Quand Visnu, le Seigneur Suprême apparaît dans l'univers matériel, c'est pour délivrer les âmes que conditionne l'énergie matérielle. Les êtres distincts sont venus, eux, dans cet univers, avec l'intention d'y régner en maître, et de cette manière s'engluent dans les trois gunas, et se condamnent à transmigrer d'une enveloppe matérielle à une autre, d'une forme d'emprisonnement à une autre. C'est Brahma qui, sous la direction du Seigneur Suprême, crée la geôle de l'univers matériel, et Siva qui la détruit tout entière à la fin du kalpa, au terme de la vie de Brahma. Mais c'est Visnu qui assure le maintien de cette prison matérielle, tout comme un roi veille à celui de la prison d'Etat. Aussi celui qui aspire à quitter cette prison, à s'affranchir de l'existence matérielle, où l'on souffre entre autres de la naissance, de la vieillesse, de la maladie et de la mort, doit-il satisfaire Sri Visnu, qui seul peut lui accorder la libération. Et la seule façon d'adorer Visnu, et de Lui plaire, c'est de pratiquer le service de dévotion. Celui qui veut demeurer dans la prison de l'univers matériel peut toujours chercher quelque aisance matérielle relative auprès de différents devas, tels Siva, Brahma, Indra, Varuna…, mais aucun d'eux n'a pouvoir de donner à l'être de s'affranchir de l'existence conditionnée, de le relâcher de la prison matérielle ; seul Visnu le peut. C'est donc auprès de Visnu, du Seigneur Suprême, qu'il faut chercher le bienfait ultime.
(S.B. 1.2.24)
Il serait vain de prétendre qu'un matérialiste peut connaître la satisfaction. Aucune créature à la conscience matérialiste, qu'elle possède le corps du grand Brahma ou d'une fourmi minuscule, ne peut trouver le bonheur. Chacun essaie de s'assurer un bonheur permanent, mais les lois de la nature matérielle font échec à toute nouvelle tentative. Ainsi nomme-t-on l'univers matériel la région la plus sombre de la création de Dieu. Cependant, s'ils en ont simplement le désir, les malheureux matérialistes peuvent sortir de ce gouffre. Mais le plus souvent, ils sont tellement insensés qu'ils ne désirent pas échapper à leurs souffrances, et c'est pourquoi on les compare à des chameaux. Le chameau aime manger des ronces, car il raffole du goût qu'elles ont lorsqu'elles se mélangent au sang. Il ne réalise jamais que sa langue est tailladée par les épines et qu'il suce son propre sang. De même, le matérialiste trouve son sang délicieux comme le miel, et bien qu'il soit constamment blessé par ses propres inventions matérielles, il ne désire pas vraiment échapper à sa condition. Ces matérialistes, on les nomme karmis.
(S.B. 1.2.3)