèdent désormais des saveurs et arômes uniques. Goûtez-les et saisissez la nuance que revêt cette expérience. Outre la saveur, même leur arôme satisfait le mental et nous fait oublier toute autre douceur. Il nous faut donc en conclure que le nectar transcendantal des lèvres de Krishna a touché ces ingrédients ordinaires auxquels Il a transmis toutes Ses vertus spirituelles." (Chaitanya-Charitamrita, Antya 16.109-112)

La perfection du végétarisme.

L'ultime perfection du végétarisme consiste à ne se nourrir que d'aliments offerts à Dieu, Sri Krishna. Après tout, de nombreux animaux, dont les pigeons et les singes, sont aussi végétariens. Le végétarisme ne représente donc pas une fin en soi. Les Védas nous informent que la vie humaine a pour but le réveil du lien originel qui unit l'âme à Dieu. Or ce but peut être atteint si nous dépassons le simple végétarisme pour ne manger que du prasadam.

Les différents genres d'aliments.

La pratique du végétarisme spirituel débute lorsque nous parcourons les allées du supermarché et choisissons les aliments que nous offrirons à Krishna.

Dans la Bhagavad-Gita, Krishna affirme que toute nourriture peut être classée selon les trois modes d'influence de la nature matérielle vertu, passion et ignorance. "Les aliments de la vertu purifient l'existence et en prolongent la durée; ils procurent force, santé, joie et satisfaction. Ces aliments substantiels sont doux, juteux, gras et pleins de saveur. Les aliments trop amers, acides, salés, piquants, secs ou chauds, sont aimés de ceux que domine la passion. Ils engendrent souffrance, malheur et maladie. Et chers aux êtres humains qu'enveloppe l'ignorance sont les aliments cuits plus de trois heures avant d'être consommés, les aliments privés de goût, de fraîcheur, malodorants, décomposés ou impurs, voire les restes." (B.G.17.8-9-10) Les aliments de la vertu - les produits laitiers, les légumes, les fruits, les noix, les céréales et les sucres naturels - peuvent être offerts à Krishna. Les champignons, les oignons et l'ail, ainsi que la viande, le poisson et les oeufs appartiennent aux modes inférieurs et ne peuvent pas être offerts à Krishna. Les cafés et thés qui contiennent de la caféine appartiennent aussi à la passion et à l'ignorance.

Ainsi, nous devons prendre un grand soin à ne sélectionner que des produits appartenant au mode de la vertu et à vérifier qu'il n'y ait aucun produit animal parmi la liste des ingrédients.

L'offrande au Seigneur .

Une fois ces aliments apprêtés, il ne reste plus qu'à faire l'offrande en plaçant une portion dans des plats réservés strictement à cette fin; il est donc préférable de prendre des petits plats dans lesquels personne ne mange. La façon la plus simple de faire l'offrande consiste à prier ainsi: "Cher Krishna, ô Seigneur Suprême, veuillez accepter cette nourriture." Après cette prière, il est recommandé de réciter pendant quelques minutes le mantra: Hare Krishna, Hare Krishna, Krishna Krishna, Hare Hare Hare Rama, Hare Rama, Rama Rama, Hare Hare.

Il faut se rappeler ici que le vrai but est de manifester de la dévotion envers le Seigneur. Etant complet en Lui-même, Dieu n'a besoin de rien. L'offrande doit avant tout être une façon de Lui témoigner notre amour et notre dévotion.

Comme nous l'avons mentionné, la nourriture ainsi offerte est maintenant spiritualisée et est appellée prasadam. Ce prasadam peut ensuite être servi; nous pouvons le savourer et apprécier sa nature spirituelle.

Autres principes du bhakti-yoga.

Bien entendu, l'offrande de nourriture n'est qu'un des éléments du bhakti-yoga. Afin de purifier notre conscience et de spiritualiser davantage nos sens, les Védas nous enseignent d'autres activités qui s'inscrivent dans le cadre du service de dévotion. La première est le chant régulier du mantra: Hare Krishna, Hare Krishna, Krishna Krishna, Hare Hare Hare Rama, Hare Rama, Rama Rama, Hare Hare.

Dans la Kali-Santarana Upanishad, nous lisons. "Ces seize Noms formés de trente-deux syllabes représentent l'unique moyen de neutraliser l'influenoe nocive du Kali-yuga (l'âge de querelle et d'hypocrisie où nous vivons)... Il n'y a pas d'autre solution que de chanter (ou réciter) le Saint Nom du Seigneur afin de franchir cet océan d'ignorance qu'est l'âge de Kali."

Progresser dans la vie spirituelle .

Pour rehausser la qualité de notre vie spirituelle, il est recommandé d'éviter l'intoxication sous toutes ses formes: drogues, alcool, cigarettes et boissons, cafés et thés qui contiennent de la caféine. L'emploi de telles substances obscurcit inutilement l'esprit, déjà envahi par les concepts matériels de l'existence. Les Védas recommandent également à la personne s'efforçant de progresser dans la spiritualité de fuir les jeux de hasard, car ceux-ci nous plongent invariablement dans l'anxiété et nourrissent l'avidité, l'envie et la colère. La sexualité illicite est aussi à éviter car elle fait s'accroître les désirs matériels et entrave l'épanouissement de la conscience spirituelle. Les règles du bhakti-yoga permettent toutefois les rapports sexuels dans le cadre du mariage.

En adhérant aux principes déjà cités, nous pouvons connaître un plaisir spirituel croissant qui s'intègre de façon tangible dans notre vie.

Plus important que le végétarisme.

Sa Divine Grâce A.C. Bhaktivedanta Swami Prabhupada - en qui on reconnaît le plus grand ambassadeur culturel et spirituel de l'Inde - enseigne personnellement à ses disciples l'art de préparer et de distribuer le prasadam. De plus, il explique longuement dans ses livres et conférences publiques la philosophie védique qui accompagne l'offrande de nourriture à Krishna: "Rappelons-nous que ce n'est pas le végétarisme en soi qui s'avère important, dit Srila Prabhupada, l'important, c'est d'apprendre l'art d'aimer Krishna. L'amour se manifeste d'abord par l'offrande et l'acceptation de présents. Nous donnons quelque chose à l'être cher, et Lui de même; ainsi se développe l'amour." Tous peuvent s'initier à cet échange d'affection en offrant des mets végétariens à Krishna, pour en honorer ensuite les reliefs ou prasadam.