sarvatah samplutodake
tavan sarveshu vedesu
brahmanasya vijanatah
Car, de même qu'une grande nappe d'eau remplit d'un coup toutes les fonctions du puits, celui qui connaît le but ultime des Vedas recueille, par là même, tous les bienfaits qu'ils procurent.
Les rites et sacrifices consignés dans le karma-kanda ont pour but d'encourager l'homme à un développement progressif de la réalisation spirituelle, celle même dont la Bhagavad-gita nous expose clairement l'objectif en disant que le but de l'étude des Vedas est de connaître Krsna, la source de toutes choses. La réalisation spirituelle consiste donc à comprendre Krsna et la relation éternelle qui nous unit à Lui. Le quinzième chapitre de la Bhagavad-gita nous éclaire également sur la nature de la relation qui unit au Seigneur les êtres distincts. Ces derniers font partie intégrante de Krsna; ranimer en soi la conscience de Krsna, c'est donc la perfection même, où peut nous conduire la connaissance des Vedas. Ce que confirme le Srimad Bhagavatam:
"0 mon Seigneur, quiconque chante Ton Saint Nom, fût-il issu de la plus basse condition, et né de candalas (mangeurs de chien), se trouve au niveau le plus élevé de réalisation spirituelle. Pour y parvenir, il a certes dû s'imposer toutes sortes de pénitences et accomplir des sacrifices selon les rites védiques; il a dû aussi étudier les Vedas et s'être baigné dans tous les saints pèlerinages. Il est reconnu comme le meilleur des aryas."
Soyons donc suffisamment avertis pour comprendre le but véritable des Vedas et ne pas nous attacher uniquement aux rites qu'ils préconisent; il faut également couper court au désir d'atteindre les planètes édéniques, seulement pour jouir plus intensément des plaisirs matériels. Il n'est possible à l'homme d'aujourd'hui ni d'observer les lois et les règles nécessaires à l'accomplissement des rites védiques, ni de se conformer à celles prescrites dans le Vedanta et les Upanisads. Accomplir les rites védiques demanderait beaucoup de temps, d'énergie, de connaissance et de ressources, choses que ne prodigue pas cet âge. On peut toutefois atteindre le but ultime de la culture védique en chantant les Saints Noms du Seigneur, comme le conseilla Sri Caitanya Mahaprabhu, le libérateur de toutes les âmes déchues. Lorsque Prakasananda Sarasvati, un grand érudit en matière védique, Lui reprocha d'être "sentimental", de chanter les Saints Noms au lieu d'étudier la philosophie du Vedanta, Sri Caitanya Mahaprabhu, le Seigneur Lui-même, répondit que Son maître spirituel L'ayant trouvé fort ignorant, Lui avait enjoint de chanter les Saints Noms du Seigneur, Sri Krsna. Et chantant ainsi, Il fut envahi par une extase débordante. Dans l'ère où nous vivons, le kali yuga, la plupart sont ignorants, inaptes à comprendre la philosophie du Vedanta; le moyen qui leur est donc recommandé pour atteindre le but que poursuit l'étude du Vedanta est de chanter les Saints Noms du Seigneur en se gardant de commettre toute offense. Le Vedanta est l'apothéose de la sagesse védique, et Krsna en est aussi bien l'auteur que le connaissant. Le plus grand vedantiste est le mahatma, qui prend plaisir à chanter les Saints Noms du Seigneur. C'est dans le chant des Saints Noms que l'étude des Vedas trouve son apogée.