yena sarvam idam tatam
vinasam avyayasyasya
na kascit kartum arhati
Sache que ne peut être anéanti ce qui pénètre le corps tout entier. Nul ne peut détruire l'âme impérissable.
Ce verset traite avec plus de précision encore de la nature de l'âme, principe vital du corps qu'elle habite. Chacun sait que ce qui éveille le corps de toutes parts est la conscience. Nous sommes tous conscients des joies et des peines qu'éprouve notre corps, mais notre conscience ne s'étend pas à autrui, dont les plaisirs et les souffrances nous sont inconnus. Chaque corps est donc l'enveloppe charnelle d'une âme distincte, perceptible à travers la conscience individuelle, sa manifestation extérieure.
La Svetasvatara Upanisad nous révèle même les dimensions de l'âme: un dix-millième de la pointe d'un cheveu:
"Lorsque l'on sépare la pointe d'un cheveu en cent parties, qu'on divise à leur tour en cent parties, on trouve la mesure de l'âme."
Le Srimad-Bhagavatam confirme cette description:
"Il existe d'innombrables atomes spirituels, ayant chacun la taille d'un dix-millième de la pointe d'un cheveu."
L'âme distincte est donc un atome spirituel, plus fin que les atomes matériels. Et il existe un nombre infini de ces atomes spirituels. Cette minuscule étincelle est le principe vital du corps matériel, où son influence est partout répandue, comme celle d'un médicament. La conscience se manifeste en exerçant ainsi son influence dans tout le corps; elle est la preuve de la présence de l'âme, qui est sa source. Nul n'ignore que privé de conscience, le corps matériel est un objet sans vie, que rien ne peut ranimer. Par suite, il est clair que la conscience provient de l'âme, et non de quelque combinaison d'éléments matériels. La Mundaka Upanisad précise à son tour la dimension de l'âme infinitésimale:
"L'intelligence parfaite peut percevoir l'âme, dont la mesure est dans l'infiniment petit. Elle flotte, portée par les cinq sortes d'air (prana, apana, vyana, samana et udana). Sise dans le coeur, elle dispense son énergie à tout le corps. Une fois purifiée de la contamination de ces cinq sortes d'air matériel, elle dévoile sa puissance spirituelle."
Le hatha-yoga sert à contrôler, au moyen de diverses postures, les cinq souffles enveloppant l'âme pure. Sa pratique a pour but non d'en tirer quelque profit matériel, mais de libérer l'âme infime de la matière qui l'emprisonne.
Tous les Textes védiques s'accordent sur cette définition du statut de l'âme infime, dont, par ailleurs, tout homme sain d'esprit peut, par expérience directe, constater l'authenticité. Il n'y a que des sots pour définir cette étincelle spirituelle comme visnu-tattva, infinie.
La Mundaka Upanisad situe l'âme infinitésimale dans le coeur de chaque être, d'où Son influence se propage dans tout le corps. Mais certains savants matérialistes affirment l'inexistence de l'âme, pour la seule raison que sa petitesse la soustrait à leur pouvoir d'observation. Il ne fait pourtant pas le moindre doute que si l'énergie nécessaire au fonctionnement de l'organisme provient du coeur, c'est que l'âme distincte et l'Ame Suprême y sont toutes deux présentes. Les globules sanguins, qui transportent l'oxygène emmagasiné dans les poumons, tirent leur énergie de l'âme. C'est pourquoi le sang cesse de circuler et de remplir ses fonctions dès que l'âme quitte le corps. La médecine "scientifique" est sans doute hors d'état de vérifier que l'âme fournit au corps son énergie vitale, mais elle accepte néanmoins l'importance des globules rouges et admet que le coeur est le siège de toutes les énergies corporelles.
Les âmes distinctes, parties du Tout spirituel, de Krsna, peuvent se comparer aux innombrables molécules lumineuses composant les rayons du soleil: étincelles spirituelles, elles composent la radiance du Seigneur Suprême et constituent Son énergie supérieure, appelée prabha. Ni les Ecritures védiques ni la science moderne ne nient l'existence de l'âme dans le corps. Et Dieu Lui-même, la Personne Suprême, expose très explicitement la science de l'âme dans la Bhagavad-gita.