martyo vit-krmi-bhasmavat
ta enam atmasat krtva
slaghayanti hy asattamah
TRADUCTION
Les sannyasis qui reconnaissent tout d'abord que le corps est sujet à la mort puis transformé en excréments, en nourriture pour les vers ou en cendres, mais qui lui redonnent de l'importance et le glorifient en tant que le "moi", sont à considérer comme les pires scélérats.
Le sannyasi est quelqu'un qui a compris, grâce à ses progrès dans la connaissance, que le Brahman -le "moi", la personne elle-même- est l'âme et non le corps. Quiconque a compris ceci peut devenir sannyasi, car il est parvenu au niveau de connaissance du "aham brahmasmi". Brahma-bhutah prasannatma na ocati na kanksati. Une telle personne, qui ne se lamente plus, qui n'a plus le vif désir de prendre soin de son corps, et qui considère tous les êtres vivants comme des âmes spirituelles, peut alors accéder au service de dévotion du Seigneur. Quant à celui qui ne pratique pas le service de dévotion, mais qui se considère artificiellement comme étant Brahman ou Narayana, ne comprenant pas parfaitement la différence entre le corps et l'âme, il tombera à coup sûr (patanty adhah). Il recommencera à accorder de l'importance au corps. En Inde, un grand nombre de sannyasis insistent sui l'importance du corps, et certains en accordent une toute particulière au corps de l'homme pauvre qu'ils considèrent comme daridra-narayana, comme si Narayana avait un corps matériel. D'autres insistent sur l'importance de la position sociale attachée au corps, en tant que brahmana, ksatriya, vaisya, ou sudra. Ces sannyasis-là sont considérés comme les pires des scélérats (asattamah). Ils n'ont aucune dignité car ils n'ont pas encore compris la différence entre le corps et l'âme; au lieu de cela, ils considèrent le corps d'un brahmana comme étant ce brahmana lui-même. Le brahmanisme (brahmanya) consiste en la connaissance du Brahman. Mais en fait, le corps d'un brahmana n'est pas Brahman, tout comme il n'est ni pauvre ni riche. Si le corps d'un homme pauvre était daridra-narayana, cela signifirait que celui d'un homme riche serait au contraire dhani-narayana. En conséquence, les sannyasis qui ne comprennent pas le sens de Narayana, qui considèrent le corps comme Brahman ou Narayana, sont qualifiés ici de scélérats de la pire espèce (asattamah). Ayant adopté une conception corporelle de la vie, ils élaborent divers programmes au service du corps et dirigent des missions grotesques sous la forme d'oeuvres apparemment religieuses, mais destinées en fait à fourvoyer l'humanité. Ce verset a qualifié ces sannyasis d'apatrapah et d'asattamah -c'est-à-dire d'êtres sans dignité et déchus de la vie spirituelle.