Hare Krishna.
Toutes gloires à Srila Prabhupada.
Aprakrita dasa m'a demandé dernièrement de raconter, à l'attention des lecteurs du magazine Retour à Krishna, ce qui m'est arrivé au milieu de l'année 2007. En effet, on m'a diagnostiqué une maladie qualifiée de grave. En voici les grandes lignes.
En mai de l'année dernière, après un contrôle chez le médecin, on m'a annoncé que j'avais un cancer. Le but de cet article est de décrire les sentiments et les pensées que cet épisode de ma vie m'a inspirés, parce qu'il est certain que ce genre de situation nous met face à des problèmes et des questions que l'on n'aborderait peut-être pas autrement.
Les choses sont allées très vite. J'ai subi une opération après laquelle on m'a annoncé que j'étais guéri, mais quelques mois plus tard les médecins m'ont dit qu'il faudrait tout de même suivre un traitement par chimiothérapie.
Lorsqu'on m'a annoncé dans un premier temps que j'étais guéri, ma première réaction a été de me dire que tout allait bien, comme avant, donc nul besoin de me faire de souci. Mais lorsqu'on m'a annoncé qu'une chimiothérapie serait nécessaire, je me suis trouvé face à des questions et des problèmes d'un autre genre.
Le premier pour moi a été celui du rapport à la maladie. Pourquoi cela m'arrive-t-il? Quel est le sens de tout ce qui m'arrive? Mais cette question en a tout de suite amené une autre, celle de l'attachement à la vie, qui à son tour m'a mis face à une évidence, celle de la mort qui d'une manière ou d'une autre doit arriver.
Prabhupada nous a enseigné que toute action entraîne une réaction. Autrement dit, ce qui nous arrive aujourd'hui n'est que la résultante de ce que nous avons fait auparavant.
Dans mon cas, la question de savoir si ce qui m'est arrivé était juste ou pas ne s'est pas posée. En effet, même s'il ne m'a pas été possible de comprendre pourquoi je subissais une telle réaction, j'ai cependant pu l'accepter de manière positive et consciente du moment où j'ai compris que c'était la loi du karma qui le voulait ainsi.
La loi du karma est toujours juste puisque c'est elle qui est garante de l'équilibre dans l'univers entier, selon la volonté de Krishna. Cette loi du karma est aisée à comprendre: si je mets mon pied sur un râteau, je sais que son manche va me percuter exactement avec la même force que j'aurai appliquée dessus avec mon pied.
J'ai donc compris que la maladie qui m'a touché n'était qu'un retour de manivelle destiné à rétablir un équilibre que j'avais forcément perturbé auparavant. La Bhagavad-Gita nous enseigne qu'il en va ainsi de toute action dans le cycle du samsara.
Srila Prabhupada, lors d'un voyage en avion au cours duquel il y eut des perturbations météorologiques importantes, dit à l'un de ses disciples qu'il était prêt à mourir à tout moment. C'est l'un des nombreux exemples qui nous montre qu'il était constamment absorbé en Krishna et que sa volonté et celle de Krishna ne faisaient qu'un.
Pour ma part, pendant cette période difficile, je me suis aperçu à quel point il est facile de s'attacher au corps et à la vie quand tout semble aller bien. L'idée même de renoncer à ce corps qui nous apporte tant de satisfactions nous semble saugrenue et surtout inopportune. Mais que tout vienne à basculer, que l'on sente que le corps n'est plus à même de nous apporter les mêmes sensations agréables qu'autrefois, qu'il ne nous apporte que désagréments, douleurs et misères, et l'attachement à ce corps disparaît.
Cette épreuve a été pour moi l'occasion de comprendre dans une certaine mesure à quel point l'abandon à la volonté de Krishna est nécessaire afin de trouver le bonheur. Le mental essaiera par tous les moyens de nous faire réagir aux sensations que nous éprouvons: accepter avec empressement ce que nous croyons être agréable et rejeter immédiatement ce que nous percevons comme désagréable.
Cependant, le vrai bonheur ne peut venir d'aucune de ces deux solutions. Krishna est aussi présent dans la maladie qu'Il l'est dans un état de bonne santé. Seul compte l'abandon total à Sa volonté. La Bhagavad-Gita nous enseigne que les joies et les peines vont et viennent comme les saisons. Et nous devons apprendre à les tolérer sans en être affectés.
Il n'est pas toujours facile de comprendre pourquoi telle chose ou telle autre nous arrive. Parfois tout semble aller mal sans qu'on sache pourquoi. Cette maladie aura été pour moi une grande leçon d'abandon à la volonté de Dieu. Que pouvais-je faire si ce n'est accepter consciemment ce qui m'arrivait? Cela ne veut pas dire renoncer à tout effort pour rester en vie. Non, au contraire, il s'agit d'aimer la vie pour les chances qu'elle nous offre de nous purifier et de nous rapprocher de notre conscience originelle, sans pour autant s'y attacher de manière insensée au point de ne pas vouloir mourir. Car c'est là quelque chose qui doit arriver tôt ou tard.
Les journées les plus difficiles pendant cette période m'ont appris à voir la main de Krishna partout où je tourne mon regard. Et les journées les plus "agréables" m'ont appris à le remercier pour l'amour qu'Il nous donne à chaque instant de notre vie. Toute ma gratitude va à Srila Prabhupada qui ne m'a pas abandonné une seule seconde, que ce soit dans ses livres, dans le japa ou dans ses paroles.
Voilà dans les grandes lignes ce que cette situation m'a enseigné. Il n'y a que l'abandon à la volonté de Krishna qui puisse nous ouvrir les portes du bonheur en nous libérant des filets que maya tisse constamment autour de nous. C'est ce que je souhaite à tous ceux et celles qui liront ces lignes, de trouver le bonheur véritable dans le service de dévotion, tel que Krishna nous l'enseigne dans la Bhagavad-Gita.
Hare Krishna
Alberto.