SRIMAD BHAGAVATAM - CHANT 9 CHAPITRE 4 VERSET 26
saṁvardhayanti yat kāmāḥ
svārājya-paribhāvitāḥ
durlabhā nāpi siddhānāṁ
mukundaṁ hṛdi paśyataḥ
TRADUCTION
Ceux qui sont imprégnés du bonheur transcendantal obtenu en servant Dieu, la Personne Suprême, ne manifestent aucun intérêt même pour les accomplissements des grands yogis, car de tels exploits n'accroissent pas la félicité spirituelle ressentie par un bhakta qui pense toujours à Kṛṣṇa au plus profond de son coeur.
TENEUR ET PORTEE
Un pur bhakta est indifférent non seulement à l'élévation jusqu'aux systèmes planétaires supérieurs, mais aussi aux perfections de l’astanga-yoga. La vraie perfection réside dans le service de dévotion. Le bonheur obtenu en se fondant dans le Brahman impersonnel et celui qui vient des huit pouvoirs de l'astanga-yoga (aṇimā, laghimā, prāpti, etc.) ne donnent aucun plaisir au bhakta. Comme le déclare Śrīla Prabodhānanda Sarasvatī
kaivalyaṁ narakāyate tridaśa-pūr ākāśa-puṣpāyate
durdāntendriya-kāla-sarpa-paṭalī protkhāta-daṁṣṭrāyate
viśvaṁ pūrṇa-sukhāyate vidhi-mahendrādiś ca kīṭāyate
yat kāruṇya-kaṭākṣa-vaibhavavatāṁ taṁ gauram eva stumaḥ
(Caitanya- candrāmṛta, 5)
Lorsqu'un bhakta a atteint le niveau du service d'amour transcendantal offert au Seigneur par la miséricorde de Śrī Caitanya, il considère le Brahman impersonnel comme n'étant pas meilleur que l'enfer et le bonheur matériel des planètes édéniques comme une fantasmagorie. En ce qui concerne les pouvoirs surnaturels, le bhakta les compare à un serpent venimeux dépourvu de dents. Le yogī est essentiellement concerné par la maîtrise des sens, mais parce que le bhakta consacre ses sens au service du Seigneur (hṛṣīkeṇa hṛṣīkeśa-sevanaṁ bhaktir ucyate), il n'a pas à faire d'efforts séparés pour s'en rendre maître. Ceux qui se livrent à des activités matérielles doivent pratiquer la maîtrise des sens, mais les sens d'un bhakta sont déjà maîtrisés car il les emploie à servir le Seigneur. Paraṁ dṛṣṭvā nivartate (B.g., 2.59). Les sens d'un bhakta ne sont pas attirés par le plaisir matériel. Et bien que le monde matériel soit empli de souffrances, le bhakta le considère aussi comme étant spirituel car il se sert de tout pour servir le Seigneur. La différence entre le monde spirituel et le monde matériel réside dans cette attitude de service. Nirbandhaḥ kṛṣṇa-sambandhe yuktaṁ vairāgyam ucyate. Les activités d'une personne qui n'a pas une attitude de service envers Dieu, la Personne Suprême, sont dites matérielles.
prāpañcikatayā buddhyā
hari-sambandhi-vastunaḥ
mumukṣubhiḥ parityāgo
vairāgyaṁ phalgu kathyate
(B.r.s., 1.2.256)
Ce qui n'est pas employé dans le service du Seigneur reste matériel; rien de ce qui est consacré à ce service ne doit être abandonné. On peut mettre le même enthousiasme à construire un gratte-ciel qu'à construire un temple, mais les efforts sont différents car l'un est matériel et l'autre spirituel. Il ne faut pas confondre les activités spirituelles avec les activités matérielles et ainsi abandonner les premières. Rien de ce qui est en rapport avec Hari, la Personne Suprême, n'est matériel. Un bhakta qui prend tout cela en considération demeure toujours sur un plan spirituel dans ses actes; c'est pourquoi il n'éprouve plus d'attirance pour les activités matérielles (paraṁ dṛṣṭvā nivartate).