Śrīmad-Bhāgavatam 1.9.2
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Los Angeles, 16 mai 1973
Tout comme certains d'entre vous souffrent de toux. On n'a pas respecté certaines règles d'hygiène. J'ai donc attrapé un rhume et une toux. Alors pourquoi devrais-je m'en moquer ? Cela doit être créé soit par la nature corporelle, soit par Dieu. Tant qu'il est là, laissez-moi souffrir patiemment. Il est venu, il partira. C'est l'instruction de la Bhagavad-gītā : āgamāpāyinaḥ anityāḥ. Condition de détresse, ou bonheur aussi, soi-disant bonheur... Ici, il n'y a pas de bonheur. Tout n'est que détresse. Mais nous sommes tellement idiots que nous considérons la détresse comme un bonheur. C'est ce qu'on appelle māyā, la détresse comme bonheur. Par exemple, supposons que vous deviez aller voir un ami, et de nos jours, que ce soit un ami ou quoi que ce soit d'autre, il n'y a pas moins de dix miles à parcourir. Vous devez donc parcourir 15 km, puis voir votre ami et enfin travailler. Je me donne donc la peine de faire dix miles pour voir un ami ou trente miles pour voir un médecin, mais je suis très fier de ma voiture, du fait que j'en ai une. Je ne pense pas que, même si j'ai une voiture, je dois perdre autant de temps. Je dois me donner beaucoup de mal. Et il y a toutes les possibilités d'accidents. Tant de calamités m'attendent.
Mais nous pensons que « maintenant que nous avons découvert cette voiture sans chevaux, nous sommes avancés ». De même, si vous étudiez chaque élément, vous constaterez que, bien que les progrès de la science moderne aient permis de créer un certain confort de vie, nous avons créé de nombreux désagréments. Nous ne trouvons pas cela.
C'est le propre de la nature matérielle. La nature matérielle fait qu'on ne peut pas rester dans le confort. Ce n'est pas possible. Les lois de la nature... Tri-tāpa-yatana, trois sortes de misères, adhyātmika, adhibhautika, adhidaivika, elles doivent toujours être présentes. Tout comme je suis votre maître spirituel. Vous m'avez très bien gardé, au mieux de vos capacités, mais je tousse. Je tousse. Ainsi, même si nous nous trouvons dans une position confortable, un autre inconfort viendra nous attaquer. C'est ce qu'on appelle la tri-division. Adhyātmika, adhibhautika, adhidaivika. Ou bien on ne tousse pas, ou on n'a pas de problème, mais on reçoit une lettre très insatisfaisante d'un ami ; on en est très désolé. C'est ce qu'on appelle adhyātmika, c'est-à-dire l'esprit et le corps. Adhyātmika. Adhibhautika : troubles offerts par d'autres entités vivantes ; et adhidaivika, troubles offerts par les autorités supérieures. C'est comme la chaleur excessive. Vous ne pouvez pas la contrôler. Le froid excessif.
Dans ce monde matériel, nous devons donc travailler très dur dans ces trois types de conditions de vie misérables, et c'est ce que nous faisons. Pourtant, nous pensons que nous sommes heureux. Et après tout, après avoir fait cela, nous devons changer de corps. Cela signifie la mort. Nous ne pouvons pas l'éviter. Mais nous continuons à penser que nous sommes heureux, et nous n'avons pas le sens d'essayer de comprendre quelle est la norme du bonheur, où ce bonheur peut être atteint, s'il est possible. Ce mouvement de la conscience de Kṛṣṇa permet de comprendre ces choses et d'y répondre. Telle est l'importance de la conscience de Kṛṣṇa. Tout autour. Il ne s'agit pas de penser à Kṛṣṇa de façon unilatérale. Penser à Kṛṣṇa signifie penser à tout, parce que Kṛṣṇa est tout. Sans Kṛṣṇa, il n'y a rien d'autre. Ahaṁ kṛtsnasya, qu'est-ce que... ? Il y a ce verset ? Dans le septième chapitre ? Prabhavaḥ pralayas tathā.
Pradyumna : Ahaṁ kṛtsnasya jagataḥ...
Prabhupāda : Ah, prabhavaḥ pralayas tathā. Dans ce monde, il y a deux choses, prabhava et pralaya. Prabhava signifie la génération, l'engendrement, et pralaya signifie l'anéantissement. Deux choses. Tout, quoi que vous preniez, est généré à un certain moment et se terminera à un certain moment. Kṛṣṇa dit donc : ahaṁ kṛtsnasya jagataḥ prabhavaḥ pralayas tathā. C'est la cause ultime. Janmādy asya yataḥ [SB 1.1.1]. Nous ne prenons pas simplement la génération. La génération, l'entretien et l'annihilation sont trois choses. Ce corps est né à une certaine date, il demeure pendant une certaine période, puis il est anéanti. Ainsi, tout ce qui est matériel a un début, naît ou est fabriqué à un moment donné, reste en place pendant un certain temps, puis est détruit. C'est pourquoi le Vedānta-sūtra dit : janmādy asya yataḥ. Janma-sthiti-pralaya [SB 1.1.1].
Comprendre Kṛṣṇa signifie donc comprendre tout, comment il est généré, comment il est maintenu et comment il est annihilé. C'est la pleine conscience de Kṛṣṇa.
Je vous remercie de votre attention. (fin)